Marianne
: En 1989, lors de la première affaire médiatisée de voile à
l’école, à Creil, vous avez, avec quelques autres, lancé dans le Nouvel Observateur un appel à défendre la laïcité.
Marianne
: Était-ce un oubli du sens de la laïcité ou une décision d’y mettre
un terme ?
A cette
époque, je me suis sévèrement fait taper sur les doigts pour délit
d’« ethnocentrisme » par Mme Mitterrand et Jack Lang parce que je combattais
l’acceptation de la polygamie et de l’excision ! Nous n’en sommes
heureusement plus là, mais il me semble aussi désolant que la gauche accorde un
tel pouvoir aux curés, aux imams et aux rabbins : c’est religieux, c’est
sacré ! Ce fut un choc, à l’époque, de se découvrir soudain minoritaire à
gauche.
Marianne
: Pourquoi cette minorité, dont vous faisiez partie à gauche,
est-elle restée fidèle à sa tradition laïque ?
Elisabeth
Badinter : Il y a plusieurs raisons en ce qui me concerne. Je suis d’abord,
philosophiquement, universaliste. Je crois aux bienfaits des valeurs
universelles : on a toujours intérêt à mettre en avant nos ressemblances
plutôt que nos différences. Je ne crois pas à la différence heureuse.
Ensuite,
je suis juive : l’histoire familiale m’a appris que l’on avait tout
intérêt à ne former qu’une seule humanité. Je regrette d’ailleurs que, en
réaction à l’abdication de la laïcité face à l’intégrisme musulman, la partie
communautariste des juifs se soit renforcée, développant le port de la kippa en
public, et que certains catholiques réagissent de même, comme on vient de le
voir à propos des crèches dans les mairies.
Enfin, je
suis féministe et je me méfie extraordinairement du pouvoir des religieux et de
leur vision de la femme. Que l’on impose aux femmes de cacher leurs cheveux
parce que des hommes les tiennent responsables d’un désir sexuel qu’ils ne
savent pas maîtriser, me fait bondir. Il m’est insupportable que la gauche
l’accepte, notamment au sein de l’école publique, censée avoir pour objectif de
développer la raison et de lutter contre les préjugés
On est
passé du cogito ergo
sum - « Je pense donc je suis »; au credo - « Je
crois, donc j’existe »… C’est une trahison bouleversante pour ma
génération, qui avait une autre conception de l’école comme outil
d’émancipation, en particulier des filles.
Le pire
de cette gauche communautariste est d’avoir accepté le concept
d’« islamophobie » – qui a foutu en l’air le principe de laïcité, car
s’élever contre des signes religieux devenait un crime – et l’invention de ce
terme au sens propre insensé de « racisme anti-musulman ». D’où
l’intimidation, qui a fonctionné sur de plus en plus de gens à gauche, se taisant
par peur d’être dénoncés parce que la laïcité, devenue synonyme d’islamophobie,
a été abandonnée à Marine Le Pen. Cela, je ne le pardonne pas à la gauche.
Marianne
: Ce revirement, empreint de gêne et de malaise, n’est pas
franchement revendiqué : durant ces vingt-cinq années, la plupart des élus
de gauche ont voté ou ne se sont pas opposés – se réfugiant dans l’abstention –
aux lois de laïcité proposées par la droite…
Mais il
ne faut pas sous-estimer dans cette hésitation le rôle du calcul politique, électoral :
le Parti socialiste a quand même gagné les élections avec les voix des
musulmans des banlieues, donc, après les effets de la théorie du genre, ce
n’est pas le moment de se les mettre à dos !
C’est
pourquoi on laisse la laïcité, déjà bien attaquée par Sarkozy, se vider de
son contenu originel : « laïcité ouverte », « laïcité
positive » : la laïcité aujourd’hui, c’est « chacun fait ce
qu’il veut » et, au nom de la religion, « on a tous les droits ».
Le comble est de voir des défenseurs de la laïcité plaidant pour que les
religions soient plus discrètes se faire traiter d’« ayatollahs de la
laïcité » ou de « laïcards », le terme de Maurras … Voilà
pourquoi pour les mères voilées en sortie scolaire, on recommence comme en 1989 :
la gène, la confusion et la défausse sur les juges au nom du « cas par
cas » !
Marianne
: Vous n’êtes guère optimiste sur l’avenir…
Propos recueillis par Eric Conan
ENFIN, EN VOILA UNE QUI A COMPRIS LE PIÈGE DE L'ISLAMOPHOBIE ...
RépondreSupprimerqu'utilisent les Frères musulmans pour clouer le bec à ceux qui critiqueraient l'action politique des "Frères" qui instrumentalisent l'islam !
Il en va de même pour les sionistes qui accusent d'antisémitisme ceux qui critiquent leur action politique, parcequ'ils instrumentalisent le judaïsme !!
Mme Badinter : " C'est affreux à dire, les événements de novembre ont donné au peuple français une espèce de retour à l'importance de la laïcité "
http://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.fr/2015/10/lettre-ouverte-dun-antisioniste-un.html
http://www.marianne.net/elisabeth-badinter-il-ne-faut-pas-avoir-peur-se-faire-traiter-islamophobe-100239221.html
LES FRÈRES MUSULMANS, SONT PARVENUS A REMETTRE EN QUESTION LA LAÏCITÉ DANS LE PAYS QUI FUT SON BERCEAU !
RépondreSupprimerhttps://www.lexpress.fr/culture/vous-avez-dit-laique_2059207.html?fbclid=IwAR1rN3H4UFPcfE4gK5J89pdmlRAGw03_CI4DmmvfG9TFfmpxOYpwvlxyric
IL N'Y A PAS DE FÉMINISME SANS LAÏCITÉ ...
RépondreSupprimerEt pour cause; les religions monothéistes, étant faites par les hommes, pour les hommes donc phallocratiques et forcément misogynes !
https://www.franceinter.fr/emissions/femmes-puissantes/femmes-puissantes-21-decembre-2019?fbclid=IwAR3PFG7ARDHMKW7U3sE1MzZfxCWibswU8zZ6ZaB_COjmA4BONySS-O_JIH4