Une amie rapporte des faits qu'elle a vécus à la Douane
Tunisienne : celle du port de Rades; celle du port de La Goulette; celle des
services d'immatriculation des voitures importées, à Tunis; et dernièrement, celle des colis
postaux à Tunis !
1 - En juillet 2015, rentrant définitivement de France pour
cause de retraite qu'elle souhaite vivre en Tunisie, elle a loué le service
d'une compagnie de déménagement ayant l'habitude de ce genre de rapatriement
d'effets personnels pour ceux qui veulent faire leur "retour définitif en Tunisie".
Au service de douane du port de Rades, elle a eu beaucoup de mal
à récupérer ses affaires. Elle était obligée de revenir presque quotidiennement
au port durant un mois, sans comprendre pourquoi refuse-t-on de lui libérer le
conteneur de ses affaires personnelles. Jusqu'à ce qu'on lui ait fait
comprendre qu'il lui fallait donner du bakchich aux douaniers du service du
port pour "accélérer" son dossier ...
Pratique qu'elle ne connaissait pas à la Tunisie, 50 ans plutôt,
quand elle s'est installée en France pour travailler.
2 - Ayant ramené un reliquat d'affaires dans sa voiture, dans le cadre de son retour définitif; le douanier du port de la Goulette prétextant de nouvelles règles, a trouvé le moyen de taxer certains effets personnels vieux, lui expliquant qu'ils sont en bois et que le bois est désormais taxé en Tunisie !
A contre cœur elle s'est dirigée vers le bureau des recettes pour s'acquitter de cette taxe. Et là, surprise : le douanier refuse les chèques et les cartes bancaires. Il veut de l’espèce; et si possible en devises étrangères.
3 - Rapatriant sa voiture par la même occasion, elle devait
passer par les services de Douane de Tunis. Là aussi elle découvre, effarée, tout un trafic ...
La taxe qu'elle devait à l'Etat pour homologuer sa voiture, pouvait se négocier par des quidams étrangers aux services de la Douane, qui hantent ce
service. Moyennant bakchich pour le quidam et pour son répondant derrière les
guichets, si elle voulait récupérer assez rapidement les documents l'autorisant à circuler avec sa voiture en Tunisie. Sinon, il lui fallait
revenir souvent et l'affaire pourrait traîner jusqu'à ce qu'elle comprenne là aussi, qu'il lui faut lâcher du bakchich, pour clore son dossier !
Ce qu'elle avait fini par faire, sinon son dossier aurait traîné
encore ...
Ce qui l’intriguait quand elle était dans les locaux
administratifs de la Douane, c’était l'agitation devant les guichets qui s'interrompait de
temps en temps par une "panne" d'informatique qu'annonçaient les
guichetiers; obligeant tout le monde à une pause ... pause qu'elle va mettre à
profit pour pousser la porte d'un chef de service, dans l'espoir qu'il fasse
avancer son dossier plus vite ! Occasion pour elle de découvrir le pot aux roses : les agents
du service de Douane et leur chef, se partageaient les billets des bakchichs ramassés dans
la matinée, pendant cette rituelle pause pour cause de "panne informatique" !!
4 - Pour sa nouvelle maison, une de ses amies restées en France
voulant lui faire cadeau, lui a envoyé par colis postal, des graines et des
bulbes de fleurs pour agrémenter son jardin. Pour le récupérer, elle s'est adressée au service de Douane des
colis postaux, près de l’aéroport de Tunis.
Là, encore une surprise l'attendait : le douanier lui annonce une amende de 400 dt pour
importation de produits prohibés, nécessitant une autorisation spéciale du
ministère de l'agriculture ...
Après moult supplications, il a daigné lui rendre les graines et
certains bulbes après avoir retenu les bulbes des fleurs sur lesquels il semble avoir jeté son dévolu; puisqu'ils étaient déjà mis de côté dans son sac, le colis étant déjà
ouvert quand elle s'est présentée pour le récupérer.
Dans sa mansuétude, le douanier a ramené l'amende de 400 dt à 50
dt payable en espèce et sans quitus. L'argent et les bulbes retenus, n'étant pas perdus pour tout le monde : l'argent sera probablement partagé entre les 2 douaniers de service et les bulbes seront récupérés par le douanier qui les avait mis dans son sac, pour les vendre ou pour les planter chez lui.
Et comble de l'hypocrisie, ces douaniers lui demandaient de
régler vite son amande car ils doivent fermer le bureau pour se rendre à la
mosquée pour la prière du vendredi, qu'ils ne voudraient pas rater !
Sortant de ce service, elle se demandait si le grand acquis de
la fumeuse révolution, ne serait pas la démocratisation de la corruption ... les services de Douanes, lui en donnant l'exemple !
Elle est écœurée et regrette d'avoir tout abandonné en France
pour finir sa retraite dans un pays qu'elle ne reconnaît plus !
Comment voulez-vous, me dit-elle, que ce pays se redresse avec
une corruption aussi généralisée et une hypocrisie religieuse doublée d'une
bigoterie affichée, comme pour s'absoudre de voler l'Etat et le citoyen ?
Rachid Barnat
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