Par Youssef Benzatat
Les dessous d’une manipulation !
Qui a intérêt à provoquer les musulmans à travers un film islamophobe ? Un film de 15 minutes, dont la structure est une suite de scènes, qui prétendent à la représentation de quelques éléments biographiques sélectifs du prophète Mohamed, le présentant comme un pervers sexuel pédophile et une brute sanguinaire. Sans un réel fondement esthétique, c’est-à-dire, sa non-inscription dans une perception des structures anthropologiques, de l’histoire et de la culture à partir de laquelle s’exprime la diégèse qui la détermine. En somme, il s’agit d’un galimatias d’ingrédients abjects, savamment orchestrés, dont le but est d’affecter les musulmans dans leur amour-propre en outrageant la personne du prophète, considéré par eux comme un idéal humain et un modèle exemplaire. Une provocation de plus mais qui va cette fois au-delà d’un simple dénigrement comme ont voulu le faire croire Barak Obama et Hillary Clinton, car il ne s’agit pas d’une simple critique de mauvaise foi, que l’on pourra mettre sur le compte de l’égarement d’un individu insolent, vulgaire et raciste ou d’une personne manquant de savoir vivre. Mais bel et bien de quelque chose de plus grave encore ! Quelque chose qui dépasse une simple provocation, du reste méprisante et méprisable, dirigée contre deux milliards d’êtres humains.
Méprisante, parce qu’elle s’attaque à l’honneur des musulmans, en s’attaquant à tout ce qui représente pour eux la source d’une fierté d’avoir une croyance religieuse, dont ils considèrent le bien-fondé juste et légitime et à laquelle ils attribuent une valeur universelle pour l’humanisme qu’elle véhicule. L’objectif pervers de cette méprise est de provoquer leur colère et les conséquences comportementales prévisibles qui doivent en découler, qui sont à cette occasion, et le plus souvent dans des circonstances pareilles, extrêmement violentes et à la limite de l’hystérie collective, sans retenue ni civilité dans sa forme contestataire, et de les donner en spectacle à toute l’humanité en les surmédiatisant. Donnant d’eux une image désolante, qui fera très vite le tour du monde et viendra raviver le souvenir de la barbarie des attentas du 11 septembre, dont c’est le onzième anniversaire jour pour jour. Exactement, à l’image de ce qui est en train de se passer sur le terrain de la manifestation de cette colère, partout dans les pays majoritairement musulmans. Une méthode très sournoise, qui viendra alimenter l’imaginaire des populations mondiales, tenues à l’écart des réalités géostratégiques par des médiats corrompus, pour leur aliénation dans une opinion consensuelle, manipulée à outrance par une surenchère de représentations de laboratoire, présentant les peuples musulmans comme des êtres violents, barbares et inadaptés au niveau civilisationnel de notre époque. En fait, cet objectif pervers dissimule un autre objectif, pragmatique celui-la, qui pour légitimer leur violence et leur barbarie, par l’agression des musulmans, en Palestine, en Irak et en prélude à une éventuelle agression de l’Iran, ils sont amenés à dépeindre de la sorte leur victime. En quelque sorte ! prêcher une violence imaginaire surdéterminée chez l’autre, pour légitimer sa propre violence et sa propre agressivité envers lui pour le soumettre et le dominer.
Méprisable, parce que nous pensons que cette provocation a été planifiée machiavéliquement, pour servir des intérêts qui se nourrissent des affects structurant l’imaginaire collectif des musulmans, pour les maintenir volontairement dans un stade pré politique, pour rendre facile leur exploitation et leur domination. Car, en atteignant de la sorte leur amour-propre, cela les pousse à se radicaliser plus encore dans leur rapport à leur identité religieuse, et à opter massivement pour l’islam politique, dont l’idéologie est par essence antidémocratique. Un moyen efficace pour accentuer leur régression politique, économique et culturelle. C’est une stratégie qu’emploie depuis toujours l’impérialisme occidental envers les colonies dans un premier temps, ensuite envers les pays du Tiers-Monde depuis la fin de la période coloniale. Beaucoup plus, dans son adaptation à la conjoncture mondiale actuelle, par un impérialisme américano sioniste, couplé aux puissances néolibérales occidentales, dans leur volonté d’être les maîtres du monde. Aidés, dans cette région, par les théocraties arabes, à travers leurs chaînes satellitaires Al-Jazeera et Al-Arabiya et par leur soutien financier aux mouvements islamistes pour faire barrage aux démocrates progressistes, qui menacent leurs visées néocolonialistes et hégémoniques. Par une forme de sous-traitance, en échange de leur protection et de leur domination idéologique sur le monde musulman.
La manipulation en question, qu’en est-il au juste ?
Tout porte à croire, en fonction des informations divulguées par la presse mondiale à ce jour, quel’initiative à cette provocation, attribuée mensongèrement à un illuminé isolé, pour les besoins de la discrétion de l’opération, et relayé cyniquement par des médiats majoritairement acquis aux puissances impérialistes, accrédite plus l’hypothèse d’une manipulation sortie tout droit des laboratoires de la CIA et du Mossad. En premier lieu, un flou total volontaire entoure l’identité de l’auteur du film en question. Dénommé par le pseudonyme Sam Bacile, on ne sait pas plus de choses sur lui, à part qu’on le présente comme un juif d’origine israélo-américaine exerçant la profession de promoteur immobilier. Sam Bacile aurait fait paraître dans un premier temps en 2009 dans un magazine professionnel une annonce pour le recrutement d’acteurs pour tourner un film intitulé « Desert Warrior » (le guerrier du désert), qui est resté sans suite. Ce n’est que pendant les révolutions arabes en 2011, qu’une deuxième annonce a été publiée par le même pseudonyme de Sam Bacile sur un site web dont le nom est « Craigslist », réactivant le recrutement d’acteurs pour les besoins du tournage d’un film ! La première annonce de 2009 laisse croire effectivement que Sam Bacile serait un illuminé raciste et islamophobe d’origine israélo-américaine, qui active dans un groupe sioniste restreint, comme il en existe un peu partout aux États-Unis. On peut déduire que cette première annonce répondait effectivement à une pulsion islamophobe orientée vers le dénigrement des musulmans de manière tout à fait insolente et indépendante.
Mais, si le projet de réalisation de ce film en 2009 n’intéressait personne, pourquoi alors en 2011, en pleines révolutions arabes, Sam Bacile a réussi à lever des fonds dans le milieu juif américain à la hauteur de près de cinq millions de dollars, tel que rapporté par la presse, sans que cette opération financière ne semble présenter un intérêt lucratif prévisible pour ces donateurs. Quoique le contenu du film apparaît très contreproductif par la méprisable immoralité de sa perversion, le condamnant à priori à ne prétendre en aucun cas à la justification d’un quelconque droit à la liberté d’expression. Dans ces conditions, cet intérêt soudain pour le projet de ce film et pour la personnalité présumée de son auteur semble à l’évidence traduire une volonté qui dépasse de loin le seul objectif de dénigrement des musulmans de la part d’un illuminé isolé. La vérité sur cette affaire semble plutôt à rechercher du côté des services américains et israéliens, qui semblent avoir pris la balle au rebond, pour instrumentaliser cette affaire au profit d’une manipulation à grande échelle, dissimulée derrière un scénario idéal, qui paraît très vraisemblable, par son attribution à un illuminé, de surcroît d’origine israélo-américaine et financé par le lobby juif américain. Exactement comme pour l’instrumentalisation des images des « pyramides humaines » pendant la guerre d’Irak en 2003, par la mise en scène de la vraisemblance de leur fuite, qui n’était en fait qu’une odieuse manipulation, et leur surmédiatisation excessive. Faire d’une simple opération, qui au départ avait comme objectif le dénigrement des musulmans par un illuminé isolé et soutenu par un groupe de juifs racistes, une manipulation à grande échelle.
Cette manipulation apparaît ainsi destinée à provoquer une réaction émotive et collective chez les musulmans, qui devrait servir la stratégie contre révolutionnaire mise en place pour orienter le « printemps arabe » dans le sens du projet de Grand Moyen-Orient (GMO), tel que défini plus haut. Dont la stratégie commence à donner des signes d’essoufflement, car il doit faire face à un réveil de plus en plus important des populations, par la revendication des libertés fondamentales, dont la liberté de conscience. Particulièrement, une expression culturelle et artistique libre, la multiplication de l’émergence de mouvements associatifs très actifs sur la scène publique, tels, les non-jeûneurs, les féministes qui militent pour l’émancipation des femmes de l’emprise discriminatoire de la charia sur leurs droits. Notamment en Tunisie et en Algérie, ou aujourd’hui même, on assiste à la naissance d’une nouvelle association féministe constantinoise, très active, qui organise une rencontre à Paris le 18 septembre, où beaucoup d’intellectuels (hommes et femmes) se sont invités volontairement à cette rencontre, dont Wassyla Tamzali, une écrivaine et une militante féministe algérienne.
La crise syrienne, qui se trouve à quelques encablures de son dénouement, vient à son tour renforcer de son poids l’hypothèse de la motivation à une telle manipulation. Car, en ces moments de veille du dénouement du processus révolutionnaire qu’elle traverse, avec la composante de ses différentes tendances et sensibilités idéologiques, majoritairement émancipées de l’aliénation religieuse, fait croire et redouter aux puissances impérialistes et aux théocraties Arabes, que l’islam politique n’a aucune chance dans l’état actuel des choses de sortir vainqueur. Une issue qui contredit lourdement leur plan géostratégique au vu de l’importance que représente la Syrie dans la région. Par cette opération, ils comptent ainsi faire basculer l’opinion syrienne vers la sympathie et l’adhésion massive au mouvement islamiste associé à l’armée syrienne de libération (ASL) qui ne dépasse pas les 20% de sa composante, pour faire un contre poids aux idéologies non religieuses, notamment les progressistes et les laïques plus nombreux.
L’Algérie fonctionne déjà comme une théocratie dans une république de façade, dont la constitution impose au président d’être de confession musulmane. Tout citoyen qui ne se reconnaît pas dans la religion musulmane est considéré comme un indu citoyen. Un dhimmi en l’espèce, dont l’impôt qu’il doit à la société est la lapidation dans sa forme contemporaine, qui consiste à rouer de coups, par les forces de l’ordre, assistées par des citoyens maintenus par l’endoctrinement religieux, hors du temps, les blasphémateurs, tels les non-jeûneurs ou les femmes isolées. L’enseignement dans l’Éducation nationale se fonde sur le créationnisme et toute critique scientifique ou historique de la religion et seulement de la religion musulmane est considéré comme un blasphème. Elle semble vivre en vase clos, loin du tumulte du monde extérieur, s’auto régulant intrinsèquement autour de l’idéologie religieuse par un système politique répressif et autoritaire qui ne laisse entrevoir aucune perspective de changement. La manipulation en question ici ne semble pas la concerner, hormis l’agitation insignifiante d’un anachronique résidu du FIS dissous, représenté par la personne d’Ali Belhadj et de quelques irréductibles fidèles. La seule perspective tant redoutée, qui la concerne, est le chaos de la guerre civile qui la guette.
L’environnement trouble autour du film
Quant au film lui-même, beaucoup d’indices viennent encore étayer l’hypothèse de cette grotesque et insouciante manipulation, qui a déjà coûté la vie à plusieurs personnes et fait de nombreux blessés, dont quatre Américains et parmi eux le consul J. Christopher Stevens à Benghazi en Libye le mardi 11 septembre 2012. À ce jour aucune preuve n’atteste de l’existence du filmInnocence of Muslims, excepté le trailler d’une durée de 15 minutes qui circule sur You Tube. Même si une équipe de tournage a été mobilisée et des rushs ont été tournés, rien ne prouve que le film a été monté et produit sous une forme commerciale d’une durée standard de 90 minutes. Certains médiats ont affirmé l’existence du film dans une durée de deux heures en n’apportant aucune preuve, à vérifier, mais cela ne change pas grand-chose à la donne. Encore que les images tournées ont été profondément retouchées en studio. Par ailleurs, le témoignage unanime de l’équipe technique et les acteurs, qui ont participé au tournage du film, interrogés le lendemain de la mort des quatre Américains, fait apparaître qu’ils ont été tenus au secret total quant à son contenu et aux motivations de sa réalisation. Ils affirment qu’au moment du tournage, aucune allusion n’a été faite ni au prophète Mohamed, ni à aucun dénigrement de l’islam dans les dialogues. C’est certainement pendant la post-production, que tout cet aspect du film a été rajouté.
Quant à son post sur le réseau social You Tube le 2 juillet 2012 en version originale, qui ne semble pas avoir atteint l’effet escompté, a amené ses promoteurs à revoir la technique de diffusion pour une plus grande visibilité. Il a donc été traduit en arabe dans la semaine qui précéda le 11 septembre et relayé par le réseau Tweeter. C’est Morris Sadek, un juriste copte exilé aux États-Unis et militant pour la création d’un État copte indépendant en Égypte, qui se dit « pro-israélien », qui a été chargé de sa diffusion sur You Tube, puis sa traduction et son relais sur le réseau Tweeter. Certainement pour dissiper toute suspicion et brouiller les pistes. C’est une curieuse constante chez les séparatistes des pays musulmans de se dire « pro-israéliens » comme l’avait fait, il y a quelque temps Ferhat M’henni, le président du MAK Kabyle, en se rendant en Israël pour marquer sa rupture avec la diplomatie algérienne, qui n’a pas de relations diplomatiques avec ce pays.
Incohérence et précipitation d’Empire décadent
L’évangéliste de Gainesville, en Floride, le pasteur Terry Jones connut pour avoir présidé à un autodafé du Coran le 11 septembre 2009 et en s’opposant à la construction d’une mosquée près de Ground Zéro à New York, avait soutenu au départ le film. Certainement appelé en renfort dans un premier temps pour amplifier la visibilité de la diffusion de ce trailler. Plus tard, lorsque les Américains avaient pris conscience de la gravité de la situation, qu’ils avaient provoqués, et surtout en s’étant rassurés du bon déroulement de l’opération manipulatoire qu’ils avaient orchestrée, alors, à ce moment-là ! le général Martin Dempsey, un haut responsable militaire au pentagone avait téléphoné en personne au pasteur Terry Jones pour lui demander de ne plus soutenir le film, probablement pour ne pas trop attirer les soupçons et renforcer la thèse de l’auteur isolé.
À ce jour, cette odieuse méprise est en passe de réussir et boucler pour un temps les desseins contre révolutionnaires des belligérants hostiles à l’émancipation des peuples de cette région. Au prix du tragique imprévu, qui a emporté la vie de quatre Américains dans le tumulte de l’hystérie collective provoquée par cette manipulation, qui a fait également des morts et des blessés chez les manifestants musulmans. Aujourd’hui, personne ne peut prévoir les conséquences et les développements de la folie de cette fuite en avant d’un Empire américain décadent.
Youcef Benzatat
Encore une thèse de complot ...
RépondreSupprimerSi elle s’avère vraie, tant pis pour les musulmans qui se laissent tomber la tête la première dans de tels pièges et s'ils continuent leur aveuglement quant aux véritables fossoyeurs de l'Islam que sont les pétromonarques !
A qui profite cette criminelle manipulation ? qui peut désirer de sanglants conflits?
RépondreSupprimerLes pétromonarques ! Et ce ne sont pas les américains qui vont pleurer le sort des musulmans. Hillary Clinton, ministre des affaires étrangéres américaines, l'a bien dit : "Pour une fois, sans coup férir ni bourse délier, les arabes nous livrent leurs richesses sur un plateau" !
RépondreSupprimerLe "boulot" étant assuré par des pétromonarques soucieux que de pérenniser leur trône et leurs privilèges, en faisant croire aux peuples musulmans qu'ils oeuvrent pour la prospérité du monde "arabo musulman" dont ils se sont autoproclamés défenseurs de sa foi.
Comme dit Churchill : "il n'y a pas d'amitié dans les relations internationales, il n'y a que des intérêts".
Et c'est connu, les intérêts sont plus faciles à défendre en traitant avec des Dictatures accommodantes qu'avec des Démocraties.