Le Caméléon aux cotés de Ghannouchi l'homme à la cravate ...
A l'approche des échéances électorales, les Frères musulmans
tentent chaque fois de redorer leur image ... en jouant aux "
progressistes" !
Ils mettent souvent en avant Abdel Fattah Mourou qui ne trompe
plus les Tunisiens avec ses pitreries de " baldi " (citadin) ! D'ailleurs
les Tunisiens le surnomment le caméléon.
Quant à Lotfi Zitoun, il nous joue le nostalgique des traditions
tunisiennes et de la " tunisianité ", alors que depuis le 14 janvier
2011 les Frères musulmans n'ont cessé de critiquer les Tunisiens dans leur mode
de vie et leur culture, pour leur fourguer le wahhabisme et le model sociétal
qui va avec sous prétexte de leur faire recouvrer leur identité
"arabo-musulmane", qu'ils auraient perdue ! Mais cela ne trompe plus
personne !
Encore Lotfi Zitoun qui plaide pour une Cour Constitutionnelle,
qui plaide la cause des homosexuels et qui est pour la dépénalisation des
consommateurs de drogues ...
Et comme par hasard il n'en parle qu'à l'approche des élections
mais plus du tout après ; alors qu'il est membre du bureau politique d'Ennahdha
et longtemps il a été la tête pensante de Ghannouchi !
Idem pour les femmes "en cheveux", que les Frères
musulmans exhibent durant leurs campagnes électorales et qui vont se rhabiller
et remettent leurs voiles aussitôt les élections terminées ... comme ce fut le
cas de la mairesse de Tunis, Souad Abderrahim !
Idem pour les homosexuels, idem pour les juifs ... qui
deviennent fréquentables durant la campagne électorale, mais après les
élections retrouvent leur statut de paria, pour être humiliés et poursuivis en
justice ...
En somme, des Frères musulmans plus progressistes que les progressistes, tu meurs !
Mais qui peut encore les croire ? Islamistes & progressistes : deux notions antinomiques.
Comment voulez-vous qu'il en soit autrement, alors que le projet
des Frères musulmans n'a guère changé depuis Sayid Qutb ! La preuve, Ghannouchi a beau s'habiller en costume-cravate et prétendre
que son parti n'instrumentalise plus la religion pour devenir un parti civil
... les faits sont là : chassez le naturel, il revient au galop ! Il est
constamment trahi par sa base et ses cadres qui sont toujours sur le logiciel
Frères musulmans !
Alors méfiance, il ne faut pas prendre les vessies pour des lanternes et les Frères musulmans pour des modernistes progressistes ! Leurs
beaux discours " progressistes " et leurs postures modernistes, font
partie de leur " taqyia", dont il faut se méfier.
Le bel argument de Lotfi Zitoun : « J’ai vécu en Grande-Bretagne
et le mensonge est le pire des crimes que l’on peut commettre. Mes enfants ont
été élevés dans le respect de la vérité » ; ne dupe pas d'avantage les Tunisiens qui doivent le mettre sur le compte de la " taqyia
" des Frères musulmans d'autant qu'ils sont habitués à ses gros mensonges et à la langue de bois !!
R.B
« L’islam politique divise plus qu’il ne rassemble », estime Lotfi Zitoun
De tous les purs et durs nahdhaoui, Lotfi Zitoun est le personnage le plus controversé. Ce diplômé des Sciences politiques, qui défend les droits des homosexuels, plaide pour la mise en place d’un cadre légal pour une consommation contrôlée du cannabis et appelle à séparer le politique du religieux, suscite le doute et la suspicion des Tunisiens progressistes et le gourou des islamistes invétérés.
A la question de savoir s’il n’est pas en train de jouer le rôle du « bon flic » pour flouer et séduire le Tunisien lambda, Zitoun s’indigne : « J’ai vécu en Grande-Bretagne et le mensonge est le pire des crimes que l’on peut commettre. Mes enfants ont été élevés dans le respect de la vérité ».
Entretien en trois actes.
Amel BelHaj Ali : Lorsque
nous citons le nom de Lotfi Zitoun devant des observateurs avisés de la scène
politique tunisienne, on nous dit souvent que vous représentez l’image
éclatante d’Ennahdha, tolérante et démocratique. Vous avez été pendant des
années le directeur de cabinet de Rached Ghannouchi et le détenteur de ses
secrets mais pas sa boite noire qui, elle, serait de fait Saïd Ferjani. Qu’en
dites-vous ?
Lotfi Zitoun : Cette
idée que l’on se fait de nous peut se justifier par les longues discussions que
j’ai toujours eues avec M. Ghannouchi. J’ai vécu longtemps en Grande-Bretagne,
je lis beaucoup -lire est ma nourriture quotidienne. Ma bibliothèque est âgée
de 25 ans et j’adore converser de mes lectures avec d’autres personnes venant
d’horizons divers, dans un cadre collégial ou en tête-à-tête.
La
Grande-Bretagne a donné refuge à tous les opposants non seulement des pays
arabo-musulmans mais du monde entier, qu’il s’agisse de nationalistes,
d’islamistes, ou encore de la gauche toutes tendances confondues.
Tout au long des dix dernières années, nous n’avons pas
arrêté de débattre de l’avenir de l’islam politique, et le malheur est que
lorsque nous sommes rentrés dans notre pays, nous sommes restés au même niveau
de discussions. L’islam politique a prouvé qu’il ne peut se libérer de sa
dimension violente. C’est ce qui a été confirmé par l’expérience de son
exercice ces dernières années dans de nombreux pays arabes. Et en particulier
ceux traversés par les révolutions du printemps.
Ceci
prouve sa faillite idéologique, car il est devenu une partie du problème dans
la région arabe et il n’a pas offert de solution. La plupart des pays arabes
ont connu des crises aiguës illustrées par des affrontements violents entre l’État
et le peuple.
En
fait, cette violence a sonné le glas du Printemps arabe. Un printemps qui a
modifié la nature même de l’État et a imposé le changement de ses substances
politiques et idéologiques.
Je
me souviens qu’en 2011, j’ai écrit, à la demande d’Ennahdha, un texte sur notre
vision de l’avenir pour dire que nous ne nous présenterons pas en tant que
mouvement aux élections mais que nous serons représentés autant que nous le
pouvons au sein de plusieurs partis. Parallèlement, Ennahdha devait devenir un
mouvement social de prêche opérant au sein de la société civile par des actions
sociales.
Aujourd’hui
avons-nous besoin d’un mouvement contestataire ? Ennahdha fait partie de
l’histoire du pays eu égard à ses luttes et ses sacrifices, une fois que nous
avons changé de régime, que nous évoluons vers une démocratie et que les
libertés sont garanties, à quoi bon garder sa dimension hautement
politique ?
Avec
la nouvelle Constitution et la constitutionnalisation de la liberté de conscience,
de quel droit un mouvement ou un parti se donne-t-il le droit de discuter des
choix idéologiques, religieux ou du mode de vie de ses compatriotes ?
Le régime contre lequel nous nous sommes
révoltés est tombé. Quelle est donc notre raison d’être ? Nous-mêmes, nous
faisons partie du passé. En 2010, notre parti avait atteint ses 40 années
d’existence. Nos choix économiques sont libéraux et ce qui nous a unis tous à
Ennahdha n’a jamais été politique mais idéologique. Notre affiliation s’est
faite sur la base de convictions purement idéologiques dans un pays où les
libertés étaient manquantes.
Mais nous n’avons jamais discuté d’un modèle
sociétal ou mis en place une vision et un projet socioéconomique pour notre
pays. Toutes les démocraties sont construites sur la base de choix sociétaux,
de gouvernance et de modèle économique et politique. Ce n’est pas notre cas.
Amel
BelHaj Ali : A vous
entendre, on ne peut croire que vous êtes tous d’accord dans le parti Ennahdha
autour d’un modèle sociétal et encore moins sur la séparation du religieux du
politique ?
Lotfi Zitoun : Effectivement, nous ne
sommes pas d’accord sur le modèle de société, car dans le mouvement, il y a une
partie conservatrice qui rejette même l’ouverture d’un débat sur la question.
Quand je suis rentré en Tunisie, j’ai vu que nous devions communiquer avec
notre peuple pour s’entendre sur les fondamentaux. Je suis allé à la rencontre
de gens, je les ai écoutés, j’ai la chance d’avoir grandi à Bab Mnara et j’ai
le contact facile et cela m’a permis de savoir ce que veut le peuple et ce
qu’il attend des acteurs politiques.
Rached
Ghannouchi qui vivait en exil comme d’autres adeptes du parti outre ceux
emprisonnés ou libérés après des années d’incarcération, ont chacun eu un
parcours particulier. Il aurait dû unifier les rangs surtout après le
développement d’un courant salafiste extrémiste chez les jeunes qui se
nourrissaient des chaînes satellitaires.
Il est
malheureusement resté ancré dans l’année 1996, et c’est la raison de
l’éloignement politique et intellectuel entre nous.
Pour
revenir à votre première question : non, je ne suis pas la voix de Rached
Ghannouchi, et à maintes reprises, j’ai exprimé des positions contraires aux
siennes, le fait que j’ai été son conseiller politique ne veut pas dire que je
colle à ses idées. Je reste intellectuellement et politiquement indépendant.
Amel
BelHaj Ali : Vous
n’avez jamais occupé un poste dans la sphère organisationnelle, vous opérez
ailleurs.
Lotfi
Zitoun : Vous l’avez dit, ma relation avec M. Ghannouchi
ne relève pas de l’organisationnel. Après la révolution, je me suis comporté et
agit en tant qu’indépendant, je me suis tenu à l’écart pendant une année sans
aucune mission, mais le président du mouvement tenait à ce que je sois présent
dans toutes les sphères organisationnelles et m’a nommé en tant que conseiller
politique.
Toutefois, l’année dernière, il y a eu un
différend politique à propos du consensus que j’ai toujours considéré comme une
nécessité pour assurer la transition démocratique dans notre pays. La Tunisie a
besoin de l’existence d’un équilibre entre les forces politiques sur place car
l’hégémonie idéologique qui a approfondi les clivages entre nous autres
Tunisiens est devenue dangereuse pour le pays. L’idéologie doit se traduire par
un projet sociétal et un programme de travail, mais, sous la tyrannie, elle
risque de devenir une arme de guerre dont certains peuvent user contre l’Etat.
C’est feu
Béji Caïd Essebsi qui a été à l’origine du consensus. Au début, le parti
Ennahdha était hésitant mais ses dirigeants ont compris qu’ils seraient les
plus menacés s’ils n’acceptaient pas d’évoluer dans ce cadre. Et c’est grâce au
consensus que les institutions de l’Etat ont continué à fonctionner, que les
lois bloquées ont été votées et que la nouvelle Constitution a vu le jour.
C’est
ce consensus qui a également permis l’organisation des élections
municipales ; toutefois, pour nous, il a été réduit à un choix tactique et
non un outil qui garantit la stabilité gouvernementale. Et conséquence :
il n’y a pas eu de stabilité. Je n’ai pas apprécié et encore moins approuvé,
tout comme j’ai désapprouvé qu’il n’y ait pas une séparation entre la religion
et le parti.
La
religion ne peut être utilisée comme une arme politique à partir du moment où
la deuxième République s’est portée garante de la liberté de culte, et les
menaces d’une oppression sur la base de la religion ont été définitivement
éliminées.
En fait,
il s’agit là d’une question fondamentale en rapport avec l’Etat et sa civilité.
J’aime la religion mais je n’en suis pas le dépositaire car elle appartient à
tous mes compatriotes. Elle fait partie de notre héritage et de notre identité.
Cette
position a refroidi ma relation avec M. Ghannouchi, qui ne pouvait plus
supporter cette liberté de pensée, alors j’ai décidé, pour ma part, de prendre
de la distance car je ne pouvais supporter le choix de politiques que je
réprouvais.
J’ai
donc envoyé à M. Ghannouchi une lettre où j’énumérais les raisons de ma
démission du poste de conseiller politique.
Amel
BelHaj Ali : Justement,
vous n’avez jamais parlé avec exactitude des raisons de votre démission, vos
réponses ont toujours été empreintes d’ambiguïté lorsque l’on vous posait la
question.
Lotfi
Zitoun : Les raisons sont nombreuses. Certaines
d’ordre personnel qui n’appartiennent qu’à moi, et d’autres relatives au
fonctionnement du parti Ennahdha. Mais le point de rupture a été le “jeudi
noir“ (25 juillet 2019, ndlr) et les événements qui ont succédé à
l’hospitalisation de feu Béji Caïd Essebsi. J’en voulais à tous ceux qui ont bloqué
les élections de la Cour constitutionnelle. Pendant 5 ans, je n’arrêtais pas de
dire et redire que la seule institution garante du sauvetage du pays, d’une
Constitution qui a institutionnalisé pour que des forces sur place n’arrêtent
pas de se livrer des guerres aux dépens des intérêts de la Tunisie empêchant
toute stabilité et tout progrès, c’est cette cour.
Le
système politique est fragile, hybride et incapable de permettre une gestion
saine de la Tunisie. Notre seul recours était la Cour constitutionnelle qui
pouvait gérer tous les différends, de vérifier la conformité des lois,
d’assurer un Etat de droit.
Je vous
cite juste un point : Il y a un article de loi qui stipule que “le
président de la République est le chef des forces armées“. Si nous devons
prendre cet article à la lettre, nous dirons que les forces armées ne se
limitent pas aux soldats mais concernent au même titre tous les agents de
l’Etat qui portent des armes (la police, la douane et ainsi de suite). Il y a
de nombreux textes de loi dans la Constitution qui ne peuvent être appliqués à
cause de leur ambiguïté. La Cour constitutionnelle a pour rôle de les
interpréter et de combler les lacunes.
Amel
BelHaj Ali : Cela
n’a pas empêché le succès du passage du pouvoir après la mort du président
Essebsi.
Lotfi
Zitoun : C’est une chance pour nous. Mais il n’y a
aucun organe de l’Etat pour constater la vacance du pouvoir. En Tunisie, on a
toujours respecté la forme, même à l’ère de la dictature, la transition entre
Bourguiba et Ben Ali fut une transition constitutionnelle, une transition
médicale. Comment pouvons-nous, nous qui avons prétendu avoir fait une
révolution, violé aussi honteusement, aussi ignoblement la Constitution ?
Qu’Ennahdha y soit, c’est inacceptable et inadmissible ! C’est ce qui
explique ma démission.
Amel
BelHaj Ali : Pensez-vous
que la popularité du parti Ennahdha en a pris un coup ? Comment
évaluez-vous votre place aujourd’hui sur la scène politique tunisienne ?
Lotfi
Zitoun : Nous occupons toujours la première place,
mais un vrai politicien ne voit pas les choses ainsi. Nous parlons là de
l’avenir d’un pays, d’un modèle sociétal et d’une vision qui tient la route
pour nous permettre d’assurer le bien-être de nos concitoyens et d’un projet
d’avenir. Tout cela ne pourra pas se réaliser lorsqu’un parti est ancré dans l’idéologie.
Les partis, les vrais, planifient sur 30 et 50 ans. Le parti travailliste
britannique a 100 ans. Je veux vivre dans mon pays et le servir, mais voyez ce
qu’il en est du parti Ennahdha : nous sommes passés de 1,5 million en 2011
à 500 000 en 2017 aux élections municipales.
Ils ne
comprennent pas qu’à mesure que nous avançons dans la démocratie, la dimension
idéologique recule. Les gens se rendent de plus en plus compte que ce ne sont
pas en lesquels ils ont mis toute leur confiance et qui ont peur de Dieu n’ont
pas résolu leurs problèmes et n’ont pas amélioré leur quotidien.
L’idéologie
ne peut pas être un programme pour édifier un pays. A Gafsa ou à Kasserine à
45° température, cette idéologie ne peut pas équiper les foyers de climatiseurs
ou de ventilateurs, elle ne peut pas résoudre les problèmes de bébés qui
meurent dans les hôpitaux, ce qui n’est même pas arrivé du temps de la
dictature
Les
partis travailliste et conservateur en Grande-Bretagne ont des socles
idéologiques mais ne travaillent pas sur cette base. Ils proposent des
programmes socioéconomiques.
Ces
partis donnent des solutions aux problèmes économiques et sociaux, ils
travaillent sur les projets d’investissement, la lutte contre le chômage et
l’ouverture du pouvoir d’achat et du niveau de vie.
Nous
ne pouvons pas utiliser la religion et des années de répression pour justifier
une mainmise sur la politique dans notre pays. La religion et le discours
religieux ne doivent pas être au cœur des batailles politiques car ils relèvent
de la sphère personnelle et privée. Le débat religieux doit avoir lieux entre
érudits, chercheurs et penseurs sinon il se transforme en un instrument de
division de la société.
En
Europe, il y a eu des guerres religieuses sanglantes pour établir un État civil
et laïc, mais dans nos sociétés, nous n’avons pas vécu de telles guerres, les
mosquées sont ouvertes et personne n’est empêché d’entrer ou de pratiquer ses
rites. A partir du moment où l’Etat devient le garant de la justice et de
l’équité, la religion ne peut être que personnelle.
La
religion appartient à tous et un jour viendra où l’on demandera à
Ennahdha : qui vous a autorisé à parler au nom de la religion, et de quel
droit vous la monopolisez ?
La toute
puissance idéologique dans notre pays, qu’il s’agisse de partis de gauche ou de
droite, est dangereuse. Pour que le processus démocratique réussisse, il faut
que la bataille électorale se passe entre projets économiques et sociaux, mais
que l’on dise “si je sors du pouvoir je serai“ jugé, c’est en fait le meilleur
moyen de mettre fin à l’expérience démocratique.
Par
ailleurs, il faut impérativement séparer la religion de l’exercice du pouvoir.