Que reste-t-il de l'espoir soulevé le 11 janvier 2011 par le départ de Ben Ali ? Pour le dégager, le slogan repris en chœur par des millions de Tunisiens descendus dans la rue, était " LIBERTE - DIGNITE - TRAVAIL". Quant à la devise de la République inscrite en noir sur banderole or : LIBERTÉ - ORDRE - JUSTICE, quand deviendra-t-elle réalité pour un peuple qui aspire à la démocratie et à la liberté ?
Les Tunisiens sont-ils condamnés aux autocraties et de vivre dans un Etat policier quasi permanant ?
Dommage que Hélé Béji ait fait dans son article, la part belle aux islamistes d'Ennahdha et à leurs frères ennemis les pan-arabistes; oubliant qu'au pouvoir à la faveur de la prétendue "révolution du printemps arabe", ils ont fait régresser la Tunisie en quelques années seulement; et ce, sur tous les plans et dans tous les domaines. Ils ont commis des exactions souvent pires que celles qu'ils reprochaient à Bourguiba et à ben Ali du temps où ils se revendiquaient militants démocrates et droit-de-l'hommistes ... alors qu'ils s'assoient sur ces deux principes, fondement de tout Etat de droit dans les Démocraties réelles.
Pas un mot sur Abir Moussi dont l'arrestation et le jugement scandalisent tout Tunisien patriote, d'autant qu'elle est la seule véritable opposante à ceux qui ont entrepris la destruction méthodique de la République et de ses institutions; et qui fut celle qui a démasqué Ghannouchi et ses Frères musulmans, en dénonçant leur projet funeste pour la Tunisie !
Depuis le 11 janvier 2011, les Tunisiens sont otages de règlement de compte de complexés de l'Histoire, sortis de l'ombre sinon de nulle part, pour chevaucher leur révolution et expérimenter des idéologies désuètes mais dangereuses : le pan-islamisme et son pendant le pan-arabisme, avec leur cortège de populisme et de complotisme ... en important en Tunisie le modèle sociétal qui va avec, en s'inspirant des pétromonarchies pour les uns et de l'Iran des ayatollahs pour les autres.
On a tendance à dire : tout çà, pour çà ...
R.B
« La Tunisie est prise d’une rage d’autodestruction »
La révolution tunisienne de 2011 avait fait la fierté de son peuple. Elle avait frappé le monde par son génie pacifique, la cohérence de ses principes et de ses actes. La hauteur de l’événement la plaçait, en quelques semaines, au rang des pays les plus avancés en matière de droits politiques. Elle célébrait pour la première fois depuis l’indépendance son esprit républicain. Elle était une leçon de civilisation au monde, sortant avec panache de la dictature, sans violence. L’imagination avait pris le pouvoir que des décennies de parti unique avaient confisqué. Les Tunisiens s’étaient grandis d’une liberté s’ouvrant devant leurs yeux éberlués. La peur avait disparu par enchantement. L’horizon s’était coloré de la douce confiance en l’avenir. La conscience nationale était devenue morale. L’obéissance, la tutelle brutale étaient rejetées loin derrière. On était soudain plus intelligents, plus humains. On s’était émancipés de nous-mêmes. On s’était civilisés. On ne se méprisait plus, on s’aimait. La justice n’était plus un vain mot. Elle était veillée par une Constitution qui offrait à chacun une forteresse imprenable contre le retour de l’oppression.
Aujourd’hui, cette page d’histoire qui avait stupéfié le monde a été déchirée, jetée aux oubliettes comme une billevesée. Toutes les valeurs qui avaient présidé à l’émergence de l’Etat révolutionnaire, les élans d’intelligence et de tolérance où la religion musulmane se défaisait de ses obscurantismes, pour célébrer avec les laïcs les nouveaux droits humains, ont été avalés par un trou sans fond. Dans les caves de la justice, à huis clos, s’est déroulé un procès digne des pires inquisitions du Moyen Age, infamant pour le pouvoir, dégradant pour les institutions de l’Etat qui le tolèrent, pour les classes sociales qui s’y soumettent, pour le fonctionnaire qui s’y plie sans broncher.
La dignité, que la révolution avait ajoutée aux principes de liberté et d’égalité dans la Constitution de 2014, a vu sa toge superbe tomber dans la tourbe d’un châtiment moyenâgeux, traînée comme un haillon pitoyable. Un peuple éduqué a été renvoyé à l’état sauvage, hébété, dans une fuite en arrière vertigineuse où sa pulsion de vie s’est retournée en pulsion de mort.
Autodestruction
Les figures les plus emblématiques de la démocratie tunisienne sont les proies d’une vindicte de tortionnaires (1). Une haine déréglée par une mécanique obscène s’est emparée de tout ce qui pense, s’exprime, se dit. La critique la plus anodine est dénoncée comme un scandale contre « la patrie ». – Qui parle, qui chuchote ? Un esprit libre. – Ah ! Et qui le lui a permis ? Personne, lui-même, sa conscience, sa liberté. – La liberté ? Le péril imminent de la patrie ! Le complot de cancrelats fomenté par l’étranger pour corrompre le peuple ! La révolution est une illusion, la démocratie une fadaise, la liberté un poison.
Par une imposture sans précédent de l’appareil judiciaire, comme poussé hors de ses gonds dans un déchaînement ubuesque de mensonges, les démocrates tunisiens ont été condamnés au bagne perpétuel, une variante tunisienne des supplices staliniens, un folklore local de tribunaux erratiques, tenant une corde au cou des prisonniers qu’on tire et relâche selon l’humeur du moment.
Les sentences cachetées, préemballées, préméditées sont tombées sur de malheureux innocents avec une fureur incompréhensible. C’est une Tunisie noire, meurtrière, qui se prend elle-même à la gorge, qui s’étrangle en voulant étouffer des esprits indomptés. Personne ne la reconnaît dans cette rage d’autodestruction, semblable à une bête à bride abattue qui s’emballe pour se précipiter dans le vide. La Tunisie martyre, comme disait Thaalbi, mais martyre d’elle-même, pas d’anciens colons français dont les descendants, hélas, trouveront ici de quoi se gausser.
La révolution tunisienne vient de connaître son pire cauchemar, les démocrates leur pire désespoir, la résistance sa nuit des longs couteaux. A l’œuvre, le reniement de soi. Quel Tunisien sensé accepte dans son cœur, au fond de son être muet, la spirale contre-nature d’une justice suicidaire ? Quelle piété, quelle raison, quelle nature humaine se reconnaît dans cet avilissement ? Aucune, sauf quelques égarés, effarés de ce qu’ils font, eux-mêmes enfermés dans les bas-fonds sinistres d’un engrenage qui finira par les broyer.
La braise de la dignité
Une telle injustice, un tel forfait contre soi-même sonne le glas d’un régime qui a étouffé la dernière étincelle de liberté. Non, pas la dernière. Sous les piliers de la révolution effondrés en un tas de gravats, la dictature se heurte à une colonne encore debout, intacte, inflexible, la rectitude héroïque, la douceur surhumaine, la braise de la dignité qui luit sous la cendre, piétinée par les bottes du néant. Les condamnés, leur raison, leur courage, leur stoïcisme ont répandu dans l’air irrespirable le souffle de leur liberté, souffrante mais vivante. Leur visage, pâle mais non défait, porté par les pancartes de leurs camarades, émerge d’un tribunal nocturne où les ombres d’une messe de morts-vivants, des spectres de l’enfer, des fantômes de justiciers à l’œil torve, aux joues patibulaires, ont prêté leurs mains difformes au cruel châtiment d’innocents. Comme un paria vagabond qui rôde autour du bonheur, de l’humanité, de la beauté pour les poignarder dans le dos, le pouvoir tunisien s’est exclu de l’histoire, du monde, de la vie, de la justice des hommes, de la miséricorde divine.
La condamnation de citoyens non-violents, lettrés, civilisés, à des peines à dormir debout, est le pas aveugle que vient de franchir l’Etat tunisien dans sa course aux enfers, descendant les marches d’un gouffre où disparaît l’image de son humanité. Il a prononcé contre lui-même sa malédiction. Il s’est porté les coups pour se perdre. Il a mis en scène son autoprocès, le soubresaut de sa fin, la piqûre mortelle, la petite boule de cyanure qu’il s’est fabriquée pour se suicider.
1. Dans les prisons de Tunis se trouvent les résistants Jawhar Ben Mbarek, Ridha Belhaj, Ghazi Chaouachi, Khayam Turki, Issam Chebbi, Abdelhamid Jelassi, Lotfi Mraihi, Habib Ellouz, Bechir Akremi et d’autres, d’origines diverses mais unis dans la résistance à la tyrannie. Également des dirigeants d’Ennahda, qui ont passé une grande partie de leur vie en prison ou en exil avant la révolution, Rached Ghannouchi, Ali Larayedh, Abdelkarim Harouni et Noureddine Bhiri. Tous les prisonniers politiques, ils sont nombreux, ne sont pas cités ici.
* Hélé Béji est une écrivaine tunisienne. Elle a notamment publié « Dommage, Tunisie : la dépression démocratique » (collection « Tracts », Gallimard, 2019).
Hatem Chelly : UNE LETTRE OUVERTE A Mme Kais SAIED ...
RépondreSupprimerMadame,
Je me permets de m’adresser à vous, en tant qu’avocat, mais surtout en tant que citoyen préoccupé par l’état de droit dans notre pays, pour attirer votre attention sur la situation dramatique de deux consœurs aujourd’hui incarcérées : Maîtres Abir Moussi et Sonia Dahmeni.
Madame Abir Moussi a été innocentée par le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies (GTDA), relevant du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (UNCHR), à l’issue d’un examen rigoureux et contradictoire de son dossier. Malgré cela, et bien que la Tunisie soit signataire du Protocole additionnel depuis 2011, les autorités compétentes ont choisi de ne pas répondre aux allégations d’irrégularités soulevées. Ce silence est inquiétant, et semble traduire un désengagement volontaire de la responsabilité administrative.
L’avis du GTDA, aujourd’hui ignoré, sera publié dans le rapport annuel des Nations Unies. Il qualifie explicitement la détention de Madame Moussi d’arbitraire. La forclusion étant désormais acquise, le non-respect de cet avis expose notre pays à une mise en cause sur la scène internationale.
Quant à Maître Sonia Dahmeni, elle est aussi détenue pour avoir exprimé une opinion critique sur la situation des migrants en Tunisie — une parole qui, bien qu’acerbe, s’inscrit dans le cadre des libertés fondamentales garanties par notre propre Constitution.
L’article 37 de la Constitution de 2022 est clair :
« Les libertés d’opinion, de pensée, d’expression, d’information et de publication sont garanties. Aucun contrôle préalable ne peut être exercé sur ces libertés. »
Dans ce contexte, le décret-loi n°54, qui restreint la liberté d’expression, apparaît comme non conforme à la Constitution, et doit être écarté en tant que norme inférieure.
Madame, où sont les droits fondamentaux dans ces affaires ?
Quel est le sens de la peine infligée à des citoyennes et avocates , qui n’ont jamais fait l’objet de condamnations antérieures ?
Quelle place notre pays peut-il encore revendiquer au sein de la communauté internationale si les avis des instances onusiennes sont ignorés ?
Je m’adresse à vous, en tant que femme de loi, connue pour votre rigueur et votre intégrité, mais aussi en tant que mère et Première Dame. Je fais appel à votre humanité, à votre foi et à votre sens profond de la justice, afin que ces dérives soient endiguées — avant qu’il ne soit trop tard.
La Tunisie, j’en suis convaincu, reste un pays où la justice a sa place, et où la volonté de faire triompher le droit peut encore s’exprimer.
Je forme le vœu que vous puissiez sensibiliser Monsieur le Président de la République à la nécessité d’un geste fort, courageux, et juste : la libération de deux avocates, mères de famille, aujourd’hui privées de leur liberté et de leurs enfants.
Je vous remercie sincèrement pour l’attention que vous porterez à cette requête, au nom de la justice, de la dignité humaine, et des droits de la femme.
Votre bien dévoué
Hatem Chelly
Avocat au Barreau de Paris
Kamel JENDOUBI : QUE DIRE QUAND LA VERITE DEVIENT UN ACTE TERRORISTE ? LIBERTE POUR Ahmed SOUAB
RépondreSupprimerLe 18 avril dernier, Me Ahmed Souab, avocat, ancien magistrat, figure respectée du barreau tunisien, s’exprimait devant la Maison de l’avocat à Tunis. Ce jour-là, en robe, entouré de ses confrères et consœurs, il a osé dire ce que tout le monde sait et voit mais que beaucoup n’osent pas nommer :
« La justice est dans une situation de destruction massive, son état ressemble à celui de Gaza. Les couteaux ne sont pas sur les détenus mais sur le président de la Chambre qui va les juger ».
Des mots graves, pesés, portés par une conscience professionnelle et citoyenne que personne ne peut suspecter de légèreté ou de calcul. Des mots qui nomment et désignent une réalité insupportable : l’effondrement de l’indépendance judiciaire, la soumission des juges à des ordres politiques, une machine répressive lancée contre les opposant, les avocats, les journalistes, les défenseurs des droits des personnes migrants, les militants.
Ces paroles – et ces seules paroles – ont suffi à faire de lui, aux yeux du régime, un « terroriste ».
(suite : ci-après)
Quelques jours plus tard, Me Ahmed Souab est arrêté, inculpé au titre de la loi antiterroriste n°2015-26, placé en détention préventive dans des conditions indignes. Le pouvoir tunisien n’a eu besoin ni de preuves, ni d’actes : il a criminalisé un discours, une prise de parole publique, un cri d’alarme.
RépondreSupprimerCe qui est en cause ici n’est pas seulement l’acharnement contre un homme — mais une attaque frontale contre la libre parole, contre le droit à la défense, contre l’idée même de justice indépendante. En s’en prenant à Ahmed Souab, c’est toute une génération d’avocat.e.s, de juges, d’intellectuel.le.s et de http://xn--dfenseur-b1a.es/ des droits humains que l’on cherche à intimider, à faire taire, à briser.
On ose l’accuser de vouloir faire peur alors qu’il ne fait que dire haut ce que le régime veut que l’on murmure ou que l’on oublie. On ose le traiter en criminel alors que les véritables criminels sont ceux-là mêmes qui détruisent les institutions, chassent leurs adversaires et toute voix critique en manipulant les lois et utilisant la justice uniquement à des fins de répression.
L’utilisation de la loi antiterroriste contre un avocat pour une déclaration publique est une violation flagrante du droit international, un détournement scandaleux de la justice et un signal d’alerte majeur pour toutes celles et tous ceux attaché.e.s à la démocratie en Tunisie.
Il ne s’agit pas là d’un simple abus mais d’un point de non-retour que le régime s’apprête à franchir. Ne rien dire reviendrait à cautionner.
Ahmed Souab n’est pas seul. Il incarne aujourd’hui cette force lucide, courageuse, intègre, que le pouvoir tente de faire taire. Mais ni les murs d’une prison, ni les décrets de l’arbitraire, ni les intimidations ne feront disparaître ce que cet homme, cet avocat, ce citoyen incarne : la voix de la justice contre la tyrannie.
Tant qu’il y aura des hommes et des femmes debout comme Ahmed Souab, la Tunisie ne sera pas totalement asservie.
À nous de faire en sorte de l’aider à ce que celle-ci se relève.
Nous affirmons avec force :
• Qu’aucune des paroles ou actes d’Ahmed Souab ne relève de « formation d’une organisation terroriste », de « soutien à des actes terroristes » ou de « menace de commettre des crimes terroristes », en plus de « diffusion de fausses nouvelles », mais bien d’un devoir de parole et d’alerte face à cette dérive autoritaire ;
• Que l’incarcération d’un avocat pour ses opinions constitue une violation manifeste de la Constitution, des principes fondamentaux de l’État de droit et des conventions internationales ratifiées par la Tunisie ;
• Que la criminalisation de la critique est le propre des régimes qui craignent la vérité.
Nous appelons :
• À la libération immédiate d’Ahmed Souab et à l’abandon de toutes les poursuites engagées contre lui ;
• À une mobilisation massive de la société civile, des syndicats, des avocats, des partis démocrates, des médias et des citoyens contre la répression judiciaire en cours ;
• À une dénonciation claire par les instances internationales, les partenaires diplomatiques et les ONG des droits humains, de l’instrumentalisation de la loi antiterroriste.
https://blogs.mediapart.fr/comite-pour-le-respect-des-droits-en-tunisie/blog/270525/que-dire-quand-la-verite-devient-un-acte-terroriste-liberte-pour-a?fbclid=IwY2xjawKinepleHRuA2FlbQIxMABicmlkETFENWJ5QlZ2aG1jclpldVRzAR5RMN2Gy_ySjd2JZCb208TPSm9TiwUobxfew_vMfSHfr4xQcOVIgS0lk9prqA_aem_NorBJGXAjt1WG3vtP82PzA
Kamel JENDOUBI :
RépondreSupprimerABIR MOUSSI : UNE DETENTION DEVENUE UN CRIME D’ÉTAT
Le 26 mai 2025, la peine de 16 mois d’emprisonnement prononcée contre Abir Moussi dans l’affaire où l’ISIE s’est portée plaignante au sens de l’article 24 du sinistre décret-loi n°54/2022 a été purgée. Pourtant, la présidente du Parti destourien libre est toujours détenue à la prison de Belli. Sa détention actuelle est, une fois de plus, illégale. Plus rien, ni en droit ni en justice, ne la justifie.
Dans une déclaration publique, Abir Moussi dénonce l’absence totale de mandat de dépôt valide à son encontre. Les effets juridiques des deux mandats émis dans le cadre des affaires dites du « bureau d’ordre » (5 octobre 2023) et de « l’instance électorale 2 » (21 février 2024) sont arrivés à expiration avec les saisines et les décisions des chambres d’accusation compétentes. Aucun nouveau mandat de dépôt à la prison n’a été décidé, aucune ordonnance supplémentaire n’a été émise. La loi est claire : un mandat de dépôt perd effet à l’issue de la délibération de la chambre d’accusation, sauf décision contraire expresse.
Sa détention constitue donc un délit pénal passible de poursuites au titre de l’article 250 du Code pénal tunisien, qui sanctionne la privation de liberté sans base légale. Le silence des autorités judiciaires, politiques et administratives face à cette situation ne relève plus de la négligence : il trahit un consentement à l’illégalité, une complicité institutionnelle méthodologique.
Ce n’est pas seulement Abir Moussi qui est prise en otage. C’est la justice elle-même qui est piétinée. Car maintenir une opposante en prison après l’expiration de sa peine, en dehors de tout cadre légal, ce n’est plus un dysfonctionnement : c’est un acte de violence d’État. Une volonté délibérée d’humilier, de briser, de faire taire.
Plusieurs organisations internationales, dont Amnesty International, ont déjà qualifié sa détention d’arbitraire. L’Union interparlementaire a dénoncé une condamnation fondée sur l’exercice légitime de la liberté d’expression. Mais le pouvoir tunisien, sourd à toutes les alertes, s’enfonce dans le mépris du droit.
Il est à déplorer aussi que le Groupe de travail du Conseil des droits de l’homme de l’ONU a déjà statué sur le cas de Maître Moussi et a qualifié sa détention d’arbitraire, invitant les autorités tunisiennes à la libérer et à la dédommager ... sans aucune réaction du régime en place.
Chaque jour supplémentaire passé derrière les barreaux est une insulte à la justice, un coup porté à l’État de droit, un signal de terreur envoyé à toutes les voix critiques. Il ne s’agit plus d’une erreur : c’est un crime politique.
Face à cette dérive autoritaire, il est urgent de briser le silence. La Tunisie ne peut se permettre de normaliser l’illégalité. Il est encore temps d’agir pour Abir Moussi et pour la dignité du droit.