jeudi 30 avril 2020

Aprés la honte des accords de Bardo 1881, les Tunisiens échappent de justesse à ceux de Bardo 2020


Bardo 1881 : la dynastie husseinite turque cédait la souveraineté de la Tunisie à la France par le traité du Bardo du 12 mai 1881.
Bardo 2020 : Ghannouchi veut céder la souveraineté de la Tunisie à ses maîtres Turc & Qatari ! 
Si Bourguiba avait rendu sa souveraineté à la Tunisie, Abir Moussi avait empêché à temps le forfait de Ghannouchi !
Or le sultan ottoman est de retour : Erdogan veut restaurer l'empire ottoman et reprendre ses anciennes provinces turques ! Ghannouchi lui offre déjà la Tunisie ...
Aux destouriens de reprendre du service pour libérer à nouveau la Tunisie et dégager les Frères musulmans, nostalgiques des colonisations turque & arabe  !
R.B

Hier, BARDO 1881 ! Demain, BARDO 2020 ?

Mardi 28 avril 2020, la Tunisie a échappé de justesse au déclenchement d'un processus de mise sous tutelle turquo-quatarie. Les Frères musulmans en catimini ont œuvré avec leurs soutiens prétendument progressistes (Qalb Tounes & Tahya Tounes, entre autres), pour faire adopter par l'ARP, avec une précipitation suspecte profitant de la crise du CoVid-19, deux projets de loi contraires aux intérêts de la Tunisie :
- l'un au profit du Qatar, autorisant l'ouverture à Tunis d'une section du Fonds quatari pour le développement ;
- l'autre en faveur de la Turquie pour l'encouragement et la protection des investissements turcs en Tunisie.

Tout porte à croire que le sultan ottoman pousse ses obligés, Ghannouchi et ses Frères musulmans, à accélérer l'adoption par l'ARP des deux accords de « coopération », malgré leurs clauses léonines au détriment de la Tunisie. Sachant que de tels accords, tellement dissymétriques et contraignants, peuvent bien être assimilés à des traités de domination colonialiste.

Mais l'alerte a été donnée in-extremis, lundi dernier ; et le complot des vassaux d'Erdogan et de Tamim al-Thani, a été déjoué net, dès le lendemain.

Et dire que ces accords auraient pu être adoptés, ce jeudi 30 avril 2020 par l'ARP, si le nombre de traîtres à l'ARP avait été suffisant. Mais la manœuvre de Ghannouchi, n’a pas réussi !

C'est grâce à la vigilance de la présidente du PDL et de son groupe parlementaire au sein de l'ARP ; et au travail remarquable, exemplaire, méthodique et précis de Abir Moussi, qui lui ont permis de lever le voile sur ce qui se trame réellement contre la Tunisie dans les bureaux de Ghannouchi.

La mobilisation se déclenche aussitôt et les soutiens se multiplient. En réponse, suite aux réactions des patriotes tunisiens, des forces vives du pays, des médias, des actifs sur les réseaux sociaux et même d'une partie des députés, le chef du gouvernement prend la sage décision de retirer de l'examen par l'ARP, les deux projets de loi incriminés. 
Il coupe ainsi l'herbe sous les pieds du vassal d'Erdogan au Bardo, qui subit un échec cuisant et perd la face devant ses protecteurs turcs et qataris qui ont des visées colonialistes sur la Tunisie et sur la Libye !

Erdogan se rêvant sultan désireux de restaurer l’empire ottoman, veut récupérer une à une les provinces ottomanes en favorisant et en soutenant les Frères musulmans qu’il instrumentalise pour réaliser son dessein. La Libye pour ses hydrocarbures et la Tunisie, pour sa position géo-stratégique pour lui faciliter l’exécution de ses plans militaires de conquête en Libye ; puisque Ghannouchi ne lui refuse rien.

Depuis son intervention militaire en Libye et sous prétexte de coopération et de soutien au gouvernement de Tripoli, Erdogan met en application une stratégie de conquête coloniale en Libye.
Il a signé avec Fayez al- Sarraj, le 27 novembre 2019, deux accords bi-latéraux, en dépit de l'opposition des pays riverains :
- l'un sur la coopération militaire entre la Turquie et la Libye,
- l'autre sur le tracé de frontières maritimes entre les deux pays en Méditerranée.
Le texte ne prend en compte ni le droit international ni les revendications des autres pays.

Dans la foulée, et en réponse à l'appel à l'aide (suggéré par Erdogan) de Fayez al-Sarraj dont les milices sont en difficulté face à l'armée nationale libyenne, Erdogan se précipite pour « honorer » ces accords et voler au secours de son Frère musulman al-Sarraj.

Erdogan envoie alors en Libye son armée et sa horde de mercenaires islamistes dont une partie est composée des « enfants » de Ghannouchi rapatriés de Syrie, pour attaquer les Libyens, défendus par leur armée nationale sous la conduite du maréchal Khalifa Haftar. 
Or hormis une frange de la population rangée derrière al-Sarraj, l'immense majorité du peuple libyen reste uni derrière son armée nationale et se lève pour défendre sa dignité et l'indépendance de son pays.

Si l'on fait le parallèle entre les agissements des partisans de Fayez al-Sarraj, avec ceux de Ghannouchi; il devient clair que les accords dont Erdogan voudrait hâter l'adoption par l'ARP, constituent un prélude à ses prétentions colonisatrices en Tunisie. 
Accords qui seront suivis par d’autres accords de coopération militaire, avec mise en vigueur immédiate par la partie turque au moindre « appel à l’aide » de la part de Ghannouchi, tout comme l’a fait al-Sarraj !

Et l'on pourrait aisément continuer le parallèle entre les deux processus d'ingérence et de domination !

Restons vigilants pour que ce qui se déroule en Libye ne se produise pas en Tunisie !

Pour la sécurité de notre pays, les députés doivent dès que possible, dans un sursaut patriotique, retirer à Ghannouchi la présidence de l'ARP. C'est impératif !

Merci à Abir Moussi d’avoir tiré la sonnette d’alarme. 

Il faut savoir que Ghannouchi et ses Frères rusent et savent retirer à temps un projet impopulaire mais on sait aussi qu'ils n’y renoncent jamais et n’auront de cesse que de le passer attendant le moment propice; et à défaut d'être en position de force ils profiteront  de la faiblesse de leurs opposants !

Texte repris par Rachid Barnat


mardi 28 avril 2020

Histoire des espagnols républicains, réfugiés en Tunisie

La Tunisie terre d’accueil ! Des Italiens fuyant la misère et n'ayant pas pu rallier l'Amérique, se sont contentés de la Tunisie. Des Russes fuyant la révolution communiste et ses ravages, sont venus se réfugier en Tunisie. Tout comme des Espagnols qui fuyaient Franco ont trouvé asile en Tunisie. Et bien d'autres européens durant les soubresauts qui ont secoué l’Europe aux siècles derniers, ont fini par trouver une nouvelle vie en Tunisie dont beaucoup ont fait souche en ce pays ouvert sur le monde depuis toujours, quand il recevait déjà Alyssa/Didonla phénicienne fondatrice de Carthage. 
Ce qui confirme bien, s'il en était encore besoin, que la "tunisianité" des Tunisiens, cette identité plurielle qui leur est spécifique, leur vient de ce brassage ethno-culturel produit d'une très longue histoire, qui se traduit par l'ouverture et la tolérance et fait du peuple tunisien, un peuple pacifiste et pacifique
Ce qui faisait dire à Bourguiba que historiquement et géographiquement, la Tunisie a vocation à faire partie du monde occidental.
Et ce que Ghannouchi et ses Frères musulmans, veulent remettre en cause quand ils veulent effacer cette histoire trois fois millénaire et proclamer la Tunisie "arabo-musulmane", pour la rattacher à l'Arabie; et y diffuser le wahhabisme et le model sociétal d'Arabie qui va avec, en divisant les Tunisiens et en y implantant l'obscurantisme et le terrorisme que véhicule cette obédience.
R.B
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Dans une rencontre organisée à la cité de la culture à l’occasion du 80ème anniversaire de la fin de la guerre civile espagnole, l’historien Béchir Yazidi a donné une conférence qui s’est intéressée à l’exil de 4000 espagnols républicains venus se réfugier en Tunisie en 1939 à la fin de la guerre civile en Espagne.

Avec ses qualités de conteur, le professeur Yazidi a tenu en haleine son auditoire en racontant ce qui suit :
« On a toujours voulu voir la guerre civile en Espagne comme une histoire hispano-espagnol, alors que c'est impossible. Vous savez pourquoi ? Parce que tout le monde était impliqué dans cette guerre et même la Tunisie était impliquée. Des nationalistes tunisiens dans les années 30, Bourguiba et ses compagnons, ont été aux côtés des républicains. Lors d'un meeting qui a eu lieu ici même, à l'avenue Mohammed V, qui à l'époque s'appelait l'esplanade, un certain Rachid Driss a prononcé un discours dans lequel il a dit d'une certaine manière que les nationalistes tunisiens étaient aux côtés des républicains dans ce conflit entre nationalistes et républicains.

La fuite de Carthagène

Maintenant, cette histoire partagée va être de nouveau sur scène avec la fin de la guerre civile espagnole en 1939. Pour la Tunisie, c'était en mars 1939 quand le dernier poumon de la République Espagnole, c'est-à-dire le port de la ville de Carthagène a connu des perturbations, une anarchie qu'on ne pouvait comprendre à l'époque. Et c'est à ce moment, que l'amiral de la flotte républicaine qui était en rade dans le port de Carthagène a pris la décision de quitter la ville pour s'enfuir avec la flotte composée de 12 navires et d’un sous-marin. Au début, il pensait rejoindre les côtes algériennes, plus exactement le port d'Oran comme tous les autres républicains qui commençaient justement à s'enfuir à partir d’Alicante, de Carthagène avant la chute de Madrid le 28 mars 1939.

Vers Bizerte

Beaucoup de républicains qui craignaient justement la répression ont voulu partir vers le sud de l'Espagne et quittèrent vers les côtes nord-africaines. Mais les autorités françaises étaient contre l'idée que la flotte républicaine rentre dans le port d'Oran et on lui a dit qu'il vaudrait mieux qu'elle se dirige vers le port de Bizerte. Alors pourquoi Bizerte ? Parce que selon les autorités françaises, c'était le seul port en Afrique du Nord qui avait les possibilités techniques pour accueillir une telle flotte.
Puis aussi parce que des relations diplomatiques ont commencé à se tisser entre l’Espagne et la France et cette dernière a pris la décision d'accueillir la flotte républicaine dans le port de Bizerte.

Le 7 mars 1939

La flotte est arrivée à l'aube du 7 mars 1939 et elle a commencé à se préparer pour répondre aux ordres de l'amirauté française. L’accueil se fait dans des conditions inimaginables pour des gens qui sont venus chercher refuge et qui se considéraient comme des réfugiés politiques. Ils croyaient avoir le droit d'asile et pensaient qu'ils allaient être bien accueillis mais c'est tout à fait le contraire qui s'est déroulé.

4200 espagnols

A l'époque, les autorités françaises avaient une certaine appréhension de l'arrivée de ces quatre mille marins avec quelques civiles qui étaient des hommes politiques, des syndicalistes (Alfonso Bruno par exp), des enfants, des femmes. En tout, j’ai dénombré dans les archives quelque chose comme 4150 - 4200 personnes qui croyaient donc venir se reposer en Tunisie après un revers militaire, une défaite.
Il faut imaginer le chemin qu'ils avaient effectué de Carthagène vers Oran puis vers Bizerte. Imaginez dans quel état physique et moral, ils se trouvaient. Ils allaitent être accueillis comme des bandits, des gens dangereux desquels il faut se méfier.

Signer les conditions de l’accueil

La première chose à faire était de les désarmer. La garde mobile française leur a strictement interdit de quitter le navire avant d'effectuer les recherches, s'il y avait des gens recherchés et de mettre les armes de côté. Et ils vont obliger l'amiral de la flotte qui était monsieur Bonita, personnage qui sera connu par la suite, de signer les conditions de leur accueil en Tunisie, c'est-à-dire qu'ils acceptent toutes les clauses d'un texte qui était déjà préparé, il a signé et accepté les conditions.

Vers Meknassi

La décision était déjà prise pour décider du sort de ces marins, c'est-à-dire de les acheminer vers une mine désaffectée qui se trouve à 9 km de la ville de Meknassi et qui s'appelle Mehri Jabès, le nom d’un site de jibbs (chaux).
Cette mine désaffectée qui était une mine de phosphate, a été l'endroit adéquat pour héberger ces gens-là à 300 km de Bizerte. Pourquoi ? Pour les empêcher de se mêler à la population locale tunisienne. Nous sommes en 1939 et en avril 1938, il se passa en Tunisie des choses qui ont rendu la situation politique et sociale critique, c'était la journée du 9 avril 1938.

Donc la situation était envenimée et ces exilés, qu'on appelle « ces communistes », ces gens de gauche parce qu'il y avait parmi eux des syndicalistes, des anarchistes, faisaient peur aux autorités françaises.

Crainte, isolement et camp d’internement

N'oublions pas aussi, qu’il y avait en Tunisie une forte communauté italienne et rappelons que les italiens ont participé à la guerre civile aux côtés des franquistes. Là aussi, on craignait que les espagnols entrent en contact avec les italiens et qu'il y ait des règlements de comptes. Il fallait coûte que coûte les éloigner et les mettre dans un endroit isolé. On parle donc d’un camp d'internement, d'autres parlent d’un camp de concentration. Maintenant en Espagne, les chercheurs surtout dans les associations de la mémoire démocratique espagnole insistent pour qualifier les camps où étaient internés les républicains espagnols du nom qu'ils méritent, c'est-à-dire des camps de concentration surtout en Algérie et en Tunisie. Je ne peux me prononcer pour ce qualificatif que pour le camp de Gabès qui était un camp disciplinaire très difficile.
 Donc on les a acheminés dans des trains dans des conditions atroces, ces trains étaient réservés pour le transport des chevaux. On a plombé une partie de ce train et on a laissé ouvert qu'une seule partie pour empêcher les fuites et les escapades.

Des conditions atroces

Ils arrivent à Meknassi et on les met dans ce camp d'internement qui était entouré de fil barbelé, mais ce n'était pas ça qui allait rendre la vie des exilés dure. En effet les conditions de rétention étaient atroces, ils dormaient sur la paille, la nourriture n’était pas suffisante, ils n'avaient pas d'eau, ils étaient gardés jour et nuit. L'internement était aussi moral. Imaginez les conditions psychologiques de l’exil, de l’attente, du délaissement surtout lorsqu’ils débarquent dans un endroit isolé aux portes du désert.

Une répression par procuration

J'ai intitulé cela dans un papier comme une forme de répression qui ne s’exerçait pas uniquement en Espagne par les franquistes contre les républicains mais elle était aussi exercée sur les espagnols qui ont fui l'Espagne mais par procuration, par l'intermédiaire des autorités françaises. Ils supportaient pratiquement les mêmes d'exactions que leurs familles et parents restés en Espagne.
 Mais malgré ces conditions pénibles, il y a une forme de résistance, ils font tout pour ne pas succomber, pour ne pas perdre le moral, pour rester toujours prêt à rentrer en Espagne pour continuer à combattre et chasser Franco et les factions nationalistes.

Résistance et rapatriement

Je crois que leur résistance s’est faite par cette volonté de vouloir continuer à vivre normalement.  Sachant que le régime franquiste a cherché à récupérer sa flotte, pour cela il a envoyé un amiral qui s'appelle Salvatore et Moreno qui est venu la chercher. En venant chercher la flotte républicaine, il a annoncé que Franco n'a rien contre ceux qui sont partis de Carthagène et qu'ils peuvent rentrer chez eux sans craindre ni représailles, ni emprisonnement. Certains ont cru et ont voulu rentrer avec Moreno. Ils étaient au nombre de 2000 et quelques. Ceux qui sont restés ont voulu continuer à vivre normalement en s'impliquant dans la vie quotidienne de la Tunisie même si cela était très difficile.
Les autorités françaises considéraient qu’il fallait mieux les rapatrier mais certains n'étaient pas prêts à quitter la Tunisie. Ils attendaient des conditions de vie meilleures, un contexte plus favorable pour entrer en Espagne et chasser Franco. C'est ce que j'ai trouvé dans les témoignages de ces marins.

Une loi pour exploiter les apatrides

Au début, ils étaient étroitement surveillés, jusqu'à l'éclatement de la deuxième guerre mondiale, et là une idée est venue aux autorités françaises à Paris, elles voulaient profiter de la présence de ces gens-là et une loi a été promulguée pour exploiter ces apatrides.  Ces derniers étaient formés et pouvaient justement aider la France dans son effort pour se préparer à la guerre qui s'annonçait. La guerre a éclaté au mois de septembre 1939 et il y avait un manque de main d’œuvre en Tunisie. Ces espagnols savaient tout faire, c'étaient des médecins, des jardiniers, des maraîchers, des agriculteurs. Ils faisaient tout. Ils ont participé à la construction de la ligne du chemin de fer, et c’était le travail des espagnols indisciplinés qui étaient envoyés au camp de Gabès qu’on appelle l'enfer et qui était réservé aux plus indisciplinés qui cherchaient à s’enfuir du camp de Meknassi. Les conditions de travail étaient très dures.

A Kasserine

L'autre exemple de l'insertion dans la vie de Tunis est celui de la ville de Kasserine. Kasserine pour moi, est une ville mémoire, et même les autochtones se rappellent toujours la présence de ces espagnols. Le résident général Eirik Labonne a eu cette idée depuis 1938 de valoriser la région de Kasserine en utilisant la main d'œuvre locale tunisienne, italienne, française et espagnole. Il a sélectionné au début une cinquantaine d’espagnols puis le nombre s'est élevé. Ils ont été acheminés vers Kasserine dans des conditions déplorables. Ils n'avaient pas où se loger et les grottes pour ceux qui connaissent Kasserine, ont été leur demeure. Ils dormaient sur la paille et je ne vous raconte pas les témoignages et les descriptions de ces espagnols que j'ai récoltés et qui parlent de ces conditions de vie difficile. Il fallait tout faire à Kasserine. Sur le plan de l'infrastructure, un grand danger menaçait la ville, c'était le oued « Derb » dont les fortes crues faisaient des ravages. Ils y avaient des hydrauliciens espagnols qui ont su dompter ce cours d'eau et réussi à le rendre utile.
C'est à partir de ce moment que l'État colonial français a mis à la disposition de ces gens-là quelque chose comme 100 hectares du domaine de l'État pour les mettre en valeur. Et ainsi est née la ferme de Chambi, du nom du Jebel Chaambi, et qui est devenue une ferme pilote où on trouvait de tout et on avait les meilleures productions de légumes en Tunisie.

Entre désillusion et espoir

La morale de l'histoire, c'est que les espagnols commençaient à se sentir bien en Tunisie sans oublier bien-sûr le rêve du retour. Mais déjà, ils se sentaient chez eux et ça a été déclaré par quelques espagnols. Ils se sentaient dans une deuxième patrie. Ils ont même sollicité la résidence générale et aussi le consulat espagnol pour avoir les permis nécessaires pour faire venir leur familles (femmes, parents).  Ils pensaient désormais à autre chose que la vengeance ou chasser Franco de l'Espagne. Ils ont perdu l'espoir de regagner leur pays afin de participer à une libération, à une campagne militaire avec l'aide de ceux qui ont gagné la deuxième guerre mondiale pour libérer l'Espagne. Cette libération n'a pas eu lieu surtout avec le fameux plébiscite qui a eu lieu en Espagne et qui reconnaissait la monarchie à une condition, après la mort de Franco. Une autre déception. Certains sont partis en Algérie, au Mexique. Ceux qui sont restés ici attendaient des jours meilleurs.

De la nécessité du devoir de mémoire

Entre-temps, il y a eu des morts qui ont été enterrés dans un petit cimetière à Kasserine, à Bizerte, à Bourgel à Tunis, à Ferry-ville (Menzel Bourguiba). Il y a un travail à faire pour la mémoire de ces gens-là, qui ont fait partie de notre tissu social et qui ont participé au développement de notre économie ».

Compte rendu de Chiraz Ben M'rad

samedi 25 avril 2020

La schizophrénie des "arabo-musulmans" !

Ou leur rapport ambigu au colonialisme.


Les "Arabes" se sont débarrassés de leurs colonisateurs mais se lamentent d'avoir perdu leur colonie andalouse ! Et bizarrement, les islamistes rejettent les apports culturels français de leurs derniers colonisateurs mais revendiquent ceux de leurs premiers colonisateurs, les Arabes d'Arabie ; au point de se prendre pour des Arabes. 
Et depuis 2011, ils courent après un nouveau colonisateur; puisque Ghannouchi vassal du sultan Erdogan, veut même inculquer la langue turque aux enfants tunisiens ! 
Le plus étonnant, c'est leur grande nostalgie de l'Andalousie, cette ancienne colonie "arabe". 
Seraient-ils schizophrènes les "arabo-musulmans" ?
Que seraient l'Andalousie et l'Espagne aujourd'hui, si elles étaient restées musulmanes ? Sûrement elles connaîtraient le même sort que celui des pays "musulmans", désormais soumis aux Frères musulmans et aux islamistes !
Les destouriens qui ont lutté pour libérer la Tunisie, il va leur falloir reprendre du service pour libérer le pays de la nouvelle colonisation à laquelle veut la soumettre Ghannouchi.
R.B
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1492 : Si Grenade n’avait pas chuté ?
Si …
Si Gharnata n’avait pas chuté ! 
Si Grenade n’était pas tombée ! 
Si l’an 1492 n’avait pas existé !  
Si l’Émir Boabdil, dernier rejeton de la dynastie nasride, n’avait pas pleuré ce jour-là. 
S’il n’avait pas remis les clés de sa ville magique à la reine Isabella et au roi Ferdinand ! 
Si la maman de ce petit Boabdil n’avait pas existé et n’avait pas lâché sa fameuse sentence “ Pleure comme une femme un royaume que tu n'as pas su défendre comme un homme ! ”.

Si, imaginons un instant, les musulmans étaient restés en Espagne, l’Islam, selon la constitution nationale, serait religion d'État en Andalousie, comme dans d’autres pays musulmans.

Si le Bon Dieu avait sauté ce jour du 2 janvier de l’an 1492,  comment serait aujourd’hui la vie, la ville, les gens, la culture, la femme en Andalousie, en Espagne et même au Portugal ?

Souvent, les musulmans parlent avec arrogance, parfois sans gêne et avec tant de fierté de l'âge d'or andalous; et se lamentent dans tous les médias, de la perte de leur belle Andalousie !

Souvent les musulmans d’aujourd’hui évoquent avec beaucoup de nostalgie leur présence colonialiste durant huit siècles en Andalousie ! 
Et souvent, ces mêmes musulmans revendiquent leur colonisation de l’Andalousie comme d’un droit à restaurer mais récusent celle des autres colonisateurs !

Certes, à cette époque coloniale, de belles villes ont été bâties comme Tolède, Barcelone, Grenade, Murcia …
Certes un nouvel art de vivre s’est développé, celui des palais, de la poésie, des jardins, de l’architecture jusqu’à l’amour courtois des femmes !
Cette époque coloniale avait produit des érudits et des philosophes comme Ibn Ruchd-Averroès ou
 Moïse Maïmonide ... même si Ibn Rochd-Averroès a du s'exiler sous la menace des islamistes et que ses livres furent brûlés.

La colonisation musulmane de l’Andalousie, comme toute colonisation, n’était pas toute rose ! Il y avait aussi les destructions et les autodafés que les "nostalgiques" de l’Andalousie passent sous silence.

Je médite sur l’Histoire des musulmans en Andalousie et je me demande : pourquoi est-ce que les musulmans chassés d’Andalousie, n’ont pas su reproduire une civilisation dans leur pays, du Maghreb au Machriq, à l’image de celle qu’ils ont connue en Andalousie ?
Pourquoi est-ce qu’ils n’ont pas pu faire de Tlemcen, de Fès, de Bougie, de Marrakech, de Tunis, de Damas, de Baghdâd, du Caire … des cités de civilisation, de poésie, de parfum, d’eau, de jardin, de diversité; en somme, une terre d’épanouissement, de richesse et de vivre-ensemble à l’image de Tolède, de Grenade, de Murcia, ou de Cordoue … tant déplorées ?

Si Grenade n’avait pas chuté, l’Espagne d’aujourd’hui ressemblerait au Yémen, Grenade à Sanaa,  Madrid à Khartoum, Barcelone à Kaboul, Cordoue à Alep, Gibraltar à Tora Bora !

Si Grenade n’avait pas chuté, la femme catalane ressemblerait à la femme musulmane d’aujourd’hui : elle serait harcelée dans les rues, violée dans les transports en commun et prise en otage par les Frères musulmans.

Si Grenade n’avait pas chuté, l’Espagne ressemblerait à la Libye et la Catalogne au Darfour.
L’Espagne serait membre de la Ligue des États Arabes et serait membre de l’Organisation de la Coopération Islamique OCI.  

Si Grenade n’avait pas chuté, le nombre des mosquées serait multiplié par millions, avec de simples toilettes pour les ablutions.
Il y aurait beaucoup de chaînes de télévisions, beaucoup de paraboles sur les terrasses, beaucoup de fatwas seront émises par des prédicateurs-cathodiques, beaucoup d’agences de voyage spécialisées en pèlerinage à la Mecque et en omra !

Si Grenade n’était pas tombée et l’émir Boabdil n’avait pas pleuré, il y aurait dans ce pays demeuré musulman, beaucoup de bigots consacrant le clair de leur temps à la prière. 
Il y aurait beaucoup de corruption de la part des marchands du Temple. 
Il y aurait beaucoup de malades mentaux, des névrosés, beaucoup de pauvres. 
La cause palestinienne diviserait les Espagnols en chiites et en sunnites. 
Il y aurait aussi DaechAnnoçra et les Frères musulmans !  
C’en serait fini de la langue espagnole, du catalan; puisqu'il n’y aurait que la langue du  coran et celle du paradis, c'est-à-dire l’arabe.

Si Grenade n’avait pas chuté, il y aurait beaucoup de maladies et seuls les plus fortunés d'entre eux, iront se faire soigner dans les hôpitaux occidentaux.
L’Espagne ne ferait plus partie de l’Occident ! Elle aurait pour frontières le Soudan et ne serait pas loin de la Somalie.

Si Grenade n’avait pas chuté, on n’aurait pas eu le poète Garcia Lorca ni le peintre Picasso ni le marin Christophe Colombos ni le littérateur-aventurier Miguel de Cervantès.

Si Grenade n’avait pas chuté ...
Avec des si, on peut refaire le monde.

Mais Grenade a chuté et les clés de la ville magique ont été restituées à son peuple d'origine ! Et il faut aux musulmans faire avec. 

Qu'ils cessent de se lamenter sur une colonie andalouse magnifiée et qu'ils regardent vers l'avenir plutôt que de ressasser un passé qu'ils n'ont pas vécu, pour avancer et rattraper leur retard civilisationnel. 
Et tant qu'ils n'auront pas fait leur aggiornamento, ils resteront à la traîne des peuples évolués. 

Texte repris par Rachid Barnat

 *****

Un aperçu de l'histoire de l'Espagne musulmane 
L'invasion des Maures en 711 provoque un effondrement immédiat et total du Royaume Wisigothique. 

L'Espagne musulmane du VIIIème au XIIIème siècle occupée par les Maures ou Berbères 

En 711, quelques douze mille Maures (Berbères) menés par Tariq ibn Ziyad franchissent le détroit de Gibraltar (contraction de "Jebal Tariq" - montagne de Tariq ). 
Les Maures écrasent les Wisigoths (menés par leur dernier roi Rodéric) lors de la bataille de Guadalete (non loin de Cadix). 
Cette défaite militaire provoque l'effondrement du royaume Wisigoth. 
Deux ans plus tard, pratiquement toute la péninsule est occupée; elle fait désormais partie du califat. 

L'expansion Maure est cependant arrêtée en 722 dans les Asturies à Covadonga par des chrétiens conduits par Pélage (Asturies et Pays basque). 

En 732, c'est Charles Martel qui stoppe l'avancée des arabes à Poitiers. 

Après cette date, les Maures se replient de l'autre côté des Pyrénées. 
Seuls de petits royaumes au nord de la Péninsule échappent à la domination musulmane (monts Cantabriques, Pyrénées occidentales). 

En 756, le prince de la dynastie omeyyade Ab-al-Rahman Ier, est détrôné par les Abbassides. Il trouve refuge en Espagne où il fonde l'émirat indépendant de Cordoue. 

Abd-al-Rahman III prend le titre de calife en 929. 

Le califat de Cordoue dure jusqu'en 1031. 
Ses institutions très élaborées (administration centralisée, législations judiciaire et financière) contrastent alors avec le morcellement féodal des États chrétiens d'Occident et lui assurent une grande prospérité économique. Sa marine domine la Méditerranée. L'irrigation est étendue, de nouvelles cultures (canne à sucre, riz, mûrier) sont introduites. Un important artisanat urbain (soie, cuir, métaux) se développe. 

Pendant la domination arabe, de nombreux chrétiens ont conservé leur religion : cette partie de la population est qualifiée de Mozarabe (" mouch' arab " : non arabe). 

Le califat de Cordoue a engendré une brillante civilisation matérielle et culturelle : la grande mosquée de Cordoue, dont la construction a été entreprise en 785, a longtemps joué le rôle de centre religieux et intellectuel. 

Au XIème siècle, l'Espagne musulmane se fragmente en une vingtaine de royaumes maures indépendants, les " royaumes des taifas " (Malaga, Grenade, Badajoz, Saragosse, Almería, Tolède, Valence et Séville).

La Reconquista

Certains territoires du nord de la Péninsule (Galice, Asturies, Navarre, Aragon) ont toujours échappé à la domination maure. Outre la victoire semi-légendaire de Covadonga en 722 dans les Asturies, la première contre-attaque sérieuse contre la progression maure est due à Charlemagne qui a établi la Marche d'Espagne (Catalogne). 
C'est pendant cette guerre (785-811) que se situe l'épisode légendaire de Roncevaux, au cours duquel l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne fut attaquée et Roland tué. 

750 : Les forces d'Alphonse Ier le Catholique, roi des Asturies, occupent la Galice abandonnée par les Berbères. 

778 : Une partie de l'armée de Charlemagne est défaite à la bataille de Roncevaux par les Vascons ; mort de Roland. 

785 : Les Francs prennent Gérone. 

801 : Les Francs prennent Pampelune. 

929 : L'émir de Cordoue prend le titre de calife. 
Au Xème siècle, l'essor de l’Émirat de Cordoue empêche l'expansion des royaumes chrétiens du nord. 

997 : Al Mansour détruit Saint-Jacques de Compostelle, un symbole de la résistance chrétienne. Le fleuve Douro sert un temps de frontière entre les deux civilisations et se hérisse de forteresses. 
Après la mort d'Al Mansour (1002 apr. JC), le Califat de Cordoue éclate en une vingtaine de petits royaumes de "Taifas"; ceux-ci font appel à la tribu des Almoravides qui installent leur domination sur l'Espagne musulmane. 

1064 : Croisade de Barbastro : des troupes venues de France - commandées par Guillaume VIII d'Aquitaine - et d'Italie interviennent à l'appel du pape; la ville de Barbastro est prise en juin mais redevient musulmane l'année suivante. 

25 mai 1085 : Alphonse VI de León prend Tolède qui devient sa capitale.

1086 : Les renforts des berbères almoravides permettent de vaincre Alphonse VI de León à la bataille de Sagrajas. 1094 : Le célèbre Cid Campeador conquiert Valence. 
Le Cid, devenu un des héros légendaires de l'Espagne, s'est en réalité crée un royaume au détriment des petit potentats musulmans. 

19 novembre 1096 : Pierre Ier d'Aragon remporte la bataille d'Alcoraz qui lui ouvre les portes de Huesca dont il fait sa nouvelle capitale. 

30 mai 1108 : Bataille d'Uclès, les troupes castillanes sont mises en pièce, l'infant Sancho, héritier unique trouve la mort. 

24 janvier 1110 : L'armée musulmane est écrasée à la bataille de Valtierra. 

1117-1118 : Conquête du royaume de Saragosse par les Aragonais et leurs alliés Francs. 

1119 : Prise de Tudèle, Borja, Tarazona et Soria. 

1120 : Bataille de Cutanda remportée par les Aragonais et leurs alliés Francs face à une très forte armée musulmane. 

1125-1127 : Expédition du roi d'Aragon pour aider les Mozarabes de Grenade qui assiègent la ville mais il doit se replier, ramenant avec lui quelque 10 000 Mozarabes. 

1137 : Alphonse VII de Castille et de León s'intitule " empereur d'Espagne ". 

1148 : Prise de Tortosa. 

1149 : Prise de Lérida. 

1151 : Traité de Tudilén entre Alphonse VII de Castille, roi de Galice, de León et de Castille, et Raimond-Bérenger IV de Barcelone pour partager les zones d'influence et la conquête du sud et du levant. 

1156 : Création de l'ordre d'Alcántara. 

1158 : Création de l'ordre de Calatrava. 

1170 : Création de l'ordre de Santiago. 

1177 : Alphonse VIII de Castille prend Cuenca. 

1179 : Traité de Cazola entre la Castille et l'Aragon. 

1180 : Alphonse VIII de Castille s'empare de Plasencia (Estrémadure). 

1195 : Les Almohades, qui ont chassé les Almoravides, mettent un nouveau coup d'arrêt à la reconquête chrétienne grâce à leur victoire d'Alarcon. 
Les Almohades reprennent l'Estrémadure et ralentissent l'expansion vers le Guadiana et le Guadalquivir. 

Au début du XIIIème siècle, une coalition de princes espagnols et chrétiens écrasent les Almohades lors de la bataille de Las Navas de Tolosa (1212). Les musulmans ne détiennent plus que les provinces d'Andalousie, au sud de la Sierra Morena. 

16 juillet 1212 : La bataille de Las Navas de Tolosa est remportée par une coalition d'Aragonais, de Castillans, de Portugais, de Français et de Navarrais. 

1229 : Alphonse IX de León prend Cáceres. 

1229-1235 : Jacques Ier d'Aragon conquiert les Baléares. 

1230 : Alphonse IX de León prend Badajoz et Mérida (Estrémadure). Il meurt peu de temps après, permettant à son fils, Ferdinand III de Castille, d'unir définitivement les deux royaumes. 

1231-1288 : Protectorat aragonais sur Minorque. 

1236 : Ferdinand III de Castille conquiert le nord de l'Andalousie et Cordoue. 

1238 : Conquête du royaume de Valence par Jacques Ier d'Aragon. 

1243 : Ferdinand III de Castille impose un protectorat au royaume de Murcie. 

1237 : Les Aragonais remportent la bataille du Puig de Cebolla. 

1246 : Castillans et Léonais prennent Jaén. 

1248 : Ferdinand III de Castille conquiert prennent Séville. 

1248 : Soulèvement à Valence. 

1249 : le Portugal étend son emprise jusqu'au Guadiana 

1264 : Grande révolte mudéjar en Andalousie. 

1275 : Soulèvement à Valence. 

1480 : Inquisition espagnole. Le pouvoir musulman est réduit au petit royaume de Grenade qui recouvre les actuelles provinces de Malaga, Grenade et Almeria. 
Le royaume de Grenade survit jusqu'en 1492. 

Dès le XIIIème siècle, l'essentiel de la reconquête chrétienne est achevée, et c'est dans une expansion maritime et méditerranéenne que se lance la couronne d'Aragon. 
Ces longs siècles de lutte entre deux foyers de civilisation centrés autour de la religion chrétienne et de la religion musulmane ont façonné durablement la culture espagnole. 

2 janvier 1492 : les Rois Catholiques prennent Grenade, fin de la Reconquista.

mardi 21 avril 2020

La grippe chinoise, confirme la spécificité française de peuple râleur

Depuis son élection, Emmanuel Macron a suscité beaucoup de critiques souvent injustement comme par exemple concernant la gestion de la crise du covid-19. Edouard Philipe tout comme Emmanuel Macron en ont ras le bol des donneurs de leçons !
Mais les journalistes dans leur course à l'audimat tendent leur micro et invitent sur leur plateaux toutes sortes d'experts autoproclamés pour disserter avec "autorité" quitte à se contredire .... à propos d'un virus dont personne ne sait rien avec certitude !
R.B

L’image contient peut-être : 1 personne, costume, texte qui dit ’J'ai été frappé depuis le début de cette crise par nombre de commentateurs ayant une vision parfaitement claire de qu'il aurait fallu faire selon eux à chaque instant. La modernité souvent fait passer du café du commerce à certains plateaux de télévision; les courbes d'audience y gagnent que la convivialité des bistrots y perd, mais cela grandit pas, je le crains, le débat public. AVRIL 2020 EDOUARD PREMIER MINISTRE’


En ce moment où la médecine révèle son ignorance encore grande face à ce virus tout à fait atypique qui déjoue toutes les prévisions, tant en terme de contamination, que d'effets, que d'immunités et que de traitement médicamenteux, et où donc les incertitudes retombent sur les politiques, les Français sont en colère, expriment leur défiance et intiment aux politiques de trouver le moyen de guérir.

France atypique en Europe.

Sur France Culture, à propos de la critique du gouvernement, ces réflexions intéressantes du journaliste Frédéric Says :

A la question : « Dans l'ensemble, votre gouvernement a-t-il bien géré cette crise ? », les Britanniques et les Allemands répondent très largement : oui ... à 69% et 74%.

En France, c'est seulement 39% d'opinion positive sur la gestion du gouvernement.
En Italie, le président du conseil Giuseppe Conte bénéficie de la confiance de 58% de ses concitoyens.

Pourquoi ce phénomène ? Comment l'expliquer ?
Y a-t-il une spécificité française ?

D'abord, il y a des ratés, indéniables.

Toujours très peu de tests ; des stocks de masques insuffisants, et sur ces deux sujets, une communication contradictoire du gouvernement ; qui semble indexer l'utilité sanitaire de ces produits sur l'état du stock disponible.

En d'autres termes, « dites-nous de quoi vous avez besoin, on vous dira comment vous en passer », selon la formule intemporelle de Coluche.

Successivement, la crise aura vu la porte-parole du gouvernement expliquer que les masques ne protégeaient pas du covid-19; le président promettre d'en fournir un à tous les Français; et le Premier ministre envisager de les rendre obligatoire dans les transports ...
Quelle cohérence ?

Pour autant, ça ne suffit pas à tout expliquer. D'autres pays ont connu des déboires au moins aussi intenses.

Ainsi, le gouvernement britannique avait d'abord misé sur l'immunité collective, autrement dit, un grand nombre de contaminations pour qu'une majorité de la population soit protégée. Avant de faire machine arrière. Et Boris Johnson, en vacances, a manqué pas moins de cinq réunions au sommet consacrées à l'épidémie.

D'ailleurs, dans tous les pays testés par le sondage (Allemagne, France, Royaume-Uni), la population, très majoritairement, estime que des erreurs ont été commises par les ministres. Mais en France, on en tire - davantage qu'ailleurs - la conclusion de la débâcle quasi-totale.

Tout se passe comme si l'opinion publique française pardonnait moins les errements, les hésitations ou les revers.

Pourquoi, selon vous ?

Première hypothèse : l'usure du pouvoir. L'exécutif français est en poste depuis trois ans.

Les gouvernements britannique, italien et espagnol, sont beaucoup plus récents, et donc sans doute moins usés, moins discrédités.

Mais cette hypothèse ne tient pas pour l'Allemagne, où Angela Merkel a été nommée chancelière quand Michel Drucker débutait à la télévision ou quasiment (on plaisante, mais pas tant que ça).

Alors sans doute y a-t-il une explication plus profonde, plus historique.

En France, les attentes vis-à-vis de l’État sont plus fortes qu'ailleurs. Parce que c'est lui, l’État jacobin, qui a organisé, qui a façonné le pays après 1789. Parce que c'est lui, plus qu'ailleurs, qui centralise une part importante de la richesse nationale pour la redistribuer, sous forme de service public.

Or, plus on attend de l’État... plus grande est la déception quand celui-ci tergiverse, cale ou échoue.

Ajoutons à cela que chez nos voisins, il existe des paratonnerres. En Allemagne, en Espagne, en Italie, les régions ont un pouvoir important. Elles captent donc aussi une partie de la colère.

En France, toute la foudre se concentre sur l’État central, et donc sur le gouvernement.

Corollaire : une croyance très française dans la figure de l'homme providentiel, du sauveur en temps de crise.

Autrement dit, l'on attend le Bonaparte du vaccin, le Clemenceau du masque FFP2, le De Gaulle du test sérologique.

Cela se mélange à une autre habitude française, celle de s'auto-dénigrer.

Signes parmi d'autres : la France est l'un des pays les plus pessimistes du monde sur son avenir. L'un des plus hostiles à la vaccination en Europe, avec l'idée que les élites mentent. Voici résumé le cocktail du « tout est pourri, tout est foutu ».

Un désespoir dont il est logique qu'il s'abatte sur les représentants politiques.

Quitte à ignorer, au nom du "tout va mal", les performances nationales. En particulier celles de l'administration de la Santé, qui a su répartir les malades par TGV et par hélicoptère. L'hôpital français, contrairement à d'autres, n'a pas eu à "trier" les malades par manque de places en réanimation.

Et puis peut-être sommes-nous plus exigeants, plus ambitieux, plus intraitables avec notre gouvernement qu'ailleurs.

Comment imaginer l'inverse d'ailleurs, dans un pays dont la devise est « liberté – égalité - fraternité » ? Trois valeurs mises à mal par le confinement.

Liberté ? inutile de faire un dessin.

Égalité ? elle est plus lointaine que jamais, entre les résidences secondaires et les barres d'immeubles.

Fraternité ? elle est un combat difficile, quand tout pousse à se méfier de l'autre.

Cette devise est mise à rude épreuve.

Peut-être y a-t-il aussi un vieux fond d'arrogance française - celle de se croire une grande puissance, supérieure aux autres. Et donc, de tomber d'encore plus haut quand il manque une chose aussi simple... que des masques en papier.
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