On pourrait résumer le populisme en "demain on rase gratis. Il suffit pour cela de tondre les méchants riches" (populisme socialiste) ou "d'expulser les méchants étrangers" (populisme nationaliste).
Il fut même un temps où le populisme national et socialiste prétendait tondre les étrangers avant de les expulser, puis finalement de les éliminer, puisqu'ils étaient à la fois corps étranger et supposés riches.
Le problème, c'est qu'une fois qu'on a tondu un crâne, si riche fut-il, il faut lui laisser refaire sa tignasse, ce qui prend du temps. Mieux vaut pour cela avoir créé les conditions du développement économique, ce qui est un peu le contraire que de tondre les riches ...
Quant à expulser les étrangers, ce n'est guère pertinent non plus économiquement, quand ils occupent des emplois dont la société a besoin et que les autochtones ne veulent pas.
D'un autre côté, en période électorale, tout le monde est forcément un peu populiste, car il faut bien récolter des voix, et si l'on ne promet que du sang, de la sueur et des larmes, les yeux fixés sur un horizon lointain, on n'est pas très séduisant.
Et puis désigner un ennemi, responsable de tous les maux du pays, c'est aussi très utile pour mobiliser en période électorale. A gauche, c'est Macron et les riches et à l'extrême droite c'est Macron et les musulmans (plus un peu les riches aussi, car ils ne sont pas très nombreux, contrairement aux pauvres, essentiels au décompte des voix).
Reste que même si les programmes n'engagent que ceux qui y croient, les promesses ont un coût, les programmes aussi, qui ne peut pas se résumer en quelques chiffres comme tentent de nous le faire croire les spécialistes du "chiffrage".
Un programme, c'est moins une somme de dépenses et de recettes qu'un moule qui va modeler la société. Pour ses mesures sociales comme pour son cadre règlementaire et fiscal, plus ou moins favorable à l'entreprise et à l'économie.
Parce qu'avant de pouvoir tondre, il faut créer de la richesse. Et de l'emploi.
C'est ce que se sont efforcé de faire avec un réel succès les gouvernements Macron successifs.
La France des congés payés de 36 ou de la Sécu de 1945 était une France coloniale, qui tirait une large partie de ses revenus de l'exploitation de ses colonies, des richesses qu'elle y produisait et de l'immense marché captif où elle pouvait vendre ses produits. Toutes les puissances du XIXème puis du XXème ont disposé de ce double avantage de territoires immenses où extraire et vendre était une chasse gardée.
Seules l'Allemagne et le Japon en étaient privées et elles ont fait la guerre pour cela.
Après les années 60, la construction européenne (puis son extension) et la mondialisation ont remplacé les colonies.
Certes, l'expansion de l'UE vers le sud, puis l'est, coûtait cher en construction d'infrastructures (les colonies aussi) mais cela rapportait bien davantage.
Quant à la mondialisation, elle a créé d'immenses quantités de richesse - d'abord dans les anciens pays pauvres et/ou ex-colonisés qui ont su monter dans le train - ce qui ouvrait de nouveaux marchés à nos produits.
Les industries de luxe françaises en ont largement profité, devenant les premières du monde.
Sauf qu'aujourd'hui, l'expansion de l'UE marque le pas (en attendant l'Ukraine...) tandis que la mondialisation est fortement grippée. Même les nouveaux dragons d'Asie sont enrhumés et la Chine tousse tous les jours. Les risques de guerre n'arrangent rien. C'est toute l'économie mondiale qui tangue et l'on est parti pour plusieurs années de crises successives.
L'industrie automobile française et européenne - fer de lance de la croissance depuis un siècle - est au bord du suicide et les géants de la tech valant des milliers de milliards de dollars sont tous aux Etats-Unis. NVIDIA par exemple, c'est près de 500 fois le PIB du Togo et de ses 9 millions d'habitants. Pour ne rien fabriquer, juste concevoir des logiciels, de l'IA et des puces électroniques dont la fabrication est sous-traitée à Taïwan ... pas en France.
Un reportage interrogeait hier à la télé les ouvrières d'une des dernières entreprises françaises de textile, spécialisée dans le haut de gamme, évidemment ravies par les perspectives d'augmentation ou de réduction de l'âge de de départ à la retraite promises par les programmes de gauche et d'extrême droite. Le patron, lui expliquait qu'il ne demandait pas mieux que de les augmenter, mais que cela impliquait qu'il augmente aussi ses prix de vente. Or il était déjà 30% plus cher que tous ses concurrents étrangers et à terme, c'était l'existence de l'usine et de ses dizaines d'emplois - tous au-dessus du SMIC - qui était en jeu.
Rappelons ici qu'introduire du protectionnisme serait une catastrophe pour l'emploi en France : toute mesure protectionniste entraîne en représailles des restrictions à l'exportation des produits français, or les exportations font vivre 1 travailleur français sur 3 (fonctionnaires compris), soit 14% des emplois pour les exportations hors UE, et près de 20% pour les exportations dans l'UE, qui reste notre principal marché.
Rester compétitifs, réindustrialiser et s'installer davantage dans l'industrie de la connaissance, de la recherche et de l'IA, qui feront le monde et la richesse demain, c'est l'ambition du Gouvernement et de ceux qui préparent le futur dans ce pays. C'est au centre que ça se passe et cela implique pas mal de remises en question. Y compris dans le monde de l'éducation et de la recherche, où le CNRS est un immense dinosaure biberonné aux subventions quand le modèle américain (ou suisse) s'avère beaucoup plus performant, avec une intrication étroite entre les labos et le business, les recherches fondamentales et appliquées, les étudiants et les start-up ou les recruteurs.
Par exemple, nous formons une bonne partie des meilleurs mathématiciens mondiaux, mais ils sont aspirés par le monde de la finance, beaucoup plus lucratif ou par la Sillicon Valley, parce que rester en France implique un parcours du combattant administratif, si l'on ne veut pas juste devenir prof ou assistant de recherche. Le gouvernement a pris la mesure des problèmes et agit. La "start-up nation" n'est pas qu'un slogan.
Si le chômage a fortement baissé, tandis que les investissements étrangers en France augmentaient fortement, c'est bien grâce à l'action des centristes. Evidemment, ces transformations sociales et économiques ont un coût et génèrent de l'endettement. Mais la dette n'est pas un problème si elle participe à créer de la richesse, plus de richesse qu'elle n'en consume.
Sur tous ces plans, il n'y a pas photo, le centre et les Républicains sont sur la même longueur d'ondes et auraient pu être rejoints par la gauche raisonnable, tandis que les programmes du RN et du FP enfonceront le pays dans la crise. Non seulement sociétale, mais aussi économique. Une catastrophe pour la prospérité commune. Les Suisses ont très bien compris cela : ils font venir des milliardaires en leur promettant des taux d'imposition très bas et tout est fait pour favoriser le développement de l'entreprise et de l'économie. Les employés ont bien moins de protection qu'en France, mais ils ont au final un bien meilleur niveau de vie : le seuil de la richesse en France (3900€ /mois) n'est même pas le SMIC à Genève (4500€ /mois). Parce que le SMIC a été créé après le développement de l'économie, pas avant.
Et qu'on ne vienne pas me dire que la Suisse est un petit pays, que ses recettes ne sont pas applicables à un grand pays comme la France. Nous ne sommes plus au temps des colonies. La France est désormais un petit pays. Ses 68 millions d'habitants sont certes 7 fois plus nombreux que les Suisses (9 millions), mais leur PIB n'est que 3,5 fois plus gros. Ils sont donc globalement deux fois moins riches. Les Français sont aussi 250 fois moins nombreux que les Chinois, mais leur PIB est désormais 6 fois inférieur. Et en parité de pouvoir d'achat, le PIB/habitant est même devenu légèrement supérieur en Chine. Ce qui signifie que compte tenu du coût de la vie, un Chinois moyen vit un peu mieux qu'un Français.
Surtout, depuis la fin des colonies, la Chine a progressé six fois plus vite que la France, puisque leurs PIB étaient quasiment les mêmes en 1960 (respectivement 47 milliards en $ et en €). Ce qui confirme l'importance des immenses marchés captifs, même très pauvres, mais à développer... et de la pertinence du libéralisme pour développer un pays, car le grand bond en avant de la Chine, c'est surtout celui du libéralisme économique de Deng Hsiao Ping. Certes dirigé par le parti communiste, mais très libéral néanmoins.
Quant à la Suisse, en 1960, son PIB était de 9,5 milliards seulement. Soit 5 fois moins que le Français et le Chinois. Il a progressé logiquement près de 3 fois moins vite que le Chinois, qui partait de plus loin, mais presque 2 fois plus vite que le Français. C'est ce que ce Gouvernement s'est attelé à changer, depuis 7 ans et les premiers fruits sont là. Plus visibles aux niveaux des indicateurs macro-économiques que du porte-monnaie du travailleur, même si en comparaison internationale, la France s'en sort plutôt bien. L'enjeu c'est qu'elle ne s'enfonce pas davantage. Ce qui serait le cas à coup sûr si l'extrême droite ou l'extrême gauche parvenait au pouvoir.
Ceci dit, si dans votre circonscription, l'alliance du centre et de la droite n'est pas au 2ème tour, votez sans hésiter pour la gauche. Parce qu'en dehors de toute la problématique du racisme ou de l'Ukraine, l'extrême droite pourrait avoir une majorité absolue de sièges dans la nouvelle assemblée et c'est ce qu'il faut éviter. La gauche, ce serait extrêmement improbable et c'est donc beaucoup moins dangereux.