GHANNOUCHI NE PEUT ÊTRE A LA FOIS LE PROBLEME ET SA SOLUTION ...
Ghannouchi prétend résoudre les problèmes qu'il a créés en appelant au dialogue national, en remaniant sans cesse les gouvernements qui se succèdent à un rythme effréné depuis la "révolution" ... alors qu'il ne fait qu'enfoncer un peu plus le pays, comme le programment les Frères musulmans !
Il est plus simple que les progressistes s'unissent pour retirer leur confiance à Ghannouchi pour reprendre le pouvoir législatif ! Mais voilà l'égo, les rancunes et les petits calculs de certains, font que les démocrates ont pactisé avec Ghannouchi et qu'ils refusent le énième appel de Abir Moussi pour le dégager !
Ce qu'ils ignorent ces opportunistes prétendument progressistes, est que leur refus de dégager Ghannouchi leur fait perdre des voix qui iront forcément à Abir Moussi dont le discours et les prises de positions sont, on ne peut plus clairs ! Ce que les instituts de sondages confirment quand ils disent que le PDL est devenu le 1er parti des Tunisiens.
R.B
Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre, le PDL
Entretien réalisé par Lotfi Maherzi : Madame, tous les sondages attribuent à votre parti la première place avec plus de 39% des intentions de vote, loin des islamistes qui atteignent à peine 19%. Comment expliquez-vous cette adhésion populaire ?
Abir Moussi : Je voudrais d’abord transmettre mes chaleureuses salutations au peuple frère algérien avec lequel nous partageons tellement de valeurs communes de bon voisinage, de solidarité et de fraternité. Concernant nos résultats positifs dans les sondages, nous les prenons en compte avec beaucoup de plaisir, cela prouve que de plus en plus de Tunisiens adhèrent à nos idées, nous suivent, croient à notre engagement politique et à notre programme. Je pense qu’ils sont convaincus que nous portons réellement un projet de redressement économique et de rénovation politique. Mais comme vous le savez, les sondages sont le plus souvent une photographie à un instant T dans la vie politique d’un pays. Nous estimons que rien n’est acquis et que nous devons continuer à occuper le terrain du combat et des luttes pour une Tunisie civile, moderne et ouverte sur le progrès et la modernité.
Vous êtes le plus souvent présenté par vos adversaires comme le symbole de l’ancien régime tout en oubliant le nombre d’anciens RCD sollicités par tous les partis et les gouvernements successifs. Comment expliquez-vous ces contradictions ?
Abir Moussi : Vous savez, nos adversaires sont en échec total, ils sont dans la panique, ils n’ont plus d’arguments valables pour nous diaboliser en rappelant notre passé destourien et notre appartenance à l’ancien régime alors que les enjeux importants de la Tunisie d’aujourd’hui sont ailleurs. En vérité, Ghannouchi, les islamistes et leurs alliés veulent empêcher les Tunisiens d’adhérer à notre projet. Mais ils n’arrivent pas à tromper le peuple qui est très conscient de la manipulation. Comme vous le dites si bien, ils sont dans l’hypocrisie et la contradiction la plus absurde. Le président du Parlement, Rached Ghannouchi, a recruté récemment le dernier secrétaire général du RCD comme conseiller en pensant l’utiliser pour nous déstabiliser tout en continuant à insulter celles et ceux qui sont restés fidèles à leurs convictions. Mais ça ne marche pas, le peuple a compris leurs combines et leurs manipulations cyniques.
Vous êtes régulièrement pris à partie par les islamistes et leur bras droit radical du parti Al Karama (Dignité) avec, souvent, l’absence remarquée de solidarité des politiques et des partis démocrates au Parlement. Pourquoi, selon vous, ce silence du camp démocrate ?
Abir Moussi : Je pense que nous n’avons rien à attendre de ces démocrates réformistes qui aiment parler de droits de l’Homme mais préfèrent se taire face à ces agressions. C’est un silence révélateur de leur trahison en laissant, par exemple, Ghannouchi accéder à la présidence du Parlement et l’islam politique s’accaparer de secteurs sensibles comme les ministères de l’Intérieur et de la Justice.
En réalité, leur silence exprime leur peur de fâcher leurs alliés islamistes et de perdre les privilèges qu’ils leur accordent. C’est pour cela qu’ils préfèrent rester silencieux plutôt que de participer à un mouvement de sauvegarde patriotique.
Vos adversaires vous reprochent l’absence d’un vrai programme politique, notamment sur les plans social et économique. Qu’en pensez-vous ?
Abir Moussi : Je pense que nous sommes les seuls à avoir un programme construit et organisé autour d’axes de redressement économique, de novation politique et sociale, de transparence de la vie politique et de respect des lois, comme nous sommes les seuls à nous engager pour une économie ouverte à dominante essentiellement sociale, susceptible de créer la richesse, notamment grâce aux nouvelles technologies numériques. Nous voulons aussi assurer l’emploi, réaliser les objectifs de croissance et de développement, réduire les déficits financiers avec des mesures pour stabiliser le dinar et juguler l’inflation. Enfin, sur le plan sécuritaire, nous avons retenu comme priorité absolue la lutte contre le terrorisme, le crime organisé, la corruption et l’informel, car c’est la condition fondamentale pour envisager une relance vertueuse de l’économie.
Dix ans après la révolution dite de la liberté et de la dignité, les Tunisiens sont désenchantés, de plus en plus mécontents d’une révolution confisquée qui a dégradé la situation économique et sociale du pays. Comment expliquez-vous cette désillusion ?
Abir Moussi : Le peuple doute et je le comprends. Car la vie est devenue de plus en plus difficile, notamment pour les plus fragiles. Vous savez, avec un taux de chômage qui atteint plus de 15% , une chute du dinar de plus de 60% et une inflation qui grimpe à presque 8%, le Tunisien ne peut être qu’en colère. En dix ans de pouvoir accaparé par les khwanjiyas (Frères musulmans) et leurs alliés, l’économie est devenue un désastre, la corruption est de plus en plus importante et les disparités entre les régions sont devenues insupportables comme le montrent les grèves et les révoltes qui se multiplient. C’est une situation qui désespère les Tunisiens qui ne voient pas leurs conditions de vie s’améliorer. Ils sont nombreux à prendre conscience que la classe politique, au pouvoir depuis dix ans, a été incompétente et incapable d’améliorer leurs conditions de vie. Elle n’est pas aujourd’hui crédible et ne peut plus incarner ni l’espoir ni la compétence pour redresser la situation économique. Les Tunisiens découvrent que la révolution que les islamistes et leurs alliés utilisent comme un fonds de commerce a donné naissance, en vérité, à plus d’injustice sociale, plus de pauvreté, plus de détresse chez les jeunes et plus de violence terroriste et de chaos politique. La Tunisie mérite mieux que cela.
Depuis 2010, la corruption gangrène le pays, la presse tunisienne en dénombre plus de deux mille dossiers au niveau de la justice dont les plus récents concernent l’importation de blé avarié impropre à la consommation et l’implication d’un ministre dans une affaire d’importation de déchets de l’Italie. Pourquoi ces dossiers et ceux révélés par la Cour des comptes accusant les partis au pouvoir, Ennahdha et Qalb Tounes, d’argent sale et de financement occulte sont toujours en attente ?
Ce que vous dites est vrai. Malheureusement la justice subit des pressions énormes qui l’empêchent d’ouvrir les dossiers de corruption ou ceux relatifs aux assassinats politiques et au terrorisme. Les juges n’ont pas de sécurité pour faire leur travail convenablement puisque l’État est faible et les institutions infiltrées. De plus, si la justice condamne les corrompus des partis au pouvoir, le gouvernement perdra sa base et son soutien. C’est pour cela que seul un changement de régime politique et institutionnel pourrait instaurer l’État de droit.
Beaucoup de Tunisiens et surtout les jeunes sont complètement découragés et ne croient plus en la démocratie. Nombreux sont ceux qui vivent le chômage, l’exil social ou qui ont rejoint le djihad. Quelles sont vos réponses politique à ces jeunes démunis afin de leur donner confiance et les aider à retrouver leur place dans la société ?
Abir Moussi : C’est vrai que la situation sociale des jeunes est dramatique. Les islamistes et les populistes ont trouvé un terrain fertile au sein de ces jeunes appauvris. Ils ont profité de leur vulnérabilité pour les embrigader dans le jihad et qui a fait de notre pays un grand pourvoyeur du terrorisme. Vous savez, là où je me déplace, je m’adresse à ces jeunes pour leur dire que malgré la situation lamentable de l’économie qui ne favorise ni la création d’emplois ni la justice sociale, gardez espoir, la Tunisie a besoin de votre force, de votre dynamisme et votre persévérance pour surmonter, demain, ensemble, la crise.
Au sein du PLD, nous avons des structures dédiées comme l’académie politique pour former des jeunes de plus en plus nombreux à acquérir les outils économiques, culturels et politiques pour leur donner les conditions d’insertion dans le monde du travail et à lutter contre toutes les formes d’obscurantisme et promouvoir une Tunisie libre et démocratique.
L’histoire de la transition démocratique tunisienne est surtout marquée par le compromis (tawafek) entre les islamistes du parti Ennahdha et les partis démocrates. Vous dites que ce consensus est non seulement contre- nature mais responsable de la situation critique sur les plans politique et économique. Pouvez-vous nous dire pourquoi ?
Abir Moussi : Le système du tawafek a été fabriqué par les islamistes et consenti par l’ensemble des gouvernements qui, par électoralisme ou intérêts calculés, ont pactisé avec l’islam politique et sa mouvance Ennahdha. C’est un compromis contre-nature entre deux camps politiques qui, en théorie, ont des différences idéologiques opposées et sont divisés, toujours en théorie, sur les questions identitaire, économique et sociale. Mais en pratique, ces alliances sont assumées par les démocrates même si elles ont permis de blanchir les islamistes, de masquer leur vrai visage takfiriste et de renforcer dans le même temps leur position hégémonique dans le paysage politique tunisien. Elles leur ont permis aussi de noyauter les institutions tunisiennes comme l’éducation nationale et les lieux de culte dans l’indifférence et le silence des gouvernements successifs. Vous savez, tous les Tunisiens se rappellent de cette vidéo fuitée devenue culte de Rached Ghannouchi demandant aux salafistes, pressés de prendre le pouvoir, de la patience et de la raison, le temps de terminer le job (noyautage) et de contrôler l’armée.
Nul n’ignore, Madame, que la Tunisie vit actuellement une situation institutionnelle difficile. Le régime politique qui se voulait être parlementaire est devenu dans la pratique un régime inopérant et impuissant. Est-ce, selon vous, un échec du régime parlementaire et du mode électoral, un échec de la transition démocratique en Tunisie et si oui quelles sont vos propositions sur le plan institutionnel ?
Abir Moussi : Oui, assurément, un grand échec institutionnel. La Constitution, le mode électoral, ainsi que les jeux politiques partisans ont contribué à transférer le pouvoir du Parlement aux partis politiques devenus puissants et en même temps impuissants à constituer des majorités de coalition, toujours fragiles et éphémères. C’est la grande tragédie des institutions tunisiennes qui ont enfanté des alliances gouvernementales sans vision politique ni détermination à trouver des solutions efficaces aux problèmes des Tunisiens. Résultat : nous avons aujourd’hui un gouvernement faible, incapable de gouverner, un président absent avec des pouvoirs limités et un Parlement soumis aux partis politiques. C’est inadmissible et cela ne peut durer. C’est pour cela que le PLD milite pour l’instauration d’un régime présidentiel modéré, fondé sur la séparation des pouvoirs et l’équilibre des différentes institutions. Autrement dit, un régime qui permettra une plus grande stabilité gouvernementale, une répartition bien claire et bien équilibrée des prérogatives entre le président qui nomme les membres du gouvernement sur proposition du Premier ministre et le Parlement qui assure une mission de contrôle de l’exécution du programme du gouvernement.
Mais tout cela n’est opérant que si la justice et l’instance supérieure pour les élections sont indépendantes avec une cour constitutionnelle neutre qui veille au bon fonctionnement des institutions.
Depuis que l’islam politique est au pouvoir, on constate une volonté discrète des islamistes au pouvoir de changer la vie des Tunisiens dans le domaine vital de la religion et de l’identité tunisienne. Votre sentiment ...
Abir Moussi : C’est une situation très grave qui soulève le problème de survie de la nation tunisienne et ses valeurs identitaires et culturelles millénaires. Depuis l’arrivée d’Ennahdha au pouvoir, nous sommes confrontés à une stratégie de réislamisation rampante, notamment dans le domaine de l’éducation. On compte aujourd’hui des centaines de jardins d’enfants prétendus coraniques créés en toute impunité par des associations liées aux islamistes et qui échappent à tout contrôle de la part du ministère de la Femme et de la Famille.
Ce sont de véritables prisons qui embrigadent nos enfants dans des projets terroristes et guerriers. Ce sont des situations extrêmement graves qui ouvrent large la voie aux courants jihadistes, populistes et opportunistes de tous bords. C’est pour cela que le PLD et ses militants engagent une guerre implacable contre tous les réseaux associatifs dits humanitaires ou académiques qui sont autant de relais de Ghannouchi et ses parrains de la région, utilisés pour changer le modèle de société tunisien.
Alors que la Tunisie a toujours renvoyé un modèle d’égalité homme-femme avec le Code du statut personnel, des députés du parti takferiste El Karama s’attaquent aux acquis des femmes tunisiennes et prônent l’application de la chariaa à la place des lois civiles qu’ils considèrent comme contraires à la religion. Qu’en pensez- vous ?
Abir Moussi : Il faut savoir d’abord que le parti Al Karama, qui affiche ouvertement son conservatisme religieux et sa filiation avec l’idéologie takferiste, est le petit frère d’Ennahdha et obéit à la lettre aux consignes de leur maître Ghannouchi.
En vérité, ce que Ennahdha ne peut pas ou ne veut pas dire parce qu’elle craint pour son image prétendument modérée, Al Karama le fait.
Au Parlement, ses députés développent, en toute impunité de la part du président du Parlement, un discours chargé de haine et de mépris envers la femme tunisienne. Ils s’attaquent régulièrement à ses acquis et prônent la charia à la place des lois civiles. Nous avons en Tunisie des daechiens qui siègent en toute tranquillité au Parlement sans être inquiétés ni par la justice ni par le gouvernement. Alors, notre devoir est de les combattre sans aucune retenue, de dénoncer leur projet et leurs commanditaires et d’alerter les Tunisiens sur ce danger mortifère pour nos jeunes et notre pays.
Votre parti organise actuellement un sit-in de la colère pour exiger la dissolution de la section tunisienne de «l’Union des Oulémas musulmans». Pourquoi cette association et quels sont vos reproches ?
Abir Moussi : Nous voulons, en fait, à travers ce sit-in citoyen qui dure depuis le 16 décembre 2020 prévenir les Tunisiens que notre pays est confronté à une offensive globale de déstabilisation menée discrètement par cette pseudo association académique longtemps dirigée par le prédicateur Youssef Al Qaradaoui, qui a, comme vous le savez, été l’inspirateur de l’islam politique et des Frères musulmans.
Nous considérons que cette association, qui prospère grâce à des financements opaques, est une institution dangereuse pour la Tunisie car elle est le lieu par excellence qui conduit vers l’obscurantisme et le terrorisme islamistes. Nous demandons aux ministres de tutelle, non seulement de dissoudre cette association extrémiste, mais aussi de fermer les mosquées fondamentalistes et les écoles de radicalisation des jeunes. Notre devoir est d’alerter les Tunisiens et les autorités publiques sur le danger de ces associations, qui prônent un discours de haine et de division entre les Tunisiens.
Lors de votre dernier meeting à Monastir, vous avez annoncé le lancement de «La révolution des lumières». En quoi consiste cette initiative ?
Abir Moussi : C’est un projet qui nous est cher et que nous comptons soumettre, non seulement au Parlement, mais aussi aux partis politiques et à la société civile. Son objectif est d’instaurer une société civile et souveraine à dimension essentiellement sociale. Une société démocratique, pluraliste, fondée sur la séparation des pouvoirs et la garantie de la protection des libertés individuelles et collectives ainsi que les valeurs des droits de l’Homme. Nous voulons avec cette charte promouvoir une large union républicaine, afin de reconstruire l’État de droit et des institutions et combattre tous ceux qui utilisent le discours de la haine et de l’obscurantisme.
Elle est le nouveau visage de la Tunisie, la nouvelle dame de fer de la politique qui impose par la force du verbe, l’esprit vif et la parole aux accents mystiques des grands leaders. Son combat contre l’islam politique, son charisme exceptionnel et sa détermination pour ramener le pays au prestige de la Tunisie de Bourguiba fait d’elle une personnalité politique autant adorée que violemment détestée par ses adversaires. Mais qu’on aime ou pas le personnage, elle fait partie de ces meneurs qui marquent les esprits par leur présence tenace sur le terrain des luttes. Les Tunisiens se sont d’ailleurs habitués à son look austère et soigné, son côté doux-dur et ses mots acerbes lorsqu’elle dénonce la présence d’un islamisme radical qui a prospéré à bas bruit depuis l’arrivée au pouvoir des khwanjiyas, une expression qu’elle use à l’envi comme pour rappeler la filiation étrangère et antipatriote des islamistes tunisiens. Ce courage inflexible, allant jusqu’à l’intransigeance et qui a tant manqué à la classe politique tunisienne, lui assure une popularité qui monte en flèche et la place en tête des sondages, laissant Ennahdha loin derrière. Une responsabilité qu’elle veut exercer dans un esprit d’ouverture à la modernité et dans le sillage de la Tunisie des lumières.
Une vie mêlée d’études brillantes et de militantisme sans faille
Abir Moussi est née en 1975, à Jammel, dans le gouvernorat de Sousse, de mère institutrice et de père cadre dans la Sûreté nationale. Très jeune, ses parents lui inculquent les valeurs morales d’intégrité, de loyauté, de persévérance mais aussi le goût de la discussion et du combat. Autant de vertus forgées dans une ambiance petite bourgeoise très attachée à la figure du bâtisseur de la Tunisie moderne, Habib Bourguiba, qui sert d’ailleurs de boussole à toute la famille. Depuis, la jeune Abir restera fidèle toute sa vie à ce visionnaire qui a accordé à la femme ses droits indispensables et placé l’éducation au cœur du projet national.
Alors, son désir d’entrer en politique y prend racine. En 1999, avant même sa majorité, elle intègre la jeunesse destourienne et entreprend en parallèle des études brillantes de droit pour terminer première sur les centaines de candidats au concours de certification à la profession d’avocat. Après dix ans de militantisme au parti destourien, elle gravite les échelons pour devenir, en 2010, secrétaire générale adjointe, chargée de la Femme au sein du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de l’ancien Président Ben Ali.
Les mouvements sociaux et les révoltes populaires de Sidi Bouzid, Kasserine et Thala en 2010 mettent fin au règne de Ben Ali. Abir Moussi refuse de renier son engagement avec l’ancien régime et réclame un droit d’inventaire sur le bilan et la gouvernance des destouriens. Comme elle refuse de céder aux voleurs de ce qui est convenu d’appeler «la révolution du jasmin», qui feignent de jouer la démocratie pour mieux la confisquer. Harcelée pour ses convictions, elle se met en retrait de la vie politique, puis revient très vite pour prendre les commandes du mouvement destourien qui deviendra, en 2016, le Parti destourien libre (PLD). Elle installe ses alliés, galvanise ses troupes et redonne confiance à son parti qui s’imposera en quelques années en leader de l’opposition.
Elle présente de réels traits de caractère d’un leader peu enclin à la complaisance
Son ascension s’accélère en février 2019, lorsqu’elle est élue députée de la circonscription de Tunis 2 à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le Parlement tunisien. A chaque plénière, elle crée la surprise en montrant, contrairement à ses adversaires au pouvoir, une maîtrise de soi rarement prise en défaut et de réels traits de caractère d’un leader peu enclin à la complaisance. A chaque intervention, elle clashe le président de l’ARP, l’islamiste Rached Ghannouchi, pourfend les députés takferistes du parti Al Karama, le petit clone d’Ennahdha, et dézingue les autres : les voleurs, les misogynes et les obscurantistes infiltrés dans les institutions et les rouages de l’Etat.
Tous responsables, selon elle, de la gestion alarmante des affaires depuis 2011. Et quand elle dénonce cette descente aux enfers et refuse de baisser la tête devant ces trafiquants de la démocratie, elle se fait harceler, insulter et agresser par les députés islamistes et leurs alliés pour que sa parole cesse d’être libre et que le débat parlementaire tourne à l’intimidation. Mais ni les agressions physiques ni les intimidations n’ébranlent ses convictions surtout quand elle rappelle qu’Ennahdha est en vérité un tigre en papier qui a prospéré sur les compromissions de démocrates mous et d’une classe politique tunisienne soumise.
Elle méprise l’infâme Tawafek, bricolé par les islamistes et quelques juristes égarés
Son programme ? Il est résolument progressiste. Il défend l’égalité homme-femme, prévoit la mise en place d’une réelle politique de justice sociale solidaire avec les plus pauvres et interdit les partis qui instrumentalisent la religion. Un programme aux antipodes de celui des gouvernements de coalition islamo-démocrate qui a plongé la Tunisie dans l’anarchie et le découragement. Elle méprise leur Tawafek (Consensus), fait de petits arrangements et de copinage et n’imagine nul compromis avec ceux qui ont apporté au pays ruine et goût de cendres et détruit le modèle du vivre-ensemble qui faisait de la Tunisie une nation curieuse du monde.
Enfin, elle envoie à la casse tous ces démocrates, qui, hier encore, battaient le pavé pour une Tunisie démocratique et laïque, ont mis le doigt dans l’engrenage de cet infâme Tawafek en ouvrant larges et sans compter les bras républicains à l’islam politique.
C’est pour cela qu’elle s’engage à changer une Constitution «fourre-tout» et un code électoral imposé par Ennahdha et quelques juristes égarés, qui a consacré un système partisan conduisant à l’impuissance de l’action politique. Elle plaide plutôt pour un régime présidentiel, un Parlement libéré des partis et une Cour constitutionnelle indépendante qui veille sur le bon fonctionnement équilibré des institutions. La bataille, certes, sera rude et suppose d’abattre la forteresse de l’islam politique et ses relais locaux et régionaux. Abir Moussi s’y emploie sans faiblesse, avec l’accord tacite de plus en plus de Tunisiens, lassés par dix années de pouvoir nahdhaoui et qui gardent en mémoire les écoles de l’enfer wahhabite, les assassinats politiques, l’encouragement au jihad, le terrorisme et le noyautage dans les organes de l’Etat.
Elle milite pour une charte républicaine de la Tunisie des lumières
Dans cette bataille, Abir Moussi n’exclut pas des alliances avec les démocrates sincères. Elle propose comme base d’entente une charte qui établit comme principes fondateurs la séparation des pouvoirs, l’égalité homme/femme, le respect des droits humains, l’identité nationale récupérée, la liberté de culte et de conscience et la non-politisation du religieux, valeurs qu’elle considère comme préalables républicains qui ne doivent faire l’objet d’aucune concession.
Tout un combat qu’Abir Moussi compte mener sur tous les fronts avec tous ceux qui partagent les objectifs de cette charte et qui s’engagent pour une Tunisie des lumières. A moins de quatre ans des échéances législatives, Abir Moussi s’est construite, à l’image de son modèle, Habib Bourguiba, une stature d’autorité, de sérieux et de charisme qui donne de l’espoir aux Tunisiens, aujourd’hui trop déçus par une révolution qui a permis, certes, de libérer leur parole mais qui a aussi installé l’islam politique et plus de pauvreté, plus de chômage et plus de corruption.
Ali Gannoun : Cessez d’agresser Abir Moussi!
RépondreSupprimerMechmachi, premier ministre et ministre de l'intérieur par intérim, a fait de la police républicaine des gardiens du temple nahdhaoui !
Elle n’a tué personne. Elle défend ses idées dans les limites données par la loi et suivant les articles de la constitution tunisienne bien boiteuse.
Oui elle a le droit de manifester. Oui elle a le droit de parler. Oui elle a le droit d’être respectée étant une députée qui respecte la République.
Même en tant que citoyenne tunisienne, elle a le droit d’être soignée; y compris dans une manifestation contre le Président du Parlement.
Abir Moussi en treillis militaire, ne signifie pas qu’elle est à la tête d’une milice destructrice du pays. C’est un pied de nez aux militaires qui ont quitté leur retraite pour venir épauler les islamistes.
Mechmachi a détourné la police républicaine de son rôle principal : celui de veiller sur la sécurité du citoyen, pour en faire des gardiens du temple nahdhaoui !
Qu’il continue à mendier auprès de son cheikh et qu’il laisse celles et ceux qui veulent une autre Tunisie s’activer !!
Il est beaucoup plus facile par un politicien par accident d’offrir son derrière que poser ses orphelines sur une table et dire stop la gabegie et la destruction systématique de l’Etat!
Mechmachi a choisi la facilité. A l’intérieur comme à l’extérieur, aujourd’hui comme demain, il pourrait toujours se vanter d’être un petit pion et un acrobate manchot dont la seule compétence est de sautiller sur les genoux d’un politique malade et vicelard.
A chacun sa gloire!