mardi 30 août 2016

Du voile au burkini, la stratégie subversive des islamistes

Lacordaire : " C'est la loi qui libère et parfois c'est la liberté qui opprime."


Afficher l'image d'origine

Mezri Haddad 

Du débat byzantin sur l'interdiction du voile dit islamique dans les écoles, à la controverse récente sur le port du burkini au bord des plages, que de chemin parcouru dans le "féminisme" islamiste, que de progrès politique et philosophique au pays des Lumières éteintes! Interdire ou autoriser à certaines femmes grenouilles de la "diversité" de se baigner aux côtés des femmes émancipées et décomplexées de la France profonde, est en effet une question hautement philosophique et éminemment politique, qui aurait passionné Jean-Paul Sartre et son Castor, non sans affliger Raymond Aron. Pour le moment, cette question mobilise le Conseil d'Etat, qui va devoir se prononcer sur la légalité des arrêtés municipaux l'interdisant. 

Cette régression intellectuelle et politique vertigineuse est inversement proportionnelle à la progression fulgurante de l'islamisme en France et de façon plus générale en Europe. Mieux encore, l'affaire du burkini, comme celles du voile, de la burka, des piscines exclusivement réservées aux vierges effarouchées, des caricatures de Mohamed, de la conférence du pape Benoît XVI à Ratisbonne, de la viande halal dans les cantines scolaires..., toutes ces affaires sont autant de batailles idéologiques et politiques engagées contre la République par les islamistes et plus exactement par les Frères musulmans. Ces affaires obéissaient à la même logique subversive et s'inscrivaient dans le combat contre la laïcité et contre la civilisation occidentale en général, selon une stratégie graduelle de conquête de la France, l'ex-fille aînée de l'Eglise que certains polygames voudraient marier au calife.

Dans cette guerre de l'obscurantisme contre les Lumières conduite par les Frères musulmans, qui est consubstantiellement et idéologiquement liée à l'autre guerre terroriste que mène Daech contre l'Occident, la stratégie de l'ennemi de l'intérieur est à la fois simple et redoutable: susciter le scandale, provoquer le débat pour en récolter les bénéfices médiatiques ou symboliques et éventuellement les acquis politico-juridiques. Déjà dans le bras de fer qui avait opposé les zélotes du voile aux gouvernants, ce sont les premiers qui avaient gagné la bataille et ce, malgré la loi votée sur l'interdiction du voile dans les établissements scolaires. Ce fut plus exactement une victoire à la Pyrrhus, puisqu'interdit dans les collèges et les lycées, le voile aggravé par la burka afghane a proliféré dans les rues, les établissements privés et même dans les universités, nonobstant la proscription de cette burka venue du fond des âges. Même ponctuellement et conjoncturellement défait, l'islamisme progresse donc et rien ne semble dissuader ses tenants enturbannés, qui dictent leurs lois dans les cités, ou en costume-cravate, qui font du marketing et de la communication sur les plateaux de télévision. 

Comble de la subversion et du cynisme, cette guerre à la fois symbolique, idéologique et politique n'est pas faite au nom de l'islam, ni même d'une prétendue réappropriation identitaire. Elle est déployée sous la double imposture de la liberté de conscience et des sacro-saints droits de l'homme dans lesquels Jean-Louis Harouel voit à juste titre "un avatar de la religion de l'humanité" devenue "mortelle aux Européens". Ces droits de l'homme sont surtout une arme dissuasive que l'islamisme aseptisé par la Turquie et financé par le Qatar utilise pour islamiser la France. 

On ne le dira jamais assez, l'islamisme, si "modéré" soit-il, n'est pas l'islam mais sa déviance théocratique et néofasciste. L'islamisme n'est pas la religion quiétiste pratiquée par la majorité des musulmans de ce pays, mais une "religion séculière" dans le sens que Raymond Aron assignait à ce terme en pensant au national-socialisme hitlérien et au communisme stalinien, à savoir une doctrine totalitaire et génocidaire.

Que dit précisément l'islam sur la prétendue obligation coranique de porter le voile? Rien de plus que ce que n'a prescrit le judaïsme antique ou le christianisme primitif. Dans la première Epître aux Corinthiens, Paul écrit que «Toute femme qui prie ou prophétise, le chef non voilé, fait honte à son chef (Dieu); c'est exactement comme si elle était une femme rasée. Si donc une femme ne se voile pas, qu'elle se tonde aussi! Mais s'il est honteux pour une femme d'être tondue ou rasée, qu'elle se voile !» En phase avec l'enseignement paulinien, Tertullien, l'auteur du De virginis velandi (Du voile des vierges), recommandait aux fidèles chrétiennes de porter le voile. Idem pour saint Augustin.

Dans le Coran, la question du voile n'est évoquée qu'en deux occurrences: primo, "Dis aux croyantes de baisser les yeux et de contenir leur sexe ; de ne pas faire montre de leurs agréments, sauf ce qui émerge, de rabattre leur fichu sur les échancrures de leur vêtement..." (sourate XXIV, 31); secundo, "Prophète, dis à tes épouses, à tes filles, aux femmes des croyants de revêtir leurs mantes: sûr moyen d'être reconnues (pour des dames) et d'échapper à toute offense" (sourate XXXIII, 59). Comme l'indiquait l'illustre Jacques Berque, à l'origine, "le port du voile distingue la femme libre des femmes de condition inférieure". 

L'égyptien Ashmawy a précisément consacré un ouvrage au problème du voile dit islamique, intitulé Vérité du voile et validité du Hadith, où on lit cette phrase troublante: "Ce n'est pas l'islam qui a imposé le voile à la femme, mais c'est plutôt le voile qui a été imposé et à l'islam et à la femme." Dans son magistral Notre femme. Dans la loi coranique et la société (1930), le tunisien Tahar Haddad écrivait: "Si l'usage du voile en était formellement ordonné et appuyé par le Prophète lui-même, il n'y aurait pas eu des controverses à ce sujet entre les jurisconsultes de l'islam parmi lesquels des contemporains du Prophète." C'est en profitant de cette brèche que Bourguiba, pour lequel "le voile n'est qu'un affreux torchon", a pu faire adopter dès 1956 un code du statut personnel révolutionnaire et résolument féministe. Caprice de l'Histoire, depuis l'irruption du "printemps arabe" et l'arrivée au pouvoir en Tunisie des Frères musulmans, voile et burka se sont métastasés, écoles et crèches islamistes ont proliféré et plusieurs cas de polygamie ont même été relevés. 

La bataille juridique qui se joue aujourd'hui devant le Conseil d'Etat sera déterminante, non seulement pour les valeurs dont est porteuse la France mais également pour l'avenir des musulmans dans ce pays. Dans leur écrasante majorité, ces derniers ne se reconnaissent ni dans le voile dit islamique, ni encore moins dans la burka ou le burkini, qui ne sont pas "un vêtement comme un autre", selon la fatwa islamo-trotskyste d'Edwy Plenel, mais les panneaux publicitaires ambulants de l'idéologie théocratique et totalitaire des Frères musulmans et la bannière noire de Daech. Consciemment ou involontairement, par cynisme ou par ignorance, des femmes acceptent d'être le vecteur de cette idéologie mortifère, néofasciste et résolument antiféministe, qui profite des lois libérales pour les phagocyter à moyens termes et les annihiler à long termes. 

Etant donné que le port du voile en général et de la burka ou du burkini en particulier procède beaucoup plus d'une recommandation islamique conjoncturelle que d'une obligation coranique immuable, attendu que le port du voile relève soit du prosélytisme islamiste, soit de l'exhibitionnisme identitaire, le législateur français doit l'interdire, pas seulement sur les plages mais dans tous les lieux publics. En République et même en Islam, la pudeur discrète est nettement préférable à la pudibonderie ostentatoire. En cela, Jean-Pierre Chevènement, qu'on ne peut accuser de réaction ou d'islamophobie, a eu raison de recommander aux musulmans la discrétion. 

Devant le dilemme suivant lequel interdire le burkini serait une atteinte à la liberté de conscience et l'autoriser serait une offense à la laïcité, une maxime de Lacordaire serait à méditer: "C'est la loi qui libère et parfois c'est la liberté qui opprime." Autant le dire clairement: si le Conseil d'Etat, pour des considérations droit-de-l'hommistes et des ratiocinations juridiques, invalide les arrêtés municipaux, ce serait une défaite des Lumières devant l'obscurantisme, une victoire symbolique, idéologique et politique des Frères musulmans et de leurs alliés daéchiens en terre "mécréante"...comme ils disent !


lundi 29 août 2016

Comment s'opposer au wahhabisme qui menace l'islam de France et sa laïcité

Les Frères musulmans à l'intention des occidentaux : 
« Avec vos lois démocratiques, nous vous coloniserons. 
Avec nos lois coraniques, nous vous dominerons » !
Voilà les français avertis 
du but recherché par la wahhabisation de la France.


Des voix s’élèvent pour dire stop à la progression de l'islam politique des Frères musulmans, qui ont pris en otage l'islam et les musulmans de France ... et dont le wahhabisme constitue une grande menace pour la France.
R.B
Afficher l'image d'origine

Burkini au Conseil d'Etat : « Le peuple est trahi par ceux qui rendent la justice en son nom »

Le Conseil d'Etat a suspendu l'application d'un arrêté anti-burkini. Pour le professeur de droit Jean-Louis Harouel, il existe depuis longtemps le risque qu'un gouvernement des juges se substitue au peuple.

Alexis Feertchak du FIGAROVOX. - Le Conseil d'Etat a cassé la décision du Tribunal administratif de Nice qui avait validé précédemment l' « arrêté anti-burkini ». L'ordonnance de la plus haute juridiction administrative conclut que « l'arrêté litigieux a ainsi porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d'aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle ». Comprenez-vous cette décision ?

Jean-Louis Harouel - Cette décision du Conseil d'État qui fait passer les libertés avant l'invocation de considérations d'ordre public s'inscrit dans la ligne libérale de l'arrêt Benjamin de 1933. Mais si le libéralisme de cette jurisprudence était justifié dans des périodes relativement apaisées, il est beaucoup moins adapté aux temps difficiles tels que ceux que nous traversons, et donc dans le présent cas difficilement justifiable.

En l'espèce, le Conseil d'État s'est abstenu de prendre en compte le fait que la France est engagée dans un affrontement de civilisations ayant fait en un an des centaines de mort sur le territoire national, ce qui entraîne le maintien de l'état d'urgence. L'islamisme fait la guerre à la France et il n'y a pas de véritable frontière entre islam et islamisme.

Le Conseil d'État s'est abstenu de prendre en compte le fait que la population était choquée de voir s'exhiber les burkinis sur les plages alors que de terribles massacres venaient d'être commis en France par des musulmans au nom de leur Dieu. Au lendemain du carnage de la promenade de Nice et de l'égorgement d'un prêtre dans l'exercice de son ministère, toute montée en puissance de l'affichage identitaire musulman en France est proprement indécente.

Le Conseil d'État s'est abstenu de prendre en compte le fait qu'est actuellement en cours une conquête silencieuse de l'Europe occidentale. Cette conquête est inscrite dans le Coran où l'on peut lire qu'Allah a promis aux musulmans de leur donner en butin la terre des infidèles. Cette conquête est parfois avouée par certains dignitaires musulmans. C'est ainsi que le cheikh Yousouf al Quaradawi (Frère musulman, protégé de l'émir du Qatar et prédicateur vedette à Aljazeera TV), l'un des dirigeants de l'UOIE (Union des organisations islamiques européennes) — dont la branche française est l'UOIF (Union des organisations islamiques françaises) — avait déclaré : « Avec vos lois démocratiques, nous vous coloniserons. Avec nos lois coraniques, nous vous dominerons ».

Le Conseil d'État s'est abstenu de voir que la conquête de nos plages par les burkinis n'est qu'une étape de l'appropriation de la France par l'islam politique. Le Conseil d'État s'est gardé de voir que les porteuses de burkini — de même que les porteuses de toute autre forme de voile islamique — sont les militantes convaincues ou dociles d'un jihadisme civilisationnel en train d'opérer la conquête feutrée de notre pays.

Ce jihadisme civilisationnel est en soi une insulte à l'ordre public français et il risque toujours de déboucher sur des incidents violents tels que ceux qui ont eu lieu sur une plage de Corse.

Alexis Feertchak - Dans Les Echos, le philosophe Marcel Gauchet en appelle à une « laïcité de combat » face à l'islamisme. Comment appliquer aujourd'hui une telle laïcité dans les bornes de l'Etat de droit ?

Jean-Louis Harouel - Le terme d'État de droit constitue aujourd'hui un mot-fétiche par lequel il ne faut pas se laisser intimider. Jadis protecteurs des libertés publiques des citoyens, les droits de l'homme sont devenus depuis un demi-siècle une religion séculière qui a pris la place du communisme comme projet universel de salut terrestre et utopie de l'émancipation de l'humanité. 

Or notre droit, longtemps inspiré par des valeurs de durée, est phagocyté et dénaturé par cette religion des droits de l'homme mortifère pour les nations européennes. Si bien qu'en clair, « État de droit » signifie trop souvent condamnation à l'impuissance des peuples européens face à l'immigration de masse qui les submerge et à l'islam qui est en train de conquérir leurs pays. Pour pouvoir réagir, il faudra nécessairement bousculer quelque peu l'État de droit tel qu'il est aujourd'hui imposé aux Européens sur le mode suicidaire par la religion des droits de l'homme.

Je ne puis qu'adhérer à l'idée de Marcel Gauchet d'une laïcité de combat, mais je ne la borne pas au seul islamisme. Même si une grande partie des musulmans ont pris leur distance avec celui-ci, c'est l'islam en tant que tel qui est en cause car il forme un système total combinant le religieux, le politique, le juridique, la civilisation et les mœurs. La conception d'origine chrétienne — « Mon royaume n'est pas de ce monde » ; « Rendez à César ce qui est à César », etc. — d'une disjonction du politique et du religieux est parfaitement étrangère à l'islam. Celui-ci est l'anti-laïcité par excellence, si bien que notre État se doit de le combattre beaucoup plus durement qu'il a combattu jadis le catholicisme, afin de l'obliger à renoncer à sa prétention d'imposer sur le sol français son droit, ses mœurs, son folklore identitaire.

Face à l'islam, la laïcité conçue comme neutralité à l'égard des différents cultes est un concept inopérant. Car l'islam n'est que secondairement une religion au sens que l'on donne à ce mot en Europe. Dans notre pays, l'islam est aujourd'hui une civilisation conquérante qui combat la nôtre et prétend la remplacer. Or, face à une civilisation conquérante, on ne peut pas se contenter d'être neutre : on se défend et on contre-attaque.
La grande idée est qu'un musulman vivant en Europe ne doit pas prétendre y avoir le même genre de vie que dans un pays musulman. Il faut sans cesse rappeler aux musulmans établis sur le sol européen qu'ils ne sont pas en terre d'islam mais en terre de mécréance, où leurs textes sacrés eux-mêmes leur conseillent de se montrer discrets. Si l'ensemble des musulmans vivant en Europe en arrivaient à s'y sentir en terre d'islam, ce serait la fin de l'Europe.

Alexis Feertchak - Comment éviter d'amalgamer judaïsme et christianisme à ce problème explicitement lié à l'islam ?

Jean-Louis Harouel - Cet amalgame doit être absolument évité. Une interdiction de tous les signes religieux aurait pour conséquence de nous faire encore davantage oublier ce que nous sommes — une société certes sécularisée mais d'origine et de marque chrétienne. Une interdiction de tous les signes religieux affaiblirait encore plus la société française face à la conquête islamiste.

Afin d'éviter tout amalgame, il faut pour l'islam un régime dérogatoire qui l'oblige à renoncer à sa prétention de régir l'ensemble de la vie sociale, qui le contraigne à se rapprocher de la conception européenne de la religion en mettant de côté son arsenal de règles de droit, de normes sociales et de comportements alimentaires et vestimentaires.
Le modèle de ce régime dérogatoire pourrait être recherché en Suisse, où l'on continue à élever des clochers mais où la construction de minarets est interdite. Cela empêche l'islamisation de l'espace public helvétique sans restreindre la liberté de culte. L'objectif est de combattre l'affichage du folklore identitaire arabo-musulman sans toucher à la liberté religieuse telle que les Européens l'ont construite.

Alexis Feertchak - La justice est rendue au nom du peuple français. Sur ces sujets politiquement brûlants, y-a-t-il aujourd'hui un risque de dérive vers un gouvernement des juges ?

Jean-Louis Harouel - Cela fait belle lurette que nous sommes à bien des égards dans un système de gouvernement des juges. En 1978, par l'arrêt Gisti, le Conseil d'État a censuré la politique restrictive du gouvernement de Raymond Barre en matière de regroupement familial en inventant un principe général du droit donnant aux étrangers le droit de mener une vie familiale normale — comme par hasard sur le sol français alors que cela pouvait se faire par un retour au pays natal. 

Cet arrêt du Conseil d'État a été l'acte fondateur de la transformation de l'immigration de travail en immigration de colonisation, selon la formule du sociologue Abdelmalek Sayad. Par cet arrêt Gisti, il y avait eu, au nom de la religion des droits de l'homme, trahison du peuple français par le Conseil d'État.

Si la justice est rendue au nom du peuple français, force est de constater que celui-ci est souvent trahi par ceux qui rendent la justice en son nom. Nous en avons aujourd'hui une nouvelle illustration avec la décision du 25 août favorable au port du burkini, par laquelle le Conseil d'État apporte objectivement un encouragement au jihadisme civilisationnel, dans lequel les « infidèles » ont vocation à former une population de seconde zone, tolérée sur le mode de l'infériorité et de l'humiliation : les dhimmis.

Alors que l'arrêt Gisti de 1978 pourrait être appelé l'arrêt « France ouverte à l'immigration de masse », la décision pro-burkini du Conseil d'État mériterait le nom de « Marche vers la dhimmitude » !

Alexis Feertchak - N'était-ce pas une erreur de considérer que le burkini était une atteinte à la laïcité ? N'est-ce pas davantage une rupture politique et culturelle par rapport à un modèle occidental qui rejette toute sujétion de la femme ?

Jean-Louis Harouel - Bien évidemment ! Visant à empêcher toute discrimination à l'égard de personnes de confession musulmane, l'invalidation par le Conseil d'État de l'arrêté anti-burkini de Villeneuve-Loubet entérine paradoxalement une des très grandes discriminations inhérentes à l'islam : celle qui s'applique aux femmes. 

L'infériorité juridique de la femme résulte de la loi divine musulmane — la Charia, laquelle est à beaucoup d'égards un code de droit — qui fait de la femme une éternelle mineure, soumise à sa famille puis à son mari (qui peut la répudier discrétionnairement), et dont le témoignage en justice ne vaut que la moitié de celui d'un homme. 

Toutes les formes de voile ( hidjab, niqab, burqa, burkini, etc.) imposées aux femmes par les mœurs musulmanes se rattachent à cette infériorité juridique de la femme et en sont un symbole visible.

En favorisant au nom des droits de l'homme la conquête de notre pays par la civilisation arabo-musulmane, le Conseil d'État jette pudiquement le manteau de Noé sur le caractère structurellement ultradiscriminatoire de l'islam.

* Jean-Louis Harouel est professeur émérite d'Histoire du Droit à l'Université Paris Panthéon-Assas.
Il vient de publier Les Droits de l'homme contre le peuple (éd. Desclée de Brouwer, 2016).


Que la démagogie baisse d’un cran !

La droite n'ayant plus grand chose à proposer, tombe dans le populisme le plus abject et court derrière le FN ! D'ailleurs il est curieux que la campagne électorale tourne autour des quatre "i" : ISLAM, IDENTITÉ, IMMIGRATION et INSÉCURITÉ, thèmes récurrents des Le Pen ... faisant tous l'amalgame (à dessein ?), entre islam et islamisme; le wahhabisme qui fonde ce dernier, étant à l'origine du terrorisme contre lequel la France est en guerre, nous dit-on, mais dont les responsables politiques rechignent à le nommer !!
R.B
Afficher l'image d'origine
Ce que Laurent Wauquiez ne veut pas qu'on rappelle
Laurent Wauquiez n’a pas du tout apprécié, et je le comprends, que je pointe du doigt les incohérences entre le discours qu’il tient, les actes posés par Nicolas Sarkozy, et ce qu’il propose concrètement.
C’est pourtant le rôle des observateurs engagés dans la lutte contre le radicalisme. Ne pas laisser les hommes politiques s’en tirer par des formules creuses, de les ramener aux faits, et à leurs conséquences.
On ne peut pas prétendre défendre soudainement les droits des femmes, se réclamer de la laïcité de combat, quand on a été le principal soutien politique de La Manif pour tous, l’un des opposants aux ABCD de l’égalité, qu’on soutient les associations catholiques et musulmanes intégristes  refusant qu’on enseigne  l’égalité des sexes et des genres à l’école laïque. Eduquer contre le sexisme, c’est quand même le meilleur moyen d’éviter le burkini sur les plages !
On ne peut pas prétendre lutter efficacement contre le radicalisme sans reconnaître, d’abord, qu’on a institutionnalisé l’UOIF et ses écoles, facilité l’emprise du Qatar, saigné les effectifs de la police, démantelé les Renseignements Généraux (qui nous manquent aujourd’hui cruellement dans la lutte contre le terrorisme) et affaibli l’école publique laïque  (en baissant le nombre d’enseignants et en supprimant leur formation).
On ne peut pas prétendre vouloir refuser le modèle anglo-saxon quand on a voulu « toiletter » la laïcité pour financer des Mosquées, importer une laïcité plus « positive » à l’américaine, ainsi que les statistiques ethniques et la discrimination positive.
On ne peut commencer cette émission en refusant — à juste titre — les procès d’intention en « islamophobie » et  m’accuser, à la première occasion, d’être catholicophobe… Simplement parce je défends, contrairement à Laurent Wauquiez, une laïcité de combat contre TOUS les intégrismes.
On ne peut accuser de « démission » ceux qui veulent justement gagner la bataille culturelle contre l’islamisme, de façon efficace… Simplement parce qu’ils refusent d’applaudir à ce que François Fillon lui-même qualifie de « concours Lépine des solutions les plus stupides contre le terrorisme ».
Je souhaite que nous ayons des débats calmes, plus constructifs et plus approfondis, sur ces sujets, trop sérieux pour être survolés ou caricaturés. Cela demande beaucoup de patience, j’en ai conscience, mais surtout que la démagogie baisse pas d’un cran.
La période que nous traversons est trop grave pour accepter que les mots n’aient plus aucun sens et qu’on méprise à ce point la vérité des faits, les libertés fondamentales et la Constitution. Ce n’est pas de la naïveté ni de la démission. C’est tout le contraire.

dimanche 28 août 2016

L’histoire du wahhabisme et des Ikhwans

Les "Ikhwan" (Les Frères) milice de bédouins, constituée par les Ibn Saoud pour dominer les tribus d'Arabie grâce au wahhabisme dont ils ont compris l’intérêt politique ! Ils finiront par se retourner contre les Ibn Saoud qui les extermineront. Ils donneront l'idée à d'autres hommes politiques qui ont compris l’intérêt du wahhabisme pour prendre le pouvoir. Ce fut le cas de l'instituteur Hassan El Banna, fondateur des Frères musulmans et depuis de tous les néo-salafistes.

Si les Ibn Saoud ont instrumentalisé les Frères wahhabites pour conquérir l'Arabie, l'émir du Qatar, qui se rêve Calife à la place du Calife poste convoité par les Ibn Saoud depuis l'effondrement de l'empire ottoman auquel ils ont contribué en collaboration avec les anglais; instrumentalise les Frères musulmans qu'il finance et assure leur promotion grâce à sa chaîne de TV privée, Aljazeera.

Mais voilà, l'un et l'autre se trouvent débordés par l'Etat Islamique (Daech), ce monstre qu'ils ont contribué à créer pour servir l'oncle Sam, leur grand allié; et qui risque de se retourner contre eux !

R.B

Afficher l'image d'origine

Alastair Crooke *
Vous ne pouvez pas comprendre l'EI sans connaître l’histoire du wahhabisme en Arabie saoudite.
... Et pourquoi serions nous surpris, en connaissant un peu le wahhabisme, que les insurgés modérés soient aussi rares que la mythique licorne ? Comment pouvons-nous envisager qu’un mouvement radical comme le wahhabisme puisse engendrer des modérés ? Ou imaginer qu’une doctrine comme «un dirigeant, une autorité, une mosquée : s’y soumettre ou être tué» puisse amener à la modération et à la tolérance ?
Ikhwan, la garde d'élite wahhabite
1911
L’entrée dramatique d’EI sur la scène irakienne en a choqué plus d’un en Occident. Beaucoup sont resté perplexes et horrifiés par sa violence et son évident pouvoir d’attraction sur la jeunesse sunnite. D’autres trouvent l’ambivalence saoudienne, face à ce phénomène, à la fois troublante et inexplicable, se demandant : «Les Saoudiens ne comprennent-ils pas que l’EI les menace aussi ?»

Il semble, encore maintenant, que l’élite saoudienne soit divisée. Certains applaudissent le fait que l’EI réponde au feu chiite par un feu sunnite, qu’un État sunnite se forme en plein cœur de ce qui est vu comme un patrimoine historique sunnite et se sentent attirés par la stricte idéologie salafistes de l’EI.

D’autres Saoudiens sont plus réservés et se souviennent de l’histoire de la révolte des Ikhwan 1 wahhabite contre Abd-al Aziz qui a presque fait exploser le wahhabisme et les al-Saoud, à la fin des années 1920.

De nombreux Saoudiens sont très perturbés par la doctrine radicale de l’EI et commencent à remettre en question quelques aspects de la direction et du discours de l’Arabie saoudite.

La dualité saoudienne

Les dissensions internes à l’Arabie saoudite causées par l'EI ne peuvent être comprises qu’en prenant conscience de la dualité inhérente (et persistante) à la doctrine qui sous tend le royaume et ses origines historiques.

Un aspect dominant de l’identité saoudienne est lié directement à Muhammad ibn ʿAbd al-Wahhab (fondateur du wahhabisme) et la manière dont son puritanisme radical et exclusif a été embrassé par Ibn Saoud. (Celui-ci n’étant alors qu’un petit chef, parmi d’autres, de tribus bédouines qui se faisaient sans arrêt la guerre dans ce désert désespérément pauvre et brûlant du Nedjd.)

Un autre aspect de cette troublante dualité est lié précisément à l’accès au pouvoir national du roi Abd-al Aziz, en 1920 ; à sa capacité à contrôler la violence des Ikhwan (ce qui lui a donné la stature diplomatique d’une nation face à l’Angleterre et aux États-Unis) ; à son institutionnalisation de la poussée wahhabite originelle et son opportunité à saisir les nouveaux pétrodollars dans les années 1970 ; à sa capacité à canaliser le volatil courant Ikhwan loin du pays en l’exportant, par la diffusion d’une révolution culturelle plutôt qu’une révolution violente, à travers le monde musulman.

Mais cette révolution culturelle n’a pas été une réforme douce. Ce fut une révolution basée sur la haine quasi jacobine d’Abd al-Wahhab pour la déliquescence et le déviationnisme qu’il percevait autour de lui, d’où son appel à purger l’islam de ses hérésies et autres idolâtries.

Des imposteurs musulmans

L’auteur et journaliste américain Steven Coll a écrit à propos de la façon dont Abd al-Wahhab, cet austère disciple de l’intellectuel du XIVe siècle Ibn Taymiyyah, jugeait «cette noblesse égyptienne et ottomane, fumeuse de tabac, noyée dans le haschisch, pleine d’apparat, de goût pour les arts, frappant des percussions, qui traversait l’Arabie pour venir prier à la Mecque».

Du point de vue d’al-Wahhab, ils ne pouvaient être musulmans, ils étaient tout simplement des imposteurs déguisés en musulmans. Mais, en fait, il trouvait que le comportement des Bédouins locaux ne valait guère mieux. Ils fâchaient al-Wahhab en honorant leurs saints, en érigeant des pierres tombales et par leurs superstitions (c’est-à-dire la vénération de tombes ou d’endroits sacrés.)

Tous ces comportements, al-Wahhab les a dénoncés comme bida (innovation), interdits par Dieu.

Comme Taymiyyah avant lui, al-Wahhab croyait que la période où le prophète Mohammed vivait à Médine représentait l’idéal de la société musulmane (le meilleur des temps), idéal que tout musulman devrait espérer atteindre. (Tel est l’essentiel de la doctrine salafiste.)
Taymiyyah avait déjà déclaré la guerre au chiisme, au soufisme et à la philosophie grecque. Il décriait aussi la coutume de visiter la tombe du Prophète et la célébration de son anniversaire en déclarant que de tels comportements n’étaient qu’une imitation des célébrations chrétiennes du Christ, c’est-à-dire de l’idolâtrie. 

Al-Wahhab a assimilé tout cet enseignement et déclaré que tout doute ou hésitation de la part d’un croyant vis-à-vis de cette interprétation particulière de l’islam devrait priver ce croyant de toute immunité concernant sa propriété et sa vie.

Un des aspects principaux de la doctrine d’al-Wahhab est devenu l’idée centrale du takfirisme (excommunication). Sous cette doctrine, al-Wahhab et ses disciples pouvaient traiter d’autres musulmans d’infidèles s’ils s’engageaient dans des activités pouvant être considérées comme allant à l’encontre de la souveraineté de l’autorité absolue, c’est-à-dire le roi. 

Al-Wahhab a dénoncé tous les musulmans qui honoraient les morts, les saints ou les anges. Il prétendait que de tels sentiments écartaient de la véritable soumission que l’on doit avoir envers Dieu, et seulement Dieu. L’islam wahhabite a alors interdit les prières aux saints ou aux disparus, les pèlerinages aux tombes ou aux différentes mosquées, les festivals religieux, la célébration de l’anniversaire du Prophète et même l’utilisation de pierres tombales pour enterrer les morts.

Al-Wahhab encourageait la conformité, une conformité devant être démontrée de manière visible et évidente. Il prétendait que chaque musulman devait individuellement prêter allégeance à un unique dirigeant musulman (un calife s’il y en avait un). Ceux qui ne se conformaient pas à ce point de vue devaient être tués, leur femme et filles violées et leurs biens confisqués, a-t-il écrit. La liste des apostats méritant la mort inclut les chiites, les soufis et d’autres branches musulmanes qu’al-Wahhab ne considérait pas du tout comme musulmanes.

Il n’y a rien jusque là qui différencie le wahhabisme de l’EI. Mais la déchirure apparaîtra plus tard, dans l’institutionnalisation qui s’ensuivra de la doctrine d’al-Wahhab : un chef, une autorité, une mosquée, ces trois piliers se référant respectivement au roi saoudien, à l’autorité absolue du wahhabisme et à son contrôle du monde (c’est-à-dire de la mosquée.)

C’est cette déchirure, le refus de l’EI face à ces trois piliers sur lesquels repose l’autorité sunnite actuelle, qui fait de l'EI une menace pour les Ibn Saoud, alors que sur tous les autres points il se conforme au wahhabisme.

Rappel historique 1741 – 1818

Les prêches radicaux d’al-Wahhab ont inévitablement entraîné son expulsion de sa propre ville et, en 1741, après une période d’errance, il a trouvé refuge auprès d’Ibn Saud et sa tribu. Ce qu’Ibn Saoud perçut dans les enseignements d’al-Wahhab fut le moyen de renverser les conventions et traditions arabes. Un moyen de prendre le pouvoir.

Leur stratégie, comme celle de l’EI maintenant, était d’amener les tribus conquises à l’état de soumission totale. Ils cherchaient à faire peur.

Le clan d’Ibn Saoud, avec l’aide de la doctrine d’al-Wahhab, pouvait donc continuer ce qu’il avait toujours fait, attaquer les tribus voisines et leur dérober tout leurs biens. La différence venait du fait qu’il pouvait maintenant le faire sous le prétexte religieux du jihad. Ibn Saoud et al-Wahhab ont aussi réintroduit l’idée de martyr au nom du jihad en prétendant que les martyrs entraient immédiatement au paradis.

Au début ils ont conquis quelques communautés locales et leur ont imposé leurs règles. (Les conquis n’ayant qu’un choix limité : se convertir au wahhabisme ou mourir.) 
En 1790, l’alliance contrôlait la plus grande partie de la péninsule arabique et attaquait régulièrement Médine, la Syrie et l’Irak.

Leur stratégie, comme celle de l’EI de nos jours, était d’amener les gens qu’ils conquéraient à l’état de soumission. Ils cherchaient à insuffler la peur. En 1801, les alliés attaquèrent la ville sacrée de Kerbala en Irak. Ils massacrèrent des milliers de chiites, femmes et enfants compris. De nombreux mausolées chiites furent détruits, dont celui de l’imam Hussein, le petit-fils assassiné du prophète Mohammed.

Un officiel anglais, le lieutenant Francis Warden, observant la situation de l’époque a écrit : «Ils ont pillé tout Kerbala et détruit la tombe de Hussein… assassinant tout au long de la journée, d’une manière particulièrement cruelle, plus de cinq mille de ses habitants…»

Osman Ibn Bishr Najdi, l’historien du premier État saoudien, a écrit qu’Ibn Saoud a commis un massacre à Kerbala en 1801. Il a fièrement documenté ce massacre en disant : «Nous avons pris Kerbala, tué et pris ses gens (comme esclaves), au nom de Dieu, seigneur des mondes, nous ne nous excusons pas pour cela et disons : à tous les infidèles, le même traitement

En 1803, Abdul Aziz entra finalement dans la ville sainte de La Mecque, qui se rendit sous l’effet de la peur et de la panique. (Le même destin attend Médine aussi.) Les disciples d’Al Wahhab démolirent les bâtiments historiques et toutes les tombes et mausolées. Ils détruiront finalement des siècles d’architecture islamique près de la grande mosquée.

Mais en novembre 1803, un chiite assassina le roi Abdul Aziz en représaille du massacre de Kerbala. Son fils, Saoud bin Abd al Aziz, lui succéda et poursuivit la conquête de l’Arabie. 
Les dirigeants ottomans, par contre, ne pouvaient plus rester sans rien faire et voir leur empire dévoré morceaux par morceaux. En 1812, l’armée ottomane, composée d’Égyptiens, repoussa l’alliance hors de Médine, de Jeddah et de La Mecque. 
En 1814, Saoud bin Abd al Aziz mourut de fièvres. Son malheureux fils, Abdullah bin Saoud, fut emmené à Istanbul par les Ottomans où il y fut sauvagement exécuté. (Un visiteur de l’époque rapporta l’avoir vu humilié dans les rues d’Istanbul pendant trois jours, puis pendu et décapité, sa tête tirée par un canon et son cœur empalé sur son corps.)

En 1815, les forces wahhabites furent écrasées par les Égyptiens (sous les ordres des Ottomans) au cours d’une bataille décisive. 
En 1818, les Ottomans capturèrent et détruisirent la capitale wahhabite, Dariyah. Le premier État wahhabite n’existait plus. Les quelques wahhabites restants se retirèrent dans le désert pour se regrouper et y restèrent tranquilles pendant tout le XIXe siècle.

Retour de l’histoire avec l'EI

Il n’est pas compliqué de comprendre l’écho que peut avoir la fondation d’un État islamique en Irak auprès de ceux qui se rappellent l’histoire. En fait, l’âme du wahhabisme du XVIIIe siècle n’a pas disparu dans le désert du Nedjd mais a repris pleinement vie quand l’empire ottoman s’est effondré dans le chaos de la Première Guerre mondiale.

Les al-Saoud, dans leur réincarnation du XXe siècle, ont été menés par le laconique et politiquement habile Abd-al-Aziz qui, en unissant les tribus bédouines divisées, a lancé l’Ikhwan saoudien dans l’esprit des combattants prosélytes que furent al-Wahhab et Ibn Saoud.

Cet Ikhwan n'est qu'une réincarnation du précédent mouvement avant-gardiste, fier et semi indépendant de wahhabites moralistes qui avait réussi à se saisir de l’Arabie, au début du XIXe siècle. De la même manière, l’Ikhwan réussit à s’emparer de La Mecque, Médine et Jeddah entre 1914 et 1926. Par contre, Abd al-Aziz commença à sentir que ses intérêts plus larges étaient menacés par le jacobinisme révolutionnaire exhibé par l’Ikhwan. Ceux-ci se révoltèrent, entraînant une guerre civile qui dura jusqu’en 1930 lorsque le roi réussit à les éliminer, par de grandes rafales de mitrailleuses.

Pour ce roi (Abd al-Aziz) les vérités simples des siècles précédents perdaient de leur valeur. On venait de découvrir du pétrole dans la péninsule. L’Angleterre et les États-Unis ont commencé à le courtiser, même s’ils étaient plus enclins à se tourner vers Sharif Husain en tant que dirigeant légitime de l’Arabie. Les Saoud avaient encore besoin de sophistiquer leur approche diplomatique.

Pour cela, le wahhabisme est passé d’un mouvement de jihad révolutionnaire et de purification idéologique takfiriste à un mouvement de conservatisme social, politique et théologique.

La richesse pétrolière à la source de l’expansion du wahhabisme

Grâce à la richesse pétrolière, comme l’écrit l’intellectuel français Gilles Kepel, les objectifs saoudiens seront de «répandre le wahhabisme à travers le monde musulman…  De wahhabiser l'islam pour réduire les multiples courants de cette religion à un seul credo». Un mouvement qui permettra de transcender les divisions nationales. Des milliards de dollars ont été investis – et continuent à l’être – dans cette forme de soft power politique.

Ce fut cet enivrant mélange de milliards de dollars investis dans une projection de type soft power et la volonté saoudienne de gérer l’islam sunnite pour servir à la fois les intérêts américains et, parallèlement, intégrer le wahhabisme dans les terres musulmanes, par l’éducation, le social et la culture – qui ont entraîné une dépendance politique occidentale vis-à-vis de l’Arabie saoudite, dépendance qui remonte à la rencontre entre Abd al-Aziz et Roosevelt sur un navire de guerre américain. 2

Les Occidentaux regardent le royaume et n’y voient que richesse, modernisme apparent, et prise en main du monde musulman. Ils ont préféré croire que le royaume allait se plier aux impératifs de la vie moderne et que leur gestion du monde sunnite allait, aussi, faire pencher le royaume vers une vie moderne.

Mais l’approche Ikhwan saoudite ne s’est pas éteinte en 1930. Elle a battu en retraite mais a continué à maintenir son emprise sur une partie du système, d’où la dualité que nous observons de la part de l’Arabie saoudite envers l'EI.

D’un côté, l'EI est profondément wahhabite. De l’autre, il est ultra radical d’une manière différente. On peut le voir comme un mouvement de correction du wahhabisme contemporain.

EI est un mouvement post-Médine : il prend exemple sur les actes des deux premiers califats (Abou Bakr et Omar) plutôt que sur ceux du Prophète, comme source d’inspiration, et il rejette catégoriquement l’autorité saoudienne.

Alors que l’Arabie saoudite s’épanouit dans l’âge du pétrole et devient une institution, l’appel du message de l’Ikhwan gagne du terrain (malgré la campagne de modernisation du roi Faysal). La vision Ikhwan a eu, et a toujours, le soutien de nombreux cheikhs, d’hommes et de femmes reconnus. D’une certaine manière, Oussama Ben Laden était justement un représentant de cette dernière floraison de la vision Ikhwan.

Aujourd’hui, la délégitimation du roi d’Arabie par l'EI n’est pas considérée comme problématique mais plutôt comme un retour à la véritable origine du projet Saoud – wahhab.

Dans la collaboration saoudo-occidentale pour gérer la région et préserver les projets occidentaux – s’opposer au socialisme, aux baathisme, au nassérisme, aux Soviétiques et à l’influence iranienne – les politiciens occidentaux ont mis en avant leur vision bien commode de l’Arabie Saoudite (richesse, modernisation, influence) mais ont choisi d’ignorer la pulsion wahhabite.

Après tout, les mouvements islamistes les plus radicaux étaient considérés par les services de renseignements occidentaux comme les plus efficaces pour chasser l'URSS d'Afghanistan ou pour combattre les dirigeants moyen-orientaux qui n’avaient plus leurs faveurs.

Comment être surpris que le mandat donné au Prince Bandar de gérer l’insurrection syrienne contre le président Assad ait tourné en une sorte de mouvement néo-Ikhwan, violent et instillant la peur, j’ai nommé l'EI ? 

Et pourquoi serions nous surpris, en connaissant un peu le wahhabisme, que les insurgés modérés soient aussi rares que la mythique licorne ? Comment pouvons-nous envisager qu’un mouvement radical comme le wahhabisme puisse engendrer des modérés ? Ou imaginer qu’une doctrine comme «un dirigeant, une autorité, une mosquée : s’y soumettre ou être tué» puisse amener à la modération et à la tolérance ?

Mais on ne s’est peut être, en réalité, jamais posé la question.

Alastair Crooke

Traduit par Wayan, édité par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

1 1- L’Ikhwan (ou Ikwan ou Ikhwân, mot arabe qui signifie frères) est une milice religieuse islamique créée par Ibn Saoud vers 1912. Ses membres sont recrutés parmi les tribus bédouines et elle constitue le socle sur lequel le souverain va s’appuyer pour à la fois conquérir et créer l’Arabie saoudite. – https://fr.wikipedia.org/wiki/Ikhwan_(Arabie_saoudite) 

2- Après la disparition du Califat en 1924, la conquête du pouvoir en 1932 et l’exploitation des gisements pétrolifères d’Arabie à partir de mars 1938, la famille des Saoud et le wahhabisme prennent leur essor à la suite du pacte «pétrole contre protection» qui est conclu sur le croiseur USS Quincy le 14 février 1945 entre le roi Abdelaziz ben Abderrahman ben Fayçal al-Saoud et le président des États-Unis, Franklin Delano Roosevelt. Ce pacte permet la protection militaire du régime wahhabite des Saoud par les États-Unis en échange du pétrole. Ainsi, le wahhabisme se développe avec l’apport des pétrodollars et la protection militaire des États-Unis. Ce mouvement se propage alors à l’extérieur du royaume via les médias (télévision, ouvrages, radio-cassettes et sites internet) – https://fr.wikipedia.org/wiki/Wahhabisme