jeudi 14 janvier 2016

Caïd Essebsi et Ghannouchi : Les grands Manitous

Et les tunisiens sont les dindons de la farce ? Pas si sur ! S'ils se sont fait avoir par MBJ et le sinistre MMM, ils sont désormais échaudés pour se laisser avoir à nouveau ... par, cette fois-ci, quelqu'un qui se disait l’élève de Bourguiba formé au bourguibisme !
R.B
Fethi El Mekki *

C’est désormais officiel, la Tunisie est un pays démocratique…
Dimanche 10 janvier 2016, la Tunisie et les Tunisiens ont eu droit à leur «journée des dupes»**. C’était le pompon. Ça s’est passé, pourtant, à peine à un tir de Kalachnikov de l’hôtel Impérial  Marhaba où a eu lieu «l’attentat» de Sousse, il y a près de 6 mois.
Ce qu’on a appelé tragiquement parti politique n’est plus. La mort a été décidée. En haut lieu. En très haut lieu. Avec fermeté et professionnalisme. Il fallait être très fort pour nous faire vivre cela, il fallait oser. Il l’a fait. Béji Caïd Essebsi, haut couturier de la politique, l’a fait. Il a introduit le tragique et le comique dans la politique. Sans remord aucun, la voix haute et le regard distant et hautain.
La Tunisie des Hannibal et Bourguiba, la Tunisie des Tahar Haddad et Abou Kacem Chebbi, la Tunisie des Ali Bach Hamba et Abdelaziz Thaalbi, la Tunisie des Mongi Slim et Taieb Mehiri, la Tunisie des Mahmoud El-Materi et Laaroussi El-Mekki, la Tunisie libre et humaine, la Tunisie des grands penseurs, la Tunisie grenier de Rome, la Tunisie des martyrs de la libération nationale et des Socrate Cherni, la Tunisie de l’honneur, de la dignité et de la probité, la Tunisie du sérieux et de l’honnêteté, recouverte d’un manteau noir catafalque, est en deuil.
Que pouvons-nous faire pour arrêter le massacre d’une civilisation de 3000 ans ?
La couleuvre de trop

Décidément, nos politiques font tout ce qu’ils peuvent pour appartenir au club des gens qu’on n’aime pas. Pourquoi ? On n’en sait rien.
Le 10 janvier 2016, M. BCE nous a livré toute l’étendue de son savoir-faire politique. Politiquement, il connait les erreurs à éviter. La preuve, il les a toutes commises…
Le 10 janvier 2016, M. BCE, impatient de passer de la lumière à l’ombre, habitué à se  tromper toujours avec le sourire, nous a prouvé que la politique, c’était juste pour la campagne électorale. Curieux non ?
Le 10 janvier 2016, M. BCE, Roi sans royaume, couronne posée sur la tête, le visage souriant mais pas les yeux, nous a prouvé qu’il a un bel avenir derrière lui et que la démocratie est un véritable supplice. Ce jour-là, il n’y avait pas de fond. Pas d’âme. Pas de logique politique.
Le 10 janvier 2016, pour M. BCE, la prise de position politique a été suicidaire. Le ver n’est pas dans le fruit, puisqu'il l’a entièrement consommé. Désormais, question crédibilité, la question est totalement désespérée. Il n’a toujours rien compris. Nous non plus.
La veulerie politique a atteint des sommets, jusque-là inexplorés. Il ne fait aucun doute que ce carnaval sera un cas d’école à enseigner aux futurs dirigeants du monde entier, pour ne pas perdre sur les deux tableaux, celui de l’honneur politique et de la survie économique.
Ce n’était pas pour rire

On se disait que M. BCE y pense, mais que c’était pour rire. Mais non, pas du tout. On a eu droit littéralement au tir au bazooka. Il a bombardé son rejeton là où il a décidé et a démontré que le recours à la démocratie est fort répréhensible. Malgré les rires polis et gênés…
Il y a parfois, dans la vie des hommes, un déroulement providentiel des circonstances. En écoutant le «fils», entré dans le combat politique par effraction et étranglé de bonheur, il est clair qu’il ne s’est pas abîmé les yeux à la lecture des fascicules d’histoire, d’essais politique ou de géostratégie. Et que surtout il n’a pas compris ce qu’est la deuxième république.
Heureusement pour lui, il n’a pas la parlote facile, sinon on lui aurait refilé le sobriquet de «papa m’a dit»***, qui a fait la joie et le bonheur de la presse et de l’opposition française, durant la présidence Mitterrand.
Des observateurs facétieux se demandent à quand un spot publicitaire ? Dont la fin sera estampillé : Hafedh Caïd Essebsi, partenaire officiel de la démocratie en Tunisie depuis 6 mois. 
Tant qu’il est encore temps, il peut encore rendre un service à la Tunisie et surtout à lui même : démissionner.
Histoire d’une dérive

La Tunisie, tel le petit chaperon rouge, ne reconnait pas le loup qui s’est déguisé en grand-mère. Elle lui vient une irrépressible envie de vomir et de hurler sa déception devant tant d’indigence,  tant d’abjection et de filouterie.
Les Tunisiens qui sourient amèrement dans les chaumières, sont trop intelligents aujourd’hui pour ne pas ressentir un infini dégoût face à cette vaine tentative de réinstauration d’une monarchie agonisante et tremblotante. Serions-nous plus bêtes que la moyenne ?  C’est une insulte que de nous imaginer aussi nuls. 
Mais bon, que peut faire la pauvre Tunisie humiliée et décrédibilisée ? Maintenant rien, mais néanmoins, il faut croire avec certitude que cela ne durera pas, c’est impératif. Pour garder un peu d’espoir et de fierté.
La cour du roi

C’est une cour de joyeux lurons, comportant les meilleurs rampants, affairistes et opportunistes, affichant un merveilleux sourire qui affiche des dents de crocodile, du lever au coucher du soleil, choisis à cause de la grâce de leur génuflexion et composée surtout de ce que le système peut produire de moins-pensant et de responsable si peu responsable.
Dans les médias, le dispositif s’est avéré foireux. Les débats politiques tournent rapidement à la confusion avec cris, chuchotements, ricanements et gloussements et se noient dans un torrent de perfidies, de lynchage immonde et de chapelets d’insultes et de noms d’oiseaux.
Le niveau de médiocrité est sans cesse amélioré et la déontologie a volé en éclats. Avouez que ce n’est pas très glorieux. Et qu’il ne faut pas être spécialiste en politique pour comprendre.
Quand on arrive à ce degré de maestria, inéluctablement, ils vont découvrir les joies de la défaite et les têtes d’enterrement. Nul doute que ce soir-là, la scène sera insoutenable.
Déni, amnésie et caricature 

Rached Ghannouchi est capable de tout pour le pouvoir, même d’une bonne action. Avec lui, on a su que le mensonge est une vertu et la vérité un délit. N’arrivant pas à se hisser parmi les grands penseurs de son temps, le «philosophe» s’est mis à la démocratie version M. BCE.
En flicaillon de la pensée unique, situé du bon côté de la matraque, le 9 avril 2012, il s’imagine être du bon côté avec Nidaa, pour assurer ses arriéres, déguiser le fond de ses pensées et sa haine talmudique pour notre élite, grâce aux fumisteries obscènes, sur scène ce jour-là.
Ennahdha et Nidaa veillent au bon dysfonctionnement de l’Etat, pendant que la corruption  roule en toute quiétude, sous la bénédiction d’un gouvernement «démocratiquement élu». A la conservation foncière, dans l’ambiance feutrée des grands bureaux, on se bouscule pour régulariser les bonnes affaires immobilières, du côté des quartiers huppés de la capitale, faites par des «ex-militants» ayant eu, dans leur jeunesse, un faible pour le vitriol.
Ce n’est pas d’aujourd’hui que la Tunisie est possédée par la fourberie. Mais maintenant il semble que le démon a pris totalement possession du corps et de l’âme. Testé et approuvé, par l’histoire et pour l’histoire, un certain 10 janvier 2016.
Chronique d’une mort annoncée

On relèvera avec amusement que certains s’épanouissent dans la prospérité, d’autres dans la souffrance, puisque, ce parti «pris» échouera dignement et pavillon haut. Le navire de Nidaa coulera. Espérons qu’il n’y aura pas de survivants.

Les deux ailes «démocratiques» du coucou carbonisé vont inéluctablement cesser de battre dans un air promptement irrespirable. Ils sont le cancer : les Tunisiens honnêtes et amoureux de leur pays sont la chimio. Il va falloir une sacrée dose, car les métastases sont nombreuses.
Ce n’est pas pour rassurer les Tunisiens, mais durant ses trois années, au pouvoir, Ennahdha a été hors sujet et totalement en dehors du coup. Il ne s’en relèvera plus jamais. Il en est de même pour Nidaa.
La Tunisie se relèvera. Elle sera plus belle, digne, rayonnante, attrayante et resplendissante. Elle dominera le monde Arabe et l’Afrique. N’en déplaise aux «collabos» et aux pessimistes.
C’est pour bientôt. 
Et ça sera sans Ennahdha et sans Nidaa.

* Pneumo-allergologue.

** La journée des dupes désigne les événements du 10 et 11 novembre 1630, au cours desquels le Roi de France, Louis XIII, réitère, envers et contre tous, sa confiance à son premier ministre le cardinal Armand De Richelieu, tout en éliminant tous ses adversaires politiques.

*** «Papa m’a dit» est le surnom de Jean Christophe Mitterrand, conseiller pour les affaires africaines dans le cabinet présidentiel de son père François Mitterrand, président de la république française, en raison de sa manière de  gérer ses relations avec les autorités africaines.  

3 commentaires:

  1. BCE, A FINI PAR AVOUER :

    Il n'est l'héritier de personne, dit-il dans sa récente allocution, faisant allusion à Bourguiba dont il nous disait lors de sa campagne électorale qu'il en est l’élève et l'héritier !

    Poussera-t-il la logique jusqu'à exclure son héritier et donc démettre de ses nouvelles fonctions, son fils, point d’orgue de la crise à Nidaa ?

    En tous les cas, le mal est fait : Nidaa n'a pas été à la hauteur de l'espérance de l'immense vague populaire qui l'avait porté au pouvoir !

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  2. CERTAINS ME REPROCHENT DE COMPTER LES DÉPARTS DE CHEZ NIDAA !

    Ce n'est pas de gaieté de cœur que je le fais.
    Ce parti, j'étais présent au baptême de sa naissance à Monastir.
    J'ai soutenu BCE parceque j'ai cru en ses engagements.

    Or l'un et l'autre m'ont déçu.
    Ils ont trahi la raison d'être de ce parti : lutter contre les Frères musulmans et stopper l'islamisation de la société tunisienne.

    Il n'en ont rien fait. Pire, l'islamisation se poursuit et le wahhabisme s'installe de plus en plus sans que Nidaa ne réagisse !

    C'est pourquoi je le quitte et compte les départs de ceux qui le quittent !

    Car en politique on ne peut mépriser à ce point ses électeurs !!

    http://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.fr/2012/03/24.html

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  3. CERTAINS CROIENT QUE BCE EST PLUS MALIN QUE GHANNOUCHI, pour lui accorder le crédit de liquider les "Frères" de l'intérieur, en se rapprochant d'avantage d'eux !
    Or c'est tout le contraire qui se produit !!

    Ce qu'ils ignorent, c'est que les "Frères" jouent la carte du temps !
    En attendant, ils "islamisent" la société tunisienne en la wahhabisant sans que Nidaa réagisse : tout le monde a en tête les atteintes aux libertés par des juges islamistes, que le gouvernement Essid laisse faire ... jusqu'à l'examen anal pour condamner un homosexuel d'emprisonnement !

    Si c'est çà la politique "géniale" de BCE, il est en train de refaire l'erreur des algériens qui pour calmer le FIS, l'autre branche algérienne des "Frères", et avoir la paix (entendez en finir avec le terrorisme), leur ont laissé le terrain libre pour islamiser la société algérienne.
    Il suffit de se promener dans les villes algériennes comme Constantine, pour s'en rendre compte : le nombre de femmes voilées augmente de façon exponentielle ... au point que dans certaines villes ne domine que le noir de leurs voiles, tel un étendard brandi par les islamistes

    Fallait-il attendre une telle catastrophe irréversible ?
    Non merci !

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