Une cérémonie attendue pour son originalité puisque pour la première fois elle n'avait pas lieu dans un stade fermé mais sur la Seine et sur 6 km. Occasion pour les organisateurs du spectacle de glorifier Paris et la France, sa culture, son histoire, le savoir faire de ses artisans ... à travers différents tableaux artistiques rendant hommage aux hommes et aux bâtiments historiques situés le long du parcours, depuis le pont d'Austerlitz jusqu'au pont du Trocadéro. Certains tableaux(1) de Thomas Jolly étaient réussis (2), d'autres étaient audacieux (3); alors que d'autres l'étaient moins, sinon de mauvais goût (4).
Une grande place est faite au wokisme, qui n'a pas été apprécié par certains, dont Alain Finkielkraut ...
R.B
1 - Certains ont vu dans le tableau "Le repas de fête", une parodie de "La Cène" de Léonard de Vinci (au Louvre), et le dénoncent pour blasphème.
D'autres ont vu plutôt une parodie du tableau "Le festin des dieux" de Jan Harmensz van Biljart, avec une liberté totale pour le metteur en scène, qui en hommage aux Jeux Olympiques, réinterprète le tableau où les dieux sont rassemblés sur l'Olympe, pour le banquet célébrant le mariage de Thétis et Pélée, futurs parents d'Achille. (Musée Magnin de Dijon).
Avec au centre de la table Apollon couronné, présidant le banquet, remplacé par une grosse fille jouant sur un synthétiseur et le chanteur Philippe Katerine déguisé en Dionysos (Bacchus), allongé au premier plan.
2 - Au Louvre, les personnages des tableaux les plus célèbres quittent leur cadre pour aller vers les fenêtres voir Paris célébrant les jeux olympiques.
La cavalière sur un cheval mécanique, au galop bien imité, était un hommage à Sequana, la déesse du fleuve.
La flemme olympique en montgolfière au-dessus de Paris avec Céline Dion chantant la vie en rose d'Edith Piaf depuis la tour Eiffel, dont c'est le retour après 4 années d'absence pour cause de maladie orpheline : bel hommage aux frères Montgolfier, à Paris-ville-lumière & d'amour, à Gustave Eiffel et à Edith Piaf.
3 - La chanteuse Aya Nakamura sortant de l’Académie française, conservatoire de la langue française, était-ce un pied de nez à ceux qui lui refusaient de chanter Piaf et lui reprochaient de massacrer le français, qu'un jour l'Institut de France adoptera son jargon, comme il le fit pour d'autres nés dans les quartiers populaires parisiens ?
4 - Marie Antoinette décapitée, tenant sa tête sur ses genoux : était-ce nécessaire de rajouter ce détail macabre ?
Au défilé de mode, la priorité était donnée aux drag queens : volonté de choquer ?
ENTRETIEN – L’académicien a regardé la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques vendredi soir. Il n’y a pas vu un spectacle grandiose mais une mise en scène obscène et conformiste.
LE FIGARO. – À travers cette cérémonie d’ouverture, «on a restauré une fierté pour ce pays, pas pour son identité, mais pour son projet politique : aller de l’avant, avec une Histoire en mouvement» a déclaré Patrick Boucheron, architecte de la cérémonie sur France Inter. Partagez-vous son enthousiasme ? Avait-elle selon vous une dimension idéologique ?
Alain FINKIEKLRAUT.- Je suis très impressionné par la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Il ne me paraissait pas possible, en effet, de faire pire c’est-à-dire, à la fois, plus obscène et plus conformiste, que l’Eurovision. Je me trompais : impossible n’est pas post français. « Une cérémonie grandiose qui a cassé tous les codes » titrait le journal Libération.
Remettons les choses à l’endroit : c’était un spectacle grotesque, qui, des drag queens à Imagine et de la célébration de la sororité à la décapitation de Marie-Antoinette (l’une des pages les plus glorieuses de notre histoire) déroulait pieusement tous les stéréotypes de l’époque. Sur un point, Patrick Boucheron a raison : le génie français brillait par son absence. Je ne parle pas de la grandeur. Peu m’importe la grandeur ! Non, entre la chorégraphie horrible de Lady Gaga et les pénibles exhibitionnismes de Philippe Katerine, où étaient le goût, la grâce, la légèreté, la délicatesse, l’élégance, la beauté même ?
La beauté n’existe plus. L’heure est à la lutte contre toutes les discriminations. On a même eu droit à un plan cul à trois. Homophobe soit qui mal y pense ! et pourquoi le défilé de mode devait-il être aussi agressivement moche ? Thomas Jolly et Patrick Boucheron s’applaudissent de leur audace transgressive alors qu’ils sont les serviteurs zélés de la doxa. La nation résolument tournée vers l’avenir confie à des historiens le soin de dilapider son héritage. Le Collège de France a été longtemps un haut lieu de la pensée libre, c’est devenu le bastion de l’idéologie.
La chanteuse Aya Nakamura sortant de l’Institut accompagnée de la garde républicaine… qu’en pense l’académicien que vous êtes ?
Au diable les formes, la solennité, la raideur ! La garde républicaine a pris son pied et s’est mise sans vergogne au diapason des Indigènes de la République. Les bibliothèques elles-mêmes ont été dépoussiérées. On n’explore plus désormais la carte du tendre avec Bérénice ou avec un Amour de Swan mais avec Passion simple. Annie Ernaux a remplacé Proust et Houria Bouteldja Emile Zola. Le mot qui vient involontairement à l’esprit devant ce fiasco grandiose est celui de décadence. Que reste-t-il de la France en France et de l’Europe en Europe ? Qu’est-il arrivé au Vieux Continent ?
La diversité du monde est joyeusement engloutie dans le grand métissage planétaire. Et ce n’étaient plus les athlètes de tous les pays qui défilaient sous les yeux d’un public ravi, c’étaient les bateaux mouches avec, sur le pont, des matelots surexcités. Le déluge qui s’est alors abattu sur la Ville Lumière ne peut être qu’une punition divine. À quelque chose, malheur est bon : après cette soirée apocalyptique, je suis devenu croyant.
“Écoutez je suis en train de lire tous les tweets de l’extrême droite en PLS sur cette #ceremoniedouverture #paris2024 Je vous le confirme : elle est très réussie” a tweeté Marine Tondelier… En acceptant de critiquer cette cérémonie, ne courrez-vous pas le risque de passer pour un «facho» passéiste et ringard ?
Faire entendre une voix dissonante dans ce grand concert extatique, c’est prendre le risque d’être perçu comme un rabat-joie identitaire et rance. Me voilà rangé parmi les maurrassiens. Cette étiquette infamante témoigne de la confusion des temps. Le fils d’immigrés que je suis ne peut se résigner à l’enlaidissement et à l’avilissement de ce qui lui tient tant à cœur.
A quoi tient le succès exceptionnel de ces Jeux qui ont fini par convaincre les plus réticents et les Français et les Parisiens les plus râleurs et autres esprits tristes ou simplement sceptiques ?
Cela est dû au génie des organisateurs, du moins à la géniale idée d’organiser les jeux dans la Ville et ses alentours, et quelle ville ! Paris dans toute sa splendeur en mobilisant tous ses atouts historiques, esthétiques, sa beauté unique vantée par les poètes avec cette idée audacieuse de réaliser en acte la célèbre formule « Paris est une fête » et d’en donner des images qui déjà on le sait résisteront au temps.
Des Jeux Olympiques misant sur la culture, on n’avait jamais vu ça.
Les compet’s ne sont pas bornées aux stades et aux piscines ou autres salles de sports, cela pour la 1ère fois dans l’histoire de l’olympisme : ce ne sont plus du tout les dieux du stade (ref. Leni Riefenstall et l’esthétique correspondante) plus du tout cette manière de magnifier les corps mais ce sont les Jeux de Paris, qui mettent en scène Paris, où ne se retrouve plus l’esthétique olympique traditionnelle -les grands défilés où l’on marche au pas, ce qui m’a toujours fait me détourner de ces compétitions.
De plus se déroulant dans la ville, ses habitants sont là, dans les rues, dans les jardins, sur les places, le long des quais, partout. Ce qui leur donne un caractère populaire (malgré le prix des places, exorbitants). Le spectacle est dans la ville, osant une célébration permanente d’elle-même, de ses monuments, de ses lieux historiques, de tous ses trésors, par les Parisiens eux-mêmes mêlés aux citoyens du monde entier.
Tout cela qui se voyait déjà dans la cérémonie d’ouverture, célébrant Paris, l’histoire de France jusqu’à la France d’aujourd’hui dans sa variété, avec les délégations du monde entier, avec le sport et grâce au sport.
En cela la mise en scène de cette cérémonie, au style complètement inédit, avait vu juste, qui parlait la langue du cosmopolitisme et de la fraternité universelle, célébrant et unissant toutes les différences dans le sport, grâce au sport.
Tout cela est inédit et incroyable, ce qui donne un autre caractère au sport, complètement dégagé de l’image « dieux du stade ».
On a complètement changé l’esthétique, et sans doute les messages, de ce qu’était devenu l’olympisme, dont l’attrait déclinait du reste.
Paris montrait dès la cérémonie d’ouverture qu’elle allait exploser ces conventions vieillies, par trop inadéquates, devenues des copies de parades militaires, de Berlin à Moscou et Pékin, caricatures des Olympiades grecques.
Cela que Paris a osé, avec et grâce au monde de la culture qu’on ne saurait trop remercier et applaudir, ce qui a fait hurler aussitôt l’extrême-droite et pâlir la droite - cf la honteuse campagne Dati contre Paris soi-disant devenu une horreur à cause d’Hidalgo.
Le monde des arts et de la culture a réussi à montrer que Paris est encore la plus belle ville du monde, et que le rayonnement universel de la France n’est pas forcément éteint malgré tout ce que l’on sait et qui nous désole de nos chefs politiques et du cours du monde.
Français encore un effort !
Soyons dignes de notre histoire et merci aux artistes et aux sportifs qui offrent de si beaux spectacles.
Je n’ai jamais regardé les exploits sportifs dans les stades. Je les fuis même. Mais là ce sont juste de beaux spectacles, en coupant le son de la télé de préférence.
Images encore, un événement populaire; cyclisme au Louvre, on croit rêver; montée de la rue Lepic ...
Macron assistant aux JO : " Il y a un perdant : c'est l'esprit de défaite " ! Les JO telles que vues par Plantu
Les journalistes français, toutes chaines-TV confondues, prédisaient l'échec pour ces JO et prétendaient que les Français et plus particulièrement les Parisiens n'y adhéreront pas; et même que nombreux seront ceux qui quitteraient Paris et la gêne qu'occasionneront ces jeux aux riverains ...
Et voilà que devant le succès national et mondial de ces JO, certains de ces journalistes rétropédalent et tentent de comprendre et de nous expliquer l'engouement imprévisible des Français pour leurs JO !
Quant aux journalistes anglais, en demi teinte ils admirent l'organisation des JO, la réussite de la cérémonie d'ouverture et l'engouement des Français pour leurs JO; auxquels un grand journal anglais accorde même la médaille d'or pour un peuple réputé râleur mais qui a su oublier l'être durant les jeux pour y adhérer massivement et s'enthousiasmer pour les sportifs.
R.B
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Fin de l’épisode olympique. Fin magnifique d’un épisode magnifique. J’étais loin de Paris mais rivé de longues heures devant ma télé. Et j’ai vibré sans réserve…
Bien sûr, la cérémonie de clôture n’a pas été à la hauteur de celle d’ouverture avec beaucoup de longueurs et des contraintes protocolaires pesantes. Mais l’enthousiasme populaire était là et la fraternité internationale des athlètes émouvante.
Souvenons-nous comment ça a commencé avec cette incroyable cérémonie d’ouverture.
Pourtant que de commentaires alarmistes auparavant ! ( je me souviens de l’avis d’un soi-disant expert en sécurité, vous savez ces personnes qui gagnent des sommes folles auprès des entreprises privées pour qu’elles aient le “privilège” de bénéficier de leur « conseil », un dénommé Alain Bauer qui voyait dans cette cérémonie une « folie criminelle » ! ).
Et que de polémiques ridicules, grotesques même après cette cérémonie, les uns, sans doute accrocs au martyre, voyant dans une scène autour de Dyonisos, dieu grec du vin et de la fête en pleine agapes païennes, un détournement «scandaleux » du tableau de Vinci, « La Cène » représentant Jesus et ses disciples ! Cet imbécile de milliardaire trumpiste, Elon Musk y voyant même « un extrême manque de respect envers les chrétiens » …
Arrêtons-nous sur cette polémique qui en dit long : et si cela avait été une satire de La Cène ? Pourquoi pas, en effet, ironiser aussi sur la religion chrétienne ? L’Esprit Charlie ce n’est pas la satire d’une religion, l’islam, mais de toutes les religions sans exception. C’est la liberté d’expression sans autre limites que celles du droit. Belle occasion de démasquer ces faux laïcs qui ne le sont que face à l’islam …. et il est dommage qu’une fois de plus Jean-Luc Melenchon ait saisi l’occasion de s’éloigner un peu plus de cette laïcité qu’il défendait avec ardeur il y a encore quelques années en déclarant : « à quoi bon risquer de blesser les croyants? ». Jean-Luc sait pourtant encore faire preuve de radicalité pour défendre ses convictions, non ?
D’autres, mais ce sont souvent les mêmes, ont vu dans cette cérémonie le triomphe du wokisme sous prétexte que le metteur en scène avait convoqué des drag-queens pour célébrer l’amour sans tabou. Et quoi !? On n’aurait plus le droit de préférer un dieu grec au dieu des chrétiens ?? Tant de révérences à l’égard des monothéismes feraient-elles désormais des polythéistes les nouveaux hérétiques ??
Moi j’y ai vu l’expression du génie français, un mélange savoureux de créativité audacieuse, d’esthétisme accompli et d’universalisme bien compris. De cet universalisme républicain qui consiste à rejeter toute discrimination en refusant de définir tout citoyen à partir de sa couleur de peau, sa religion, ses opinions politiques, son sexe ou son orientation sexuelle. Tout l’inverse du wokisme justement, qui rabâche sans cesse ces catégories pour les cumuler, les analyser, les croiser et, finalement, les rendre incontournables.
Mais revenons aux Jeux Olympiques.
Une cérémonie d’ouverture magnifique, éblouissante, émouvante malgré quelques longueurs dommageables mais qui a fait honneur à la France (a-t-on encore le droit de dire ce genre de choses ?) et qui surtout a sublimement magnifié Paris. Bien que vivant dans le Sud-Ouest depuis 40 ans, j’aime notre capitale et j’ai été très ému de voir sa beauté mise en valeur aussi spectaculairement.
Et l’organisation matérielle des Jeux, ensuite, sur les sites les plus majestueux de Paris a prolongé ce sentiment : les Jeux de Paris, dans Paris, au cœur de Paris ont été éblouissants.
La fête a été à la hauteur de l’événement, le public français enthousiaste a fait preuve de ce chauvinisme joyeux et de bon aloi, la France entière a vécu ces Jeux dans une atmosphère joyeuse et fraternelle. Hommes et femmes, athlètes, championnes et champions ont provoqué l’enthousiasme et l’admiration, mon rugby du sud-ouest ouvrant à merveille la course aux médailles d’or. Nous avons vibré, criant notre joie aux victoires lumineuses, étouffant notre déception devant les défaites injustes (elles le sont toutes, n’est-ce pas ?), écrasant nos larmes devant la détresse de telle ou tel. On ne pensait qu’à ça ….
La « trêve olympique » n’a jamais si bien porté son nom. Puisse-t-elle durer … un peu ?