samedi 23 janvier 2016

Quand l'Occident s'occupe de l'Orient c'est pour le diviser pour mieux régner

Les Empires coloniaux anglais et français, ont mis fin à l'Empire ottoman et dessiné le Moyen Orient. Les américains ont mis fin aux Empires coloniaux anglais et français et veulent redessiner le Moyen Orient. Les uns et les autres ont eu recours au wahhabisme, pour mener à bien leur projet, toujours avec l'aide et le soutien des Ibn Saoud; sinon de celui de son frère ennemi, l'émir du Qatar !
R.B

Les accords Sykes-Picot sont des accords secrets signés le  mai 1916, entre la France et le Royaume-Uni (avec l'aval des Russes et des Italiens), prévoyant le partage du Proche-Orient à la fin de la guerre (espace compris entre la mer Noire, la mer Méditerranée, la mer Rouge, l'océan Indien et la mer Caspienne) en plusieurs zones d'influence au profit de ces puissances, dans le but de contrer les revendications ottomanes.

Sykes
Picot

L'accord

Le 16 mai 1916, faisant suite à un travail préparatoire épistolaire de plusieurs mois entre Paul Cambon, ambassadeur de France à Londres, et Sir Edward Greysecrétaire d'État au Foreign Office, l'accord Sykes-Picot est conclu entre la France et le Royaume-Uni à Downing Street entre Sir Mark Sykes, et François Georges-Picot. Il prévoit à terme un découpage du Proche-Orient, c'est-à-dire l'espace compris entre la mer Noire, la mer Méditerranée, la mer Rouge, l'océan Indien et la mer Caspienne, alors partie intégrante de l'Empire ottoman. La Russie tsariste participe aux délibérations et donne son accord, comme l'Italie, aux termes du traité secret.
Carte des accords Sykes-Picot
Le Proche-Orient est découpé, malgré les promesses d'indépendance faites aux Arabes, en cinq zones1 :
1 - zone bleue française, d'administration directe formée du Liban actuel et de la Cilicie ;
2 - zone arabe A, d'influence française comportant le nord de la Syrie actuelle et la province de Mossoul ;
3 - zone rouge britannique, d'administration directe formée du Koweït actuel et de la Mésopotamie ;
4 - zone arabe B, d'influence britannique, comprenant le sud de la Syrie actuelle, la Jordanie actuelle et la future Palestine mandataire ;
5 - zone brune, d'administration internationale comprenant Saint-Jean-d'AcreHaïfa et Jérusalem. La Grande-Bretagne obtiendra le contrôle des ports d’Haïfa et d'Acre.
À la suite de la Révolution d'Octobre qui renverse l'État tsariste et installe le pouvoir bolchevik, le nouveau gouverneur de Pétrograd découvre dans les archives du ministère des affaires étrangères une copie du texte du traité Sykes-Picot qu'il porte, en janvier 1918, à la connaissance du gouvernement ottoman, toujours possesseur des territoires concernés2.
Le pouvoir ottoman transmet alors ces informations au chérif Hussein de La Mecque à qui avait été promis, en 1915 par les Britanniques dans une série d'échange avec Sir Henry McMahon le haut commissaire britannique au Caire3, un grand royaume arabe, pour qu'il se désengage de la coalition. Dès la nouvelle connue, la colère gronde chez les Arabes. Désagréablement surpris par la lecture du traité, Hussein transmet le texte au gouvernement britannique avec une demande d'explications3.
Le 18 février 1918 le gouvernement britannique répond :
« Le gouvernement de sa Majesté et ses alliés n'ont pas abandonné leur politique qui consiste à apporter leur concours le plus entier à tous les mouvements qui luttent pour la libération des Nations opprimées. En vertu de ce principe, ils sont plus que jamais résolus à soutenir les peuples arabes dans leur effort pour instaurer un Monde arabe dans lequel la loi remplacera l'arbitraire ottoman et où l'unité prévaudra sur les rivalités artificiellement provoquées par les intrigues des administrations turques.
Le gouvernement de Sa Majesté confirme ses promesses antérieures concernant la libération des peuples arabes.  »
Aux États-Unis, le président Woodrow Wilson, tentant de mettre en avant l'argument de l'autodétermination des peuples, ne participe pas aux accords Sykes-Picot et cherche à obtenir un mandat de la Société des Nations elle-même en organisant dans le cadre d'une commission une consultation des peuples concernés4. Les Français et les Britanniques sentant la situation leur échapper quittent la commission et se mettent d'accord sur les frontières à la conférence de San-Remo en avril 19201.
Application de l'accord
L’accord est entériné et légalisé avec un mandat en bonne et due forme de la Société des Nations lors de la Conférence de San Remo. La France reçoit mandat du Liban et de la Syrie, la Grande-Bretagne de l'Irak (agrandi de Mossoul cédée par les Français en échange d'une participation aux bénéfices pétroliers du bassin de Kirkouk), de la Transjordanie et de la Palestine.
L’accord franco-britannique doit faire face à une double opposition : l'insurrection nationale turque de Mustafa Kemal Atatürk en Anatolie, en opposition au traité de Sèvres, et l'installation du pouvoir des Hachémites, s'appuyant sur les nationalistes arabes, en Irak et en Syrie. A Damas, que l'accord rattache à la domination française, Fayçal, fils du chérif Hussein, est proclamé roi du « Royaume arabe de Syrie ». Les Français sont chassés d'Anatolie par les kémalistes à l'issue de la campagne de Cilicie mais parviennent à battre Fayçal et à lui faire quitter Damas, les Anglais, en compensation, l'installant sur le trône irakien. Le traité de Lausanne, en 1923, entérine l'intégration du sud-est anatolien à la nouvelle république de Turquie.
Remise en cause des frontières issues des accords Sykes-Picot
En 2014 l'avancée de l'État Islamique abolit en partie la frontière entre la Syrie et l'Irak, ce qui réunit dans les faits des territoires gérés autrefois par la France et la Grande-Bretagne5. En effet, l'Etat Islamique, comme nous pouvons le voir dans son rapport de structure administrative, se pose comme une puissance révisionniste des accords, avec une forte volonté de créer un ensemble panarabe. 
D’après le géographe franco-allemand Christophe Neff6, « toute l’architecture géopolitique, se fondant sur les accords Sykes-Picot est en train de voler en éclats, et avec cela la protection relative des minorités religieuses7 » depuis le début de l’été 2014.




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