Le macronisme est né le jour où Emmanuel Macron ministre de François Hollande était choqué et déçu des parlementaires de droite (LR) comme de gauche (socialistes) qui soutenaient son projet de loi mais l'avaient lâché en votant contre en séance plénière au parlement.
Ce soir-là Brigitte Macron dit que son mari est rentré sans rien dire et joua du piano comme un dieu pour évacuer sa colère. Ce n'est que le lendemain qu'il lui annoncera qu'il se présentera à l'élection présidentielle et qu'il formera son propre parti EM; prenant ce qu'il y a de bon à gauche et ce qu'il y a de bon à droite ... annonçant par la même sa politique du "en même temps".
Macron a misé sur l'intelligence des Français, persuadé qu'un pays se gouverne au centre ... mais les hommes, sont les hommes !
Et depuis, il va tout faire pour pousser dans leur retranchement les partis traditionnels, d'abord les socialistes puis LR, obligeant leurs membres à tomber le masque et montrer de quel bord ils sont réellement pour en finir avec l'hypocrisie : ce qui finit par imploser le PS, puis le LR.
La nature ayant horreur du vide, il fera (volontairement ou involontairement ?) le jeu des extrêmes : extrême droite (Marine Le Pen/FN) & extrême gauche (Melenchon/LFI) qui vont récupérer les transfuges des partis dits traditionnels transformant ces partis en coquilles vides.
R.B
Chacun sait que
j’ai adhéré, dés le début, aux propositions d’Emmanuel Macron et à son analyse
de la situation politique et à sa théorie politique du « en même
temps », c'est-à-dire, dans le fond un positionnement au centre avec des
projets de droite mais également de gauche. Cela me paraissait correspondre à
la situation où les partis de gouvernement, de gauche et de droite, faisaient
déjà des politiques qui prenaient en compte des idées de gauche et de droite.
Je pourrai en citer mille exemples.
J’ai ensuite
été déçu en constatant que, dans la réalité, le projet penchait plutôt à droite
même s’il est indiscutable qu’il y a eu des projets que la gauche aurait pu
porter.
Les évènements
récents, l’attitude des partis extrêmes et les sondages, m’ont conduit à mettre
en question ce positionnement politique de M. Macron qui a pour conséquence
inéluctable, la disparition de l’alternance républicaine pour n’offrir aux
électeurs qu’une alternance vers les extrêmes.
En effet, la
théorie macroniste a conduit - chacun peut le constater - à faire quasiment
disparaître la droite et la gauche de gouvernement. Les Républicains ont été
conduits au bord de la disparition et ont connu une chute massive de leurs
électeurs ; et que dire du Parti socialiste dont on peut se demander s’il
existe encore ?
Or si cette
théorie du ni gauche ni droite, du gauche et droite en même temps réussissait,
cela signifierait la disparition de l’alternance politique, le macronisme ayant
vocation à demeurer au pouvoir. Dès lors, il est clair que la seule alternance
qui serait offerte aux électeurs serait celle qui conduit aux extrêmes de
droite ou de gauche, c'est-à-dire très clairement à des régimes dangereux pour
la paix civile.
Cette situation
est très dangereuse et constitue un véritable péril. Le maintien infini des
macronistes au pouvoir serait la conséquence de cette absence d’alternance ;
or, l’alternance est la respiration nécessaire de la démocratie. Elle offre un
choix alternatif aux électeurs et rend, dés lors, le vote utile et porteur de
changement.
Pour moi, ce
n’est pas la personne du Président Macron qui est en cause car il reste, selon
moi, une personnalité brillante, qui a des idées tout en étant dans la nuance ;
et je m’étonne même de la haine qu’il suscite.
Ce qui est
clairement en cause, c’est sa doctrine politique qui s’avère néfaste et
dangereuse.
Il me paraît
indispensable, sous peine de graves conséquences, que réapparaisse le clivage
gauche de gouvernement / droite de gouvernement. Pour ma part je souhaiterai
que Bernard Cazeneuve développe son parti de gauche républicaine ; et je
verrai bien, à droite, Edouard Philippe prendre la tête d’une droite républicaine et
enfin François Bayrou incarner le Centre.
Une vraie
alternance, serait alors possible sans que les citoyens mécontents de la
politique menée ne soient contraints d’aller vers les extrêmes avec les
conséquences catastrophiques que cela aurait pour la paix civile.
***
Bernard CAZENEUVE *
Sortir
enfin de l’impasse politique
Ce paysage dévasté, celui de la politique et des institutions abaissées,
suffirait à nourrir l’inquiétude de nos concitoyens. Il dessine hélas bien
davantage : une impasse démocratique majeure qui acculera les Français, si rien
ne se passe à la pire des solutions, celle du choix de la droite extrême et de
l’extrême droite.
Alors
que dans un pays fracturé et sous tension, le mouvement social se poursuit
contre la réforme des retraites, la stratégie du pouvoir est manifestement
celle du pourrissement.
Le
tacticisme y faisant office de boussole, on doit gager, en haut lieu, que les images
de violence, diffusées en continu sur les chaînes d’information, finiront par
exaspérer les Français, épris de justice, et que le retour à l’ordre deviendra alors
leur seule aspiration. C’est oublier que le désordre a une cause et qu’il est probable
que ceux qui ont pour partie, contribué à l’instaurer, en imposant au pays une
réforme malmenante et mal menée, ne seront pas considérés par les Français,
comme les tenants légitimes d’un ordre qui leur garantirait la justice.
Il
faut de surcroît se méfier des effets escomptés des calculs politiques de court
terme. Ils finissent toujours par donner à l’extrême droite l’opportunité de se
présenter comme le seul parti de l’ordre, après que l’irresponsabilité de plus
en plus largement partagée, lui aura permis de se dédiaboliser à bon compte.
Une
autre réalité s’impose, elle aussi préoccupante, celle de la relation complaisante
que certains pans de la société entretiennent désormais avec l’extrémisme. A
cet égard, les images de Sainte-Soline ont elles aussi révélé un temps, où la
violence devenue ordinaire, le rejet des principes de l’Etat de droit et la
haine de la police s’assument comme des convictions politiques ordinaires. Dans
un tel contexte, l’usage proportionné de la force devrait toujours guider
l’Etat lorsqu’il s’emploie à contenir la violence, sauf à vouloir prendre le
risque de tomber délibérément dans le piège que lui tendent ceux qui exècrent
jusqu’à son principe.
Confrontation.
Que le Parlement
contrôle l’action du gouvernement en ces matières où la polémique fait rage
serait utile, pour que le nécessaire débat puisse enfin s’instaurer sur des
bases rationnelles, et que nul ne puisse attiser le feu qui couve, avec pour
seule préoccupation d’en tirer un bénéfice pour lui-même.
A
l’origine des excès que les Français subissent douloureusement, on trouve
l’intention à peine dissimulée d’instiller partout les ferments de la confrontation,
en dressant contre les institutions, et ceux qui les incarnent, le plus grand
nombre : cynisme une fois encore de ceux qui font passer les démocrates pour
des oppresseurs et les dictateurs, qui tirent à balles réelles sur leurs
peuples, à l’instar de Nicolás Maduro, pour des libérateurs.
Ce
paysage dévasté, celui de la politique et des institutions abaissées, suffirait
à nourrir l’inquiétude de nos concitoyens. Il dessine hélas bien davantage :
une impasse démocratique majeure qui acculera les Français, si rien ne se passe
– et sans mauvaise conscience – à la pire des solutions, celle du choix de la
droite extrême et de l’extrême droite. Si l’on considère toujours que là où il
y a un chemin, demeure une espérance, il faut affirmer sans tarder les quelques
pistes d’un renouveau démocratique et ne plus distraire aucune énergie qui pourrait
contribuer à les rendre crédibles.
Il
est d’abord urgent de guérir notre système politique de l’illusion qu’il suffirait
de concepts forgés par des communicants sans conviction, pour convaincre le
peuple qu’une politique sans projet serait pertinente et que les lieux de
pouvoir demeurent des lieux de puissance. La verticalité n’est pas l’efficacité,
et l’autorité de l’Etat ne sera pas restaurée aussi longtemps que les conditions
de la confiance ne le seront pas aussi. Il y faudra du temps, car le nécessaire
dialogue n’ira pas sans la reconstitution de corps intermédiaires puissants –
syndicats et partis politiques – avec lesquels bâtir des coalitions pour
redresser le pays et des compromis pour gouverner.
Sursaut.
A défaut de ce sursaut, on
continuera à antagoniser tous ceux qui vivent dans le sentiment du mépris et de
la relégation. Si l’on veut notamment éviter que la radicalité, qui s’est
emparée d’une partie de la jeunesse, ne se transforme en extrémisme, il n’y
aura pas d’autres choix que de donner un débouché politique à la volonté
légitime des générations nouvelles de pouvoir continuer à vivre sur la planète,
en préservant ses biens communs. Il faudra pour cela répartir plus
équitablement les ressources, après des décennies de productivisme, qui ont
réduit l’espérance d’une vie meilleure à l’accroissement de richesses matérielles,
au prix d’inégalités sociales en hausse continue et de ressources naturelles en
constante réduction.
Certes,
les élections doivent demeurer l’instrument privilégié de la définition par le
peuple de ses choix souverains, mais entre les moments où le suffrage oriente
la politique de la Nation, il faudra inventer de nouvelles formes de concertation
pour que les grands projets d’infrastructures puissent faire l’objet d’un
dialogue approfondi, qui les rendent acceptables et soutenables pour les
générations nouvelles. A défaut d’une telle méthode, le ministère de l’Intérieur
deviendra injustement celui de toutes les crises et l’objet de tous les ressentiments,
au grand détriment de l’Etat et de l’affirmation de son indispensable autorité.
Ces
préoccupations simples, et qui ne sont que de bon sens, apparaîtront sans doute
désuètes aux tenants d’une modernité frelatée, qui aspirent à voir la disruption
et la colère entretenues se confondre avec le génie. Elles sont pourtant seules
de nature à permettre le retour de la nécessaire sagesse : celle que le peuple
français – intelligent et ardent à la fois – chérit, comme il chérit la
concorde. Pour les républicains les plus convaincus, l’unité et
l’indivisibilité de la République ne se conçoivent pas sans la justice et tous
les chemins pour y parvenir doivent être empruntés, puisque tel est notre
premier devoir.
* Bernard
Cazeneuve, est ancien Premier ministre de François Hollande