la traitrise comme fonds de commerce chez les Frères musulmans.
Si le communisme a dégénéré en une multitude de courants politiques, souvent par des hommes dérangés mais dangereux, chacun faisant sa propre lecture de cette doctrine au point de lui faire des petits : comme Staline et son stalinisme, Castro et son castrisme, Mao et son maoïsme, ou autres dictateurs comme Ceaușescu et Hoxha; jusqu'aux dynasties communistes comme celle des Kim de la Corée du nord, plus fous que Staline dont ils s'inspirent !
Le wahhabisme, lui, va connaître son essor depuis que l'Angleterre l'avait instrumentalisé pour démanteler l'empire Ottoman, puisqu'il va servir aussi aux américains pour contrer l'expansion du communisme dans le monde; mais aussi dans leur politique impérialiste, ce néo-colonialisme qui mettra fin aux empires coloniaux français et anglais après la deuxième guerre mondiale.
Quant aux "arabes", l'ayant vu réussir aux Ibn Saoud pour prendre le pouvoir, le wahhabisme va donner des idées à beaucoup d'hommes politiques pour s'en servir et faire de même, donnant naissance à tous les mouvements et à une myriade de partis islamistes ... puisque même le chiite Khomeiny, l'adoptera et l'adaptera pour chasser le Shah et prendre le pouvoir en Iran, bien que le wahhabisme soit une obédience sunnite !
Le berceau du wahhabisme étant l'Arabie, il va connaître son véritable essor avec celui du pétrole qui va rendre fous des pétromonarques, bédouins pauvres à peine sortis de leur moyen âge; et qui comme tout nouveau riche, veulent tout acheter, eux qui ne produisent rien ... jusqu'aux consciences des dirigeants, celles des Occidentaux comprises !
Et dans leur course à l'hégémonie, tous ces pétromonarques ont leurs chevaux favoris parmi les islamistes qu'ils soutiennent et financent, aux noms différents mais relevant tous du wahhabisme qui les fonde tous, pour le répandre dans le monde entier comme moyen de domination ! Ce qui ne les empêche pas de se faire la guerre entre eux ou par pays interposés; comme cela ne les empêche pas non plus de jeter l'anathème les uns sur les autres comme le font les Ibn Saoud qui, après avoir collaboré avec les Frères musulmans, les déclarent persona non grata, voir terroristes; et s'en prennent à leur protecteur l'émir du Qatar qui les agace par son insatiable appétit ! Ce qui est un comble quand on sait le rôle tenu par les Ibn Saoud dans les attentats du 11 septembre !
Et dire que la France espère l'aide des Ibn Saoud dans sa guerre contre l'islamisme ! Naïveté, ignorance ... ou irresponsabilité de ses dirigeants ? ! R.B
" D'une main les Frères musulmans égrènent leur chapelet de prière; et de l'autre, ils égorgent leurs opposants ! ".
La Société des Frères musulmans (جمعيّة الإخوان المسلمين ; jamiat al-Ikhwan al-muslimin), raccourcie
en Frères musulmans (الإخوان المسلمون ; al-Ikhwān al-Muslimūn),
est une organisation transnationale islamique sunnite fondée en 1928 par Hassan el-Banna à Ismaïlia, dans le
nord-est de l'Égypte. Composée d'un appareil militaire et d'une organisation
ouverte, son objectif officiel est la renaissance islamique et la lutte non
violente contre « l'emprise laïque occidentale » et
« l'imitation aveugle du modèle européen » en terre d'Islam pour lutter contre le colonialisme et liberer les pays de la domination anglaise et francaise.
Cette
organisation panislamiste est officiellement considérée comme
organisation terroriste par le gouvernement égyptien, la Russie,
l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Elle a rapidement
essaimé ses idées dans les pays à majorité musulmane du Moyen-Orient,
comme au Soudan ou en Afrique du Nord, et a également établi des
instances nationales dans des pays non musulmans. Certains groupes de partisans
se sont constitués en mouvements autonomes, comme la Jama’a
al-islamiya ou
le Hamas.
Logo des Frères musulmans -
On y lit : Allah est notre but
Le Coran est notre constitution
Le prophète est notre chef
Le jihad est notre voie
La mort au nom d'Allah, est la suprême de nos aspirations.
On y voit : Le saint Coran en rouge,
suivi de deux épées croisées sous lesquelles
une injonction : Préparez vous pour le combat !
Son
opposition fondamentale et parfois violente aux États laïcs arabes a amené son
interdiction ou la limitation de ses activités dans certains pays, comme la Syrie et
l’Égypte. La lutte contre l’État d’Israël est au cœur du mouvement, et le
théoricien du jihad armé, Sayyid Qutb, qui entrera par la suite en rupture
avec le mouvement, fut pendant un temps l’un de ses membres égyptiens les plus
en vue. Néanmoins,
ses différentes branches ont depuis condamné le recours à la violence en dehors
de la Palestine. Le mouvement
entretient avec les institutions promouvant le wahhabisme saoudien des
relations alternant entre coopération et rivalité.
La nébuleuse des
Frères musulmans serait coordonnée par la Muslim Association of Britain de Londres, s’appuyant sur la banque Al-Taqwa. Néanmoins, selon Xavier Ternisien, elle ne constitue pas une
structure pyramidale centralisée mais une mouvance hétérogène, labile et
multiforme.
Après la révolution
égyptienne de 2011, les Frères musulmans arrivent au pouvoir lors
des premières élections législatives démocratiques et libres dans l'histoire
du pays. En mai 2012, le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, devient le premier président
civil élu
démocratiquement en Égypte. Le 3 juillet 2013, un coup
d'État militaire renverse puis réprime les Frères musulmans.
L’Arabie saoudite, emboîtant le pas à l'Égypte, qualifie alors les Frères
d’« organisation terroriste ».
Idéologie
Hassan el-Banna, fondateur de la société secrète des
Frères musulmans, a défini son interprétation de l'islam en ces
termes : « Une organisation complète qui englobe tous les
aspects de la vie. C'est à la fois un état et une nation, ou encore un
gouvernement et une communauté. C'est également une morale et une force, ou encore
le pardon et la justice. C'est également une culture et une juridiction, ou
encore une science et une magistrature. C'est également une matière et une ressource,
ou encore un gain et une richesse. C'est également une lutte dans la voie
d'Allah et un appel, ou encore une armée et une pensée. C'est enfin une
croyance sincère et une saine adoration. L'islam, c'est tout cela de la même
façon ».
Le principal objectif
des Frères musulmans est l'instauration de républiques islamiques à la place
des régimes en place dans les pays à majorité musulmane telles que l'Égypte, la Libye,
la Syrie, ou encore la Tunisie. Les Frères musulmans s'opposent ainsi
aux courants laïques des nations à majorité musulmanes et préconisent
un retour aux préceptes du Coran, impliquant un rejet des influences
occidentales.
La devise des Frères
musulmans est : « Allah est notre objectif, le Prophète notre chef,
le Coran notre Loi, le Jihad notre voie, la mort sur la voie d'Allah notre
plus cher espoir ».
Les wahabites considèrent Frères musulmans comme des concurrents théologiques redoutables. Sur le fond, ils sont
proches, favorables à l'application stricte de la chariaa, à l'exclusion des
femmes, hostiles aux Juifs et à l'Occident. En revanche, ils se distinguent sur
la forme. Depuis les années 1930, les Frères musulmans s'inscrivent dans la
modernité, en fondant des partis, des syndicats, des associations, en
participant aux élections, toutes choses que les wahabites rejettent
résolument.
Fondation par Hassan
el-Banna
Hassan el-Banna et les Ikhwan
L’association est fondée
en 1928 par Hassan el-Banna à Ismaïlia, au nord-est du
Caire (en Égypte) après l’effondrement de l’Empire ottoman,
l'instituteur égyptien racontant dans ses mémoires que six ouvriers de la compagnie de Suez l’auraient poussé à
créer son mouvement en réaction au pouvoir des étrangers.
Déterminé à lutter contre « l’emprise laïque occidentale et
l’imitation aveugle du modèle européen », son mouvement débute comme une
simple association locale de bienfaisance mais rapidement se donne un but
politique, celui d’instaurer un grand État islamique fondé sur l’application de
la chariaa.
Lors de son premier congrès en 1933, l’organisation comptait
2 000 militants, un an plus tard ils sont 40 000, et en 1943 la
confrérie compte plus de 200 000 militants.
L'association des
Mères musulmanes, également fondée en 1928, devient en 1933 l'association des
Sœurs musulmanes, puis en 1937 l'association des Femmes musulmanes. La plus
connue de leurs militantes est Zainab al Ghazali.
Son idéologie ne
prêche alors pas le rejet de la théologie musulmane classique ni celle et des madhhab (obédiences).
Création de la branche
armée et participation à la guerre de 1948 contre Israël
En 1935, l’organisation entre en contact
avec Amin
al-Husseini, le grand mufti de Jérusalem, et
participe à l’insurrection arabe de Palestine de 1936. En 1945, Saïd Ramadan crée une branche
armée arabe de Palestine du mouvement, qui a pour objectif de combattre le
mouvement sioniste. Les Frères musulmans
connaissent du succès et de nombreux militants participent à la Guerre
israélo-arabe de 1948.
Tractation en vue d’un
gouvernement d’union nationale à l’époque de Nasser
En 1954, le président
égyptien Gamal Abdel Nasser accède aux responsabilités et envisage alors de constituer un gouvernement d'union
nationale avec la confrérie : « Nous voulions vraiment honnêtement
collaborer avec les Frères musulmans pour qu'ils avancent dans le droit
chemin ». Mais, selon lui, il s'est avéré au cours des tractations
politiques sur un hypothétique programme commun que le leader de Frères
musulmans n'avait pas la moindre proposition en dehors d'exiger de lui que
« chaque femme porte le voile en sortant dans la rue ». Raillant son
amateurisme, Nasser raconte : « Je lui ai répondu que c'était revenir
à l'époque où la religion gouvernait et où on ne laissait les femmes sortir
qu'à la tombée de la nuit » (sous-entendu : à cause des agressions
sexuelles). Et de l'interpeller sur ses propres contradictions :
« Monsieur, vous avez une fille à la faculté de médecine et elle ne porte
pas le voile. Pourquoi ne l'obligez-vous pas à le porter ? Si vous
n'arrivez pas à faire porter le voile à une seule fille, qui plus est la vôtre,
comment voulez-vous que je le fasse porter à 10 millions de femmes
égyptiennes ? ».
Interdiction et
dissolution en Egypte
En 1948, le 28 décembre,
l'« appareil secret » des Frères musulmans (branche paramilitaire de
l'organisation appelée aussi l'« organisation spéciale ») assassine
le Premier ministre égyptien de l’époque, Mahmoud an-Nukrashi Pacha. En
représailles, l'organisation est interdite et son fondateur Hassan
el-Banna est assassiné par les agents du gouvernement le 12 février 1949.
Le 8 octobre 1951,
le premier ministre égyptien Moustapha
el-Nahhas Pacha dénonce le traité anglo-égyptien.
Le Royaume-Uni refuse de quitter ses bases du Canal et des émeutes violentes,
actes de guérillas, sabotage de la part des Frères musulmans, communistes et
police égyptienne envers les britanniques et la répression de ces derniers feront
des centaines de morts dont 405 militaires britanniques jusqu'en
octobre 1954.
Au début des années
1950, les États-Unis s’intéressent aux Frères musulmans comme alliés potentiels contre Nasser et l’établissement de régimes communistes ou socialistes au Moyen-Orient. Le Guide
Hassan al-Hudaybi négocie avec le chargé des questions orientales du
Royaume-Uni, Trevor Evans et lui demande des armes pour lutter contre Nasser.
L'université de Princeton organise avec la CIA un colloque sur les musulmans en
Union soviétique avec Said Ramadan. Le 23 septembre 1953, le président
Eisenhower reçoit une délégation des Frères conduites par Said Ramadan. Talcott
Seelye,
diplomate en poste en Jordanie, rencontre Saïd Ramadan. Selon un document des renseignements
allemands, les Américains lui obtiennent un passeport diplomatique jordanien
pour faciliter ses déplacements. À la suite d'un attentat contre lui à
Alexandrie, le 26 octobre 1954, Nasser, qui craint pour sa personne, décide à
nouveau d’interdire l’organisation. Près de 20 000 militants sont
incarcérés.
En 1984, le pouvoir reconnut à la confrérie le statut d'organisation
religieuse, mais refusa sa participation à la vie politique. Un interdit que les Frères musulmans
contournèrent en présentant des candidats « sans étiquette » aux
élections, et en intégrant le parlement via des alliances avec d'autres partis.
Certains, dont Saïd Ramadan, après
avoir tâté le terrain dans les pays arabes avoisinants, optent finalement pour
l’Europe comme lieu d’implantation de leurs nouvelles bases, avec l’aide
financière des Saoudiens.
Liens avec la
Révolution islamique en Iran
En 1954, au Caire, les
Frères musulmans égyptiens et leur prédicateur vedette, Sayyid Qutb, ont fusionné leur organisation
avec le groupe iranien des Fedayin de l’Islam, dirigé alors par Navvab Safavi. Dès lors, ce mouvement sera
appelé en Iran Ikhuan al-Muslimin (Frères musulmans). À la mort de Safavi, exécuté par le
régime du Shah en 1955, ces derniers prennent pour guide l'ayatollah Khomeini. Ils lui apporteront alors toute la
doctrine de la Confrérie égyptienne, même si celle-ci est en parfaite rupture
avec le chiisme traditionnel, qui n'incitait pas à la révolution ni à la mise
en place d'un gouvernement islamique en Iran. L'idéologie de Qutb (traduit en
persan par Ali Khamenei dans
les années 1970) sera alors reprise dans les fondements de la Révolution islamique. Un timbre en l'honneur de Qutb sera
émis en 1984 par la République islamique d'Iran.
Une reprise des
actions violentes en Israël dans les années 1960
À partir du milieu des
années 1960, les Frères musulmans redeviennent actifs en Israël. Dans les
territoires contestés, la branche palestinienne engendre l’Al-Mujamma' al-islami,
qui deviendra en 1987 le Hamas. Sa charte comporte la
destruction de l’État d’Israël comme objectif central. L’organisation se consacre
ouvertement aux œuvres sociales et à la construction de mosquées, dont le
nombre augmente sans cesse en Cisjordanie et dans la bande de
Gaza entre 1967 et 1987. Elle recourt aux actions armées et
aux attentats, y compris aux attentats suicides.
Ses sources de financement proviennent en grande partie de l’Arabie
saoudite et plus tard de l'Iran. En 1973, le Shah prit
l'initiative, au nom de l'OPEP, de procéder à une
augmentation très importante du prix du pétrole. L'Arabie saoudite et l'Iran utilisèrent
cette nouvelle opulence pour renforcer mondialement le fondamentalisme
islamique, utilisant à cette fin des mouvements soutenus par la CIA tels
que les Frères Musulmans et la Ligue islamique
mondiale.
Des alliances de
circonstances qui mènent à des scissions
L'intérêt porté par les
États-Unis aux mouvements réactionnaires islamistes censés contrer les
progressistes et les communistes, remonte aux années 1950. En 1953, Eisenhower reçut dans le Bureau
ovale une
délégation incluant Saïd Ramadan des Frères Musulmans, qui était le chef
coordinateur d'organisations associées au Pakistan agissant pour la Ligue Islamique
Mondiale, ainsi qu'au sein du Jamaat-e-Islami.
En Égypte, dans les
années 1970, Anouar al-Sadate utilise
les Frères musulmans pour faire contrepoids à l’extrême gauche et
il leur promet l’intégration future de la chariaa dans les lois
égyptiennes. En 1971, la CIA collabora avec les services de renseignements
saoudiens pour soutenir les Frères Musulmans et leurs alliés dans une campagne
mondiale contre le communisme, particulièrement en Égypte. En 1978, l’année des Accords de Camp David,
ils renoncent officiellement au soutien des actions violentes, à l’exception du
combat en Palestine.
Cependant, leurs partisans qui ne partagent pas cette
position se regroupent dans d’autres structures, comme al-Gama'a
al-islamiyya (Groupe islamique) dont un des membres assassine Sadate en 1981. Les
Frères entretiendront des contacts, plus ou moins étroits selon l’époque, avec
cette organisation, qui commettra des attentats contre des touristes
occidentaux en 1992 et en 1993. Par ailleurs, un bras armé clandestin se
constitue dès le début des années 1980. Certains de ses membres tentent
d’infiltrer les institutions gouvernementales, mais le régime laïque d’Hosni Moubarak fait obstacle à la plupart
des manœuvres politiques, à l’exception notable de certains syndicats
stratégiques actuellement infiltrés de toutes parts par les Frères musulmans,
par exemple celui des avocats. En 1982, les organes de presse des Frères sont détruits et la quasi-totalité de leurs
publications saisies. L'organisation reste interdite mais paradoxalement, est
tolérée.
Une répression sanglante
en Syrie
Cette même année, le
président syrien Hafez el-Assad fait
face à l'insurrection
des Frères musulmans symbolisée par le massacre
de l'École d'artillerie d'Alep pour éliminer (voir Massacre de Hama) le bras armé des Frères
musulmans, l’al-Talia al-Muqatila (Avant-garde combattante) dont les militants
se dispersent en Arabie
saoudite, en Jordanie, au Koweït ainsi qu’en Afghanistan. Les Frères musulmans restent en
2007 hors la loi dans ce pays où l’appartenance à l’organisation est punie de
la peine de mort.
Une reconnaissance
religieuse mais non politique par le pouvoir égyptien
En 1984, le pouvoir égyptien d'Hosni Moubarak reconnaît les
Frères en tant qu’organisation religieuse mais leur refuse l’inscription en
tant que parti politique. Les candidats fréristes participent aux élections
comme indépendants ou comme représentants d’autres partis. Leurs militants
manifestent souvent contre le pouvoir aux côtés d’autres mouvements
d’opposition égyptiens, en faveur de réformes constitutionnelles et pour la fin
de l’état d’urgence. L’organisation s’efforce d’être présente sur le terrain en
aidant les classes défavorisées autant sur le plan social que financier,
fournissant, entre autres, aux personnes dans le besoin des médicaments ou des
prêts d’argent.
Dans les années 1990, en Égypte, la confrérie s’affiche publiquement comme
un mouvement respectueux de la démocratie. Elle publie
trois manifestes importants :
- l’un plaidant en faveur de
« l’indispensable démocratie » ;
- l’autre portant sur les droits des minorités, notamment de « nos frères et compatriotes coptes » ;
- et le troisième concernant « le statut de la femme ».
Al Wasat
Ces manifestes, dus
pour la plus grande part à de jeunes membres du mouvement, sont adoptés par la
confrérie, mais sans grande conviction pour ce qui est de la vieille direction
dont la plupart des membres sont âgés de plus de 70 ans. Pour les jeunes,
la vieille garde semble trop conservatrice.
En 1996, dix-sept d’entre eux demandent officiellement la création
d’un nouveau parti politique, Al Wasat (le Centre). Ses fondateurs
ont à peu près le même âge (entre 35 et 45 ans) et appartiennent pour la
plupart aux professions libérales : avocats, médecins, pharmaciens ou
encore ingénieurs. Ils ont participé aux luttes estudiantines puis syndicales
de l’époque. Réceptifs aux évolutions du monde du fait de leurs déplacements à
l’étranger au cours desquels ils participent à maints colloques et conférences,
ils ont acquis une expérience qui a creusé le fossé entre eux et les aînés de
la confrérie, mais leur profond conservatisme religieux en comparaison d’autres
jeunes musulmans, reste un de leurs traits saillants.
Les fondateurs de ce nouveau parti politique reprochent aux dirigeants des
Frères musulmans leur manque de modernité et leurs concepts archaïques. Ils
proposent l’adoption d’« une vision moderniste fondée, certes, sur les
acquis du passé, mais axée sur les défis du XXIe siècle». En
opposition avec leurs aînés, ils établissent un programme plutôt libéral, fondé
sur le Coran mais reconnaissant les évolutions de la société. Ils sont en faveur d’un système
gouvernemental à l’« occidentale » qui respecte toutes les libertés
collectives et individuelles, des élections pluralistes, l’alternance politique et
la primauté de la loi. Un copte, Rafiq Habib,
fils du président de la communauté anglicane d’Égypte, est membre du comité
fondateur du parti. Mais Al Wasat ne verra finalement jamais le jour :
le 13 mai 1996,
les autorités égyptiennes déclarent irrecevable sa demande de légalisation.
Deux jours après ce rejet, les fondateurs sont arrêtés et déférés devant la
Haute cour militaire. Le parti sera légalisé en 2011, après la Révolution
égyptienne de 2011.
La création d’une
nébuleuse financière et d’influence durant les années 1980 et 1990
Les années 1980 et
1990 voient également un déploiement d’activité au sein de la mouvance
européenne des Frères musulmans, qui crée plusieurs organisations (UOIE, UOIF, CEFR…)
visant à placer les communautés musulmanes en pleine croissance sous leur
influence, et s’efforce d’être reconnue par les gouvernements comme
représentante officielle de ces communautés. Les Frères musulmans se dotent
d’institutions financières propres (banque Al-Taqwa, Fonds
européen), le soutien direct des institutions saoudiennes comme
la Ligue islamique
mondiale (LIM) étant devenu aléatoire.
En effet, après le
soutien du mouvement à l'invasion du Koweït par Saddam Hussein, l'Arabie saoudite prend ses
distances avec lui, laissant ainsi son rôle de protecteur au Qatar, dont le
cheikh Hamad ben
Khalifa Al Thani est persuadé que l'islamo-conservatisme des
Frères correspond aux aspirations profondes des peuples arabes. L'expansion mondiale des Frères
musulmans doit alors beaucoup au soutien du Qatar. Cet État devient leur banque
mondiale et la première chaîne de télévision internationale arabe, Al Jazeera située également au Qatar,
joue un rôle décisif dans la diffusion de leur pensée.
En 2007, reconnaissant
leur poids au Proche-Orient, le gouvernement des États-Unis s’intéresse de nouveau à une
alliance avec les Frères musulmans. Le Département d'État des
États-Unis approuve une politique de contacts futurs
entre des diplomates américains et des leaders du mouvement dans les pays
arabes.
Printemps arabe et
tutelle turco-qatarienne
Quand le printemps
arabe éclate, al-Jezeera-TV se fait la caisse de résonance de la révolution sous la
tutelle des Frères musulmans en Égypte, en Libye, en Syrie, au Bahreïn puis au Yémen.
Mais, les régimes arabes saisissent le danger que représentent pour eux ce
mouvement de contestation. Ils se retournent contre la chaîne télévisée et
commencent à prendre leur distance vis-à-vis du Qatar. Face aux menaces, les gouvernements
arabes repriment partout l'organisation transnationale « souvent avec
grande brutalité ». Les Émirats arabes unis et l’Égypte décrètent la
Confrérie organisation terroriste. L'organisation tunisienne, qui redoute
également d'être interdite, est contrainte de signer un pacte constitutionnel,
renonçant à la chariaa, à l’inégalité des femmes et acceptant la liberté de
conscience.
Après que le pouvoir
égyptien a emprisonné en juillet 2013 la direction mondiale des Frères,
l'organisation passe sous la tutelle de la Turquie et du Qatar. Cette mainmise
de ces deux pays sur l'organisation transnationale islamique n'a pas été sans
susciter une hostilité croissante des États arabes. Cette hostilité se
manifeste notamment lors de l'embargo imposé au Qatar en 2017. Les Frères intensifient leur contrôle
sur la Turquie, notamment dans les mois qui suivent le coup d’État de 2016.
Bloqués dans le monde arabe, les Frères musulmans se redéploient vers l’Europe
avec le soutien du gouvernement turc.
Stratégie et
organisation
À la suite de violents affrontements avec l'armée égyptienne sur le square Rabia al Adawiyya au Caire, le signe Rabia (4 en arabe), est devenu le symbole de ralliement des Frères musulmans.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan faisant
le signe R4bia.
La position des Frères
musulmans sur la participation politique a varié en fonction de la
« situation intérieure » de chaque branche, plutôt que de
l'idéologie. Pendant de nombreuses années sa position était
« collaborationniste » au Koweït et en Jordanie; pour « l'opposition
pacifique » en Égypte ; « l'opposition armée » en Libye et
en Syrie.
En novembre 2001, un document daté de
1982 soulignant « une vision globale d'une stratégie mondiale pour la
politique islamique ou Islam politique » pour les Frères musulmans a été
trouvé en Suisse et traduit en anglais par Scott Burgess en 2005 ; ce document a été largement
diffusé par des auteurs non-musulmans conservateurs et des groupes aux
États-Unis et ailleurs hostiles à l'islamisme. Un livre sur ce document, La
conquête de l'Occident : Le projet secret des Islamistes, a été publié
par Sylvain Besson.
Les Frères musulmans
sont un mouvement, pas un parti politique, mais les membres ont créé des partis
politiques dans plusieurs pays, tels que le Front d'action islamique en
Jordanie et le Hamas dans la bande
de Gaza et en Cisjordanie, le désormais
dissout Parti de la Liberté et de la Justice en Égypte et le Front
de salut national en Syrie de l'ancien vice-président Abdel Halim Khaddam.
Ces partis sont tenus par des membres des Frères, mais conservés indépendants
des Frères musulmans dans une certaine mesure, à la différence du Hizb ut-Tahrir, qui est très centralisé. La Confrérie a été décrite comme une
« combinaison de tariqa néo-soufi » (avec al-Banna comme sorte
de murshid authentique, c'est-à-dire de guide de la tariqa)
« et un parti politique ». La Confrérie égyptienne a une
structure pyramidale avec des « familles » (ou usra, qui
se compose de quatre à cinq personnes et est dirigée par un Naqib, ou
« capitaine »); en bas des « clans », au-dessus d'eux des « groupes », au-dessus des clans et des
« bataillons » ou « phalanges », au-dessus des groupes.
Le Frère potentiel commence
comme muhib ou « amant », et si l'introduction est
approuvée, il devient un muayyad, ou « partisan », puis
un muntasib ou « affilié » (membre sans droit de
vote). Si un muntasib « satisfait ses moniteurs », il est promu muntazim,
ou « organisateur », avant d'avancer au niveau final akh 'amal, ou « frère travailleur ». Avec cet avancement lent et prudent,
la loyauté des membres potentiels peut être « étroitement sondée » et
l'obéissance aux ordres assurée.
Au sommet de la
hiérarchie, il y a le Bureau d'orientation (Maktab al-Irshad), et
immédiatement en dessous le Conseil de la Choura. Les ordres sont transmis à
travers une chaîne de commandement :
- le Conseil de la Choura a les
fonctions de planification des politiques et des programmes généraux qui
permettent d'atteindre l'objectif du groupe. Il est composé d'environ cent Frères
musulmans. Les décisions importantes, telles que l'opportunité de participer à
des élections, sont débattues et votées au sein du Conseil de la Choura, puis
exécutées par le Bureau d'orientation. Ses décisions sont contraignantes pour
le Groupe et seule la Conférence générale d'organisation peut les modifier ou les
annuler et l'Office de la Choura a également le droit de modifier ou d'annuler
les résolutions du Bureau exécutif. Il suit la mise en œuvre des politiques et
programmes du Groupe. Il dirige le Bureau exécutif et il forme des comités de
branche dédiés pour l'aider en cela ;
- le Bureau exécutif ou bureau de la
Guidance (Maktab al-Irshad), qui est composé d'environ 15 Frères
musulmans de longue date et dirigé par le guide suprême ou Masul général (murchid).
Chaque membre du Bureau de la Guidance supervise un portefeuille différent, tel
que le recrutement universitaire, l'éducation, ou la politique. Les membres du
Bureau de la guidance sont élus par le Conseil de la Choura. Les divisions de la Guidance /
Bureau exécutif incluent :
° direction exécutive ;
° bureau organisationnel ;
° secrétariat général ;
° bureau éducatif ;
° bureau politique ;
° bureau des sœurs.
Les Frères musulmans
visent à construire une organisation transnationale. Dans les années 1940, la
Fraternité égyptienne a organisé une « section pour les relations avec le
monde islamique » dotée de neuf comités. Les groupes ont été fondés au Liban
(en 1936), en Syrie (1937), et en Transjordanie (1946).
Elle a également recruté parmi les étudiants étrangers du Caire, où son
quartier-général est devenu un centre et lieu de rencontre pour les
représentants de l'ensemble du monde musulman.
Dans chaque pays, avec
une Fraternité, il y a un comité de Direction avec un Masul (responsable) nommé par la direction générale exécutive avec essentiellement
les mêmes divisions de branche que le bureau exécutif. « À proprement
parler », les branches des Frères existent seulement dans les pays arabes
du Moyen-Orient où ils sont subordonnés « en théorie » au Guide
général égyptien. Au-delà du Moyen-Orient, la Fraternité parraine des
organisations nationales dans des pays comme la Tunisie (Nahdha),
le Maroc (Parti de la Justice et de la Charité), l'Algérie (Mouvement
de la société pour la paix). En dehors du monde arabe, elle a
également une influence, avec un ancien président de l'Afghanistan Burhanuddin Rabbani ayant
adopté les idées de la Fraternité pendant ses études à l'Université Al-Azhar,
et de nombreuses similitudes entre les groupes de moujahidin en Afghanistan et
les Fraternités arabes. Angkatan Belia Islam Malaysia en
Malaisie est proche de la Fraternité. Selon l'universitaire Olivier Roy, à partir de 1994 « une
agence internationale » de la Fraternité « assure la coopération de
l'ensemble » de ses organisations nationales. Sa « composition n'est
pas bien connue, mais les égyptiens maintiennent une position dominante ».
Instances nationales
En Egypte
-
Une organisation qui doit osciller entre
le religieux et le politique, utilisée comme soupape de sureté par le pouvoir
Bien que disposant
officieusement de 88 députés (sur 454) à l'Assemblée du peuple entre 2005 et
2010 (ce qui fait d'eux le premier groupe d'opposition), les Frères musulmans
faisaient, avant la révolution du
25 janvier, face à un grave problème de stratégie politique. La
confrérie, qui fait passer un message religieux (islamisation des mœurs, de
l'habillement et de la culture) relayé par un important réseau de membres et
ses actions caritatives, largement adopté par la société, ne pouvait pas
concrétiser cette sympathie en succès politique. Son principal obstacle était
la nature non-démocratique de l'État égyptien, qui refusait de faire d'elle une
association légale. Les Frères pouvaient tout au plus présenter des candidats
indépendants aux élections législatives mais jamais sous leur étiquette. Ce
handicap résulte de deux facteurs : le refus du pouvoir égyptien d'assister
à la création d'un parti politique des Frères musulmans et le rejet des règles
du jeu démocratique de la part de certains membres de la confrérie.
Malgré des efforts,
l'association des Frères musulmans est en pleine stagnation, incapable de
prendre l'initiative face à un pouvoir qui les manipule aux gré de ses besoins.
En effet, le pouvoir égyptien menait une politique de la carotte et du bâton,
relâchant de temps en temps la pression pour l'utiliser comme soupape à la
colère populaire contre les politiques israéliennes et américaines au Proche-Orient, puis en resserrant la vis en
arrêtant, en torturant ou en éliminant plusieurs des membres de la confrérie.
-
Une marche vers la responsabilité et l’intégration
au jeu politique égyptien
Depuis quelques
années, pour conquérir le pouvoir, les Frères musulmans ont appliqué une
véritable métamorphose. La plupart des membres de la confrérie ont fait un
important travail au niveau de leur apparence vestimentaire et physique.
Habillés en costume à l'occidentale, ils sont soit complètement rasés, soit
portent une barbe finement taillée. Ils sont pour beaucoup issus des hautes
écoles, parlent tous plusieurs langues étrangères et se présentent désormais en
démocrates.
D'après l’un des membres de la confrérie, Makram
al-Deiri, tous les candidats aux élections législatives du mouvement
ont bénéficié d'une formation intensive aux techniques de communication, aux
stratégies de persuasion et à l'art des négociations. Officiellement, le
mouvement a abandonné tout projet d'État théocratique, ils disent prendre comme modèle
les mouvements islamistes marocains qui sont connus pour leur pragmatisme. Ce,
même si beaucoup de politologues et de journalistes en doutent, et émettent
l'idée qu'ils aient mis fin momentanément à leur projet de république
théocratique pour ne pas faire peur aux Égyptiens et prendre le pouvoir sans
trop de violence, pratiquant leur fameuse règle la taqyia (dissimulation). La nouvelle garde se déclare respectueuse de la souveraineté
du peuple, de l’alternance démocratique et des droits des minorités.
Depuis leur création,
les Frères musulmans ont toujours fait de l'éducation du peuple une priorité. Ils
ont, jusqu'à présent, composé avec la constitution laïque de l'Égypte, mais
plaident pour une société régie par la chariaa.
Le logo de la confrérie qui était constitué de deux sabres croisés a été
momentanément abandonné au profit d'un logo moins agressif : deux mains
jointes autour d'une motte de terre où prend racine une pousse verte.
Le mouvement a aussi choisi de ne plus combattre directement le régime
de Moubarak. Ils ont ainsi voté pour la
reconduction de Fathi Sorour (l’un
des hauts responsables du régime) au perchoir de l'Assemblée du peuple. Ils ont
également applaudi le discours du président Moubarak au parlement, et sont en contact
régulier avec le gouvernement des États-Unis.
L'European Strategic Intelligence and Security Center accuse
en février 2006 la confrérie des Frères musulmans d'avoir organisé l'escalade
dans l'affaire des caricatures de Mohammad du journal Jyllands-Posten.
Lors des élections de
2010, ils sont marginalisés par des fraudes massives, et boycottent le second
tour.
- Evolution post-révolution
Entretien du Secrétaire d'État américain John Kerry avec le Président
égyptien Mohamed Morsi en
mai 2013.
La puissante
confrérie panislamiste des
Frères musulmans, longtemps traquée par le régime et contrainte au secret, se
taille désormais une place de choix dans le paysage politique post-Moubarak : 75 % de la population ont
une opinion « plutôt » ou « très favorable » des Frères, indique
un sondage du Pew Research Center publié
en avril 2011. Le Parti
de la Liberté et de la Justice, leur appendice électoral, pourrait
dominer l'assemblée constituante qui devrait être élue en novembre (le
secrétaire général de l'organisation, Mahmoud Hussein, indique que les Frères
visent entre 45 et 50 % des sièges). La confrérie et ses alliés islamistes
dicteraient alors l'esprit et la lettre de la prochaine constitution de
l'Égypte et seraient la principale force politique du pays.
Les tendances à l'éclatement du courant islamiste, déjà présentes sous le
régime de la dictature, se renforcent après la révolution de 2011:
- l'aile modernisatrice et libérale se sépare des Frères en 1996 pour créer
le parti Al-Wasat (« le
Milieu, le Centre »), animé par Aboul Ela Madi (né en 1959) ;
- les musulmans salafistes, plus
rigoristes, possèdent leur propre parti, al-Nour (« la
Lumière »), financé par les Ibn Saoud ;
- en mars 2011, un membre important, Ibrahim
Al-Zaafarani, crée le Parti de la renaissance égyptienne (حزب النهضة المصري - Hizb Ennahda Al-Masry), qui se veut lui
aussi plus moderniste ;
- le parti des Frères musulmans, le parti
de la Liberté et de la Justice, créé le 6 juin, tient à l'écart les
femmes et les jeunes, pourtant moteurs de la révolution du 25 janvier ;
- le 19 juin, Abdel Moneim
Aboul Fotouh est exclu pour avoir fait acte de candidature à l'élection
présidentielle;
- le 21 juin, 150 Jeunes Frères font scission et
fondent le Parti du courant égyptien (حزب
التيار المصري - Hizb Al-Tayyar Al-Masry), qui se veut porté par
l'esprit de la révolution, démocratique, laïc, et porté par les valeurs
arabo-musulmanes, et non par la chariaa.
Le 20 janvier
2012, le parti
de la Liberté et de la Justice, dirigé par Mohamed Morsi, remporte les élections
législatives.
Alors que le parti
avait initialement promis de ne pas se présenter à la présidentielle, le parti
de la Liberté et de la Justice choisit Mohammed Morsi pour
briguer le poste. Le 24 juin 2012, il est déclaré vainqueur de l'élection.
L'écrivain Tharwat
El-Kherbaoui, ancien membre des Frères musulmans, publie en 2012 un livre sur
les Frères musulmans qui obtient le prix du livre politique 2012 à la Foire
internationale du livre du Caire. El-Kherbaoui avait précédemment déclaré que
les Frères suivaient un mélange d'idéologies de différents groupes.
Le 3 juillet
2013, le président Mohamed Morsi est renversé
par l'armée après des jours de manifestations populaires
protestant contre l'islamisation du régime et rassemblant des millions de
personnes dans tout le pays et de nombreux dirigeants du parti de la Liberté et
de la Justice (PLJ) et des Frères musulmans sont arrêtés par l'armée. Les
Frères musulmans étaient devenus impopulaires et très critiqués, notamment par
les pouvoirs extraordinaires que s'était octroyé le président, la rédaction
expéditive d'une constitution par les islamistes, leurs prises de position
remettant en cause l'égalité homme-femme ou encore des choix politiques
ambigus, comme la nomination d'un ancien chef terroriste au poste de gouverneur
de Louxor.
Le 18 août 2013,
le Premier ministre du gouvernement d'intérim, Hazem El-Beblaoui, propose leur
dissolution.
Le 20 août, le guide
suprême des Frères musulmans Mohammed Badie est arrêté et placé en
détention provisoire pour « incitation au meurtre ». Il est
immédiatement remplacé par son adjoint Mahmoud Ezzat. En décembre 2013, l'ancien Premier
ministre islamiste Hicham Qandil est
arrêté après avoir essayé de s'enfuir au Soudan.
Fin décembre, le
gouvernement égyptien déclare officiellement le mouvement des Frères musulmans
« organisation terroriste » ; ses membres sont donc désormais
interdits de manifester.
Les nouvelles
autorités, au cours des mois qui suivent, condamnent des centaines de
dirigeants et membres des Frères musulmans à mort, dont le président Mohamed Morsi.
Le 7 avril 2016,
la branche politique de la confrérie, le Parti de la construction et du développement (Al-Binaa
wa al-Tanmia) a sollicité la médiation du roi d'Arabie saoudite Salmane pour
résoudre la crise politique égyptienne « sur des bases équitables ».
En septembre 2016, Khaled al-Azhari, ancien
ministre sous Morsi et membre de la confrérie, est mis en liberté
conditionnelle.
En 2017, avec ses
leaders emprisonnés, tués ou en exil, l'organisation des Frères musulmans est
déstructurée et ses membres encore en liberté se sont repliés sur la sphère
privée.
Stéphane Lacroix, chercheur au Centre de recherches internationales et
spécialiste de l'islam politique note : « Il n'y a plus de
structure de commandement au niveau local, c'est un poulet sans tête ».
Pourtant, des liens demeurent ajoute-t-il : « Les gens se
fréquentent, se marient, se voient pour étudier le Coran. N'importe quelle
occasion est potentiellement une réunion des Frères. Il est compliqué pour
l'État de contrôler les liens sociaux ». En parallèle de cette situation
compliquée, une frange des Frères se met à prôner l'action violente, bien que
les leaders historiques du mouvement s'en tiennent à un discours de résistance pacifique. Pour Stéphane Lacroix, les Frères
musulmans sont « dans la situation la plus compliquée de leur histoire.
La maison mère, en Egypte, est en lambeaux ».
Au Soudan : Congrès national (Soudan)
Jusqu'à l'élection du Hamas dans la bande
de Gaza, le Soudan était le seul pays où la Fraternité rencontrait le plus de succès
dans la conquête du pouvoir, ses membres composant une grande partie de la bureaucratie
gouvernementale à la suite du coup d'État du général Omar el-Béchir en 1989. Toutefois, le
gouvernement soudanais a été dominé par les Frères musulmans affiliés au Front national
islamique (FNI), a fait l'objet de nombreuses critiques pour sa
politique en matière de droits de l'homme, de liens vers des groupes
terroristes, et la guerre dans le sud du Soudan et au Darfour.
En 1945, une
délégation des Frères musulmans en Égypte a visité le Soudan et tenu plusieurs
réunions à l'intérieur du pays préconisant et expliquant leur idéologie. Le Soudan a une histoire longue et
profonde avec les Frères musulmans par rapport à de nombreux autres pays. En
avril 1949, la première branche de l'organisation des Frères musulmans
soudanais a émergé. Cependant, en parallèle, de nombreux
étudiants soudanais qui étudiaient en Égypte ont été introduits à l'idéologie
de la Fraternité. Les groupes d'étudiants musulmans ont également commencé à
s'organiser dans les universités au cours des années 1940, et la base
principale de soutien de la Fraternité est demeurée au niveau des études
universitaires. Afin de les unir, en 1954, une
conférence a eu lieu, en présence de divers représentants de différents groupes
qui semblaient avoir la même idéologie. La conférence a voté la création d'une
Organisation des Frères musulmans soudanais unifiée basée sur les enseignements
de l'Imam Hassan al-Banna.
Une ramification de la
branche soudanaise des Frères musulmans, le Front de la Charte islamique a
grandi pendant les années 1960, lorsque le théologien Hasan al-Turabi deviendra
son secrétaire général en 1964. Le Front de la Charte islamique (ICM)
a été rebaptisé à plusieurs reprises, plus récemment il est appelé le Front national
islamique (FNI). L'objectif principal des Frères musulmans /
FNI au Soudan était d'islamiser la société « d'en haut » et
d'institutionnaliser la loi islamique dans tout le pays où ils ont réussi. À
cette fin, le parti a infiltré les plus hauts échelons du gouvernement, où
l'éducation des cadres du parti, souvent acquise en Occident, les rendaient
« indispensable ». Cette approche a été décrite par Tourabi lui-même
comme la « jurisprudence de nécessité ».
Rencontrant des
résistances des non-islamistes, des organisations musulmanes déjà établies, et
des non-musulmans dans le sud, le gouvernement soudanais FNI sous Tourabi et le
FNI ont organisé un coup
d'État pour renverser un
gouvernement démocratiquement élu en 1989, ont organisé la Force populaire de
défense qui a commis des « atrocités généralisées, délibérées et
systématiques contre des centaines de milliers de civils sudistes » dans
les années 1990. Le gouvernement FNI a également
employé « la généralisation des arrestations arbitraires et des exécutions
extrajudiciaires, la torture et l'exécution des dirigeants syndicaux
travailleurs, des officiers militaires, des journalistes, des personnalités
politiques et des dirigeants de la société civile ».
Le conservatisme, à
tout le moins de certains éléments des Frères musulmans soudanais, a été mis en
évidence à l'occasion d'une interview télévisée du dirigeant soudanais des
Frères musulmans le Cheikh Sadeq Abdallah bin Al-Majed le 3 août
2007 sur la chaîne qatarie Al-Jazeera. Bin Al-Majed a dit à son interlocuteur
que « l'Occident, et les Américains en particulier, sont derrière
toutes les tragédies qui se déroulent dans le Darfour », car ils « ont réalisé que
le Darfour est plein de trésors » ; que « l'islam ne permet pas à un non-musulman de régner sur les musulmans » ; et qu'il avait émis
une fatwa interdisant la vaccination des
enfants, au motif que les vaccinations étaient « un complot des juifs et des francs-maçons ».
En Syrie
En Syrie,
le mouvement a été fondé dans les années 1930 par des étudiants syriens,
anciens membres des Frères musulmans égyptiens. Le mouvement ne se considère
pas comme un parti politique, car pour eux, tous les partis politiques sont des
rassemblements d'athées. La confrérie joue un grand rôle en Syrie : c'est
la principale force d'opposition au régime baathiste, elle est surtout présente dans les
grandes villes du pays (Hama, Homs et Damas)
et les classes populaires forment le gros des effectifs du parti.
-
Une répression sanglante par le régime
de Hafez el-Assad
À la fin des années
1970, le mouvement initia une lutte armée contre le régime baasiste, organisant
des attentats symbolisé par le massacre
de l'École d'artillerie d'Alep où 83 cadets alaouites sont exécutés par les Frères
musulmans le 16 juin 1979.
Interdit, il fit l'objet d'une répression très forte, notamment lors du massacre de Hama (1982) : les Frères
musulmans ont tenté de soulever la population contre le président Hafez el-Assad, mais ils ont échoué, et
l'armée a durement réprimé cette révolte : le centre-ville fut rasé et
près de 20 000 personnes tuées. En juillet 1980, la loi no 49 - toujours en vigueur - dispose qu'« est considéré
comme criminel et sera puni de la peine capitale, quiconque est affilié à
l'organisation de la communauté des Frères musulmans. »
Le 17 mars 2006,
les Frères musulmans syriens créent à Bruxelles avec Abdel Halim Khaddam,
vice-président syrien ayant fait défection, un Front de Salut National auquel
adhèrent aussi des opposants arabes et kurdes venus de divers partis.
En 2009, au moment de
la guerre de Gaza,
la confrérie conclut une trêve avec le pouvoir syrien.
En juillet 2010, Ali Sadr
ad-Din al-Bayanouni, le leader syrien des Frères musulmans depuis
1996, cède sa place à Mohammed Riyad Al Chaqfeh, qui rompt la trêve avec le régime.
-
Une présence majoritaire dans le Conseil
national syrien, à titre officieux
La confrérie n'est
plus aujourd'hui une force politique en Syrie, mais elle maintient néanmoins un
réseau d'appui mené depuis Londres et Chypre, sa direction se
situant à Istanbul. Son financement provient essentiellement du Qatar et des
pétromonarchies du Golfe. Dans le contexte de la guerre civile
syrienne, elle est par ailleurs majoritaire au sein du Conseil national syrien, bien que ses membres y siègent à titre individuel
et non au titre de leur mouvement, et domine la Coalition nationale des
forces de l'opposition et de la révolution selon l'universitaire Fabrice
Balanche et l'opposant syrien Haytham Manaa.
Comme en Égypte, le mouvement (qui a adhéré à la Déclaration de Damas en
2005) a officiellement abandonné la violence, et demande l'installation d'une
démocratie en Syrie, où le multipartisme serait assuré dans l'espoir de prendre
le pouvoir par les urnes. Il n'exige pas un État islamique mais la référence à
la chariaa comme « l’une des bases de la législation ».
Dans le cadre de la guerre civile syrienne, il prône une intervention
étrangère limitée.
Les partis kurdes accusent
régulièrement les Frères musulmans de servir de cheval de Troie pour la Turquie.
En Palestine : le Hamas.
'Abd al-Rahman
al-Banna, le frère du fondateur des Frères musulmans Hassan al-Banna, est allé
en Palestine mandataire et
a établi là-bas des Frères musulmans en 1935. Al-Hajj Amin al-Husseini,
finalement désigné par les Britanniques comme Grand Mufti de Jérusalem dans
l'espoir de s'accommoder avec lui, était le chef du groupe en Palestine. Un autre dirigeant important associé
avec les Frères musulmans en Palestine était 'Izz al-Din al-Qassam, une source
d'inspiration pour les islamistes parce qu'il avait été le premier à mener une
résistance armée au nom de la Palestine contre les Britanniques en 1935.
Les Frères ont
combattu aux côtés des armées arabes lors de la guerre
israélo-arabe de 1948, et, après la création de l'État d'Israël, les
suites de la crise des réfugiés palestiniens ont encouragé plus de musulmans
palestiniens encore à rejoindre le groupe. Après la guerre, en Cisjordanie, les
activités du groupe sont principalement sociales et religieuses et
non-politiques, de sorte qu'il a eu d'assez bonnes relations avec la Jordanie
lors de l'occupation jordanienne de la Cisjordanie. En revanche, le groupe
s'affronta souvent avec le gouvernement égyptien qui contrôlait la bande de
Gaza jusqu'en 1967.
Dans les années 1950
et 60, l'objectif de la Fraternité était « l'éducation d'une génération
islamique » par la restructuration de la société et l'éducation
religieuse, plutôt que l'opposition à Israël, de sorte qu'elle a perdu la
popularité des mouvements insurgés et la présence de Hizb ut-Tahrir. Cependant, la Fraternité a été
renforcée par plusieurs facteurs :
- la création d'al-Mujamma 'al-Islami, le Centre islamique en 1973 par
Cheikh Ahmad Yassine a eu un effet centralisateur qui chapeautait toutes les
organisations religieuses ;
- la Société des Frères musulmans en Jordanie et en Palestine a été créée à
partir d'une fusion des branches de la Cisjordanie et de la bande de Gaza et de
Jordanie ;
- la désillusion palestinienne avec les groupes militants palestiniens les
a conduit à devenir plus ouverts à des solutions de rechange ;
- la révolution islamique en Iran a offert une source d'inspiration pour
les Palestiniens. La Fraternité a réussi à augmenter ses efforts en Palestine
et éviter d'être démantelée comme des groupes militants, car elle ne s'est pas
concentrée sur l'occupation. Alors que les groupes militants ont été
démantelés, la Fraternité a comblé le vide.
Après la guerre des Six Jours de
1967, Israël a cherché à cultiver l'islam politique comme un
contrepoids au Fatah, la principale organisation politique
nationaliste palestinienne laïque.
Entre 1967 et 1987, le Hamas a été
fondé, le nombre de mosquées à Gaza a triplé de 200 à 600, et les Frères
musulmans ont nommé la période entre 1975 et 1987 comme une phase de
« renforcement des institutions sociales ». Au cours de cette époque, la
Fraternité a établi des associations, utilisé la zakat (aumône légale) pour l'aide aux
palestiniens les plus pauvres, promu des écoles, fourni aux étudiants des
prêts, utilisé les waqf (fondations
religieuses) pour louer des biens et employer des personnes, et construisit des
mosquées. De même, l'opposition hostile et parfois violente à l'encontre
du Fatah, l'Organisation
de libération de la Palestine et d'autres groupes nationalistes
laïques a augmenté de façon spectaculaire dans les rues et sur les campus
universitaires.
En 1987, à la suite de
l'Intifada, le Mouvement de Résistance
islamique, ou Hamas, a été établi à partir des
organismes de bienfaisance affiliés aux Frères et les institutions sociales qui
avaient acquis une forte présence parmi la population locale. Lors de la première Intifada (1987-93),
le Hamas s'est militarisé et transformé en l'un des groupes de militants
palestiniens les plus forts.
La prise de contrôle
du Hamas sur la bande de Gaza en 2007 a été une première depuis le coup d'État
soudanais de 1989 qui a amenamené Omar
el-Béchir au pouvoir, en ce qu'elle
a permis à un groupe des Frères musulmans de diriger un territoire géographique
significatif. Cependant, le renversement du
gouvernement de Mohamed Morsi en
Égypte en 2013 a considérablement affaibli la position du Hamas, conduisant à
un blocus de Gaza et à la crise économique.
Le 21 mars 2016,
le Hamas a retiré tous les « signes » apparents des Frères musulmans
tels que les portraits du fondateur des Frères musulmans Hassan el-Banna et du président égyptien
déchu Mohamed Morsi, les photos des anciens
et actuels émirs du Qatar, du président turc Recep Tayyip Erdogan et
de deux des hauts dirigeants du Hamas, Ismail Haniyeh et Khaled Mechaal, et ce, dans l'espoir d'obtenir
de l'Égypte la réouverture de sa frontière avec la bande de Gaza.
En Irak : Parti islamique irakien
Le Parti islamique irakien a été formé en 1960 comme la branche irakienne de la
Fraternité, mais a été interdit à partir de 1961
sous le règne nationaliste de Abd al-Karim Qasim. Comme la répression du
gouvernement durcit sous le parti Baas de février 1963, le groupe a
été contraint de continuer en souterrain. Après la chute du gouvernementde Saddam
Hussein en
2003, le Parti islamique a réémergé comme l'un des principaux avocats de la
communauté sunnite du pays. Le Parti islamique a été très critique envers les
États-Unis conduisant l'occupation de l'Irak, mais a participé au processus
politique. Son chef est le vice-président irakien
Tariq Al-Hashimi.
Par ailleurs, dans le
nord de l'Irak, il y a plusieurs mouvements islamistes inspirés en tout ou partie
du réseau des Frères musulmans. L'Union islamique du Kurdistan (KIU) détient
des sièges au parlement kurde, et constitue la principale force politique en
dehors de la domination des deux principaux partis laïques, le PUK et le KDP.
Au Yémen
Les premières cellules
des Frères musulmans ont été créées au Yémen au début des années 1960. Le
mouvement pris par la suite une forme plus concrète avec l'arrivée de Abdul
Majeed al-Zindani,
en provenance d'Égypte. Al-Zindani crée la branche des Frères musulmans au
Yémen au début des années 1970 et se consacre essentiellement à construire une
organisation parallèle d'éducation religieuse nommée " Université des sciences et
technologies dans la République arabe du Yémen " (Yémen du Nord).
Les Frères musulmans,
avant la réunification, ne participent pas directement à la vie politique du
Yémen, mais s'occupent de ce réseau d'éducation. C'est de cette façon que les
Frères prirent pied dans le pays, en profitant des fortes affiliations tribales et
de la ferveur religieuse du peuple yéménite. Néanmoins, les Frères musulmans
participent indirectement à toutes les étapes importantes de la transformation
politique du Yémen depuis les années 1970, en appuyant les mouvements qui les
favorisent dans chacun des conflits. À la fin des années 1970, les velléités
socialistes du Yémen
du Sud facilitent le rapprochement de leurs adversaires au
nord, c'est-à-dire le régime de Ali Abdallah Saleh et
les Frères islamiques. Le rapprochement se produit dans les faits, mais aucune collaboration
n’est officielle.
-
Première participation politique des
Frères musulmans au Yémen
Lors des élections
libres qui ont lieu après la réunification du
Yémen en 1990, les Frères musulmans et
leurs alliés tribaux fondent le parti politique Al-Islah et
font leur entrée sur la scène politique. L'autorité organisationnelle de ce parti
est essentiellement dans les mains des Frères musulmans, ils considèrent leurs
alliés tribaux comme une simple façon d'obtenir une protection.
L'association entre le
régime de Saleh et al-Islah, et par extension aux Frères musulmans, tient bon
tant qu'ils ont des adversaires communs : les forces sécessionnistes du
Yémen du Sud et le Parti socialiste
yéménite. Après la guerre
civile de 1994, qui consacre la défaite et l'exil des opposants à
Saleh, l'alliance est moins nécessaire. Saleh s'attaque à défaire le parti
al-Islah, principale opposition au parlement, et ordonne le démantèlement des
instituts scientifiques, moyen d'enseignement et de recrutement des Frères
musulmans depuis plus de 25 ans. L'influence des Frères musulmans décline
jusqu'en 2011.
-
Les Frères musulmans et la révolution
yéménite
Le printemps arabe
yéménite prend la forme d'une mobilisation contre le
gouvernement de Saleh. Au cri de « Irhal ! »
(« Dégage ! »), la contestation débute à Sanaa et
s'étend aux villes d'Aden et de Ta'izze. Dans un premier temps spontanées, les
manifestations, marches et occupations réunirent les divers groupes politiques,
religieux et tribaux opposés au gouvernement et sont, dans un premier temps,
qualifiées de « progressistes ».
La révolution
s'étirant, elle dure de février 2011 jusqu'au départ de Saleh un an plus tard,
une organisation plus durable des campements est nécessaire. C'est dans ce
contexte que le parti politique al-Islah, et donc les Frères musulmans, entre
en scène et reprend en main la révolution yéménite afin d'arriver au pouvoir.
Les réseaux actifs de solidarité d'al-Islah, de même que l'Université des
sciences et des technologies, leur permettent ce détournement de la révolution
dès le mois de mars 2011. De sociale, la révolution devient alors religieuse.
Saleh démissionne en
février 2012, et une élection présidentielle a lieu. Émaillé de violences dans
le sud du pays, le scrutin se déroule l e 21 février 2012,
avec un seul candidat soutenu par tous les partis : Abdrabbo Mansour Hadi.
Il est élu avec 99,80 % des voix.
Au Bahreïn
Au Bahreïn, la Société
des Frères musulmans est représentée par la Société Al Eslah et son aile politique,
la Société islamique Al-Menbar. Après les élections législatives en 2002,
Al-Menbar est devenu la plus grande formation politique avec huit sièges sur
les quarante à pourvoir au sein de la Chambre des députés. Les membres éminents
d'Al Menbar incluent le Dr Salah Abdul-Rahman, le Dr Salah
Al Jowder, et le porte-parole Mohammed Khalid. Le parti a généralement soutenu
la politique gouvernementale sur les questions économiques, mais a cherché une
répression sur les concerts Pop, la sorcellerie et les devins. Il s'est
fortement opposé à l'adhésion du gouvernement au Pacte international relatif aux droits civils et
politiques, au motif que ce serait donner aux citoyens musulmans le
droit de changer de religion, lorsque le point de vue du parti est qu'ils
devraient être « décapités ».
En mars 2009, le
groupe chiite la Société de l'Illumination islamique a tenu sa conférence
annuelle avec l'objectif annoncé de désamorcer les tensions entre les branches
musulmanes. La société a invité les savants nationaux sunnites et chiites à
participer. Les théologiens salafistes indépendants bahreïnites Cheikh Salah Al
Jowder et Cheikh Rashid Al Muraikhi et les imams chiites Cheikh Isa Qasim et
Abdulla Al Ghoraifi ont parlé de l'importance de la coopération sectaire.
D'autres séminaires ont été organisés tout au long de l'année.
En 2010, le
gouvernement américain a parrainé la visite d'Al-Jowder, décrit comme un
religieux sunnite, aux États-Unis lors des trois semaines du programme de
dialogue inter-religieux dans plusieurs villes.
Au Koweït
Les Frères égyptiens
sont venus au Koweït dans les années 1950 en tant que réfugiés du nationalisme
arabe et ont été intégrés dans le ministère de l'éducation et d'autres parties
de l’État. L'aile sociale de la Fraternité au Koweït est appelé Al Eslah
(Société de Réforme Sociale) et son aile politique est appelée
le Mouvement Constitutionnel Islamique (ICM) ou « Hadath ». Les membres de l'ICM ont été élus au
parlement et ont servi dans le gouvernement. Ils ont « largement cru détenir
le point de bascule avec le ministère des Awqaf » (dotation islamique) et
des Affaires islamiques, mais n'ont jamais atteint la majorité que ce soit
seuls ou même alliés - « un fait qui les a contraints à être
pragmatiques à propos du travail avec d'autres groupes politiques ». Au cours de l'invasion du Koweït,
les Frères koweïtiens (de concert avec d'autres Frères musulmans dans les États
du Golfe) ont appuyé les forces de la coalition américano-saoudiennes contre
l'Irak et « ont quitté l'agence internationale de la Fraternité en signe
de protestation » quant à sa position pro-Saddam. Toutefois, en réaction au Printemps arabe et à la répression à
l'encontre des Frères égyptiens, le gouvernement saoudien a fait
« pression sur d'autres États qui ont des adhérents des Frères musulmans,
en leur demandant de décréter que le groupe est une organisation
terroriste », et avec la pression koweïtienne locale et celle d'autres
États du Golfe, les confréries n'ont pas été épargnées par leurs gouvernements
locaux.
En Arabie saoudite
Le Royaume d'Arabie
Saoudite a aidé la Fraternité financièrement pendant « plus d'un demi-siècle », mais les deux sont devenus étrangers
lors la guerre du Golfe,
puis ennemis après l'élection de Mohamed Morsie. À l'intérieur du royaume, avant
la répression des Frères musulmans égyptiens, la confrérie a été qualifiée de
groupe dont « beaucoup de partisans dormants » font d'elle
« l'une des rares menaces potentielles » pour le contrôle de la
famille royale.
La confrérie a d'abord
eu un impact à l'intérieur de l'Arabie Saoudite en 1954 lorsque des milliers de
frères égyptiens ont cherché à échapper à la répression du présidentGamel Abdel Nasser,
tandis que l'Arabie saoudite (largement analphabète) était à la recherche
d'enseignants - qui étaient aussi des arabo-musulmans, pieux
conservateurs - pour son système scolaire public nouvellement créé. La marque des Frères musulmans sur
l'Islam théologique et politique diffère du strict credo salafiste, wahhabiyya, officiellement déposée par l'État
d'Arabie saoudite, et les Frères musulmans « ont obéit aux ordres de la famille
régnante et des oulémas sans tenter de faire du prosélytisme ou autrement
s'impliquer dans les questions doctrinales religieuses au sein du Royaume.
Néanmoins, le groupe « méthodiquement a pris le contrôle de la vie
intellectuelle de l'Arabie saoudite » en publiant des livres et en
participant à des cercles de discussion et salons organisés par des princes.
Bien que l'organisation n'avait pas de
« présence organisationnelle formelle » dans le royaume (aucun groupe ou parti politique
n'a été autorisé à fonctionner ouvertement), les Frères musulmans sont devenus
« enracinés à la fois dans la société saoudienne et dans l'État saoudien,
en tenant un rôle de premier plan dans les départements ministériels clés ». En particulier, beaucoup se
sont installés dans le système éducatif saoudien. Un spécialiste des questions
saoudiennes, Stéphane Lacroix, a déclaré en 2013 : « Le système
d'éducation est à ce point contrôlé par les Frères musulmans qu'il faudrait 20
ans pour le changer totalement. Les islamistes voient l'éducation comme leur
base en Arabie Saoudite ».
Les relations entre la
famille régnante saoudienne et la Fraternité se sont tendues avec l'opposition
saoudienne à l'invasion irakienne du Koweït et la volonté du gouvernement
saoudien de permettre aux troupes américaines de se baser dans le Royaume pour
combattre l'Irak. La Confrérie a soutenu le
mouvement Sahwah (« Éveil ») qui a appelé à un
changement politique dans le Royaume. En 2002, le ministre saoudien de
l'Intérieur, le prince Nayef a
dénoncé la Fraternité, en disant qu'elle était coupable de « trahison de
promesses et d'ingratitude » et était « la source de tous les
problèmes dans le monde islamique ».
La famille régnante a également été
alarmée par leprintemps arabe et
l'exemple donné par les Frères musulmans en Égypte, avec le président Mohamed Morsi amenant un gouvernement
islamiste au pouvoir par la révolution populaire et les élections. Les figures de Sahwah ont publié des
pétitions pour la réforme à l'adresse du gouvernement royal (en violation de la
doctrine quiétiste wahhabite). Après le renversement du gouvernement Morsi en
Égypte, toutes les grandes figures de Sahwah ont signé des pétitions et des
déclarations dénonçant le coup d'État militaire et le soutien apporté par le
gouvernement saoudien.
En mars 2014, dans une
« rupture significative au regard de sa position officielle passée »
le gouvernement saoudien a déclaré la Fraternité « organisation
terroriste » et a suivi par un décret royal annonçant que, à partir de
maintenant, « L'appartenance
à des tendances ou des groupes qui sont extrémistes ou classés comme
terroristes au niveau local, régional ou international, intellectuels ou
religieux, ainsi que le fait de les soutenir, ou de montrer de la sympathie
pour leurs idées et leurs méthodes en quelque manière, ou d'exprimer un soutien
pour eux par tous moyens, ou en leur offrant un soutien financier ou moral, ou
d'inciter les autres à faire tout cela ou de promouvoir de telles actions dans
la parole ou l'écriture, sera puni d'une peine
de prison de pas moins de trois ans et pas plus de vingt ans ».
En Jordanie
Les Frères musulmans
en Jordanie sont originaires de la fusion de deux groupes distincts qui représentent
les deux composantes de la population jordanienne : les transjordaniens et
les palestiniens de Cisjordanie. Le 9 novembre 1945, la Société
des Frères musulmans (al-Jam'iyat Ikhwan al-Muslimin) a été officiellement
enregistrée et Abu Qura est devenu son premier superviseur général. Initialement, Abou Qura rapporte la
Fraternité de l'Égypte vers la Jordanie, après une étude approfondie et la
propagation des enseignements de l'Imam Hassan al-Banna. Bien que la plupart des partis et
mouvements politiques ont été interdits depuis longtemps en Jordanie
comme Hizb ut-Tahrir,
la Fraternité a été exemptée et autorisée à fonctionner par la monarchie
jordanienne. En 1948, l'Égypte, la Syrie, la Transjordanie ont offerts des
« volontaires » pour aider la Palestine dans sa guerre contre Israël.
En raison de la défaite et de l'affaiblissement de la Palestine, les
Fraternités transjordanienne et palestinienne ont fusionnée. Les Frères musulmans nouvellement
fusionnés en Jordanie fournissaient principalement des services sociaux et des
activités de bienfaisance comme des politiques et leurs rôles au sein du
parlement. Il a été considéré comme compatible avec le système politique et
soutenant la démocratie sans l'exécution forcée de la chariaa, qui faisait
partie de sa doctrine. Cependant, les pressions internes
provenant des plus jeunes membres de la Fraternité qui ont appelé à des actions
plus militantes aussi bien que sa santé défaillante, ont conduit Abu Qura à
démissionner de son poste de dirigeant des Frères musulmans jordaniens.
Le 26 décembre 1953, Muhammad 'Abd al-Rahman Khalifa, a été élu par le
comité administratif du mouvement comme le nouveau dirigeant de la Confrérie
transjordanienne et il a conservé ce poste jusqu'en 1994. Khalifa était
différent de son prédécesseur et un ancien membres de l'organisation, car il
n'a pas été éduqué au Caire, il a été instruit en Syrie et en Palestine. Il a établi
des liens étroits avec les islamistes palestiniens au cours de sa vie scolaire
ce qui l'a amené à être emprisonné pendant plusieurs mois en Jordanie pour
avoir critiqué les armées arabes dans la guerre. Khalifa a également réorganisé la
Fraternité et appliqué la désignation gouvernementale de « Comité
islamique global et général », au lieu de la base d'opération précédente
sous la « Loi des Sociétés et Clubs ». Cela a permis à la Fraternité
de se propager dans tout le pays chaque fois avec de légères différences
socio-économiques et politiques bien que la majorité des membres étaient de la
classe moyenne supérieure.
La radicalisation de la Fraternité a commencé à
avoir lieu après le processus de paix entre l'Égypte et Israël, la Révolution
islamique d'Iran, ainsi que leur critique ouverte envers la relation Jordanie -
États-Unis dans les années 1970. Le soutien à la branche syrienne des Frères a
également aidé la radicalisation du groupe à travers le soutien ouvert et
l'entrainement des forces rebelles en Syrie. L'idéologie a commencé à se
transformer pour devenir plus militante sans quoi elle ne serait recevoir le
soutien des islamistes radicaux.
La confrérie jordanienne
a formé son propre parti politique, le Front d'action islamique. En 1989, ils
deviennent le plus grand groupe au Parlement, avec 23 des 80 sièges,
et 9 autres alliés islamistes. Un Frère a été élu président de
la 3e Assemblée nationale et le gouvernement formé en
janvier 1991 incluait plusieurs Frères musulmans.
Les Frères musulmans
jouent un rôle actif dans les troubles dans plusieurs pays arabes en janvier
2011. Par exemple, lors d'un rassemblement tenu devant l'ambassade égyptienne à
Amman, le samedi 29 janvier 2011 avec quelque 100 participants,
Hammam Saeed, chef des Frères musulmans de Jordanie et proche allié du
dirigeant du Hamas basé à Damas, Khaled Mechaal, a déclaré: « les troubles
de l'Égypte vont se répandre à travers le Moyen-Orient et les Arabes
renverseront les dirigeants alliés des États-Unis ». Cependant, il n'a pas
nommé spécifiquement le roi de Jordanie Abdullah II.
À la fin de 2013, le
mouvement en Jordanie a été décrit comme étant en plein « désarroi ». L'instabilité et le conflit avec la
monarchie a conduit la relation entre les deux parties à se désagréger. C'est
principalement dû à son soutien apporté au renversement de gouvernements dans
la région avec lesquels ils sont en désaccord.
Le 13 avril 2016,
la police jordanienne a donné l'assaut au siège des Frères musulmans à Amman.
Ce raid intervient en dépit du fait que la branche jordanienne ait coupé les ponts
avec la maison-mère égyptienne en janvier 2016, désignée comme organisation
terroriste ; une opération qui est considérée comme exclusivement
cosmétique par des experts. Les autorités jordaniennes affirment que la raison
de cette fermeture est que la Confrérie est sans autorisation et continue
d'utiliser le nom de groupes transfuges autorisés. Ce raid intervient également
après que le Sénat jordanien ait adopté une nouvelle législation pour la
réglementation des partis politiques en 2014 ; les Frères musulmans
n'ayant pas respecté les règlements de la nouvelle loi, ils n'ont donc pas
renouvelé leurs statuts.
En Libye : Parti de la justice et de la construction
La branche libyenne
des Frères musulmans a été fondée en 1949, mais elle n'a pas été en mesure de
fonctionner ouvertement qu'après la Guerre civile en Libye de 2011. Elle a tenu
sa première conférence de presse publique le 17 novembre 2011 et le
24 décembre, la Fraternité a annoncé qu'elle allait former le Parti de la
Justice et de la Construction (JCP) et participer aux élections du Congrès
national général l'année suivante.
En dépit des
prédictions basées sur des pays frères du post-printemps arabe selon lesquelles le parti
de la Fraternité pourrait facilement gagner les élections comme en Tunisie et
en Égypte, il n'est arrivé qu'en deuxième position, nettement distancé par
l'Alliance des forces nationales, en recueillant seulement 10 % des voix
et 17 des 80 sièges au scrutin de liste à la représentation
proportionnelle. Leur candidat au poste de Premier
ministre, Awad al-Baraasi a également été éliminé au premier tour de scrutin en
septembre, bien qu'il ait été fait par la suite vice-Premier ministre sous Ali
Zeidan. Un député du JCP, Saleh Essaleh est
aussi le vice-président du Congrès national général.
En Mauritanie
Les modifications
apportées à la composition démographique et politique de la Mauritanie dans les
années 1970 ont fortement contribué à la croissance de l'islamisme dans la
société mauritanienne. Les périodes de grave sécheresse ont entraîné l'urbanisation,
comme un grand nombre de Mauritaniens se sont déplacés de la campagne vers les
villes, en particulier à Nouakchott, pour échapper
à la sécheresse. Cette forte augmentation de l'urbanisation a entraîné la
formation de nouvelles associations civiles, et la première organisation
islamiste de la Mauritanie, connue sous le nom Jemaa Islamiya (Société
islamique) a été formée par les Mauritaniens sympathiques aux Frères musulmans.
Elle a permis
d'augmenter l'activisme en relation avec les Frères musulmans dans les années
1980, en partie tirée par les membres de la Fraternité musulmane égyptienne.
En 2007, le
Rassemblement National pour la Réforme et le Développement, mieux connu comme
Tewassoul, a été légalisé en tant que parti politique. Le parti est associé à
la branche mauritanienne des Frères musulmans.
En Somalie
La branche somalienne
des Frères musulmans est connue sous le nom de Harakat Al-Islah ou
« Mouvement de la Réforme ». Néanmoins, la Fraternité, comme
mentionné plus haut, a inspiré de nombreuses organisations islamistes en
Somalie. L'idéologie des Frères musulmans a atteint la Somalie au début des
années 1960, mais le mouvement Al-Islah a été formé en 1978 et a grandi
lentement dans les années 1980. Al-Islah a été décrit comme « un mouvement
islamique modernisateur et généralement non-violent qui encense la Réforme et
le renouveau de l'islam pour faire face aux défis du monde moderne », dont
« l'objectif est la création d'un État islamique » et qui
« opère principalement à Mogadiscio ». L'organisation s'est elle-même
structurée de façon lâche et n'a pas été ouvertement visible sur la scène
politique de la société somalienne.
En Algérie : Mouvement
de la société pour la paix.
Le FLN étant infilté déjà par les Frères musulmans, fera capoté les accords d'Evian aprés l'indépendance. Et dans leur politique d'arabisation pour affirmer l'appartenance du peuple algérien au monde arabo-musulman, les responsables ont fait appel à Gamel Abdel Nasser pour les fournir en enseignant de l'arabe. Ce qu'il va faire avec plaisir puisque ce sera pour lui une occasion de se débarasser d'un bon nombre de Frères musulmans activistes,qui qu'il va "exiler" en Algérie. Ils vont arabiser l'enseignement mais aussi diffuser l'idéologie frériste et le wahhabisme qui la fonde.
Au Maroc : Parti de la justice et du développement
Le Parti de la justice et du développement au Maroc a
obtenu le plus grand nombre de suffrages aux élections de 2011, et à partir de
mai 2015, il a détenu le poste de Premier ministre. Il est historiquement affilié aux
Frères musulmans. Toutefois, en dépit de cette
circonstance, le parti a, comme le veut l'étiquette,
« ostensiblement » fait le baisemain au roi du Maroc, tout en
« insistant fortement sur le fait qu'il n'est en aucun cas un parti de la
mouvance des Frères musulmans » - pécise Hussein
Ibish, ce qui manifeste ô combien « le mouvement est devenu discrédité
dans la région ».
En Turquie : Parti de la justice et
du développement (Turquie)
En Tunisie : Ennahdha
Au Liban : Jamaa Islamiya
(Liban)
En Indonésie : Parti
de la justice et de la prospérité
Plusieurs formations
politiques et organisations en Indonésie sont liées ou, à tout le moins, se
sont inspirées des Frères musulmans, bien qu'aucune n'a de relation formelle
avec les Frères musulmans. Un des partis lié aux Frères musulmans est le PKS
(Parti de la Justice et de la Prospérité) avec 10 % des sièges au
parlement sur la base des élections législatives indonésiennes de 2009. La
relation du PKS avec les Frères musulmans égyptiens a été confirmée par Youssef al-Qaradâwî,
dirigeant éminent des Frères musulmans. Le PKS a participé au gouvernement de
coalition du Président Susilo Bambang
Yudhoyono avec 3 ministres dans le cabinet.
En Iran
Bien que l'Iran soit
un pays musulman majoritairement chiite et que les Frères musulmans n'aient
jamais tenté de créer une branche pour les chiites, Olga Davidson et Mohammad Mahallati
affirment que la Fraternité aurait eu une influence sur les chiites iraniens. Navab Safavi, qui a fondé Fadain-el Islam,
une organisation islamique iranienne active en Iran dans les années 1940-50,
« a été très impressionnée par les Frères musulmans ». De 1945 à 1951, le Fadain a assassiné
plusieurs personnalités iraniennes de haut rang et des fonctionnaires dont ils
pensait qu'ils étaient anti-islamiques. Ils incluaient l'écrivain
anti-clérical Ahmad Kasravi, le
Premier ministre Haj Ali Razmara,
l'ancien Premier ministre Abdolhossein Hazhir, et le ministre de l'éducation et
de la Culture Ahmad Zangeneh.
En Europe
- Une implantation en Europe comme relais à la suite des déboires en Egypte
et au Moyen-Orient
C’est dans les années
1950, à la suite de leurs déboires en Égypte et au Moyen-Orient, que les Frères
musulmans débarquent en Europe, toujours avec le projet de constituer des bases
d’islamisation. Le plus connu d’entre eux, Saïd Ramadan, obtient pour cela du prince
saoudien Fayçal l’assurance
d’un soutien financier. La guerre froide favorise la bienveillance
de certains gouvernements vis-à-vis des ennemis du socialisme et ils ne sont
pas inquiétés, parfois même discrètement soutenus. Ils vont s’implanter et se
développer - sans toutefois se constituer en association portant leur nom - en
synergie, mais aussi en rivalité avec d’autres factions idéologiquement
proches, les wahhabitess et les
partisans de Maududi.
Les premiers financent une grande partie de leurs entreprises. Ils s’appuient
aussi sur une base de musulmans issus du Proche et Moyen-Orient venus en Europe
faire leurs études. Aujourd'hui,
les représentants officiels européens sont Hani Ramadan et Youssef al-Qaradâwî.
En 1961,
Saïd Ramadan, assisté de Pakistanais, fonde le Centre islamique
de Genève et prend vers la même période la tête d’un organisme
islamique munichois (futur Islamische Gemeinschaft in Deutschland)
destiné à des transfuges musulmans de l’armée rouge. Les destinataires d’origine
abandonnent le terrain aux partisans arabophones de Ramadan, qui dirigera
l’organisme jusqu’en 1968, lorsqu’il sera évincé
par son partenaire Ghaleb
Hammit.
Genève et Munich sont les deux premières bases européennes
des Frères. Une autre tentative de reprise d’un
projet existant, destiné cette fois-ci à des vétérans indiens, a lieu en 1964 à
Londres, avec moins de succès semble-t-il. Le terrain est occupé par les
Pakistanais partisans de Maududi et leur mission islamique. Toujours représentés
par Saïd Ramadan, les Frères musulmans jouent un rôle important dans la
fondation en 1962 de la Ligue islamique
mondiale, organisme saoudien qui les financera en grande partie.
À partir des années
1970, les Saoudiens interviennent directement dans l’islam européen,
établissant leurs propres centres et mosquées financés par la Ligue mondiale,
parfois aux dépens des institutions fréristes. En 1973,
les Frères musulmans participent à la fondation du Conseil islamique d’Europe,
mais c’est surtout dans les années 1980 qu’ils reviennent sur le devant de la
scène avec la fondation de l’Union
des organisations islamiques en Europe (UOIE) et de l’Union
des organisations islamiques de France (UOIF) (1983),
émanation de la précédente. La majorité des cadres de l’UOIE sont membres de
l’UOIF. Bien que ces deux organisations ne se reconnaissent pas officiellement
comme satellites des Fréres Musulmans, elles s’appuient essentiellement sur les idéologies
d’Al-Banna, Qutb et Maududi, ainsi que sur les fatwas d’Al-Qardawi. Fouad Alaoui avoue souvent rencontrer
Al-Houweidi, « ambassadeur » des Frères en Europe. Par ailleurs,
l’UOIF partage le projet panislamique des Frères musulmans.
-
Une implantation financière qui vient
compléter cette implantation religieuse
En1988 est
fondée la banque Al-Taqwa basée
aux Bahamas, en Suisse et au Liechtenstein, qui comprend comme
actionnaires, entre autres, G. Hammit et Youssef Al Qardawi ;
elle devient le principal organisme financier du mouvement. Discrète, son rôle
est mis en évidence à partir de 2001 où elle fait partie des organismes
financiers soupçonnées d’aider le terrorisme. En 1996, les difficultés de
financement en provenance du Golfe
persique, conséquence d’une plus sévère
surveillance, amènent la création du Fonds européen (European Trust) dont six
administrateurs appartiennent à l’UOIE. Les deux organismes ont pendant une
période le même directeur, Ahmed Al Rawi.
Dans son ouvrage Pourquoi
j’ai quitté les Frères Musulmans, Mohamed Louizi, ancien membre de la
confrérie et ex-président des Étudiants musulmans de France, affirme que :
« Les Frères
musulmans s'emploient depuis le début des années 1980, sur le Vieux Continent,
à acquérir divers « territoires » privés pour inscrire, dans la
durée, leur récit islamiste comme élément du récit national de chaque pays de
l'Europe. Cette opération s'appelle le « Tawtine ». Elle est exécutée par la
construction de mosquées-cathédrales, d'acquisitions immobilières diverses et
variées, de construction d'établissements scolaires privés, etc. »
-
Une lutte pour rester un acteur de
référence en Europe
En 1997 voient le jour
le Conseil
européen de la fatwa (Dublin), dirigé par Al-Qaradawi,
et l’Association musulmane de Grande-Bretagne. Le premier organisme, sur lequel
s’appuient l’UOIE et l’UOIF, s’est donné pour mission d’émettre des fatwas
spécialement destinées aux musulmans vivant en Europe afin qu’ils puissent
rester intégralement gouvernés par la chariaa. Le second a pour but
de renforcer la présence frèriste face aux autres organisations islamiques
britanniques puissantes comme le British Muslim
Council. Deux instituts de formation d'imams liés à l’UOIE
et à l’UOIF sont créés : l'Institut européen des sciences humaines de Château-Chinon (1990)
et l’European Institute for Humanitarian and Islamic
Studies au Royaume-Uni. Par ailleurs, Hani Ramadan, un fils de Saïd Ramadan, non
officiellement membre des Fréres Musulmans mais disciple déclaré de Hassan el Banna, exerce
comme prédicateur et militant en tant que directeur du Centre islamique de
Genève depuis 1995, et employé de l’Union des jeunes musulmans.
Depuis leur
résurgence, les Frères musulmans rivalisent avec d’autres groupes islamistes
pour être reconnus comme interlocuteurs privilégiés des gouvernements européens
et sous-traitant officiels des affaires islamiques. Ils cherchent à se
positionner en modérés en comparaison de leurs concurrents (wahhabites, néo-salafis, tablighs), tout en s’alliant avec eux dans
certaines entreprises. Suivant une technique qui a fait ses preuves dans
d’autres régions, les associations fréristes s’efforcent d’être les plus
présentes sur le terrain.
En France
Tariq Ramadan, titulaire de la chaire d’études
islamiques contemporaines Hamad Bin
Khalifa Al-Thani à l’Université d’Oxford et
président du Centre de recherche sur la législation islamique et l’éthique
à Doha, est une autre personnalité à forte
présence médiatique dans le monde francophone étroitement associée aux Frères
musulmans. Petit-fils du fondateur des Frères
musulmans, Hassan
El-Banna, Tariq Ramadan est
intervenu à de nombreuses reprises lors d’événements organisés par l’Union des
Organisations Islamiques de France (UOIF), qui, selon le quotidien français Le Monde, « l'invite très régulièrement, notamment en raison de son pouvoir
d'attraction sur des publics jeunes ».
Le chercheur Nabil
Ennasri, doctorant à l'Institut
d’Études Politiques d’Aix-en-Provence et président du Collectif
musulman de France, est considéré par le quotidien
français Libération comme
un chercheur proche des Frères musulmans, voire un membre. Ennasri est par
ailleurs très proche du gouvernement du Qatar ainsi
que du prédicateur égyptien Youssef Al-Qaradawi exilé
au Qatar.
L'UOIF est
considérée par l'essayiste Fiammetta Venner comme la « vitrine
française » des Frères musulmans. Plus récemment, dans son ouvrage
intitulé Pourquoi j’ai quitté les Frères musulmans, Mohamed Louizi, ancien membre de la
confrérie et ex-président des Étudiants
musulmans de France, souligne les liens inextricables entre l'UOIF
et les Frères musulmans.
En matière de
consultations juridiques (fatwa), le CTMF (Conseil
théologique musulman de France) est composé d'imams et d'oulémas gravitant dans la mouvance des
Frères musulmans notamment.
En 2017, l’arrivée d’Ahmet Ogras à la présidence du Conseil
français du culte musulman (CFCM) le 1er juillet
2017, permet aux Frères musulmans de renforcer leur influence dans cette
institution.
Au Royaume-Uni
En 1996, le premier
représentant des Frères musulmans au Royaume-Uni, Kamal el-Helbawy, un
égyptien, a été en mesure de dire que « il n'y a pas beaucoup de membres
ici, mais de nombreux musulmans au Royaume-Uni soutiennent intellectuellement
les objectifs des Frères musulmans ».
En septembre 1999, les
Frères musulmans ont ouvert un « centre mondial d'information » à
Londres.
En avril 2014, David
Cameron, le Premier ministre britannique,
a lancé une enquête sur les activités des Frères musulmans au Royaume-Uni et
ses activités extrémistes présumées. Le gouvernement britannique charge
alors les services de renseignement MI5 et MI6 d'enquêter
sur les liens entre les Frères musulmans et le terrorisme sur son sol. L'Égypte a salué la décision. Après la
décision de Cameron, les Frères musulmans auraient déplacé leur siège de
Londres en Autriche pour essayer d'échapper à l'enquête.
En mars 2015, la
publication de l'enquête est reportée. Elle montrerait des liens avec des
groupes ayant « pour but réel de propager le fondamentalisme en
Grande-Bretagne et dans le monde arabe ». Le rapport est publié en décembre 2015.
Basée à Londres, l'UOIE est
considérée comme la « maison mère » de l'UOIF.
Ces deux organisations se réfèrent uniquement à la doctrine des Frères
musulmans.
Dans le reste du monde
Le mouvement des
Frères musulmans est un mouvement panislamique, la confrérie a donc des ramifications
dans la plupart des pays à majorité musulmane, ainsi que dans de nombreux
autres ayant une minorité musulmane.
Aux Etats-Unis : Muslim American
Society
Selon le Washington Post, les partisans des Frères musulmans américains « veulent être la force la
plus organisée de la communauté musulmane américaine » en déployant des
centaines de mosquées et des entreprises commerciales, en promouvant des
activités civiques, et la mise en place d'organisations islamiques américaines
pour défendre et promouvoir l'islam. En 1963, le chapitre américain des Frères
musulmans a été lancé par des militants impliqués dans la Muslim
Students Association (MSA). Les partisans américains de la
Fraternité ont également lancé d'autres organisations incluant : la North
American Islamic Trust en 1971, l'Islamic Society of North America en 1981, l'American
Muslim Council en 1990, la Muslim American
Society en 1992 et l'International Institut of Islamic
Thought dans les années 1980. En outre, selon « un mémoire
explicatif sur l'objectif stratégique général pour le Groupe en Amérique du
Nord », la « compréhension du rôle des Frères musulmans en
Amérique du Nord », et l'objectif des Frères musulmans en Amérique du Nord
est identifié comme suit :
« Mettre en place
un mouvement islamique effectif et stable dirigé par les Frères musulmans qui
adopte les causes musulmanes nationales et mondiales, et qui travaille à
élargir la base musulmane pratiquante, vise à unifier et diriger les efforts
des musulmans, présente l'islam comme une alternative de civilisation, et
soutient l'Etat islamique mondial partout où il est. »
Lors du procès de
la Holy Land Foundation (qui a conduit à une condamnation
pour le transfert de fonds au profit du Hamas en 2008), plusieurs documents ont fait surface
incriminant la Confrérie dans des activités subversives. Un des documents daté de 1991, a
souligné une stratégie des Frères musulmans aux États-Unis impliquant d'
« éliminer et détruire la civilisation occidentale de l'intérieur ». Dans un autre, « Ikhwan en
Amérique » (Frères en Amérique), l'auteur allègue que les activités des
Frères musulmans aux États-Unis incluent d'aller dans des camps pour s'exercer
au maniement des armes (appelé travail spécial par les Frères
musulmans), ainsi que de se livrer à des activités de contre-espionnage contre des agences gouvernementales américaines comme le FBI et
la CIA (appelés Sécurisation
du Groupe). Les documents ont été largement
diffusés dans les milieux conservateurs américains.
Début 2015, dans le
cadre de sa nouvelle politique étrangère, le département d'État américain
reçoit la visite d'une délégation des Frères musulmans.
Le 24 février 2016,
la Commission de Justice de la Chambre des représentants des
États-Unis a adopté une
résolution, par 17 voix contre 10, demandant au département
d'État d'inscrire
les Frères musulmans sur la liste des
organisations terroristes. La résolution doit désormais être approuvée par la
Chambre des représentants. Selon le président de la Commission, Bob Goodlatte, les Frères musulmans
constituent une « grande menace et un danger pour la sécurité
nationale ».
En février 2017 puis
en mai 2019, des articles de presse rapportent que le président
américain, Donald
Trump,
envisage de placer les Frères musulmans sur la liste noire américaine des
organisations terroristes.
En Russie
La Société des Frères
musulmans est interdite en Russie comme organisation terroriste.
Comme l'affirme la
Cour suprême de Russie par une décision du 14 février 2003, la Société des
Frères musulmans a coordonné la création d'une organisation islamique
dénommée Le Majlis ul-Shura militaire suprême des Forces unies des
Moudjahidine caucasiens (Высший военный маджлисуль шура объединённых сил
моджахедов Кавказа), dirigé par Ibn Al-Khattab et
Bassaev ; une organisation qui a commis de multiples attaques terroristes
en Russie et aurait été financée par le trafic de drogue, la contrefaçon de
monnaie et le racket.
Conformément à la
décision de la Cour suprême mentionnée ci-dessus :
« La Société des
Frères musulmans est une organisation, fondant ses activités sur les idées de
ses théoriciens et dirigeants Hassan al-Banna et Sayyid Qutb avec pour objectif
la destruction des gouvernements non-islamiques et la création du gouvernement
islamique mondial par la reconstruction du « Grand Califat
islamique » ; tout d'abord, dans les régions avec une population à
majorité musulmane, incluant celles en Russie et dans les pays de la CEI.
L'organisation est illégale dans certains pays du Moyen-Orient (Syrie,
Jordanie). Les principales formes d'activités vont de la propagande islamiste
guerrière à l'intolérance religieuse, le recrutement dans les mosquées, le jihad
armé transnational ».
Dirigeants généraux
Mohammed Badie,
le leader actuel.
·
Hassan el-Banna - fondateur (1928-1949) ;
·
Hassan
al-Hudaybi (1949-1972) ;
·
Umar
al-Tilmisani (1972-1986) ;
·
Muhammad
Hamid Abu al-Nasr (1986-1996) ;
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Mustafa
Mashhur (1996-2002) ;
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Ma'mun
al-Hudaybi (2002-2004) ;
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Mohammed
Mahdi Akef (2004-2010) ;
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Mohammed Badie (depuis 16 janvier 2010).
Désignation comme organisation
terroriste
Les pays et
organisations ci-dessous ont officiellement désigné les Frères musulmans comme
une organisation terroriste.
Pays
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Date
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Russie
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12 février 2003
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Syrie
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21 octobre 2013
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Égypte
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25 décembre 2013
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Arabie saoudite
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7 mars 2014
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Bahreïn
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21 mars 2014
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Émirats arabes unis
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15 novembre 2014
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Curieux que ces pays qui ont instrumentalisé les Frères musulmans, voire collaboré avec eux, les découvrent subitement "terroristes", pour les classer sur la liste des partis et organisations terroristes ! Pour les pétromonarques cela traduit plutôt des rivalités avec les Frères musulmans pour la diffusion de wahhabisme et qui cherchent à s'émanciper d'eux.
Quant à Poutine, on sait qu'il a installé Ramazan Kadyrov à la tête de la Tchétchénie, pour contrer l'islamisme ... alors qu'il est converti au wahhabisme saoudien !
On se fout du monde.