lundi 30 avril 2012

COMMENT PEUT-ON ETRE ENCORE SALAFISTE DE NOS JOURS ?

Article paru dans : Kapitalis
Le salafisme est un mouvement sunnite politique revendiquant un retour à l'islam des origines, fondé sur le Coran et la Sunna. Aujourd'hui, le terme désigne un mouvement composite fondamentaliste, constitué en particulier d'une mouvance traditionaliste et d'une mouvance jihadiste. Toutes ces mouvances affirment constituer la continuation sans changement de l'islam des premiers siècles.
Étymologiquement, « salafisme » (en arabe : السلفية as-salafiyya) provient du mot « salaf », « prédécesseur » ou « ancêtre », qui désigne les compagnons du prophète de l'islam Mohamed et les deux générations qui leur succèdent, c'est-à-dire les 4 premiers califes.

Le salafisme a constitué, pendant longtemps, la seule opposition politique possible au pouvoir central en place. Il a souvent contribué à la chute des dynasties régnantes aussi bien en Orient qu’en Occident, comme en Espagne, en soutenant que le dirigeant s’écartait de la vraie foi ; et qu’il fallait le chasser au besoin par les armes. Utilisant pour cela la religion en l’interprétant, à leur manière, toujours dans un but politique.

Les salafistes se revendiquent du premier d’entre eux, le « salaf » Omar Ibn El Khattab, qui était compagnon et beau père du prophète par sa fille Hafsa. Il a pris le pouvoir en s’imposant par le sabre. C’est ainsi qu’il est devenu le deuxième Calife des musulmans, instaurant par la même, le régime théocratique en s’accaparant à la fois le pouvoir temporel mais aussi le pouvoir spirituel. Charge qu’il décrétera héréditaire, alors que strictement rien dans le Coran ne permet cette interprétation.
Ainsi, depuis, les salafistes prônent la violence comme moyen d'accéder au pouvoir. 

Le salafisme prendra la forme que nous lui connaissons de nos jours, au milieu du 18ème siècle sous la houlette de Mohamed Abdel Wahhab qui reprenant les thèses d’Ibn Taymiyya, donnera naissance au salafisme wahhabite. Même son père et son frère, eux mêmes jurisconsultes, rejetteront ses idées les jugeant extrémistes et dangereuses.

Après la mort de son père, dans un livre intitulé « Ettawhid » (l’unicité d’Allah), il lancera son mouvement dont l’objectif était de réformer les pratiques religieuses de la société de Nejd, autour d’un concept simplificateur : « l’unicité de dieu » parce qu’il était « scandalisé » que les hommes de Nejd pratiquent le culte des morts au point d’en faire des intercesseurs entre eux et dieu, et de s’en remettre à eux pour toutes décisions importantes ne comptant plus sur eux-mêmes. Ce qui était à ses yeux une hérésie à combattre.
Le wahhabisme est né dans une société tribale d’Arabie, dans un milieu naturelle et hostile, parmi des hommes endurcis, en lutte perpétuelle pour la survie. Société qui n’était pas colonisée ni soumise à aucun pouvoir central.
Cet imam expliquait le déclin de la civilisation arabo musulmane par l’éloignement des musulmans de leur religion parce qu’ils se sont endormis sur leurs lauriers. Et pour retrouver la prospérité des temps premiers de l’islam conquérant, il fallait revenir, selon lui, à des pratiques plus rigoureuses des préceptes de l’islam du début. Pour cela, il prônait le renouveau du jihad et le retour aux sources.
Ainsi il va refaire une lecture littéraliste du coran et reprendre textuellement la chariâa née de l’exégèse des compagnons du prophète et des 4 premiers califes « arrachidoun » (les sages). S’adressant à des hommes rustres et frustes, il va écarter tout « ijtihad » (effort intellectuel) et toute dialectique ; prohibant même la philosophie trop compliquée pour eux, et je suppose pour lui aussi ; et cela contrairement aux injonctions du Coran lui-même qui incite le musulman à la lecture et au savoir, puisque la première sourate commence par l’injonction : « Lis » !

Le seul jihad qu’il prônera réellement c’est la lutte armée contre les mécréants. Il a permis la violence et l’utilisation de l’épée contre ceux qu’il qualifie de « kouffar » (mécréants), tous ceux qui ne pratiquent pas leurs obligations religieuses : les 5 prières, la  « zakat » (l’aumône) … leurs biens pouvant leur être confisqués … Il décrétera « halal » (licite) leur sang, tant qu’ils ne se seront pas « repentis » et revenus à la pratique qu’il préconise, c'est à dire le wahhabisme.
Ce qui est inadmissible dans le sunnisme où malgré les querelles d'écoles qui peuvent se condamner les unes les autres, les imams ne vont pas jusqu’à s'excommunier, car dénoncer un homme comme infidèle « kafir », est un acte si grave qu'il rend licite sa mise à mort.
Ce dont usent et abusent pourtant les salafistes wahhabites.

Cette doctrine est manifestement contraire au Coran qui dispose clairement :
"Lâ ikrâha fî d-dîn" (Pas de contrainte dans la religion).   Sourate 2, « La Vache » ; verset 256.

Il trouvera dans la tribu guerrière des Ibn SAOUD, connue par ses farouches guerriers, un allié pour propager sa nouvelle doctrine : le wahhabisme. Il y aura même un deal entre les deux tribus : celle d’Abdel Wahhab reconnaît aux Ibn SAOUD le pouvoir temporel sur les tribus d’Arabie, et celle des Ibn SAOUD reconnaissant à l’Imam Abdel Wahhab le pouvoir spirituel ; charge aux Ibn SAOUD de diffuser le wahhabisme. Le drapeau de la monarchie Saoudienne n’est-il pas l’emblème de ce « mariage » : la couleur verte et le texte renvoient à l’imam et le sabre renvoie à la tribu du roi Ibn SAOUD.


Très vite le wahhabisme s’est répandu dans toute l’Arabie jusque dans les pays du Golfe. Puis, il s’est arrêté à ces contrées. Il a été combattu du vivant de son fondateur et longtemps après, par les oulémas maghrébins, de Damas … par les ottomans, le bey de Tunis … tous y voyant un danger pour les musulmans. Faut-il rappeler que le Bey de Tunis répondit à Mohamed Abdel Wahhab, qu’il n’a rien à apprendre aux tunisiens, après que les oulémas de la plus grande université théologique d’Afrique, la Zitouna, l’avaient mis en garde contre l’obscurantisme et la dangerosité de sa doctrine.
Il faut attendre les deux guerres mondiales et la découverte de l’or noir pour voir les Ibn SAOUD reprendre à nouveau le leadership dans la région. Puisque le chef de la tribu Ibn SAOUD chassera le roi du Hijez et prendra sa place avec l’aide des anglais ; et les américains conscients du potentiel de l’Arabie en hydrocarbure, feront un accord avec ce roi : sécurité contre pétrole. Accord toujours en vigueur, les américains assurant la sécurité du nouveau royaume contre un pétrole à volonté et à un prix « ami ».

Cette monarchie va asseoir son pouvoir grâce au wahhabisme. Comment ?
Des associations vont se créer à travers le royaume pour policer la société. Ainsi des gardiens de la morale vont se déployer à travers tout le pays. Le nom de ces milices est évocateur « Al amr bel maârouf, wa ennahy alil monkar » (ordonner le bien et interdire le mal) fondement simpliste de la doctrine d’Abdel Wahhab.
Ayant clôt « l’ijtihad intellectuel» (l’exégèse), les adeptes du wahhabisme vont développer un programme « clef en main », à l’usage d’un peuple inculte où tout est minutieusement annoté pour régenter la pratique de la foi « du bon musulman » au quotidien, de sa naissance jusqu'à sa mort. Des opuscules mêmes sont édités et distribués gratuitement ou à un prix modique, pour y trouver les consignes d’observance stricte des pratiques « halal » (licites) et des pratiques « haram » (illicites), auxquelles ils ont réduit l’islam !

Ce système a pu prospérer dans ces régions (L'Arabie et son Golfe arabique) parce que leurs sociétés fonctionnent toujours sur un mode tribal où les hommes sont encore primitifs et incultes dans leur immense majorité. Ce qui permet à une minorité de s’arroger le droit d’en être les tuteurs et de veiller tel un berger sur un troupeau où l’individu n’existe pas et doit s’effacer devant le groupe et se soumettre au chef.
Ces associations renient la nation, la république, ses lois civiles et ses règles telle que la démocratie ! Ils veulent un retour aux pratiques ancestrales traditionnelles d’avant l’apparition de ces concepts.

Le wahhabisme saoudien s’est basé sur des pratiques simplistes : ses adeptes occupent avec le « halal » (licite) et le « haram » (l’illicite) l’esprit des hommes pour les empêcher de toutes réflexions ou toute activité intellectuelle qui les détourneraient de dieu ... au profit du roi mais, aussi (le savent-ils ?), au profit de l’étranger. C’est ainsi que les américains profitent de l’ignorance et de la soumission de ces peuples assis sur un tas d’or noir.
Ils s’auto-proclament oulémas de l’Oumma au dessus des lois de l’état. Traitant la masse comme un troupeau qu'ils se doivent de  diriger. Les trois domaines de prédilection où ils interviennent régulièrement, sont :
-       le vin,
-       la femme, source de tous les maux pour une société, et
-       le chant (et par extension tous les arts).
Bref, tout ce qui peut distraire le croyant et l’éloigner de dieu, pensent-ils.

Or un vrai « alem » (singulier de Ouléma), est un savant qui touche à tous les savoirs de son époque et apprécie tous les arts aussi : chant, poésie, danse ... Ce qui n’est malheureusement pas le cas de ces nouveaux oulémas starisés par les chaînes qataries, saoudiennes … incultes souvent, au cursus « scolaire » douteux, mais autoproclamés « alem » et guide spirituel, parce qu’ils se sont distingués par leur verve ; et se prennent pour des théologiens pour avoir lu le coran et la chariâa, leur unique « culture ». 

Ce qui est le cas du prédicateur le plus en vogue actuellement, l’autoproclamé cheikh Youssef al-Qaradhaoui, qui prétend face au journaliste qui anime avec lui l’émission en vogue « La chariâa et la vie », que le savant est au-dessus des lois et des rois; puisqu’il est le dernier recours pour dire et expliquer comment être un bon musulman !
N'est-il pas au fait de la chariâa ? 
Étonné, le journaliste lui précise qu’un imam ne peut être au dessus du roi; puisque c’est lui qui le rétribue. Imperturbable et sûr de lui, notre cheikh affirme qu’il ne doit rien au roi … puisqu’il est payé par l’institution qui fait appel à ses services, en l’occurrence la chaîne Al Jazeera ! Belle supercherie et belle hypocrisie quand on sait que ce médias est propriété personnelle de l'émir du Qatar, qui lui sert de porte-voix à sa politique.

Sous couvert d’association culturelle, se cache au fait des associations gardiennes de la morale comme il en existe dans les pays du Golfe et d’Arabie ; que ceux-ci ont développé en Somalie, en Afghanistan, au Pakistan … Pays où l’Arabie et son rival le Qatar tentent d’étendre leur hégémonie.
Dans les pays du printemps arabe, de telles associations sont financées par les pays du Qatar (en Egypte et en Tunisie) mais aussi en Algérie … l'une d'elles, vient d'être légalisée en Tunisie par le gouvernement GHANNOUCHI.

Ces associations, par une lecture sommaire du coran et des hadiths, ignorent à dessein, toutes les sourates qui annulent leur idéologie ou ne les soutiennent pas : ainsi ils interdisent l’accès au savoir pour les femmes, ce qui est arrivé à la directrice de la radio « Zitouna » qui a été accusée de mécréance et chassée de son poste sous l’insulte des barbus ... et qui ne peut récupérer son poste malgré un jugement en sa faveur mais que le pouvoir en place ne fait rien pour le faire respecter !
Or que fait le gouvernement dominé par Ennahdha ? Il livre la Tunisie à toutes sortes de prédicateurs souvent obscurantistes, au nom de la liberté d’expression ... à moins que ce ne soit la volonté de leurs amis qataris et saoudiens contre laquelle GHANNOUCHI et ses hommes ne peuvent pas grande chose. Ainsi les tunisiens vont recevoir le 3 mai le prédicateur vedette d’Al Jazeera, Youssef al-Qaradhaoui, connu pour ses diatribes contre les femmes et que de nombreux pays ont chassé de chez eux ou lui ont interdit de venir corrompre leur peuple par son obscurantisme.

Surprise ! Dans l’émission « Ta ammoulat fiddin wa siasa » (Observations en religion et en politique), sur la chaîne « Al Hiwar TV », consacrée à Mohamed Abdel Wahhab, GHANNOUCHI semble se démarquer de celui-ci et de son mouvement. Alors il faut qu’il cesse lui et ses hommes d’entretenir une ambiguïté dangereuse pour la Tunisie et d'avoir toujours un double langage !
Peut-on le croire lorsque l’on voit les salafistes envahir de nombreuses mosquées et commettre de nombreuses agressions sans que le pouvoir ne réagisse vraiment ? Peut-on le croire  alors que dans le même temps sont invités en Tunisie des prêcheurs dont nul n’ignore qu’ils sont  salafistes wahhabites ? Alors que récemment il rendait un hommage vibrant à Abdallah Ibn Baz ancien mufti wahhabite des Ibn SAOUD ?

Va-t-il laisser prospérer le wahhabisme aussi bien dans nos mosquées que dans les écoles coraniques ainsi que dans les associations pour submerger le traditionnel malékisme des tunisiens, alors qu’il sait ce qu’en pensent le père de Mohamed Abdelwahhab, ainsi que son frère et tous les oulémas de son époque, de sa sulfureuse doctrine ? Et que lui-même semble désapprouver ? Alors qu’il est très clair que ce mouvement est contraire à de nombreuses dispositions du Coran et n’est en réalité qu’un mouvement politique violent et agressif.

Or on sait que tous les mouvements salafistes au cours de l’histoire ont été toujours repris et refondés selon les interprétations de leur chef de file. Les chefs ayant une lecture différente du coran et de la sunna, rejettent toujours celles de leurs prédécesseurs que souvent ils qualifient de mécréants ou d’apostats … et les excommunient pour avoir fait une autre lecture que la leur ... façon habile pour les chasser du pouvoir et prendre leur place !
Où cela va-t-il s’arrêter ? 

Ne serait-il pas temps de laisser ces débats intellectuels aux intellectuels et de laisser les sociétés s’organiser atour de règles claires qu’elles se donnent pour vivre ensemble sans s’entre-déchirer pour des questions religieuses ... pour pouvoir s’occuper des vrais problèmes du moment ?  

Le seul moyen de prémunir la Tunisie de ces dérives, est de maintenir l’article 8 de la constitution de 1959 en complément de l’article premier maintenu par les constituants sous la pression de la société civile et du peuple.

Rachid Barnat

Lire : Les salafistes : pires ennemis de l'islam

"Al-halal Wa Al-haram" (Le licite et l’illicite), livre écrit dans sa jeunesse par le cheikh Youssef Qaradhawi

samedi 28 avril 2012

Le pendant du salafisme dans le christianisme



Le pères de l'églises étaient des chrétiens appartenant aux toutes premières générations du christianisme après la mort du Nazaréen. Ils s'appelaient par exemple Clément, Ignace, Polycarpe, Tertullien, Cyprien, Augustin. Ils ont donné les fondements moraux qui allaient régir l'Europe pendant de très nombreux siècles. Bon nombre de ces pères de l'église ont été ensuite canonisés par le Vatican. Étant plus proche historiquement parlant, de leur idole Jésus que nous, on serait en droit d'attendre de ces pères de l'église qu'ils aient des paroles pleines de sagesse. La plupart des gens lorsqu'ils entendent parler des pères de l'église pensent aussitôt à des enseignements vertueux et purs… Et bien ça n'est malheureusement pas le cas ! Ils ont au contraire incité à la haine,…la haine des païens, la haine des chrétiens qui suivaient d'autres voies que la leur, la haine des femmes, bref : la haine de tout ce qui ne voulait pas adhérer aveuglément à leur foi intolérante ; une foi qui refuse l'autorité de Rome parce qu'ils ne veulent pas participer aux rites païens qui ponctuent la vie civile dans l'empire romain. Mais comme nous l'avons vu précédemment, ces pères de l'église et les communautés chrétiennes naissantes sont loin de former une unité compacte. À côté du catholicisme (loin d'être majoritaire), se bousculent entre autres le Marcionisme, le Montanisme, l'Arianisme, la Gnose,… Chacune de ces tendances accuse l'autre d'être hérétique et tous se chamaillent véritablement sur des détails. C'est en 313 de notre ère que l'empereur Constantin va déclarer le christianisme comme religion légale, et imposera la tendance catholique du mouvement chrétien comme la seule valable. L'année suivante d'ailleurs, il va décréter sur ordres des prêtres chrétiens, l'interdiction pure et simple de toutes les autres religions : les « autres christianismes » comme hérétiques, et bien sûr l'ennemi de toujours comme nous l'avons vu dans la bible, le paganisme. En 357 sera décrété par les « sages » de l'église l'autorisation de pratiquer la torture et la peine de mort pour tous ceux qui continuaient encore leurs rites païens. Ensuite vers la fin de ce 4è siècle, St-Augustin qui pense que l'interdiction des cultes païens n'est pas suffisante, ordonne la destruction de tous les temples païens et de leurs statues. C'est ainsi qu'autour de l'an 400, l'Augustin en question, se targue avec joie que tous les temples païens de l'empire romain sont détruits ! Mais quelle perte pour le patrimoine européen ! Toute cette architecture sacrée des anciens Dieux grecs et romains, ces joyaux de notre culture européenne, tous détruits… L'amour chrétien a encore fait une fois de sacrés ravages. Mais comme l'histoire allait malheureusement le démontrer, le christianisme n'en resterait pas là. Ils pouvaient faire mieux… 



Voyons donc un peu ce que pensaient certains de ces pères de l'église : 

- Iréné (140-203) dit que la femme qui effectue des rituels chrétiens comme chez les adeptes de la Gnose est un blasphème. La femme doit être soumise à l'homme et se taire. L'homme seul est à l'image de Dieu, la femme n'en est qu'une pâle copie. Rappelons en passant que l'église catholique ne reconnaîtra une âme aux femmes qu'au début du XXè siècle !!! Les femmes au niveau spirituel étaient quelque part entre la bête et l'homme… 
- Tatien (vers 172) dit que les philosophes grecs ne sont que des menteurs et des charlatans. Il « vomit » tout particulièrement sur Diogène et Platon qu'il traite d'hypocrites vivant dans le péché, Aristote est traité d'ignorant, Pythagore de vaniteux, Héraclite d'autodidacte vaniteux. C'est ainsi que 2 siècles après, les sympathiques chrétiens allaient s'acharner à effacer toute trace de philosophie en brûlant le plus de livres possibles. Réfléchir par soi-même et vouloir comprendre l'univers et l'être humain n'a jamais été vu d'un bon œil par les chrétiens. C'est être vaniteux disent-ils ; c'est surtout que les gens auraient pu se rendre compte que croire aveuglément était en fait une insulte à l'intelligence humaine. 
- Tertullien (155-245) est un des plus croustillants. Il s'acharne fanatiquement contre les hérétiques de la Gnose, les païens et contre les femmes. Il écrit des ouvrages entiers contre ces derniers. Pour lui les hérétiques sont tout simplement condamnés aux flammes de l'enfer, et on verra que plus tard les chrétiens n'auront pas la patience d'attendre qu'ils soient morts, ils les mettront eux mêmes sur des bûchers afin d'accélérer le processus. N'oublions pas qu'ils étaient quand même « gentils » ces chrétiens là : ils bénissaient les bûchers avant de brûler vifs leurs ennemis. L'amour de Dieu est toujours présent…et ses voies sont impénétrables. Tertullien dit que les hérétiques ont puisé dans des sources païennes et pour cela sont contaminés par le diable. Il est interdit de discuter avec eux, car discuter avec eux c'est comme forniquer avec le diable. Les adeptes de la Gnose disaient que le salut pouvait être atteint par la connaissance et l'étude, alors ça, les chrétiens ne le supportaient pas, car pour eux seule la foi (aveugle !) peut sauver. Ils préfèrent clairement traiter avec des ignares, car il est évident qu'il est plus facile d'en faire des moutons dociles. Tertullien répète que les femmes ne sont pas à l'image de Dieu et qu'elles portent en elles le péché par nature depuis que soi-disant Eve avait commis le premier péché. Elles sont source de péché et de malédiction, elles sont la porte qui mène au diable. À cause du péché permanent des femmes, Dieu a même dû sacrifier son fils pour racheter les péchés de l'humanité. En clair pour lui la femme par nature n'est qu'une putain… « L'amour » des chrétiens de l'époque est vraiment sans limite. Sous la croix des chrétiens, il ne fait pas bon être femme. Tertullien explique aussi que les produits de beauté sont un blasphème contre Dieu et révèle encore plus la nature diabolique de la femme. Tout logiquement, à la fin de sa vie, Tertullien conseille ouvertement aux hommes de ne jamais se marier, car c'est la seule manière de ne pas être contaminé par la concupiscence. Je vous laisse le soin de juger ces propos. Quant-aux païens, Tertullien tient le discours déjà vu dans la bible : les païens sont une abomination aux yeux de Dieu, il est interdit de participer aux fêtes païennes ou d'avoir des relations avec les païens sous peine d'être en état de péché mortel. En ce qui concerne les Dieux, il se contredit souvent : tantôt il dit que les Dieux n'existent pas et ne sont que des hommes qui sont morts dans le passé, tantôt il dit que les Dieux existent mais qu'ils sont en fait les démons serviteurs du diable. Le paganisme doit bien-sûr être combattu et détruit. 
- Augustin (aussi appelé Saint-Augustin) ira encore un peu plus loin dans son intolérance et sa haine en disant qu'il faut toujours être en guerre contre les païens, car c'est une guerre sainte et juste. Il parle du paganisme comme d'une épidémie, d'un crime et d'une ignominie. Pour lui aussi les Dieux ne sont que des démons. Il ordonne comme nous l'avons vu au début, la destruction de tous les temples païens et vers l'an 400, il n'en reste plus debout dans l'empire romain… 
- St-Ambroise lui ira encore plus loin dans l'infini amour chrétien : il va prôner au 
4è siècle tout simplement l'extermination des païens, des Goths et des juifs… Bref tout ce qui dérange le christianisme doit disparaître de la face de la terre. Vous me direz, pourquoi les juifs ? Le christianisme est une branche du judaïsme, donc ils sont de la même « crémerie »… Et bien, c'est que le chrétien très tôt va dire que les juifs ont crucifié le christ (ce qui est faux), et qu'ils n'ont pas voulu reconnaître Jésus comme le messie promis par l'ancien testament. La vérité, c'est que le chrétien a bien hérité de l'intolérance religieuse de l'ancien testament et ne supporte pas ce qui n'est pas comme lui : il n'est qu'un mouton aveuglé par sa foi ridicule et assassine. 

Le christianisme comme nous avons pu le constater n'est qu'une religion étrangère à nos cultures européennes. Elle s'est imposée à nos ancêtres d'une manière sournoise ou criminelle. Sa haine du paganisme ne nous rend que plus forts, nous les païens. Nous voulons être les héritiers de nos ancêtres païens et continuer à raviver la flamme de cette connaissance millénaire que nous transmettent du plus profond des âges les mythes de nos anciens Dieux. 

Que Wodan, Donar, Frey et tous les Immortels nous accompagnent dans cette longue quête.


Hathuwolf Harson

LE SERMENT

Film en 4 épisodes, vu sur Arte.

À travers un double regard - celui d'une jeune Londonienne qui découvre Israël et celui de son grand-père, soldat dans la Palestine des années 1940 -, Peter Kosminsky (Warriors) retrace l'histoire du conflit israélo-palestinien.

Film bouleversant sur fond historique mettant en scène la naissance de l'état d’Israël. 

On y voit comment les juifs d'Europe fuyant le nazisme et ses horreurs, affluent en masse vers ce que les sionistes ont décidé d'en faire leur état. 

Après un terrorisme de la haganah contre les palestiniens mais aussi contre ceux qui étaient censés les protéger, leur colonisateur les anglais, ceux-ci décideront de les abandonner à leur sort en retirant leur armée. 

Avec la bénédiction de l'ONU "convaincue" qu’elle accordait « une terre sans peuple à un peuple sans terre », les juifs obtiendront que la Palestine soit partagée en deux pour y créer leur Etat en 1947 !

Le film rappelle comment les juifs d'Europe s'en sont pris à un peuple qui n'est pour rien dans leurs malheurs, pour le terroriser, le martyriser, puis le chasser de chez lui pour s'installer sur les terres et dans les maisons des palestiniens !

Et voilà comment après le colonialisme des empires français et anglais, va naître un nouveau type de colonialisme !
Colonialisme qui se poursuit depuis la création de cet état, sous le regard impassible du monde entier, avec la complicité des grandes puissances. 
Puisque le veto américain encourage Israël dans son expansion et ses exactions ! Et ce, en dépit du droit international ! Faut-il le rappeler, presque 300 résolutions de l'ONU contre Israël restent toujours lettres mortes !

Le film met l'accent sur l'idée du RETOUR qui occupe l'esprit de tout palestinien depuis la "nakba" (catastrophe, lors de laquelle les palestiniens ont été obligés de quitter dans la précipitation leurs maisons et leurs terres). 
Idée obsessionnel que les générations se transmettent entre elles d'autant que l'ONU la leur avait promise.
Elle est symbolisée par la CLEF de la maison paternelle, que les pères transmettent au fils dans l'espoir qu'un jour leurs descendants retournent dans la maison des aïeux ! 

La petite fille du capitaine anglais va faire le chemin inverse grâce au journal intime de son grand père et découvrir que le terrorisme des juifs envers les palestiniens se poursuit, et qu’il est passé au stade de terrorisme d’état envers un peuple qui lutte contre le colonialisme pour recouvrer ses droits.

Image bouleversante à la fin du film, puisque la petite fille anglaise au péril de sa vie, va réaliser le serment fait par son grand père à son ami palestinien.

Le symbole de la clef est repris à d'autres peuples chassés de chez eux : les Andalous. Quand Isabelle la catholique a décidé de chasser les juifs et les musulmans d'Espagne, beaucoup ont conservé religieusement la clef de leur maison, la transmettant de père en fils, toujours dans l'espoir d'un probable retour chez eux !

Rachid Barnat

vendredi 27 avril 2012

GHANNOUCHI ET SES HOMMES


Ghannouchi est le guide suprême d'Ennahdha. Avec le grade d'émir ou de calife ? L'avenir nous le dira.
En tous cas il en rêve depuis qu'il a intégré "les Frères Musulmans" en Egypte pour se radicaliser en salafiste et devenir le terroriste dont les tunisiens découvriront l’extrémisme lors des attentats de Monastir. 
Il était enseignant dans les lycées, quand il a commencé à s'intéresser à la politique. 
Il a choisi l'opposition religieuse à Bourguiba.
C’est ainsi qu’il a commencé son militantisme politique, comme tout salafiste qui se respecte. 
Lui, Hammadi Jebali (premier ministre) et Moncef Ben Salem (ministre de l'enseignement supérieur) ont du sang sur les mains : attentats de Monastir, de Tunis….avec des morts dont des tunisiens.... 
Il changera son prénom Farid contre Rached : est-ce un nom de guerre ? Mais cela lui donne un statut de guide spirituel si on s'en tient à une traduction étymologique du nom.

Si ces hommes ont fait de la prison c’est pour leur extrémisme armé qui ne recule pas devant le meurtre et l’assassinat de leurs opposants. 

Or depuis le 14 janvier 2011, ils se prévalent de leur "martyre" (emprisonnement et torture) pour légitimer leur désir de prendre le pouvoir ! Grace à leur émir du Qatar et à son soutien logistique, financier mais aussi  médiatique (Aljazeera TV), ils sont au pouvoir. 
Et le comble est que Ghannouchi chef de leur parti Ennahdha, se présente comme un cheikh, un mufti, un imam, un théologien ....mais toujours autoproclamé; s'auréolant ainsi d'une nouvelle respectabilité que propage Aljazeera TV de son amis l'émir ! 

Par ailleurs, ni Lotfi Zitoun (autre tête pensante du parti : théoricien du perpétuel complot contre son parti et contre le gouvernement!) ni ses amis n'y étaient pour dégager ZABA. 
Ils étaient en prison, ou terrés chez eux de peur d'être inquiétés par la police de ZABA ou en exil ! 

Et depuis qu’ils sont sortis de leur trou grâce à la révolution, ils tirent les marrons du feu en chevauchant une révolution qu’ils n’ont pas faite, pour pérorer sur :
- les objectifs de la révolution, 
- la démocratie, 
- les libertés....
Mais pour imposer toutes autres choses qui n’ont rien à voir avec les aspirations des jeunes tunisiens qui se sont sacrifiés pour dégager le tyran. 
Dans quel but ? Pour instaurer une autre dictature théocratique plus liberticide que la dictature autocratique de ZABA.

Rachid Barnat

LA CONCEPTION DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE PAR LE POUVOIR EN PLACE

Article publié dans : Kapitalis




La conception de la liberté de la presse selon Ennahdha et le CPR :

Hier sur le plateau du "dossier du moment" sur la chaîne Hannibal, un débat autour de la chaîne nationale Watania, laisse perplexe, comme si le 14 janvier2011 n'avait pas eu lieu.

- Hocine al Jaziri, d’Ennahdha, ministre des tunisiens à l'étranger, exige que la Watania du fait qu'elle est une chaîne nationale, consacre 60 % des informations qu'elle diffuse, au gouvernement ! 60 % étant le total des voix obtenues aux élections du 23 octobre 2011 par la troïka au pouvoir.
Mohamed Abbou, du CPR reproche à la Watania de passer peu ou pas du tout d'info sur les activités de son patron Marzouki, président de la république !

Ce à quoi l'analyste politique de service Alaya Allani, étonné par tant d'arrogance de la part des deux représentants du pouvoir provisoire, rappelle que les journalistes sont libres du choix des informations qu’ils traitent.
Démonstration par l'absurde, il demandera au ministre, s'il doit étendre la règle des "60%" aussi à la justice, pour que les juges traitent 60 % des dossiers « dans le sens » que voudrait le gouvernement !
Il rappelle par ailleurs qu'il apparaît que les tunisiens délaissent Aljazeera pour aller vers leurs médias tunisiens dont la Watania qu'ils découvrent intéressante et libre puisque les journalistes de cette chaîne refusent de rééditer ce à quoi ZABA les avait réduits : « porte parole du pouvoir » ! Est-ce de là que vient l'inquiétude de Ghannouchi qui voudrait reconduire de telles pratiques ?
Est-ce la raison pour laquelle Ghannouchi voudrait faire de Watania une "Aljazeera bis" pour la vendre à son ami l'émir du Qatar ou à des financiers proches de ses idées, pour continuer d’y paraître ?
Un journaliste tunisien travaillant pour France 24, Tawfik Mjaied dit et répète sur les médias tunisiens, que le journaliste doit rester libre et que la priorité reste à l’info elle-même ! Le choix  ne relève que de l'intérêt qu’elle pourrait avoir auprès du public dont seul le journaliste reste responsable. Ce n’est pas au journaliste de faire de la propagande à un parti ni à son chef, insiste-t-il !
Ce que décidément le gouvernement Jebali n’a pas compris ou feint de ne pas comprendre !
Avec beaucoup de colère Tawfik Mjaied, conteste l'ingérence du gouvernement dans la ligne éditoriale du journaliste et rappelle que la priorité est à l'info et non à l'image ni au discours d'un ministre ou d'un président ! S'il n'y trouve aucun intérêt, le journaliste n'est pas obligé de passer des mièvreries.
Veut-on vraiment que la télévision revienne à des pratiques anciennes que nous croyons révolues avec le départ de ZABA, où l’on se contentait de rapporter que le Président avait reçu tel ou tel sans jamais aborder le fond des problèmes ?
Oublie-t-on que la Révolution pour la liberté est passée par là ?

Un constitutionnaliste Mohamed Abbou, avocat de métier et membre du CPR, se plaignait que la Watania passe peu ou pas du tout Marzouki.
Ce reproche a mis en colère le journaliste de Watania qui lui rappelle fermement que le palais de Carthage inonde la chaîne de communiqués dont le préambule lui rappelle de mauvais souvenirs : « Istakbala » (le président a reçu…) ; et qu’il reconnaît volontiers rejeter parce qu’il veut rompre avec les pratiques de ZABA ! Et s’il n’a pas donné plus d’intérêt aux «actions/bougeottes» du président, c’est qu’il n’y trouve aucun intérêt pour les téléspectateurs !

Quand aux sittineurs qui, durant 50 jours, n’ont cessé d’harceler les employés et journalistes de Watania, Mohamed Kilani représentant du parti communiste présent sur le plateau pose la question de l’organisation et de la logistique d’une telle « performance » sans que la police n’ait intervenue une seule fois.
Mais la réponse est dans la récrimination des sittineurs eux même, quand lors de la « négociation » avec les représentants d’Ennahdha, dont Lotf Zitoun (conseiller du premier ministre Jebali, de rang de ministre), qui voulaient lever leur sit-in, certains leur demanderont : « payez nous les 30 D promis » !

Ce que confirme un autre constitutionnaliste Khémaïes Ksila, qui affirme avoir vu des bus blancs déverser des jeunes bien encadrés, leurs sandwichs fournis, pour « assurer » toutes sorte de sit-in qu’organise le parti Ennahdha avec consigne d'insulter et d'injurier ceux qui déplaisent à ce parti. 

Il faut que  tous les Tunisiens disent fermement à ce pouvoir qu’ils ont fait la révolution pour la LIBERTE et qu’ils n’accepteront plus une télévision et des médias de propagande aux ordres du pouvoir.
C’est la raison pour laquelle ils s’opposeront avec la plus grande fermeté à la tentative de privatisation qui n’est que la volonté de mettre les médias au pas par un parti qui veut perpétuer des pratiques que les tunisiens pensaient avoir rejeter définitivement en même temps que celui qu'ils ont "dégagé". 

Le comportement du gouvernement Jebali est totalement contraire aux objectifs de la révolution dont pourtant il se gargarise.


Les tunisiens ne sont pas dupes. Ils ont compris que les partis au pouvoir veulent utiliser la chaîne nationale pour faire de la pub à leur chef : Ghannouchi et Marzouki, conscients de l’impact de l’image ; et ce en perspective des élections à venir.
Ils savent ce que Ghannouchi doit à la chaîne Aljazeera de son ami l’émir, qui a multiplié les apparitions de son candidat jusqu'à le leur imposer par l'argent et par l'image.  

De plus, ce n’est pas le moment de prendre une décision de cette importance qui engage la vie démocratique du pays alors que ce pouvoir n’a pour le moment qu’une légitimité : celle de rédiger la constitution et uniquement la constitution !


Quand à l'agenda que les tunisiens n'ont cessé de demander aux constituants et au gouvernement provisoire sorti de leur rang, ceux-ci daignent tout juste communiquer les dates de remise de leur copie : 
- Jebali donne une échéance vague entre le printemps et l'été 2013, 
- tandis que Mohamed Abbou, du CPR, pense que la date du 20 mars, souhaitée par les tunisiens pour une raison symbolique (fête de l'indépendance), est possible ! 
On y arrive....alors que, rappelons-nous, Marzouki voulait rester 3 ans au pouvoir pour assurer les réformes nécessaires pour le pays, disait-il; et Ghannouchi d'avantage puisque Jebali jubilait de l’avènement du VI éme califat !
Mais ils doivent respecter l'échéance d'un an qui leur a été accordée et fixer les élection au 23 octobre 2012.


Enfin, alors que l’on évoque ce droit absolument fondamental qu’est la liberté de la presse, comment ne pas être choqué par le jugement qui vient d’être rendu dans l’affaire « Persépolis » et qui constitue une évidente régression qui a, d’ailleurs choqué l’ambassadeur des Etats-Unis et qui choque en Europe. Lorsque la justice s’occupe de « morale » elle se ridiculise et se décrédibilise ; ce qui n’est jamais bon pour la démocratie. En France, au XIX° siècle, les juges qui ont condamné le poète Baudelaire pour « atteinte à la morale » sont ridicules et oubliés, et Baudelaire est resté l’un des plus grands poètes français. Très vite ce tribunal qui a condamné la diffusion du film « Persépolis » sera lui-même tout simplement ridicule, car la marche vers la liberté d’expression ne s’arrêtera pas.

Rachid Barnat

mardi 24 avril 2012

LES BARBOUZES DE L’ETAT

Atricle paru dans : Kapitalis

Sur proposition de Ghannouchi, le gouvernement a lancé l'idée de privatiser la chaîne nationale "Watania". Cette décision a suscité de nombreuses réactions et la violence d’un groupe de jeunes salafistes qui depuis presque 50 jours déjà manifestent quotidiennement devant le siège de cette institution nationale. Ils s’en sont pris de manière inacceptable aux journalistes et employés de la chaîne en proférant, comme d’habitude  des menaces verbales en invoquant le nom d’Allah !

Pour tenir autant, les sit-inneurs doivent bénéficier d’une logistique et d’un financement.

Qui est derrière eux ? Or ces jeunes qui manifestent depuis bientôt deux mois, n’ont revendiqué que tout récemment que la « TV nationale est à vendre », curieusement juste après l’annonce par Ghannouchi de son désir de privatiser la TV nationale, confirmée par Ameur Laârayedh membre de son parti.

Le prétexte officiel pour privatiser ce bien national est le déficit financier de cette institution. Alors que nous savons qu’il s’agit en réalité d’une réponse irresponsable à un bras de fer qui dure depuis la prise du pouvoir par Ennahdha, entre ce parti et les journalistes de la chaîne de télévision.  Ghannouchi n’admet pas que ce média soit indépendant du pouvoir. 
Pourtant un syndicaliste assure qu’il y a une solution que le gouvernement a refusée. Les japonais étaient prêts à les aider par un prêt sur dix ans à un taux dérisoire de 0,4 % ! Alors que nous savons par ailleurs que ce gouvernement a refusé l’aide japonaise pour d’autres prêts, toujours aux mêmes conditions, lui préférant les prêts de ses amis qataris à un taux de 4 %, c’est à dire plus cher même de ce qui se pratique sur le marché.
Les amitiés n’ont pas de prix, sauf que c’est le peuple qui paye la facture !

Il faut que les Tunisiens soient parfaitement conscients des enjeux et s’opposent fermement à cette volonté de privatisation, cela  pour au moins deux raisons fondamentales.
- Ce n’est pas le moment de prendre une telle décision.
Il n’y a vraiment rien de plus urgent pour le gouvernement ? Ne devrait-il pas plutôt s'occuper d’assurer la paix civile, le développement de l'économie ?
Il faut continuer à rappeler à ce gouvernement qu’il n’est que provisoire et que la Constituante n’a été désignée que pour écrire la Constitution dans un délai d’un an. Et non de vendre le patrimoine national.
Il faut sans cesse rappeler leur mandat aux élus et obliger ce pouvoir à se conformer à ce qui été démocratiquement décidé. Il faut qu’il se mette enfin au travail et donne des dates pour la remise de sa copie pour laquelle il a été mandaté : la rédaction de la Constitution !
Et qu’il nous donne un agenda clair pour les nouvelles élections.

Dans son discours du 1er mai, Houcine Abasi de l'UGTT a eu raison de rappeler fermement :
- « A l’Assemblée nationale constituante de se dédier à l’élaboration de la Constitution et que soit réactivée l’instance Supérieure Indépendante pour les Élections. »
- « Nous combattrons toute tentative de cession de nos biens publics, et nous nous opposerons à toute tentative de mainmise sur nos médias publics, comme nous refusons l’asservissement à nouveau de l’Administration pour reproduire de nouvelles forme de despotisme, sous quelque forme que ce soit ».
- « Nous ne laisserons pas les groupes de la mort, ennemis de la vie, attenter à l’intégrité de nos universités et de nos entreprises, étouffant la joie de nos enfants, s’acharnant sur les créateurs dans les domaines des arts et de la culture. Nous ne nous résignerons pas face à ceux qui accusent leurs compatriotes de mécréance, à la ségrégation, à la militarisation de la vie publique, à l’embrigadement des lieux de culte et d’éducation, incitant à la haine. »

Seul le pouvoir issu des nouvelles élections et de la Constitution pourra engager des décisions d’avenir. Ce gouvernement provisoire ne doit pas prendre de décisions irréversibles comme celle évoquée, qui vont engager le pays pour l’avenir. Il n’en a pas démocratiquement le pouvoir.

En second lieu, cette décision est évidemment un moyen de faire taire cette télévision et ces journalistes qui pointent les erreurs et les fautes de ce gouvernement ainsi que sa volonté - maintenant assez claire - de se maintenir au pouvoir et de museler la presse et les libertés.

Comme les journalistes luttent pour leur liberté (garantie d’une véritable démocratie), ce gouvernement n’a rien trouvé de mieux que d’envisager la vente à un groupe privé qui lui sera acquis et qui pourra museler cette télévision en lui donnant une autre ligne éditoriale.
Peut être aussi serait-ce l’occasion pour ce pouvoir de favoriser son ami l’émir du Qatar et lui donner ainsi un moyen supplémentaire d’influencer la politique tunisienne.

Or les Tunisiens ont déjà clairement indiqué, et ils le rediront sans cesse, qu’ils ne veulent pas être colonisés ni par le Qatar ni par aucun autre pays arabe. Les Tunisiens sont suffisamment évolués pour ne pas tomber entre les mains d’Etats obscurantistes et liberticides.

Enfin, les méthodes pour parvenir à cette décision, sont celles d’un Etat dictatorial.
Pour cela Ennahdha utilise ce que les tunisiens nomment les "salafistes", en se répartissant avec eux les rôles : le terrain pour les salafistes et l’action politique pour Ennahda.
Ces « salafistes » utilisent le vocable et les gestes du parfait voyou sans foi ni loi (doigt et bras d’honneur ….. les insultes les plus grossières….ce qui prouvent parfaitement leur comédie du « religieux fanatique » dont ils n’ont que le déguisement ! 
L’âge de ces agitateurs « professionnels » : souvent des gamins de 12 à 20 ans désœuvrés, mais sûrement payés pour leur « service ». Selon certains témoins, entre 30 et 50 dinars.
Les événements récents devant les locaux de la chaîne sont très clairs. Un groupe de jeunes visiblement incultes qui n’ont absolument rien à voir avec cette télévision (n’étant ni journalistes, ni employés de la chaîne), sont venus soutenir l’idée de vente de cette institution nationale. Ils ont menacés les journalistes et les employés, comme l’ont déclaré ceux-ci dans un reportage de la chaîne, avec des agressions verbales et physiques à l’encontre de certains d’entre eux ; auxquels ils s’en sont pris même à leurs véhicules.
Ils ont aussi souligné que la police n’a rien fait pour faire cesser leurs violences et qu’elle s’est contentée simplement de les mettre à l’abri dans les locaux de la chaîne pour éviter les violences, laissant les « jeunes salafistes » poursuivre leur mouvement.

Durant la campagne électorale les salafistes nahdhaouis manipulés par leur parti, semaient la terreur parmi les tunisiens et surtout parmi les tunisiennes, pour occuper le terrain publique et médiatique.
Depuis l'arrivée au pouvoir de Ghannouchi et de ses hommes, ceux-ci continuent à les utiliser, tel des barbouzes, pour faire diversion, faute de programme politique et économique à proposer aux tunisiens. Et comme par hasard, après chaque discours politique ou une décision gouvernementale impopulaire et contraire aux objectifs de la révolution, les barbouzes du gouvernement reprennent du service : terroriser les tunisiens par l’intimidation, l’agression verbale et physique ….avec un recours à la violence sous toutes ses formes : menace de mort, tentative de meurtre, saccages des biens d’autrui….Des faits relevant du droit commun mais jamais punis !

Devant l'exaspération d'une majorité de tunisiens, Ghannouchi et son gouvernement ne cessent de plaider pour les perturbateurs que sont les salafistes formant leur base ;  invoquant leur apprentissage de la démocratie, la liberté d'expression, la liberté de manifester, leur manque de maturité, intellectuelle et politique...
Bref, ils les présentent comme des demeurés avec qui les tunisiens devraient se montrer pédagogues et patients. Ne sont-ils pas nos enfants, assènent-ils goguenards pour clouer le bec à ceux qui voudraient les voir arrêtés et jugés pour les faits visiblement relevant du droit commun (agression verbale et physique à l'encontre des journalistes, des enseignants, des syndicalistes...jusqu'à l'outrage au drapeau national, et plus récemment l’appel au meurtre avec tentative de passage à l'acte à l'encontre du Pr Jawhar Ben Mbarek) ?

Or en terme de pédagogie, Ghannouchi et son gouvernement laissent envahir la Tunisie par des prédicateurs étrangers souvent à la solde des Ibn Saoud et de l'émir du Qatar, pour venir déverser sur la société tunisienne et dans nos mosquées, leur discours obscurantistes incitant à la haine, à la violence et au meurtre, pour endoctriner les plus fragiles.
De qui se moque-t-on ? Ils allument le feu et s'étonnent de la fumée !

Ces faits signent absolument nettement, sans discussion possible la responsabilité du pouvoir. Ces jeunes manipulés ont été envoyés par Ennahdha qui se comporte, en l’occurrence, et ce n’est pas la première fois, comme un état fasciste qui veut intimider ceux qui ne partagent pas sa doctrine.

A moins que tout soit planifié dans une optique électoraliste par un parti aux abois.
Au quel cas, aux tunisiens de résister, à dénoncer ce gouvernement aussi légitime qu'il prétend l’être, puisqu'il perd toute légitimité, dés lors qu'il n'assure pas la sécurité des hommes et de leurs biens, dont c'est le rôle premier !
Que les hommes au pouvoir se mettent une chose dans la tête : les Tunisiens ne se laisseront pas intimider. Ils n’ont plus peur.

Rachid Barnat

Lire : Recoba, barbouze connection





VOUS AVEZ DIT GOUVERNEMENT LÉGITIME ?

Article paru dans : Kapitalis



Toutes les raisons sont réunies pour délégitimer le gouvernement Jebali : depuis sa prise de pouvoir le 24 octobre 2011, la constituante a désigné parmi ses membres, le gouvernement actuel. Or :
- ce pourquoi les constituants ont été élus, n’est toujours pas fait plus de 6 mois après : la rédaction d’une nouvelle constitution ;
- le gouvernement provisoire de transition n’a, à l’évidence, aucun programme politique ni économique pour le pays ;
- les violences contre les personnes et les biens, sont quasi quotidiennes ; 
- ces violences sont organisées par le parti majoritaire de la troïka, Ennahdha, puisque leurs auteurs agissent ouvertement sans être inquiétés par une police, pourtant présente, et toujours dans l’impunité la plus totale ; 
- Le gouvernement devant toutes les difficultés quotidiennes du peuple, n’a d’autres propositions pour détourner son attention que de palabrer sur des thèmes hors objectifs de la révolution : chariâa, polygamie, mariage coutumier, caisse de solidarité pour marier les nécessiteux, excision des fillettes, mères célibataires….et depuis peu de privatisation de la télévision nationale Watania, parce que les journalistes de ce médias refusent de redevenir « la voix de son maître » comme ils furent contraints à l’être sous ZABA.
- A l’évidence ce gouvernement s’attaque politiquement à tous les symboles de la démocratie et du progrès :
° aux universités (Mannouba, Kairouan, Sousse …) ;
° au syndicalisme en s’attaquant au premier d’entre eux, c'est-à-dire à l’UGTT ;
° aux médias, en s’attaquant aux journalistes, aux directeurs de rédaction, aux directeurs ;
° aux partis d’opposition, en empêchant leurs réunions et en intimidant leurs chefs jusqu’à les agresser voir chercher à les éliminer physiquement…. 
- Pour cela Ennahdha utilise ce que les tunisiens nomment les « salafistes », qui ne sont autres que les barbouzes du régime, un ramassis de voyous désœuvrés mais instrumentalisés, avec des méthodes d’attaque et d’agression rodées ; puisque au cri de guerre « takbir », répond la meute par l’agression verbale et physique contre les personnes qui déplaisent au pouvoir, c'est-à-dire à tous ceux qui refusent le diktat d’un seul parti et ne pensent pas comme son guide suprême Ghannouchi.
- pour cela, les salafistes nahdhaouis utilisent le vocable et les gestes du parfait voyou sans foi ni loi (doigt et bras d’honneur ….. les insultes les plus grossières….ce qui prouve parfaitement leur comédie du « religieux fanatique » dont ils n’ont que le déguisement ! 
- L’âge des agitateurs : souvent des gamins de 12 à 20 ans désœuvrés, mais sûrement payés pour leur « service ». Généralement menés par quelques adultes partisans qui assurent la logistique et l’encadrement ! Certains pensent que c’est l’ancienne milice de ZABA que Ghannouchi et ses hommes auraient recyclée en « fous d’Allah » !
- Or après les appels au meurtre des barbouzes « pseudo fous d’Allah » d’Ennahdha, ceux-ci passent à l’acte : à trois reprises ils ont tenté d’attenter à la vie du Pr Jawher Ben Mbarek.
- Et que fait le gouvernement à chaque fois que les tunisiens crient fort leur ras-le-bol de la violence ? Il demande que l’on soit tolérant, patient et pédagogue avec une jeunesse qui apprend la démocratie. C’est se moquer du monde.
- Et ce discours, nous est tenu aussi bien par les ministres nahdhaouis que par ceux appartenant aux deux partis de la coalition. 
- Dont les chefs Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaafar nous assuraient pourtant de veiller à ce que Ghannouchi et ses hommes ne dépassent jamais La Lignes jaune ! 
- Or toutes les lignes rouges ont été à plusieurs reprises franchies sans que ces deux-là n'aient élevé la voix ni bougé le doigt ! Ou si peu et mollement.
- Connivence ? 
- Et comme par hasard, après chaque discours politique ou une décision gouvernementale impopulaire et contraire aux objectifs de la révolution, les barbouzes du gouvernement reprennent du service : terroriser les tunisiens par l’intimidation, l’agression verbale et physique ….avec un recours à la violence sous toutes ses formes : menace de mort, saccages des biens d’autrui….Des faits relevant du droit commun mais jamais punis !
- Ghannouchi et ses hommes allument le feu et s’étonnent de voir la fumée…Car la responsabilité de Ghannouchi est grande : c’est lui qui a donné le signal pour toutes les actions fascistes auxquelles assistent les tunisiens depuis l’arrivée au pouvoir de son parti, en appelant au JIHAD ! Montrant par là la voie théocratique qu’il veut donner au gouvernement. Ce qui implicitement annonce l’abandon de la démocratie….si toute fois Ghannouchi était sincère de s’en prévaloir !
- Alors que pour des faits d’une totale banalité, la promptitude du gouvernement de mettre à l’indexe et d’emprisonner les "fauteurs", ont étonné plus d’un ! 
- Et comme par hasard, il s’agissait de journalistes et de directeurs d’un journal et d’une chaine de télévision privé !!!
- Les tunisiens ont fait leur révolution pour se débarrasser de ZABA et de son système. Et voilà que Ghannouchi et ses hommes veulent à l’évidence le perpétuer avec des méthodes fascistes au nom d’Allah, puisque toutes les actions sont ritualisées par le « takbir » ! 

Et ces constituants osent encore parler de légitimité ? Que leur faut-il pour prendre leur responsabilité, que leurs barbouzes tuent et assassinent les intellectuels comme en Algérie, parce qu'ils dérangent ces messieurs au pouvoir provisoire ? Sont-ce là, la démocratie et les libertés dont se gargarisent les constituants et les hommes du gouvernement provisoire de transition, sortis de leur rang ?

La question est que faut-il faire face à ce pouvoir ? Voici ce que propose un de mes lecteurs :
- D'abord, et c'est essentiel, manifester sans cesse pour imposer un délai à la Constituante pour l'écriture de la Constitution et pour organiser les nouvelles élections.
- Faire que l'UGTT s'associe à cette exigence et en vienne à la grève générale si le pouvoir fait la sourde oreille.
- Manifester fortement contre toutes les dérives pour faire comprendre à ce pouvoir la détermination des tunisiens progressistes de ne rien céder.
- Enfin si après une lutte sans violence les Tunisiens se rendent compte que le pouvoir ne veut rien céder et utilise lui-même la violence (c'est déjà le cas) alors la rébellion sera légitime.

Rachid Barnat