Violence de Dieu ou violence de l'homme qui l'a crée ? Alors pas d'angélisme : la violence au nom de dieu a toujours existé et existera toujours car les religions monothéistes sont détentrices chacune de Sa Vérité ... unique et universelle !
R.B
La une de Charlie Hebdo fait
de Dieu la cause première des attentats qui frappent la France depuis un an. A
lire René Girard, Dieu pourrait être innocent.
Dieu court toujours et si l'on en croit le dessin de Riss dans Charlie Hebdo, la
police antiterroriste ne l'a pas encore mis hors d'état de nuire. Le coupable a
une longue barbe comme dans les fresques de Michel-Ange, des sandales comme un
moine. Il est coiffé d'un triangle frappé d'un œil, symbole de la Trinité ou de
la franc-maçonnerie : au choix.
Accroché à sa robe blanche entachée de sang, une
kalachnikov. Le message est limpide : Dieu est la cause première des attentats
qui, depuis le 7 janvier dernier et le carnage de Charlie Hebdo,
traumatisent notre pays.
Au pays
de Voltaire, il est courant de mettre Dieu en examen. Du père de Paul Morand,
qui se demandait comment Dieu avait pu réussir l'autre monde puisqu'il avait
raté le nôtre, à celui de Marcel Pagnol, qui enseignait le catéchisme
agnostique, les esprits forts ont rivalisé de sarcasmes sur les faiblesses du
Créateur. C'était le début du XXe siècle. En Europe, il s'annonçait
grandiose. Le député René Viviani avait éteint les étoiles du ciel et l'Homme,
bientôt, serait tout-puissant. Las, le siècle s'est embourbé dans les tranchées
puis a hissé haut les croix gammées, les faucilles et les marteaux. Les cloches
se sont tues. L'Humanité, libérée de Dieu, avançait de massacres en génocide.
Le peuple de l'Alliance devait disparaître de la surface de la terre. À Dachau
comme au Goulag, les prêtres dormaient en baraquement. Au début des années
1980, les foules polonaises lançaient, comme un défi au général Jaruzelski : «Nous voulons Dieu».
La
vérité est que la folie des hommes s'empare de toutes nos passions pour les
dérégler. On tue au nom de Dieu, on tue par dépit amoureux, on tue par
aveuglement idéologique, on tue par ambition : faut-il s'en prendre à l'amour,
aux idées, à la politique ?
La
religion, cependant, par sa dimension eschatologique, promet, comme les idéologies,
des lendemains radieux. La mort sur terre peut ouvrir à la vie du ciel. Les
frères Kouachi en tuant les «blasphémateurs» et en mourant sous les balles des
«croisés» pensaient rejoindre le paradis d'Allah. C'est cette même espérance
qui entraîne un homme à se transformer en bombe devant un restaurant Mc Donald's
au cri de «Dieu est le plus grand» («Allah
akbar»). Une solution sommaire s'impose, alors, à l'esprit : la religion,
c'est la guerre, supprimons le sacré et nous supprimerons la violence.
René
Girard, l'auteur de La Violence et le Sacré (Fayard) n'écrivait-il pas «c'est la violence qui
constitue le cœur véritable et l'âme secrète du sacré» ? C'est ainsi
que l'on oppose les joies quotidiennes (et précieuses) que sont une
conversation à la terrasse d'un café, un match de football, un concert de rock,
aux déraisons théologiques, à la verticalité mortifère qui condamnent, au nom
de Dieu, ceux qui profitent de ces plaisirs minuscules.
René
Girard n'aurait sans doute pas été dépaysé par cette dialectique, puisqu'il
montrait l'unité des religions archaïques, toujours fondée sur le lynchage du
bouc émissaire, celui qui, par sa seule existence, contrarie l'avènement de la
paix. Au mois de janvier 2015, pour les fanatiques, les boucs émissaires
étaient journalistes, policiers, juifs ; au mois de novembre, c'était ceux
qui passaient, au hasard, qui ont été sacrifiés par les sanguinaires pour «la
grandeur de Dieu».
Par
ailleurs, si René Girard établit l'unité de tous les rites, il n'en a jamais
tiré la conclusion que toutes les religions ont le même rapport à la violence.
Dans un entretien au Figaro Magazine en 2007, reprenant à son compte le
discours de Ratisbonne de Benoît XVI, il expliquait pourquoi, selon lui, la
Croix n'est pas le Croissant : «Il ne faut pas faire semblant de croire que, dans leur conception
de la violence, le christianisme et l'islam sont sur le même plan.»
Plus loin, il montrait comment le christianisme renverse cette permanence du
lynchage, parce que c'est Dieu lui-même qui, pour désarmer la violence, s'en
fait le réceptacle, le bouc émissaire absolu. «La Croix, poursuit Girard, c'est le retournement qui dévoile la vérité des religions
révélées. La religion chrétienne, c'est le bouc émissaire révélé. Une fois que
le bouc émissaire a été révélé, il ne peut plus y en avoir et, donc, nous
sommes privés de violence.»
Et
l'anthropologue de conclure : « Ceux qui attaquent le christianisme ont raison de dire qu'il
est indirectement responsable de la violence, mais ils n'oseraient pas dire
pourquoi : c'est parce qu'il la rend inefficace et qu'il fait honte à ceux qui
l'utilisent et se réconcilient contre une victime commune.» La Croix
n'éteint pas les kalachnikovs, mais elle les rend, à jamais, vaines et
coupables.
Jean Pierre Ryf :
RépondreSupprimerDieu n'est pas coupable puisqu'il n'existe pas.
Il est une création humaine et rien qu'humaine !
Quant au Christianisme qui aurait supprimé la violence, on peut sérieusement en douter :
- n' y a-t-il pas eu les croisades ?
- n'y a-t-il pas eu l'inquisition et ses autodafés ?
- n'y a-t-il pas eu la colonisation et la christianisation meurtrière en Amérique et ailleurs ?
- n'y a-t-il pas eu les guerres de religions avec les protestants ? ...