YBA victime consentante de Ghannouchi ...
Si les Tunisiens sont dans la panade, c'est à ce constitutionnaliste qu'ils le doivent !
R.B
Réflexion sur une révolution en pays
d’islam
Paru aux éditions Cérès, avec le
concours de la Fondation Hanns Seidel, le livre de Yadh Ben Achour se distingue
par sa fidélité à la thèse occidentale relative aux événements de 2011 en
Tunisie. L’auteur, à l’instar des dominants, ne tarit pas d’éloges sur sa
« révolution » inédite et « démocratique » (page 39) puisqu’elle
a conduit à l’abandon du mimétisme et de la dépendance culturelle.
Cette approche se retrouve chez Stephan
Hessel, qui lors d’une conférence donnée à Tunis en 2011, a loué « la capacité
surprenante des tunisiens de faire tomber une dictature pacifiquement ». De
même Jean Daniel, « l’ami des tunisiens », a craqué pour la «
révolution démocratique tunisienne ».
Guy Sitbon l’a « fêtée », dans
Marianne, hebdomadaire français du 29/1 au 4/2/2011 en parlant de « révolution
si bien élevée ». L’auteur insiste sur le caractère pacifique de la révolution
évoqué par Moncef Marzougui (page 48). Il écrit : « Nous sommes, en pays
d’islam, ou a lieu en Tunisie en 2011, une révolution inédite sans aucune
filiation avec les multiples révoltes du passé qui n’avaient nullement pour
objectif la liberté, ni avec les thawrât, révolutions antérieures
nationalistes de type nassérien, ni encore moins avec la révolution iranienne »
(page 39).
Se référant à « un ouvrage prophétique
‘’Du droit des peuples à faire la révolution’’ de J.B. Erhard, selon qui la
révolution se fait selon un projet mûrement réfléchi, soit soudainement à la
suite d’un événement qui produit une insurrection de laquelle seulement est né
le projet de révolution » (page 67). Le lecteur avisé saisit que YBA. vise
l’immolation de Mohamed Bouazizi.
Mais YBA, le juriste, exulte le 29é jour
de l’insurrection lorsque la force du droit s’accointe à « sa
révolution ». « C’est le feu d’artifice élocutoire de Me Abdennasser
Laaouini, avocat, opposant courageux et notoire qui permit à la révolution de
s’épanouir » (page 92).
Le grand juriste n’est pas offensé par
le « Collectif des 25 avocats qui se sont pris pour ‘’Procureur de fait’’, en
engageant des actions judiciaires ! L’auteur l’approuve car les actions ont été
menées au nom de « sa révolution » (page 163). YBA estime que
« sa révolution » a aboli la dictature mais n’explique ni son
avènement ni sa longévité !
Contre la dictature se liguent les
islamistes qui ont accepté le caractère civil de l’Etat, l’égalité entre hommes
et femmes, les libertés publiques et la démocratie, selon Moncef Marzougui
(page 207) et le comité du 18 octobre 2005 pour combattre le pouvoir policier
(page 208). L’auteur ne précise pas si ce mouvement a été appuyé de l’extérieur
! De même il n’aime pas « le printemps arabe ».
Le ‘’printemps arabe’’
L’auteur reconnait le rôle joué par les
internautes ainsi que leur marquage idéologique (page 28). Il adhère à la
position de Abdelwahab Meddeb, qui dans une interview au Nouvel Observateur du
20/26/2011, affirma que la Tunisie a réalisé « la première révolution
pacifique par Internet ».
Cependant il stigmatise le livre de
Mezri Haddad qualifié d’ « anecdotique », « La face cachée de la
révolution tunisienne, islamisme et occident, une alliance à haut risque » pour
avoir affirmé que la révolution tunisienne s’inscrivait dans le plan américain du grand Moyen Orient et guidée par des acteurs formés par les centres
américains avec l’appui médiatique d’AL Jazira (page 27). Cela ne l’empêche pas
de reconnaître que « la fabrication des textes, des symboles et des images de
la révolution prennent tout de suite un élan fulgurant grâce à ces techniques
nouvelles de la communication … Fabriquées localement, les informations sont
immédiatement transmises et internationalisées par la toile sans frontières …
et par deux chaînes télévisées transnationales, Al Jazira et France 24 (en
arabe)» (page 73).
Malgré ses contradictions, l’auteur
affirme qu’en tant qu’adepte du libéralisme démocratique « sa révolution,
est une révolution au sens plein du terme puisqu’elle lui a donné la liberté»
(page 22).
« Sa révolution s’est condensée
dans des concepts clés : la liberté, la dignité, la justice.
« Sa révolution est
constitutionnelle. Elle a rompu avec le mimétisme. Elle n’a pas été manipulée
par les yankees comme l’ont été les révolutions colorées de l’Est !!!
Louant le rôle de la Haute instance,
l’auteur rappelle ses promesses relativement à la création d’un organisme
indépendant chargé des élections et d’une loi électorale. Les juristes qui ont
critiqué cette œuvre ont été considérés comme étant aveuglés par la lumière de
la liberté qui a illuminé « un peuple politiquement assoupi pendant plus qu’un
demi-siècle » (page 278).
Sur sa lancée, YBA fait l’éloge de la
justice transitionnelle présentée comme étant un processus concrétisant les
idéaux de la révolution (page 182). Bien qu’il se réfère à Kora Andrieu, il
omet de mentionner le rôle de l’ONG américaine Open Society et de la Fédération
française des droits de l’homme, qui ont remué leurs pendants en Tunisie pour
créer la Commission Vérité.
La justice transitionnelle, création du
libéralisme triomphant imposé par l’Occident, cherche à camoufler son
implication dans la longévité des dictatures. Les dominants savent que la
culture démocratique ne se forge pas dans les normes cathartiques et la
démocratie politique ne peut surgir des inégalités sociales et économiques.
YBA : Fidèle messager
Le mérite de l’auteur réside dans sa
fidélité à traduire la vision des dominants. Ces derniers ne lui en voudront
pas de chatouiller l’égocentrisme du « peuple révolutionnaire ». Cette
fidélité l’autorise à affirmer que « sa révolution » a fait tache
d’huile dans le monde arabe.
Il cite la Libye en oubliant que
l’alliance franco-anglaise soutenue par les Etats-Unis a détruit ce pays voisin
et l’OTAN a fait le reste (voir mon article paru dans Bussinessnews.com.tn :
L’OTAN en Libye de la protection des civils à la partition le 29/12/2015).
Il vise la Syrie dont la « révolution »
s’est révélée être une guerre universelle pour le gaz menée par l’Occident.
Le Yemen est une agression américaine
confiée à un vassal wahhabite.
La déformation professionnelle lorsqu’il
affirme que le « le régime institué par la Constitution du 27/1/2014, permet
d’éviter un retour à la dictature » (page 328).
Il ne se serait pas hasardé à une telle
affirmation s’il avait consulté la thèse de Jane Kirpatrick, universitaire
américaine qui a soutenu la nécessité d’appuyer les dictatures dans le
tiers-monde. Pour récompense, Reagan la nomma ambassadrice des Etats-Unis aux
Nations-Unies.
De plus il lui a échappé que les
élections de 2009 ont été certifiées transparentes par deux professeurs de
droit français, à savoir Edmond Jouve et André Decoq (Voir Mohamed Ammar ‘’
Lettre ouverte à M. Jean Daniel censurée’’ - La Presse du 25/10/2011).
La démocratie, chère à l’auteur, doit
être définitivement abandonnée par l’Occident. Les experts occidentaux
consultés par les dirigeants sur les moyens de sauvegarder le système
capitaliste ont conseillé de se défaire de la démocratie dans le Rapport de
Lugano II, rapporté par Susan George dans un livre paru au Seuil.
Prétendre donc que « la révolution tunisienne
est démocratique et inédite », relève de la supercherie. C’est une manière
d’argumentation en faveur de la domination politique, économique et culturelle
que l’auteur sert à ses lecteurs.
Le messager doit donc adhérer aux thèses
des dominants. Au XXIe siècle l’Occident s’arroge le droit et le devoir de
répandre les Droits de l’homme et la Démocratie mais une démocratie minimale
puisqu’elle doit essentiellement s’exprimer par la volonté d’organiser des
élections lors desquelles une pluralité de partis ou de factions auraient la
possibilité de se présenter et de faire publiquement campagne avec un minimum
de comportement civilisé. L’auteur fait l’éloge de cette méthode.
De ce fait, il peut affirmer que la
prise du pouvoir par les islamistes comme une conséquence de la dictature (page
138).
Le messager nie que l’islam politique
est l’allié stratégique des Etats-Unis et de leurs partenaires subalternes de
l’OTAN à travers le monde musulman (Voir Samir Amin, Le Monde arabe dans la
longue durée; Le ‘’printemps’’ arabe ?).
Le messager évoque le prix Nobel pour
confirmer son analyse. Il n’a pas mentionné que le Congrès américain a applaudi
le vaillant peuple tunisien ! Depuis l’intervention en Irak, on a compris que
les américains cherchent à apporter la « démocratie » à des peuples qui en
ignoraient tout.
Aujourd’hui, comme au XVIe siècle, cet
argument vise à convaincre un pourcentage suffisamment élevé de cadres, ces
courroies de transmission des puissants.
Nos cadres parviennent à transmettre le
message.
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