samedi 15 août 2020

QUE RETENIR DU DISCOURS DE Kais SAIED À L'OCCASION DE LA FÊTE LA FEMME ?

Article publié dans : Kapitalis

13 août, 64 éme anniversaire de la promulgation du CSP * qui libérait la femme du joug des hommes, occasion pour le Président de la République de fêter la femme tunisienne et de livrer un message politique dans un discours empreint d’une grande solennité; lors duquel Kais Saied, pédagogue, a donné à la fois une leçon d'histoire mais aussi une leçon de droit et de politique à Ghannouchi auquel il s'adressait en se tournant vers lui, pour bien montrer que son message s'adresse en premier aux Frères musulmans d'Ennahdha et à leurs acolytes islamistes de tous poils !

Il a clairement critiqué la rédaction de l'article 1 de la Constitution de 1959 qui stipule que l'islam est la religion de l'Etat comme le proposait Ali Belhouane, et non Habib Bourguiba comme beaucoup le pensent; rédaction reprise telle quelle et voulue par les islamistes d'Ennahdha dans la Constitution de 2014.

Il en a montré clairement et fermement l'inanité en soulignant avec force, ce que beaucoup disaient depuis longtemps, à savoir que l'Islam ne concerne que les individus et qu'un Etat n'a pas de religion.
Il met en garde contre l’abus de langage quand certains vous parle d’Etat islamique, en citant pour exemple celui de l’Iran. Il a demandé avec humour si les Etats musulmans, devaient être sanctionnés pour finir en enfer ou au paradis, comme le prévoit la religion pour tout croyant musulman !

Il déplore qu'il ait fallu l'article premier pour affirmer que la religion de la république est l'islam ... rappelant qu'en son temps, Kheireddine Pacha a cru bon de préciser que l'islam est la religion de la Tunisie; alors que le pays était sous l'égide du Califat Ottoman et dés lors, une telle affirmation n'était plus nécessaire puisque le Calife ottoman était de fait le chef spirituel de l'islam ! 
Pour dire que derrière cet article constitutionnel, se cache une volonté politique hégémonique.

Et une fois de plus se tournant vers Ghannouchi, il lui rappelle que personne n'est mandaté pour régenter la foi des tunisiens. Que chacun est libre de pratiquer l'islam selon l'obédience qui lui convient et que nul n'a le droit d’imposer sa propre lecture de l'islam au peuple tunisien.
On ne peut être plus clair sur la condamnation de l'Islam politique et son souhait de séparer définitivement l'Etat de la religion

Il a ensuite abordé la question de l'égalité dans l'héritage. Il l'a fait de manière assez intelligente sans aller cependant, jusqu'au bout de sa logique à propos de la séparation de l'Etat de la religion.

Trêve d'hypocrisie laisse-t-il entendre. Que ceux qui s'accrochent à l'égalité devant l'héritage entre fille et garçon, montrent plus de combativité pour déjà transcrire dans la réalité l'égalité entre homme et femmes comme le stipule l'article * 21 de la Constitution !
Car cette question qui les taraude, ne concerne en général que les nantis bourgeois. Alors que les femmes modestes, et qui sont majoritaire, triment souvent non déclarées, ne bénéficiant d'aucune couverture sociale; et ce, pour un salaire de misère  et inférieur a celui des hommes. Commencez, dit-il, par traiter ces femmes avec dignité et égalité avant de vous focaliser sur l'égalité successorale !

Cela étant, son rappel sur la clarté du Coran en matière d'héritage, était assez malvenu après ce qu'il avait dit de l'Islam politique; surtout qu'il oubliait, au passage, que de très nombreuses prescriptions du Coran ont été largement abandonnées avec l’évolution de la sociologie et des mœurs ! On ne coupe plus les mains des voleurs, l'esclavage a disparu et la polygamie est, de fait, tombée en désuétude ! Alors pourquoi ne pas en finir avec cette injustice faite aux femmes devant l'héritage ? Sur ce plan, Kais Saied aura botté en touche. Dommage qu'il ait manqué de courage sinon de suite dans les idées. Il eut mieux valu pour lui ne pas soulever cette question; ou alors il lui fallait être logique avec sa première partie du discours où il insistait sur la séparation de l'Etat de la religion, pour dire qu'il est temps que cette question soit réglée pour se conformer à l'article 21 ** la Constitution, et d'affirmer la primauté du Droit Civil sur la Chariâa !

Un cafouillage qui laisse perplexe beaucoup de tunisiens, ne sachant plus s'ils ont affaire à un président progressiste ou réac ... comme le lui reprochent les femmes démocrates.


A propos du CSP, il a rendu un hommage vibrant à Bourguiba à l’origine de code, par lequel il avait donné un statut juridique à la femme. Il va apporter cependant une précision en rapportant ce que lui en disait Mustapha Filali. Ce dernier demandait à Habib Bourguiba de soumettre son projet du CSP au vote des députés de la constituante de 1955. Ce que Bourguiba avait refusé avec raison. Car dira-t-il, le peuple tunisien était encore engoncé dans des archaïsmes religieux, et que la phallocratie dominant le débat, les constituants, rejetteraient le CSP. 

Un rappel, pour dire qu’il est bon parfois qu’un dirigeant visionnaire et éclairé, puisse imposer ce qu’il estime bon pour son peuple sans lui demander son avis tant qu’il est inculte et pas mur pour la démocratie. Ce qui est en soi un hommage à Bourguiba et non une critique de la part de Kais Saied !

Une autre partie de son discours, adressé aussi aux islamistes, va dans le bon sens. Il rappelle les slogans de la révolutions : " Travail. Dignité. Liberté", qui n'ont pas été concrétisés au bout de presque 10 ans de pouvoir islamiste. 
Selon lui la dignité va de pair avec la justice. Ce qui lui donne l’occasion de tancer les islamistes en leur rappelant que lorsque la politique entre au Palais de Justice, c’est la justice qui en sort !

Alors Kais Saied serait-ce un laïc qui s'ignore ? Il est pour la séparation de l'Etat de la religion et célèbre le CPS comme une grande avancée pour la femme mais sur le plan sociétal, il reste un peu timoré entre archaïsme et modernité.

Au total un discours important que trop de Tunisiens sur les réseaux sociaux ont limité à l’égalité dans l'héritage sans en analyser le fond, sans montrer toute l'étendue de la leçon que donnait cet ancien professeur de droit aux Frères musulmans d'Ennahdha. 
Ce qui donne, lorsque l'on se contente de lire les post sur ces réseaux, une idée tronquée et très trompeuse du message présidentiel.

Rachid Barnat


Code du statut personnel : S'il y avait eu une Cour Constitutionnelle, elle aurait annulé les dispositions du Droit Successoral qui lèse la femme, en application de l'article 21.

** Article 21 : Les citoyens et les citoyennes, sont égaux en droits et devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination aucune. L’État garantit aux citoyens les libertés et les droits individuels et collectifs. Il leur assure les conditions d’une vie décente.





12 commentaires:

  1. 13 AOÛT : FÊTE DE LA FEMME & FÊTE DU CSP* !

    Condition des femmes avant le CSP :

    Il était de coutume pour être aimable avec une jeune fille, que les femmes de son entourage lui disent " I'kaoui saâ'dek !", qu'on peut traduire par : " fasse que dieu augmente tes chances" ...

    Et de la chance, il lui en fallait beaucoup en ces époques de traditions phallocratiques pour ne pas dire machistes, où la femme était la propriété des hommes qui décidaient de son sort !

    Car son destin dépend de son futur époux, elle même n'ayant aucun droit ni statut reconnu, hormis d'éternelle mineure; et encore moins de donner son avis; puisque même lors de son mariage, son silence équivaut à un consentement, selon le " adoul " (notaire) pour valider son contrat de mariage ... qui, plus est souvent arrangé !

    Son unique espoir est que la chance lui accorde un mari qui soit :
    - riche,
    - jeune, alors que souvent ce sont les vieux qui ont les moyens de se payer une épouse, voir plusieurs,
    - gentil,
    - beau si possible,
    - non violent,
    - qui ne bat pas sa femme,
    - fidèle, ne pratiquant ni la polygamie et encore moins l’adultère,
    - respectueux de son épouse,
    - et affectueux .. si ce n'est pas trop demander !

    Voilà à quoi Bourguiba avait soustrait la femme tunisienne, lui l'orphelin de père, élevé par des femmes : sa mère, sa grand mère, ses tantes ... qu'il voyait trimer et se sacrifier pour l'élever; soumises au joug des hommes et à toutes leurs injustices en silence; sans aucune reconnaissance pour ce qu'elles font !

    Le CSP, c'était sa façon d'honorer ces femmes et de corriger cette injustice qui leur était faite !

    Et dire que de plus en plus de femmes régressent en adoptant le wahhabisme et le statut auquel il les assigne : femme objet, soumise au joug des hommes !
    De jouer le jeu des barbus, elles sont en train de couper la branche sur laquelle les avait installées Bourguiba !
    En sont-elles conscientes ?
    Il faut croire qu'elles ne mesurent pas ce qu'elles perdent en perdant la liberté et les droits que leur avait accordés Bourguiba !
    Mais c'est le propres des femmes qui n'ont pas combattu pour les avoir : tant pis pour elles !
    Qu'elles retournent au statut de femme objet sexuel des hommes et qu'elles se cloîtrent chez elles ou mieux dans leur linceuls noir, si tel est leur désir !

    Et tant pis pour celles qui ont choisi de rejeter le CSP après leur conversion au wahhabisme : qu'elles ne viennent pas pleurer du sort que leur réserveront les hommes ...

    On ne peut amener les hommes enchaînés, au paradis !
    disait mon père.

    BONNE FÊTE AUX HRAYERS** TOUNES, FILLES DE BOURGUIBA !

    Face aux ennemis de Bourguiba, une de ses filles défend avec courage et pugnacité l'indépendance de la Tunisie et la libération de la femme, les deux grandes œuvres de ce grand homme : Abir Moussi, dont il peut être fier.

    Indépendance et liberté que son ennemi juré Ghannouchi, veut effacer pour ramener la Tunisie au statut de colonisée et les femmes au statut d'éternelles mineures, bonnes pour servir de pot de chambre, comme aime à dire ce grand sociologue !

    * Code du statut personnel
    ** Femmes libres.

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  2. Habib Bourguiba, un despote éclairé :

    « J’imposerai la liberté de la femme et ses droits par la force de la loi, sans attendre de ceux qui sont leurrés par une culture machiste au nom de la religion, leur consentement ».

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  3. LES FEMMES DÉMOCRATES (ATFD) EN COLÈRE CONTRE KS !

    Dans son discours célébrant le CSP et la fête de la femme, KS reste ambigu sur sa position de l'islam en politique :

    - dans une première partie de ce discours, s'adressant directement à Ghannouchi; il lui rappelle la nécessité de séparer l'Etat de la religion; puis
    - dans la deuxième partie, il semble s’accommoder de règle religieuse lésant la femme dans l'héritage !

    Il eut mieux valu pour lui de ne pas soulever cette question; ou alors il lui fallait être logique avec sa première partie du discours pour dire qu'il est temps que cette question soit réglée pour se conformer à l'égalité homme-femmes comme le stipule la Constitution, et d'affirmer la primauté du Droit Civil sur la Chariâa !

    Dommage pour lui : un cafouillage qui laisse perplexe beaucoup de tunisiens, ne sachant plus s'ils ont affaire à un président progressiste ou réac ... comme le lui reprochent les femmes démocrates.

    https://www.businessnews.com.tn/latfd--kais-saied-na-pas-compris-la-constitution-les-femmes-et-la-tunisie,520,101199,3?fbclid=IwAR1p5Ab4XysxtFg8IFw8s_1mygQ4gxuGwvQ1oYwzW-hcDWgX_NuiRtGYRY0

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  4. LA DÉPUTÉ Nadia Chaabane, REMET KS À SA PLACE !

    Pour un professeur de droit, qui plus est se dit constitutionnaliste, elle lui en rappelle le b.a-ba !

    http://kapitalis.com/tunisie/2020/08/17/monsieur-le-president-vous-navez-pas-vocation-a-interpreter-la-constitution/

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  5. ÉGALITÉ DANS L’HÉRITAGE ou L'ART DE COUPER LE CHEVEU EN QUATRE, DE LA PART DES COMMENTATEURS DU DISCOURS DE KS !

    Dans son discours du 13 août, KS nous a donné un cours, ou plus exactement a donné un cours à Ghannouchi, sur la nécessité de séparer l'Etat de la religion.
    Celle-ci concernant la vie privée des tunisiens, chacun est libre de suivre l'obédience qu'il veut car personne n'a le droit d'imposer la sienne aux autres en s'autoproclament défenseur de l'islam pour régenter la foi des hommes pour plus d'hégémonie sur le peuple tunisien.

    Dés lors sa saillie concernant l'héritage tel que le conçoit la chariaa détonne, quand il admet cette règle coranique !

    S'il est pour la séparation de l'Etat de la religion et qu'il admet que l'Etat est Civil obéissant à un Code Civil, il devient clair que le Code Civil prime sur la chariaa et toutes les lois coraniques !

    Dés lors la question de l'héritage ne se pose plus car il suffit d'appliquer l'article 21 de la Constitution, qui stipule :
    " Les citoyens et les citoyennes, sont égaux en droits et devoirs.
    " Ils sont égaux devant la loi sans discrimination aucune.
    " L’État garantit aux citoyens les libertés et les droits individuels et collectifs.
    " Il leur assure les conditions d’une vie décente.
    !

    Ce que le juriste qu'il est, qui plus est dit être constitutionnaliste, aurait pu mettre en avant et faire taire ses visions archaïques et réactionnaires du monde, en tant que président de la République et de chef d'un Etat Civil !!

    Jean-Pierre Ryf :

    Même si on peut, un instant, adhérer à cette idée que l'égalité n'est pas l'équité, que l'on m'explique ce qu'il y a d'équitable à ne donner aux femmes en général, que la moitié de ce qui est donné aux hommes ?
    Vraiment j'aimerai bien comprendre ce que l'on présente comme une si grande subtilité.

    J'ajoute qu'il y a chez ce Président, une reprise de la veille lune des islamistes de tous bord, à savoir : la critique de l'Occident et de son droit en ayant l'air de dire : " la fameuse égalité de l'Occident ne vaut pas notre équité " !

    Là on croit rêver car je le renvoie à l'examen des inégalités abyssales du monde arabo-musulman .... et son discours est alors ridicule pour le moins.

    https://nawaat.org/2020/08/16/reflexions-en-marge-du-discours-de-kais-saied-a-loccasion-du-13-aout-2020/?fbclid=IwAR0QrNFXKeYUtpd-gt1LKvyz8p2iBwwLh5caSryuthWEINgs9LeeDGZfD6k

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  6. POPULISME DE KS & DROIT À L'HÉRITAGE ...

    KS compatit pour les ouvrières agricoles mais ferme les yeux sur l'une des causes de leur condition déplorable, celle de l'héritage dont les mâles de leur famille s'arrangent pour les en exclure ... au nom de la chariaa !

    Nadia Chaabane :

    Elles sont à peine 5% à détenir la terre et 75% à la travailler; et KS pense que la question de l'héritage n'a rien à voir avec la question économique !

    L'accès aux ressources et le partage des ressources n'est pas une question économique, c'est une question de possession de ses ressources !

    Combien de ces femmes se retrouvent à travailler pour un membre de la famille, contre un salaire de misère ?

    Très souvent ces terres sont dans leurs familles et elles n'ont pu y avoir accès parceque lésées lors de leur partage par les mâles de la famille; et notre président pense que dans les relations intra-familiale c'est la justice qui prévaut et non l'égalité ?!!

    Des mères et des sœurs sont parfois jetées dehors au décès du père, pour la revente de la maison paternelle !

    https://www.rfi.fr/fr/podcasts/20200814-tunisie-femmes-agriculture-calvaire?fbclid=IwAR3kKX05w_mG2w1oRZgTa4VceZnwtBnbp85pe6iONDISNlyk9QTRUXhg2-0&ref=fb

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  7. CONSTITUTION 2014 : Vous avez dit la meilleure du monde ...

    Hamid Chabaane :

    Mme Nadia Chaabane, constituante, est fière de sa participation à la mise au point de la constitution de 2014.
    C'est son droit.

    Mais c'est aussi notre droit de lui dire que les constitutions ne sont pas des livres sacrés, qu'elles se révisent et se me modifient quand cela est indispensable et surtout quand le texte fondateur d'un état et d'un régime politique nouveau, démontre son total échec à stabiliser des institutions, à faire fonctionner un État.

    Sous prétexte que nous avons fait l'expérience d'un régime présidentiel qui a tourné à la dictature, Mme Chaabane nous assène ses certitudes que seul un régime triphasé avec un exécutif à deux têtes, est à même de garantir une réelle démocratie; faisant mine d'oublier que l'écrasante majorité des grandes démocraties sont des régimes peu ou prou présidentiels.

    Il va de soi qu'on ne peut lui demander à elle, constituante, de reconnaître, non de simples faiblesses du texte, mais la monstruosité même du régime qu'il a créé.

    Il faut être borné pour arc-bouter sur une œuvre qui prouve tous les jours, depuis 6 longues années son incapacité à faire progresser d'un iota un pays, jusqu'à l'amener à la paralysie politique, à la ruine économique et au bord de la déchéance.

    Non Madame, il faut beaucoup plus qu'une Cour Constitutionnelle pour remédier au chaos constitutionnel que votre œuvre a généré et beaucoup plus qu'une révision du code électoral pour y remédier, les deux allant de pair.

    Kais Saïd lui-même produit de cette architecture constitutionnelle qui permet à un candidat de rouler tout seul pour une présidentielle pendant que son principal adversaire est embastillé, peut se promener dans cette constitution comme dans une auberge espagnole, jusqu'à y réintroduire la justice sociale et familiale version chariâa à cause de son imprécision, de ses contradictions, de ses non dits et ses sous-entendus; et comme tout un chacun, il a le droit de la critiquer et de pointer ses insuffisances et même l'absurdité du régime qu'elle a engendré même s'il le fait en référence à des notions religieuses surannées, marquées au coin de son idéologie qu'il a du mal à cacher.

    L'erreur majeure est de plus dans le verrouillage total, on ne peut plus anti démocratique, que vous avez organisé, du recours au référendum pour amender ce qui doit l'être.
    Plus qu'une erreur, c'est une faute car quand vous empêcher de corriger une erreur, une contradiction, une faiblesse dans un texte, vous condamnez vos opposants à tout jeter.

    Comme constituante, avec les autres constituants, vous avez tout fait pour ne pas soumettre votre œuvre à l'approbation du peuple par la voie du référendum de crainte qu'elle ne soit rejetée.

    Le boomerang vous revient et vous aurez beau affirmer que c'est un livre sacré intouchable, aucun peuple et aucun pays politiquement, économiquement, moralement ruiné ne vous croira.

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  8. LA CONSTITUTION 2014 : la meilleure constitution du monde ou le meilleur frein pour la Tunisie sur le chemin du progrès, voulu par les Frères musulmans d'Ennahdha ?

    En réponse à l'article de la député et ex-constituante, Nadia Chaabane, voici ce qu'écrit ...

    Hamid Chabaane :

    1/ Invoquer les difficultés de naissance de la constitution, les compromis (ou compromissions) acceptés, l'environnement, les pressions ... n'excuse pas l'erreur et ne pardonne pas la faute.

    On peut être minoritaire et devoir laisser passer un texte mais on ne le vote pas et on ne le défend pas becs et ongles, surtout quand il a suffisamment prouvé son inefficacité.

    Cela rappelle ce ministre des finances, aujourd'hui chef du gouvernement, à qui l'on reprochait d'avoir, le premier, laissé filer l'endettement pour satisfaire les islamistes; alors que son prédécesseur avait démissionné plutôt qu'obtempérer aux oukases des demandeurs de compensations et qui a benoîtement répondu : " que vouliez-vous que je fasse, compte tenu de l'ambiance révolutionnaire ? ".
    On eut aimé lui répondre : " rien, que vous sauviez le pays et votre âme, en refusant de vous compromettre; et en aucun d'accepter de faire le contraire de ce que votre devoir et votre conscience vous dictaient ".

    2/ Même la constitution portugaise de 1976 qui a plus que largement inspiré la tunisienne, a été révisée pas moins de 7 fois par le parlement.
    La révision de 1997 l'a pratiquement totalement refondue en en réécrivant plus de 200 articles et en en supprimant quantité d'autres.
    On n'a même pas tenu compte dans l'inspiration, de l'expérience portugaise, de ses échecs répétés qui ont amené à cette refonte.

    (voir suite ci-après)

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  9. (Suite)

    3/ Ce n'est pas seulement la peur de la versatilité de l'opinion qui a incité à verrouiller le recours au référendum, seule voie de révision dans la constitution tunisienne, mais la volonté manifeste de minorités idéologiques dans la constituante, se sachant minorités et non assurées de leur poids réel dans l'électorat et de leur capacité à convaincre pour monter en puissance, de pérenniser leur présence dans les institutions de la République, fût-ce contre la volonté populaire.

    Cela n'a pas empêché d'ailleurs plusieurs de quasiment disparaître rapidement.

    4/ La constitution française de 1958, qui a fondé un régime pourtant présidentiel, ouvre la porte au référendum constitutionnel à une majorité des 3/5.
    La tunisienne, régime plus parlementaire que semi présidentiel comme on se plaît à le répéter urbi et orbi, a exigé encore plus, les 2/3, et créé un double verrou devant toute possibilité de révision : les 2/3 et l'impossibilité pour l'assemblée de toucher à une virgule sans référendum.

    5/ Un code électoral ne corrige pas les défauts d'un régime politique fondé sur la dualité de deux exécutifs qui tirent à hue et à dia faute de faux "tawafuq" (consensus), car la démocratie n'est pas consensus mais conflit et alternance; et c'est comme cela qu'elle avance depuis des siècles.

    En vérité, c'est la loi sur les partis qu'il faut reprendre en premier et plus que le code électoral lui-même, pour empêcher les mascarades des 250 partis et tenter d'assurer un minimum de sérieux à leur représentativité et à la représentation nationale.

    C'est la constitution et pas seulement le code électoral et le mode de scrutin, qui font que l'assemblée est bourrée de députés que les électeurs ne connaissent souvent même pas, que des députés siègent dans un parlement avec des scores de conseiller municipal, voire moins.

    6/ Tout le monde se souvient encore du contexte de l'époque mais on n'écrit pas une constitution en tenant compte de la pression de la rue ou des appels lancés sur les réseaux sociaux comme Facebook; et on ne transige pas, blocage ou pas, sur des principes fondamentaux !

    7/ Bien-sûr que Kais Saïd, même s'il est tenu à la respecter dans la lettre et l'esprit, et surtout en l'absence de Cour Constitutionnelle, peut avoir sa propre lecture et peut critiquer une constitution comme toute œuvre humaine perfectible.

    A quoi servirait-il si on donnait pas au président le pouvoir de demander sa révision par référendum ?

    A vous lire, un président élu au suffrage universel, n'a pas le droit d'avoir une opinion sur une constitution qui paralyse totalement un pays.

    Comment voulez-vous alors qu'il en demande l'amendement ?

    Que Kais Saïd en soit encore à rêver de chariâa, ou n'appréhende pas très bien le principe d'égalité des citoyens/ citoyennes, est un autre problème. Que vous ne résoudrez pas en momifiant un mauvais texte constitutionnel qui a donné naissance à un mauvais système politique qui met en échec un pays et un peuple.

    http://kapitalis.com/tunisie/2020/08/17/monsieur-le-president-vous-navez-pas-vocation-a-interpreter-la-constitution/

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  10. L'EGALITÉ DANS L'HÉRITAGE : est une question de bon sens !

    Abdelaziz Kacem :

    " Selon « Maqasid al-Charī‘a », les buts, l’argumentaire, l’exposé des motifs de la jurisprudence, les inégalités successorales sont, aux yeux des ulémas, largement compensées, puisque l’homme est le seul à avoir obligation de subvenir aux besoins de la femme qu’elle soit sœur, mère ou épouse. L’argument était sans doute valable à l’époque.

    " Mais les temps ont changé !

    " Aujourd’hui bien des femmes subviennent aux besoins de leurs parents et de leur fratrie et bien des époux dotés de tous les attributs de la virilité émargent à la carte de crédit de leur épouse.

    " Un père a partagé équitablement ses biens entre ses enfants des deux sexes. Pourquoi lui demande-t-on ? « Je ne vois pas pourquoi, ma belle-fille vivrait plus confortablement que ma fille », répondit-il.

    C’est cela le bon sens !

    https://www.leaders.com.tn/article/30435-abdelaziz-kacem-le-droit-et-le-bon-sens?fbclid=IwAR1BXzuuSFq36-ATLMQnLOnxGV7COXLr5-H_gvf7D90jXTUwqYoEH_O5R3w

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  11. A L'OCCASION DE LA JOURNÉE DU SAVOIR ...

    Allocution de KS sur Watania 1 :

    Il recommande de revoir les programmes enseignés aux tunisiens et de remettre à l'honneur l'enseignement :
    - de la philosophie ,
    - des sciences humaines
    - de l'histoire sans l'instrumentaliser politiquement ...
    A fin de former les jeunes à l'analyse et à l'esprit critique pour assurer leur liberté.

    Si durant les années 60, nos médecins formés à l’étranger revenaient en Tunisie car ils croyaient en l’État; de nos jours les jeunes formés en Tunisie, s’en vont pour des pays qui n’ont rien dépensé pour leur formation, pour y trouver du travail car ils ne croient plus en l'Etat tunisien !

    Voilà un discours qui s'adresse directement aux Frères musulmans d'Ennahdha qui font tout pour abrutir la jeunesse tunisienne par la multiplication des écoles coraniques et des mosquées où le seul livre qu'elle a à apprendre, est le coran !

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  12. A L'OCCASION DE LA JOURNÉE DU SAVOIR ...

    Houcine Bzainia :

    Vu le nombre de filles et de femmes qui ont raflé les prix présidentiels, je dis qu'il n'y a pas de craintes pour l'avenir de la Tunisie.

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