Le militantisme comme faire valoir pour Chebbi et bien d'autres militants ... les tunisiens n'en veulent plus !
Et pour cause : pour avoir eu à payer les "professionnels" du militantisme, cela leur est resté à travers la gorge !!
Mais alors le militantisme étant dévoyé par les "professionnels", céderait-il la place à l'affairisme ?
R.B
Comment diriger un pays où Slim Riahi dépasse Ahmed Néjib Chebbi ?
Déception dimanche chez les
partisans du camp démocrate et moderniste. On s’attendait à ce que Béji Caïd
Essebsi passe dès le premier tour. C’est la première leçon de ce scrutin qui
nous en donne plusieurs d’un coup : rien n’est jamais joué à l’avance et tout
peut arriver avec les sales coups. Et des sales coups, il y en a eu.
Deuxième leçon du scrutin
présidentiel du dimanche 23 novembre et elle est adressée aux candidats à l’égo
surdimensionné : descendez de votre tour d’ivoire et soyez plus attentifs à ce
que disent les médias et les instituts de sondage.
Troisième leçon de ce
scrutin, il ne sert désormais à rien de militer pour des causes qu’on croit
justes. Quand on voit Slim Riahi, natif de 1972 et milliardaire on ne sait trop
comment, obtenir dix fois plus d’électeurs qu’Ahmed Néjib Chebbi et Mustapha
Ben Jaâfar, militants de longue date, il y a de quoi réviser tous les manuels
politiques, déontologiques et éthiques. Quand on voit le même obtenir dix fois
plus que Mondher Zenaïdi et Kamel Morjane, connus pour leurs compétences, il y
a de quoi s’interroger sur l’intérêt d’avoir poursuivi ses études dans les plus
prestigieuses écoles et d’être passé par les plus grandes instances
internationales et les plus hautes institutions de l’Etat.
Quatrième leçon de ce 1er
tour du scrutin présidentiel, et on ne fait que radoter, il ne faut jamais
faire confiance aux islamistes, ni à Moncef Marzouki, tant leur double discours
est flagrant. Seuls les naïfs continueront à les croire et des naïfs, il y en a
par milliers, visiblement.
Cinquième leçon, le taux
d’abstention, très élevé. Sur une population de 7,5 millions d’électeurs
potentiels, seuls 5,5 millions se sont inscrits et seuls 3,5 millions sont
passés aux urnes. Où sont les autres ? Veulent-ils de la démocratie ? Comment
les sensibiliser à la vie politique et civile et comment leur expliquer qu’ils
ont des devoirs envers leur pays ?
Vous vous rappelez de
la conférence de presse présidée jeudi
dernier par Zied Laâdheri ? Vous vous rappelez du communiqué d’Ennahdha jeudi soir ?
Le parti islamiste a bien dit et répété qu’il ne soutenait aucun candidat à la
présidentielle. Ça c’était pour les naïfs et crédules, pour l’opinion
internationale et les diplomates qui voient, en ce discours, un gentil parti
islamiste, pacifique, démocrate et tutti quanti. Sur le terrain, les choses
sont différentes. Le parti islamiste a soutenu fortement Moncef Marzouki. Les
milices des LPR et les voyous déchainés étaient là pour soutenir le président
sortant avec l’appui des islamistes les plus radicaux.
Moncef Marzouki a usé jusqu’à
la moelle de double discours durant toute la campagne électorale. Passons,
Business News l’a traité en fond et en large. Je m’arrêterai à la seule soirée
du dimanche quand il a dit être le candidat du camp démocrate et qu’il a
adressé un vœu à son adversaire politique à rehausser le niveau et à détendre
l’atmosphère. Ça c’était pour les naïfs et crédules, pour l’opinion
internationale et les diplomates qui voient, en ce discours, un gentil
président laïc et républicain. Au même moment, et je dis bien au même moment,
ses « dirigeants » du CPR insultaient les médias et ce même adversaire
politique. Lui-même Moncef Marzouki, après la conférence de presse, est allé
poster un tweet pour défier (et le terme est le sien) Béji Caïd Essebsi dans un
duel télévisé. C’était là l’explication des premiers et quatrièmes
points.
Pour ce qui est des deuxième
et troisième points, le scrutin du 23 novembre a constitué une véritable claque
pour la majorité des candidats qui se voyaient déjà présidents. Je pense
notamment à Larbi Nasra, Safi Saïd, Samir Abdelli, Yassine Chennoufi et toutes
ces personnes dont on n’entendait jamais parler. En tant que médias, nous
étions obligés de couvrir leurs activités et en tant que contribuables, nous
étions obligés de les financer. Quand bien même ils sont dans l’obligation de
rembourser l’avance obtenue. Qu’ils fassent de la politique, s’ils le veulent,
mais qu’on ne nous les impose pas avec des lois !
Ce qui fait mal, ce sont les
autres candidats qui sont connus et respectés par l’opinion publique. Respectés
pour leur militantisme et engagement sincère envers la démocratie et les
libertés, soit Kalthoum Kennou, Ahmed Néjib Chebbi et Mustapha Ben Jaâfar. Ou
respectés pour leurs services rendus à l’Etat et à la nation, alors qu’ils
exerçaient sous une dictature, soit Mondher Zenaïdi et Kamel Morjane.
Oui, ça fait mal de voir ces
gens là écartés des élections avec un score si bas. Quelques milliers de voix.
A eux cinq, ils ne récolteraient pas 3%. Nonobstant les erreurs
dramatiques des uns et des autres durant leur carrière politique (et c’est le
cas notamment de MM. Ben Jaâfar, Zenaïdi et Morjane), ils ne méritent pas une
telle claque. Le « peuple » a fait part d’une réelle ingratitude à leur égard.
Il leur a préféré des hurluberlus (d’autres, pas les premiers) comme Slim Riahi
ou Hechemi Hamdi qui ont su toucher le citoyen sur une code sensible : l’argent
ou le populisme. C’est frustrant. Comment faire face à un peuple pareil
qu’on peut tromper si facilement ? Il n’y a pas de recette prête à l’emploi,
mais le futur gouvernement doit prendre les dispositions nécessaires pour faire
face aux intrus de tous bords. Le code électoral a prévu d’extraordinaires
bêtises dans ses textes, mais il n’a pas prévu d’imposer un contrôle fiscal
approfondi ou un rapport des services secrets nationaux et internationaux à ces
« leaders politiques » de la dernière heure. Il faudrait peut-être y penser
pour assainir le paysage. L’Italie a eu longtemps honte de son Berlusconi
et c’est l’appareil judiciaire et les médias qui ont fini par l’abattre.
Suivons l’exemple de notre très proche voisin et donnons aux magistrats et aux
journalistes le moyen de bien travailler pour contrer les impostures.
Restent les millions de
citoyens qui se refusent encore de participer à la vie publique de leur pays et
c’est le cinquième et dernier point. Il est corrélé aux précédents. Une fois la
vie politique assainie, une fois que les magistrats exercent leur travail en
toute indépendance, que les médias font leur boulot en toute liberté, et que
les politiques cessent de mentir sur leurs projets, leurs alliances, leurs
programmes et leurs parcours, les citoyens, communs des mortels, finiront par
s’intéresser à la vie publique. Ce ne sera jamais du 100%, certes, mais ce
n’est pas non plus dans ces pareilles proportions dramatiques. Le citoyen a
besoin d’être rassuré, de voir de vrais modèles d’exemplarité le diriger et le
mener à bon port. Quand il voit un voyou par ci et un menteur par là, il ne
saurait faire confiance à la classe politique et, de là, s’intéresser à
elle.
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