La commission des droits et des libertés, a remis son rapport au président de la République : la balle est dans le camp de Béji Caïd Essebsi.
Donnera-t-il suite à sa proposition d'égalité entre homme et femme devant l'héritage ? Ghannouchi s'y opposera-t-il au risque de perdre sa crédibilité d'avoir changé pour se revendiquer "progressiste" et "démocrate", pour séduire les Tunisiens ?
Tant que les Tunisiens n'auront pas tranché entre Etat Civil et Etat religieux, ils n'en sortiront pas des ambiguïtés. Or Ghannouchi à mainte reprises a rassuré les Tunisiens que l'Etat restera Civil, particulièrement lors de la constituante quand son neveu tentait d'imposer la chariaa en qualifiant la femme de complémentaire de l'homme !
R.B
On peut aisément pardonner
à l'enfant qui a peur de l'obscurité.
La vraie tragédie de la
vie, c'est lorsque les hommes ont peur de la lumière.
Platon
L’Etat religieux ou confessionnel prend pour point de départ la désignation symbolique des maîtres et la délimitation du territoire qui est le leur et celui de la communauté de leurs sujets.
Il voile les femmes et leur impose un code de conduite excessivement minutieux afin de projeter son pouvoir aux tréfonds des corps et des foyers.
Or, dans les corps des femmes et la pénombre des foyers réside aussi l’honneur des hommes.
Et c’est des hommes, placés sous surveillance dans leur honneur, que les détenteurs du pouvoir religieux se rendent maîtres en prenant le contrôle des femmes.
Ahmad Beydoun
Bochra Bel Haj Hmida *
En Tunisie, « une révolution dans la continuité »
La Commission des
libertés individuelles et de l’égalité, créée par le Président Béji Caïd
Essebsi, présente son premier rapport. Sa présidente, la députée
indépendante Bochra Belhaj Hmida, détaille les mesures
progressistes qui y figurent.
Concernant l’héritage, le principe est l’égalité totale. Mais c’est une question difficile sociétalement et même juridiquement. Nous prônons donc d’abord l’égalité pour les cas les plus répandus : entre frères et sœurs, mari et femme ou parents et enfants. De son vivant, le testateur garde cependant le droit de ne pas suivre cette règle. Dans la deuxième formulation, la femme doit revendiquer l’égalité pour l’obtenir automatiquement. Toutes les précautions ont été prises pour qu’elle ne soit pas soumise à des pressions familiales qui l’obligeraient à abandonner son droit. La femme ne peut renoncer à sa moitié d’héritage qu’à la seule condition qu’elle l’exprime clairement.
·
Egalité femmes-hommes
devant l’héritage, homosexualité, peine de mort, votre travail s’attaque à de
nombreuses questions taboues…
C’est une révolution
dans la continuité. Révolution car, en effet, nous avons soulevé des questions
tues jusqu’ici ou timidement abordées. Nous proposons un code des libertés et
droits individuels qui les définit précisément. C’est un bouleversement, seul
le Canada possède un texte de ce genre.
Continuité aussi car nous prolongeons la tradition avant-gardiste de la Tunisie qui date du Code du statut personnel de 1956 [interdiction de la polygamie, instauration du consentement mutuel des époux…] en instaurant des avancées toujours absentes chez nos voisins.
Avec cette commission, le Président nous a offert une opportunité historique qui, peut-être, ne se représentera pas.
Continuité aussi car nous prolongeons la tradition avant-gardiste de la Tunisie qui date du Code du statut personnel de 1956 [interdiction de la polygamie, instauration du consentement mutuel des époux…] en instaurant des avancées toujours absentes chez nos voisins.
Avec cette commission, le Président nous a offert une opportunité historique qui, peut-être, ne se représentera pas.
C’est pour cela que,
pour chaque mesure sensible, vous indiquez plusieurs propositions de lois, plus
ou moins radicales ?
Notre réflexion repose
sur une certaine lecture de la religion portée par des théologiens pour qui
l’islam est porteur des valeurs de justice, d’égalité et d’intégrité physique.
Mais, pour ne pas courir le risque de ne rien obtenir, nous avons choisi de
faire plusieurs propositions concernant les trois points les plus sensibles.
Sur l’homosexualité, notre première mesure est l’abrogation de l’article 230 du code pénal [qui criminalise les relations homosexuelles]. La seconde, c’est d’abandonner la peine de prison qui peut aller jusqu'à trois ans et d’interdire l’usage du test anal [considéré comme un acte de torture par des ONG], utilisé aujourd’hui pour prouver une relation homosexuelle.
Sur l’homosexualité, notre première mesure est l’abrogation de l’article 230 du code pénal [qui criminalise les relations homosexuelles]. La seconde, c’est d’abandonner la peine de prison qui peut aller jusqu'à trois ans et d’interdire l’usage du test anal [considéré comme un acte de torture par des ONG], utilisé aujourd’hui pour prouver une relation homosexuelle.
Concernant l’héritage, le principe est l’égalité totale. Mais c’est une question difficile sociétalement et même juridiquement. Nous prônons donc d’abord l’égalité pour les cas les plus répandus : entre frères et sœurs, mari et femme ou parents et enfants. De son vivant, le testateur garde cependant le droit de ne pas suivre cette règle. Dans la deuxième formulation, la femme doit revendiquer l’égalité pour l’obtenir automatiquement. Toutes les précautions ont été prises pour qu’elle ne soit pas soumise à des pressions familiales qui l’obligeraient à abandonner son droit. La femme ne peut renoncer à sa moitié d’héritage qu’à la seule condition qu’elle l’exprime clairement.
La question de la
suppression de la peine de mort n’était pas évidente. Quand vous abordez la
question, on vous répond : « Vous voulez laisser en
vie les terroristes, les violeurs d’enfants, etc. » Mais
nous ne pouvions pas élaborer des lois basées sur des valeurs universelles
d’humanisme en maintenant des peines inhumaines.
Avez-vous subi des
pressions ?
Aucune, à aucun
moment ! Nous nous sommes réunis plus d’une trentaine de fois en dix mois.
Nous avons consulté des experts de toutes tendances en toute liberté. Le
Président a été clair dès le premier jour : « Vous écrivez ce que vous
voulez et vous publiez ce que vous avez fait. Moi, je suis libre de prendre ce
que je veux. »
Et maintenant, comment
s’assurer que cette « opportunité historique» se transforme en acte ?
C’est aux Tunisiens de
se saisir de ces thèmes, de les défendre, ce n’est pas à nous. Mais je suis
convaincue que dès le 13 août [jour de commémoration de la
promulgation du Code du statut personnel et premier anniversaire de la Colibe], nous,
les députés, aurons un projet de loi à voter. Mais, c’est aussi un travail de
long terme pour faire accepter ces changements. La jeunesse devra jouer son
rôle.
Propos recueillis par Mathieu Galtier, correspondant à Tunis
* Députée indépendante. Présidente de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité tunisienne.
*****
Voilà encore un journaliste tombé dans le panneau de Ghannouchi pour dire que son parti Ennahdha était proche des Frères musulmans, ignorant que c'est une branche de cette organisation internationale dont Ghannouchi est toujours membre du bureau politique !
R.B
R.B
Audace tunisienne
L’importance du débat
lancé en Tunisie par la Colibe, la commission chargée par le président Béji
Caïd Essebsi de proposer des mesures favorables aux libertés individuelles, ne
saurait être sous-estimée.
Rien n’est fait : «
proposez, je choisirai a dit en
substance le Président, un homme qui tient à son autorité. Mais si la
commission est suivie, c’est une révolution qui se prépare, qui placera la
Tunisie en tête de la réforme des pays musulmans.
A l’aune de #MeToo, du combat féministe, de la juste
émancipation des minorités sexuelles, ces mesures paraîtront élémentaires. Mais
en comparaison des législations moyenâgeuses qui sévissent dans la plupart des
pays islamiques, c’est une rupture décisive.
La commission propose
d’établir l’égalité hommes-femmes en matière d’héritage (la loi islamique
prévoit que la femme reçoit la moitié de ce qui est réservé à l’homme dans
cette circonstance), de dépénaliser l’homosexualité (punie de peines de
prison), de supprimer le test anal toujours pratiqué sur les hommes soupçonnés
d’homosexualité, d’abolir la peine de mort, entre autres réformes touchant à
des tabous en terre musulmane.
Tout cela est
prudemment formulé. En matière d’héritage, la femme pourra par exemple choisir
de se soumettre à la tradition si sa volonté est librement exprimée ; pour la
peine de mort, la commission propose de procéder par étapes, etc.
Le Président, aussi
bien, jugera le moment venu de ce qu’il retient ou non du rapport de la Colibe.
On peut supposer que son estimation des rapports de force politiques et de
l’effet électoral de ses décisions pèsera lourd dans la balance.
Une coalition
d’autorités islamiques a déjà critiqué le projet en expliquant qu’un
gouvernement ne saurait aller à l’encontre de la lettre du Coran et que
l’adoption de ces réformes porterait atteinte à « l’identité tunisienne ».
La position du parti
Ennahdha, longtemps proche des Frères musulmans, qu’on soupçonne d’œuvrer
discrètement contre tout changement, jouera un rôle essentiel.
Curieusement,
l’argument identitaire rejoint les thèses du nationalisme européen, pour qui la
démocratie, en accroissant sans cesse les droits des uns et des autres, porte
atteinte à l’identité des nations. Entre les islamistes et ceux qui les
dénoncent avec le plus de virulence, il existe une paradoxale parenté…
Mais la présidente de
la commission a bon espoir et promet qu’un projet de loi sera soumis au
Parlement à l’été. La chose n’est pas impossible : le président Essebsi se
réclame de la tradition bourguibiste, qui fait de l’amélioration de la
condition féminine un de ses marqueurs historiques les plus puissants.
Le débat, en tout cas,
aura un retentissement qui dépassera de loin la seule sphère tunisienne. Dans
le monde musulman, l’abandon de la lettre du Coran au profit d’une
interprétation modernisée de l’islam encouragera tous ceux qui luttent dans ces
pays pour l’émancipation des individus, celle des femmes et des homosexuels en
particulier.
Si le Président et le Parlement suivent la commission, la Tunisie se retrouvera en tête de la réforme islamique, de même qu’elle avait donné le signal des révolutions arabes. Elle contredira ainsi tous ceux qui essentialisent l’islam et jugent les pays musulmans incapables de s’adapter à la modernité. Universalisme des droits contre identitarisme religieux. On voit que l’affaire n’a rien de secondaire.
Si le Président et le Parlement suivent la commission, la Tunisie se retrouvera en tête de la réforme islamique, de même qu’elle avait donné le signal des révolutions arabes. Elle contredira ainsi tous ceux qui essentialisent l’islam et jugent les pays musulmans incapables de s’adapter à la modernité. Universalisme des droits contre identitarisme religieux. On voit que l’affaire n’a rien de secondaire.
Lire aussi :
La CoLibe demande l'abrogation de l'article 230 du code pénal tunisien qui criminalise l’homosexualité
RépondreSupprimerhttp://www.liberation.fr/planete/2018/06/20/sur-l-homosexualite-notre-premiere-mesure-est-l-abrogation-de-l-article-230-du-code-penal-tunisien-q_1660781
Une saine révolution dans les mœurs et la législation.
RépondreSupprimerJean Pierre Ryf
RépondreSupprimerVoir la vidéo où il donne son analyse du rapport de la CoLibe*.
https://www.facebook.com/jeanpierre.ryf/videos/10214446305844827/?q=jean-pierre%20ryf
* Commission Liberté & égalité
LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES FONT PEUR AUX MONARQUES ET AUX DICTATEURS DE TOUS POILS ...
RépondreSupprimerLes Tunisiens seront-ils les avant-gardistes en la matière comme ils le furent pour le Code du Statut Personnel ?
Bochra Bel Haj Hmida vient de remettre son rapport à BCE pour accorder plus d'égalité et de liberté aux tunisiens !
https://www.leconomiste.com/flash-infos/les-autorites-marocaines-interdisent-la-tenue-d-un-colloque-sur-les-libertes#.WyrA9IwtXDZ.facebook
EN TUNISIE, IL Y A AUSSI DES IMAMS PROGRESSISTES ... que l'on entendait pas souvent mais qui existent !
RépondreSupprimerhttp://kapitalis.com/tunisie/2018/06/22/libertes-le-syndicat-des-imams-soutient-les-propositions-du-colibe/
LE COMBAT POUR LES LIBERTÉS INDIVIDUELLEs, SERA ÂPRE ET PASSIONNÉ !
RépondreSupprimerBochra Bel Haj Hmida en a fait l'amer expérience.
Pour la stigmatiser, ses détracteurs lui imputent ce dont on ne trouve nulle trace dans son rapport : « La criminalisation de la circoncision !». Ce qui trahirait leur désir de légaliser aussi l’excision des fillettes comme le recommandait Wajdi Ghanime ce frère musulman égyptien qui veut introduire cette pratique barbare en Tunisie !
Mais ce n'est que lorsque la passion laissera la place à la réflexion, que les idées avanceront.
D'où le travail de pédagogie qu'elle et que doivent faire aussi les responsables politiques des partis qui se disent progressistes !!
http://kapitalis.com/tunisie/2018/06/30/le-debat-autour-du-rapport-de-la-colibe-entre-anatheme-et-reflexion/
UNE DÉCLARATION D'AMOUR A NOTRE Bochra Bel Haj Hmida NATIONALE ?
RépondreSupprimerhttp://www.lepoint.fr/editos-du-point/sebastien-le-fol/martin-luther-est-une-femme-par-kamel-daoud-12-07-2018-2235492_1913.php