PURETÉ ET
IMPURETÉ, OU COMMENT LES DÉESSES SONT TOMBÉES DE LEUR PIÉDESTAL !
Il fut un
temps où les dieux étaient des déesses tant la femme intriguait les hommes par
ses menstrues, par ses accouchements, par son allaitement, par la vie qu'elle
donne .... toutes ces choses lui conférant un pouvoir mystérieux dont les
hommes, n'en comprenant rien, ont fini par la déifier !
L'homme enviant le pouvoir de la femme, va finir par la jalouser et essayer de le lui ravir. Et que
mieux pour l'écarter du Temple que de l'accuser de le souiller par ses
menstrues qu'il jugera impures pour justifier sa déchéance ?
Les
religions monothéistes vont "affiner" cette notion d'impureté,
jusqu'à accabler la femme de tous les maux de la terre ! L'un des mythes fondateurs des religions monothéistes n'est-il pas révélateur
du désir des hommes d'écarter les femmes de tout pouvoir "religieux"
? Ève * s'est rendue coupable de l'expulsion d'Adam du paradis pour lui avoir
"ouvert" les yeux sur son pouvoir de reproduction en le séduisant,
lui faisant perdre son innocence en lui offrant la pomme de la Connaissance ! Ce qui a provoqué la colère de Dieu qui les a condamnés à souffrir sur terre pour racheter leur faute pour pouvoir regagner le paradis.
Ce mythe
constituera le Péché Originel, fondement des religions monothéistes, dont la
femme sera châtiée éternellement en lui rappelant son impureté, et en sera punie par la douleur lors de ses accouchements. Quand à l'homme, il lui sera rappelé par l'apparition de la pomme d'Adam, à sa puberté.
Voilà
comment l'homme a fini par prendre l’ascendant sur la femme en prenant le contrôle de son corps; jusqu'à lui nier le
droit de vivre que certains extrémistes poussent à la mise à mort
symbolique, en l'affublant vivante de son linceul; sinon par la mort
effective !
Le voile, est le symbole de cette domination des femmes par les hommes qui ont pris le contrôle de leur utérus et se sont appropriés leur corps.
Qu'en pensent les femmes d'aujourd'hui ? Les féministes ont compris la
supercherie des hommes et commencent à dénoncer le procès d'impureté qui leur est fait par les barbus des trois religions monothéistes, pour combattre la
phallocratie et son pendant, le régime patriarcal qu'ils leur imposent !
R.B
* Mythe lui même repris aux grecs. La Vénus de Milo serait Aphrodite, la déesse de l'amour. Elle présenterait une pomme à Pâris, la célèbre pomme de discorde dont il sera victime. Pomme qui deviendra Le fruit défendu dans les religions monothéistes, que croquera Adam et qui causera sa perte du paradis.
PETITE
HISTOIRE DU VOILE
La première preuve textuelle du
port du voile vient de la Mésopotamie où le culte de la
déesse Ishtar est associé avec la prostitution sacrée. Ishtar,
nom akkadien de la déesse, est représentée voilée. Dans un hymne, l’Exaltation
d’Inanna (nom sumérien donné à Ishtar), écrit vers 2300
avant J.C. par le grand prêtre du dieu de la Lune à Ur, cette déesse est
appelée hiérodule (prostituée sacrée) d’An, An étant le
plus ancien dieu des Sumériens.
Le premier
document légal, qui mentionne les prostituées sacrées (ou hiérodules), est le
Code d’Hammourabi qui date de 1730 av. J.-C. 10
Une loi de
Téglath-Phalasar Ier (Tiglath-Pileser sous la forme hébraïque,
Tukulti-apil-Esharra en assyrien), roi d'Assyrie de 1116 à 1077 av. J.-C.,
réglemente le port du voile (tablette A 40) : "Les femmes mariées […] qui
sortent dans la rue n’auront pas leur tête découverte. Les filles d’hommes
libres seront voilées. La concubine qui va dans les rues avec sa maîtresse sera
voilée. La prostituée ne sera pas voilée, sa tête sera découverte. Qui voit une
prostituée voilée l’arrêtera […]. Les femmes esclaves ne sont pas voilées et
qui voit une esclave voilée l’arrêtera." 11
L'usage du
voile existe dans le monde gréco-romain, chez les Celtibériens, les Mèdes, les
Perses (les reines achéménides - 556 à 330 avant J.-C. - portent déjà le
tchador 1), les Arabes, les peuples de l’Asie
Mineure. 12
En Palestine,
du temps de Jésus, les femmes portent le voile.
Paul, dans
la Première Epître aux Corinthiens (11,2-16), insiste sur la
nécessité pour la femme de se couvrir la tête quand elle prie ou prophétise. La
femme doit porter un voile à l'assemblée du culte, exprimant par ce symbole que
sa dignité chrétienne ne l'a pas affranchie de sa dépendance à l'égard de son
mari, ni du second rang qu'elle occupe encore dans l'enseignement officiel :
elle ne doit pas parler à l'Église, c'est-à-dire qu’elle ne
peut enseigner (I Corinthiens 14,34 ; I Timothée 2,12)
; tel est le "commandement du Seigneur" reçu par Paul (I Co 14,37).
Lin, successeur de Pierre comme évêque de Rome vers 67,
interdit aux femmes d'assister nu-tête aux assemblées.
En 213,
dans De Virginibus velandis (Du voile des vierges), Tertullien
(vers 155-222), théologien chrétien de Carthage, demande aux jeunes filles de
porter le voile hors de chez elles, comme les femmes mariées. Il ajoute : «
Femme, tu devrais toujours porter le deuil, être couverte de haillons et abîmée
dans la pénitence, afin de racheter la faute d’avoir perdu le genre humain. »
Depuis octobre
1964, les femmes sont autorisées à entrer tête nue dans les églises catholiques
; auparavant elles étaient tenues de porter une voilette (fixée au chapeau) ou
une mantille (dentelle) ou un foulard (carré) ou un fichu (triangulaire).
L'obligation pour les femmes de se couvrir la tête n'apparaît plus dans le code
de droit canonique de 1983.
Dans la
tradition religieuse chrétienne monastique, le voile de la religieuse signifie
qu'elle se sépare du monde pour une plus grande intimité avec Dieu. Le
pape Léon Ier (440-461) décrète que l'on ne
donnerait aux religieuses le voile sacré qu'après qu'elles auraient gardé la
virginité jusqu'à l'âge de quarante ans (âge canonique).
On peut lire
dans le Coran dont le texte officiel est établi
vers 650 :
"Commande
aux femmes qui croient de baisser leurs yeux et d'être chastes, de ne découvrir
de leurs ornements que ce qui est en évidence, de couvrir leurs seins de voile,
de ne faire voir leurs ornements qu'à leurs maris ou à leurs pères, ou aux
pères de leurs maris, à leurs fils ou aux fils de leurs maris, à leurs frères
ou aux fils de frères, aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes de ceux-ci, ou à
leurs esclaves acquêts de leurs mains droites, ou aux domestiques mâles qui
n'ont point besoin de femmes, ou aux enfants qui ne distinguent pas encore les
parties sexuelles d'une femme. Que les femmes n'agitent point les pieds de
manière à faire voir les ornements cachés. Tournez vos cœurs vers Dieu, afin
que vous soyez heureux." (Sourate XXIV, 31) 3
"Et dis
aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne
montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur voile sur
leurs poitrines ; et qu'elles ne montrent leurs atours qu'à leurs maris, ou à
leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs
maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs
sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu'elles possèdent, ou aux domestiques
mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties
cachées des femmes. Et qu'elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que
l'on sache ce qu'elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant
Allah, Ô croyants, afin que vous récoltiez le succès." (XXIV, 31) 4
"O
Prophète ! Prescris à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants,
d’abaisser un voile sur leur visage. Il sera la marque de leur
vertu et un frein contre les propos des hommes. Dieu est indulgent et
miséricordieux." (Sourate XXXIII, 57) 3
"Ô
Prophète! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de
ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et
éviteront d'être offensées. Allah est Pardonneur et Miséricordieux."
(XXXIII, 59) 4
Les passages
du Coran relatifs au port du voile ont été diversement
interprétés selon les écoles juridiques, les époques et les régions.
Selon la
tradition, Zainab, une des épouses du Prophète, étant sortie une nuit de 626
pour satisfaire un besoin naturel et ayant été importunée par des guerriers,
Muhammad recommanda aux femmes de se voiler pour qu’elles pussent être
reconnues comme telles et respectées.
"Tout le
corps de la femme est awra (à cacher) excepté ses mains et son visage" est
invoqué par la majorité des théologiens sunnites, chiites et ibadites, pour
justifier l'obligation de voilement.
"Chez Abû
Dâwûd on lit : "Aïsha a rapporté que sa sœur Asmâ est rentrée chez le
Prophète avec des vêtements légers. Le Prophète se détourna d'elle et lui dit :
ô Asmâ lorsque la femme atteint la puberté, elle n'a le droit de dévoiler que
ça et ça en désignant le visage et les mains". Ce hadîth n'est pas faible
comme prétendent certains : le Muhaddith Al-Albâny l'a mentionné dans les hadiths
authentiques des Sunan d'Abû Dâwûd en le désignant par authentique / sahîh. Il
l'est, également, par l'aval de Dahaby, Bayhiqy, Ahmad ; pourtant il n'est pas
le seul hadîth à ce sujet." 5
Les femmes
doivent obéir aux hommes :
"Les
hommes sont supérieurs aux femmes en raison des qualités par lesquelles Dieu a
élevé ceux-là au-dessus de celles-ci, et parce que les hommes emploient leurs
biens pour doter les femmes. Les femmes vertueuses sont obéissantes et soumises
; elles conservent soigneusement pendant l'absence de leurs maris ce que Dieu a
ordonné de conserver intact. Vous réprimanderez celles dont vous aurez à
craindre l'inobéissance ; vous les reléguerez dans des lits à part, vous les
battrez ; mais aussitôt qu'elles vous obéissent, ne leur cherchez point
querelle. Dieu est élevé et grand". (Sourate IV, 38) 3
"Les
hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu'Allah accorde à
ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu'ils font de leurs
biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce
qui doit être protégé, pendant l'absence de leurs époux, avec la protection
d'Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les,
éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous
obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes, Haut
et Grand !" (Sourate IV, 34) 4
En 1516,
l'empereur ottoman, Selim Ier, impose le port du voile aux femmes de Syrie :
noir et blanc pour les musulmanes, jaune pour les juives et rouge pour les
chrétiennes 1.
En 1923, au
Caire (Egypte), Huda Sharawi, présidente de l'Union féministe, et ses amies,
qui reviennent du Congrès féministe mondial tenu en Italie, retirent leur voile
et sont acclamées par le peuple.
Le 27 août
1925, Mustapha Kemal, président de la République turque, déclare (Discours dit
"du chapeau" 8), entre
autres : « En certains endroits, j'ai vu des femmes qui mettent un bout de
tissu, une serviette ou quelque chose de ce genre sur leur tête pour cacher
leurs visages, et qui tournent le dos ou s'accroupissent sur le sol lorsqu'un
homme passe auprès d'elles. Que signifie ce comportement ? Messieurs, la mère
et la fille d'une nation civilisée peuvent-elles adopter ces étranges façons,
cette posture barbare ? C'est un spectacle qui couvre la nation de ridicule. Il
faut y remédier sur-le-champ. »
En 1934, le
droit de vote est accordé aux femmes mais le port du voile est prohibé dans les
administrations et les écoles publiques ; il est déconseillé fortement dans
tous les lieux publics.
Nathalie
Clayer, historienne à l'EHSS, explique : "Mustafa Kemal n'a jamais
interdit la burka ; il y a eu à son époque des campagnes antivoile, menées
d'ailleurs surtout au niveau local, sans véritable coordination, touchant
surtout les élites."
En 1928, les
Afghanes et les Persanes peuvent se promener tête nue (le port du voile est
facultatif).
Par décret
royal du 21 mars 1935, Reza, Shah d’Iran, interdit le port du voile en public.
A compter du 7
janvier 1936 (7 dey 1315), le voile est interdit en tous lieux, dans la rue
comme dans les universités. Reza Shah demande à la reine et à ses filles, les
princesses Ashraf et Shams, de donner l'exemple. La police iranienne arrache
aux femmes réticentes le tchador traditionnel.
En mars 1979,
l’ayatollah Khomeyni proclame que toutes les femmes travaillant dans
l'administration doivent porter le hijab. Par la suite, des manifestations de
proclamation de femmes des classes moyennes et hautes, contre le port du voile,
alternent avec les manifestations de femmes traditionnelles, qui militent pour
le respect de la tenue islamique. Par la suite, les commerçants sont invités à
ne pas accepter les femmes sans foulard islamique, et finalement, pendant le
printemps et l'été 1982, une campagne vigoureuse est lancée par les pasdaran
pour faire respecter la règle dans chaque ville ou village 2.
Au Maroc, à
l'avènement de l'indépendance en 1956, le roi Mohammed V demande à sa propre
fille d'ôter son voile en public pour marquer la libération de la femme.
En Tunisie, le
10 janvier 1957, Habib Bourguiba interdit le port du hijab dans les écoles.
Le décret 108,
promulgué en 1981, interdit le port du voile dans l'administration publique et
déconseille fortement aux femmes de le porter en public.
Au cours des
dernières années de la guerre d'Algérie, les Français, sans grand succès,
organisent des cérémonies de dévoilement collectif pour démontrer l'œuvre
civilisatrice de la France en Algérie en faveur de l'émancipation des femmes
algériennes 6.
En mai 2000,
en Afghanistan, les talibans exigent des femmes (y compris les non-musulmanes)
le port du voile.
En Syrie, le
18 juillet 2010, le ministre de l'Education supérieure publie le décret
interdisant aux étudiantes des universités de porter la burqa ou le niqab.
Les autorités
musulmanes du Kenya affirment qu'elles continueront à s'opposer à la décision
prise par les évêques qui ont annoncé le 19 août 2011 que les élèves de leurs
écoles catholiques ne sont pas autorisées à porter le hijab. "Si vous
voulez envoyer votre enfant dans une école catholique, alors il faut en
accepter les règles" déclare l'évêque Mgr Maurice Crowley, du diocèse de
Kitale, lors d'une conférence de presse à Nairobi 9.
Le 17 juin
2015, le Premier ministre du Tchad, Kalzeube Pahimi Deubet, annonce que
"le port de la burqa, ou tout autre système de port de turban où on ne
voit que les yeux (...) est désormais interdit dans les lieux publics par
mesure de sécurité, afin d'éviter la dissimulation d'explosifs".
Différents voiles portés par les musulmanes
En usage surtout en ville, le voile intégral est
généralement ignoré dans les villages et chez les nomades ; il est souvent
remplacé par un foulard cachant cou, gorge et cheveux.
Il existe plusieurs sortes de voiles, intégraux
ou partiels, portés par les musulmanes :
- burqa ou burka (long voile, bleu ou marron, couvrant
complètement la tête et le corps de la femme, avec une grille de coton devant
les yeux, et remplaçant le tchador) en Iran et Afghanistan ; la burqa est
appelée parandjah (ou parandja)
en Asie centrale,
- tchador ou tchadri (mot persan ; il ne couvre pas le bas du
pantalon des femmes et est adapté pour que les femmes puissent sortir leurs
bras pour faire le marché, par exemple ; les mains sont visibles ; certains
types de tchadri sont même ouverts par devant, légèrement en dessous de la
taille, laissant paraître robe et pantalon ; en Iran, en Inde ; il est porté en
Afghanistan depuis plus de 1.000 ans),
- niqab (grand drap ne laissant apparaître que les
yeux) en Arabie Saoudite,
- sitar (rideau en arabe ; voile qui complète le niqab en
couvrant les yeux d'un voile assez fin pour que la femme ainsi couverte puisse
voir au travers sans que ses yeux ne puissent être vus des autres ; il peut
aussi simplement compléter le jilbab : voir plus loin)
- hijab en Arabie ou hijeben dans
les pays du Maghreb (voile cachant les cheveux, les oreilles et le cou et ne
laissant voir que l’ovale du visage) ; le hijab est appelé kichali aux
Comores, Tudung (en
Malaisie) et Ibadou (au
Sénégal),
- haïk en Afrique du Nord (grande pièce de laine ou
de coton, blanche ou noire, dissimulant les formes du corps et voilant le
visage),
- sefseri ou safsari ou sefsari en Tunisie (voile traditionnel composé
d'une large pièce d'étoffe blanche ou jaune couvrant tout le corps de la femme,
en soie naturelle, en coton ou en satin),
- abaya (de couleur noire, elle doit couvrir le
corps sauf le visage, les pieds et les mains ; elle peut être portée avec
le niqab qui
couvre tout le visage sauf les yeux) en Arabie Saoudite et dans les pays du
Golfe persique,
- tcharchaf (voile noir léger dissimulant le visage des femmes
turques),
- jilbab (foulard cachant les cheveux, les oreilles
et le cou) en Indonésie ; il n'a rien à voir avec le jilbab utilisé
par les Saoudiennes (longue robe, souvent noire, couvre l'intégralité du corps
mais ne cache pas le visage)
Le voile s’appelle aussi litham ou lithem (cache-nez)
ou encore khimbr,
terme générique désignant tout ce qui couvre la tête.
La laïcité française et les signes religieux
A l'automne 1989, des élèves musulmanes refusent
de se rendre en classe sans leur foulard ; des proviseurs s'y opposent,
invoquant le principe de la laïcité de l'école publique.
Le 27 novembre 1989, le Conseil d’Etat rappelle
que, si le port par les élèves de signes par lesquels ils manifestent leur
appartenance à une religion n’est pas incompatible avec le principe de la
laïcité, cette liberté ne permet pas aux élèves d’arborer des insignes
d’appartenance religieuse qui constitueraient un acte de pression, de
provocation, de prosélytisme ou de propagande.
Le 2 novembre 1992, le Conseil d’Etat revendique
pour chacun "l'exercice de la liberté d'expression et de manifestation de
croyances religieuses" et fait valoir que "le port d'insignes
religieux n'est pas a priori une entorse à la laïcité, à condition que les
personnes concernées s'interdisent tout prosélytisme et remplissent normalement
leurs obligations scolaires, sans troubler l'ordre public".
Le 20 septembre 1994, une circulaire du ministre
de l’Education, François Bayrou, distingue les "signes religieux
ostentatoires par principe interdits et les signes discrets" qui sont
admis.
De 1994 à 1998, on dénombre quatre cent cas de
port du foulard islamique.
Le 14 février 2000, le Conseil d’Etat considère
que "l’exercice de la liberté d’expression et de manifestation de
croyances religieuses ne fait pas obstacle à la faculté pour les chefs
d’établissement, et le cas échéant les enseignants, d’exiger des élèves le port
de tenues compatibles avec le bon déroulement des cours, notamment en
gymnastique et en technologie".
Les proviseurs qui veulent interdire le port du
foulard islamique, motivent l’exclusion par le prosélytisme et par
l’absentéisme : en effet, les porteuses de voile refusent de participer aux
cours d’éducation physique et de natation et d’assister à certains cours de
sciences naturelles.
Le 19 juin 2003, la cour d’Appel de Paris
confirme la décision du Conseil des prud’hommes du 17 décembre 2002 ordonnant
la réintégration d’une employée portant le foulard islamique.
La Loi 2004-228 du 15-3-2004, précisée par la
circulaire du 18-5-2004 (J.O. du 22), interdit le port de signes ou de tenues
manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées
publics :
« Article 2.1. La loi interdit les signes et les
tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse. Les signes
et tenues qui sont interdits sont ceux dont le port conduit à se faire
immédiatement reconnaître par son appartenance religieuse tels que le voile
islamique, quel que soit le nom qu'on lui donne, la kippa ou une croix de
dimension manifestement excessive. La loi est rédigée de manière à pouvoir
s'appliquer à toutes les religions (les turbans des sikhs sont
également visés, ndlr) et de manière à répondre à l'apparition de nouveaux
signes, voire à d'éventuelles tentatives de contournement de la loi. La loi ne
remet pas en cause le droit des élèves de porter des signes religieux discrets.
Elle n'interdit pas les accessoires et les tenues qui sont portés communément
par des élèves en dehors de toute signification religieuse. En revanche, la loi
interdit à un élève de se prévaloir du caractère religieux qu'il y attacherait,
par exemple, pour refuser de se conformer aux règles applicables à la tenue des
élèves dans l'établissement. »
De septembre 2004 à janvier 2005, 48 élèves sont
exclus de leur établissement pour non-respect de la loi précitée 7.
La LOI n° 2010-1192 du 11 octobre 2010
interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public est publiée au JORF
n°0237 du 12 octobre 2010 :
"Article 1 : Nul ne peut, dans l'espace
public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage.
Article 2 :
I. Pour l'application de l'article 1er, l'espace
public est constitué des voies publiques ainsi que des lieux ouverts au public
ou affectés à un service public.
II. L'interdiction prévue à l'article 1er ne
s'applique pas si la tenue est prescrite ou autorisée par des dispositions
législatives ou réglementaires, si elle est justifiée par des raisons de santé
ou des motifs professionnels, ou si elle s'inscrit dans le cadre de pratiques
sportives, de fêtes ou de manifestations artistiques ou traditionnelles.
Article 3 : La méconnaissance de l'interdiction
édictée à l'article 1er est punie de l'amende prévue pour les contraventions de
la deuxième classe. L'obligation d'accomplir le stage de citoyenneté mentionné
au 8° de l'article 131-16 du code pénal peut être prononcée en même temps ou à
la place de la peine d'amende.
Article 4 : Après la section 1 bis du chapitre V
du titre II du livre II du code pénal, il est inséré une section 1 ter ainsi
rédigée : "Section 1 ter "De la dissimulation forcée du visage.
"Art. 225-4-10. - Le fait pour toute personne d'imposer à une ou plusieurs
autres personnes de dissimuler leur visage par menace, violence, contrainte,
abus d'autorité ou abus de pouvoir, en raison de leur sexe, est puni d'un an
d'emprisonnement et de 30 000 € d'amende. Lorsque le fait est commis au
préjudice d'un mineur, les peines sont portées à deux ans d'emprisonnement et à
60 000 € d'amende."
Article 5 : Les articles 1er à 3 entrent en
vigueur à l'expiration d'un délai de six mois à compter de la promulgation de
la présente loi (11 avril 2011, ndlr)."
Le 1er juillet 2014, la Cour européenne des
droits de l'Homme (CEDH) a jugé "légitime" l'interdiction du voile
intégral en France et rejeté la requête d'une Française, adepte du niqab et de
la burqa, qui contestait la loi de 2010. La Cour a souligné que "la
préservation des conditions du vivre ensemble était un objectif légitime"
des autorités françaises, qui disposent à cet égard d'une "ample marge
d'appréciation", et que, par conséquent, la loi française de 2010 n'était
pas contraire à la convention européenne des droits de l'Homme.
En Belgique, la loi, adoptée en avril 2011 par le
Parlement et entrée en vigueur le 23 juillet, prévoit que les personnes
qui se "présenteront
dans l'espace public le visage masqué ou dissimulé, en tout ou en partie, par
un vêtement de manière telle qu'ils ne soient plus identifiables seront punis
d'une amende" (137,50 euros) et/ou d'une peine de prison de un à sept
jours.
Citations
Les femmes grecques, lorsqu'elles sortaient, se
voilaient le visage au moyen d'un coin de leur péplum ou de la draperie appelée
credemnon, calyptra, etc., usage encore soigneusement conservé par les femmes
d'Orient (...) Les plus anciens auteurs grecs parlent de voiles. Hésiode en a
paré Pandore. Pénélope parait voilée devant ses prétendants. Phèdre, dans ses
ardeurs, supporte impatiemment son voile. Les femmes thébaines avaient un voile
d'une sorte particulière ; elles se l'appliquaient exactement sur la figure
comme un masque et le perçaient de deux trous pour les yeux. Chez les
Spartiates, les jeunes filles paraissaient en public découvertes ; les femmes
mariées seules se voilaient. Toutefois, dans l'antiquité, les femmes obtinrent
parfois quelque extension à leurs droits de coquetterie, et l'on voit par des
médailles et des pierres gravées qu'elles s'entouraient la tête d'un voile,
sans toujours s'en couvrir le visage ; femmes et jeunes filles devaient
pourtant être voilées quand elles sortaient. Leurs voiles étaient d'ordinaire
teints en rouge ou en pourpre. L'usage du voile existait aussi chez les
Celtibériens, chez les peuples de l'Asie Mineure, les Mèdes, les Perses, les
Arabes, etc. (…) Le voile fut adopté et conservé par les femmes chez les
premiers chrétiens. Elles avaient la tête voilée, non-seulement quand elles
sortaient, mais pour prier et prophétiser. Mais le voile, flammeum
virginale, fut surtout l'insigne des vierges. Les évêques
consacraient les vierges par l’imposition du voile. Il était simple, court,
sans ornements, en laine pourpre. Quelques-unes cependant en portaient de
flottants, de couleur violette (…) Les femmes au moyen âge firent souvent usage
du voile comme principal ornement de coiffure, notamment au IXe siècle, ou il
enveloppait les épaules et descendait presque à terre ; au XIe, ou elles s'en
paraient surtout le dimanche pour aller à l'église. Le voile s'appelait alors
le dominical, et les statuts synodaux enjoignaient de l'avoir sur la tête quand
on allait communier.
(Grand
Dictionnaire Universel du XIXe siècle. Pierre Larousse)
Le "foulard islamique" : quelle fichue
histoire !
Celles qui mettent le voile n'ont pas forcément
envie de mettre... les voiles. (Autocitations,
Jean-Paul Coudeyrette)
Notes
1 L'Histoire des Papes et des Saints, n°8, avril 2010, Ed. SENO.
2 http://dictionnaire.sensagent.com/tchador/fr-fr/
3 Le Coran.
Traduction de Kasimirski. GF Flammarion 1970 ;
http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Koran_%28Traduction_de_Kazimirski%29
4 http://www.coran-en-ligne.com/coran-en-francais ;
html ; http://quran.al-islam.com/frn/
5 Cheikh Tahar Mahdi Ben Belkacem :
http://www.taharmahdi.fr/articles.php?lng=fr&pg=216
6 Todd Shepard, La bataille du voile pendant la guerre
d'Algérie, in Le foulard islamique en questions, sous la direction
de Charlotte Nordmann, Paris, éditions Amsterdam, 2004
7 Quid 2007
8 Jean-François Solnon, Le turban et la
stambouline, extrait du Discours du chapeau du 27 août 1925 par Mustapha
Kemal Pacha Ataturk, P561
9 http://infocatho.cef.fr/fichiers_html/archives/deuxmil11sem/semaine34/210nx342afriquec.html
10 http://www.questionsenpartage.com/le-voile-une-histoire-qui-commence-avec-la-prostitution-sacr%C3%A9e-en-assyrie
11 Odon
Vallet, Le
Dieu du croissant fertile.
12 "VOILE
s. m. [.] Encycl. Les femmes grecques, lorsqu'elles sortaient, se voilaient le
visage au moyen d'un coin de leur péplum ou de la draperie appelée credemnon,
calyptra, etc., usage encore soigneusement conservé par les femmes d'Orient.
Les voiles grecs étaient d'une étoffe légère et transparente, fabriquée dans
les îles de Cos et d'Amorgos, en Lydie, à Tarente et à Siris, d'où ils prenaient
le nom de coa, amorgina et sirina. Cette étoffe se faisait avec la plus belle
espèce de lin, le byssus. Les voiles phéniciens étaient teints en pourpre, et
on en exportait dans la Grèce. Les plus anciens auteurs grecs parlent de
voiles. Hésiode en a paré Pandore. Pénélope paraît voilée devant ses
prétendants. Phèdre, dans ses ardeurs, supporte impatiemment son voile. Les
femmes thébaines avaient un voile d'une sorte particulière ; elles se
l'appliquaient exactement sur la figure comme un masque et le perçaient de deux
trous pour les yeux. Chez les Spartiates, les jeunes filles paraissaient en
public découvertes; les femmes mariées seules se voilaient. Toutefois, dans
l'antiquité, les femmes obtinrent parfois quelque extension à leurs droits de
coquetterie, et l'on voit par des médailles et des pierres gravées qu'elles
s'entouraient la tête d'un voile, sans toujours s'en couvrir, le visage ;
femmes et jeunes filles devaient pourtant être voilées quand elles sortaient.
Leurs voiles étaient d'ordinaire teints en rouge ou en pourpre. L'usage du
voile existait aussi chez les Celtibériens, chez les peuples de l'Asie Mineure,
les Mèdes, les Perses, les Arabes, etc. Dans les cérémonies nuptiales des Grecs
et des Romains, la fiancée était couverte d'un voile. Se voiler, s'envelopper
la tête était un signe de deuil, dans l'antiquité. Certaines cérémonies
religieuses, le respect dû à certaines divinités exigeaient aussi le voile à
Rome et en Grèce. Enée se voile pour sacrifier à Minerve, Œdipe pour prier les
Euménides ; les vestales ont la tête couvertes du suffibulum (un long voile
blanc qui, s’étendant le long du corps, était retenu par une boucle au-dessous
du menton, ndlr) pour offrir leurs sacrifices. Les voiles de deuil des Grecs
étaient de couleur noire ; ceux, des Romains étaient blancs. Aux funérailles,
chez ces derniers, les fils sont voilés lorsque c'est le père qui est mort, et
les filles ont, au contraire, la tête découverte. Les hommes, à Rome, sortaient
souvent aussi la tête enveloppée pour toutes sortes de motifs, soit pour ne pas
être reconnus ou dérangés, soit pour raison de santé. Toutefois, quand ils
rencontraient alors quelque personnage important, ils devaient par respect se
découvrir. Le voile fut adopté et conservé par les femmes chez les premiers
chrétiens. Elles avaient la tête voilée, non-seulement quand elles sortaient,
mais pour prier et prophétiser. Mais le voile, flammeum virginale, fut surtout
l'insigne des vierges. Les évêques consacraient les vierges par l'imposition du
voile. Il était simple, court, sans ornements, en laine pourpre. Quelques-unes
cependant en portaient de flottants, de couleur violette. Le voile et la prise
de voile jouent encore aujourd'hui le même rôle dans les congrégations de
femmes qu'aux premiers siècles du christianisme. Les femmes au moyen âge firent
souvent usage du voile comme principal ornement de coiffure, notamment au IXe
siècle, où il enveloppait les épaules et descendait presque à terre ; au XIe,
où elles s'en paraient surtout le dimanche pour aller à l'église. Le voile
s'appelait alors le dominical, et les statuts synodaux enjoignaient de l'avoir
sur la tête quand on allait communier. Au XIIIe siècle, les chaperons, les
chapels rivalisèrent avec les voiles dans le costume des femmes. A partir de
cette époque, l'importance des voiles diminua, et ils commencèrent à devenir ce
qu'ils sont actuellement. Les voiles modernes, en étoffe transparente, gaze,
tulle, dentelle, servent à préserver le visage du froid ou de la poussière. Ils
sont de couleur blanche, noire, brune ou bleue. Toutefois, en Espagne et dans
tous les pays d'Amérique conquis par les Espagnols, le voile est resté la
coiffure nationale. Dans tous les pays mahométans, les femmes sont toujours
strictement voilées lorsqu'elles sortent..." (Grand Dictionnaire
Universel du XIXe siècle. Pierre Larousse. 1863-1890)