Article paru dans : Kapitalis
J’ai déjà
écrit que l’opposition était un boulet et que la société civile devait
compter sur elle-même car elle est beaucoup plus clairvoyante que beaucoup de
membres de l'opposition.
Et ce
n’est pas la première fois que ce monsieur fait état de la résistance à
laquelle se seraient livrés les islamistes contre le régime de Bourguiba
puis contre celui de Ben Ali, en en faisant l'éloge !
Alors il
faut mettre les points sur les i.
Par
ailleurs la résistance n’a de valeurs que par le projet que l’on porte.
Car résister à un tyran pour installer une nouvelle tyrannie n’a strictement
aucune valeur. Or c’est bien ce qui se passe avec les islamistes. D’une part
leur résistance n’est pas du tout à l’origine de la révolution mais ils se
donnent une légitimité de martyrs de la résistance tout à fait fausse comme
pour se donner le droit d’installer une nouvelle dictature.
Cela
n’est pas acceptable et les leaders de l’opposition devraient cesser de
louer la prétendue résistance des islamistes. On ne répétera jamais assez
qu’ils n’ont pas fait la révolution.
Le peuple
Tunisien a bien compris cela; et lorsque à l'enterrement d'Ahmed Rahmouniun, un ancien résistant, le week-end dernier à Thala, il a chassé avec
force Ghannouchi et ses comparses, c'était évidemment pour dire haut et fort
qu'il ne fallait pas confondre un résistant qui s'était battu pour
l'indépendance de son pays et un prétendu résistant qui n' a de cesse de
faciliter la colonisation de son pays par les arabes du Golf et d'Arabie.
Ce peuple
montre clairement à M. Chebbi qu'il y a bien résistance et résistance et qu'il
faut cesser de vanter la prétendue résistance des islamistes.
Néjib
Chabbi nous dit que ces résistants constituent un parti très fort avec
lequel il faudra compter c'est-à-dire
composer. Il commet là une erreur grave et que les tunisiens ne peuvent en
aucun cas accepter. Certes ces islamistes représentent une force mais c’est une
force négative et néfaste; qui veut, de toute évidence (rappelons-nous les
déclarations de Ghannouchi, de Mourou et de tant d’autres), installer une
théocratie, c’est à dire une dictature religieuse pire que les
précédentes !
L’idée,
évidemment attirante et à première vue intéressante, du consensus que l’on voit
développer ici ou là, est en réalité une erreur grave. Pour qu’il y ait
consensus il faut d’abord que les partis qui veulent se réunir partagent des
valeurs de bases essentielles communes.
Par
ailleurs un gouvernement de consensus, c'est aussi diluer les responsabilités
et éviter de porter le poids de l'échec. A quel parti incombera la responsable
de l'échec ? Et croyez vous vraiment que la politique menée sera nécessairement
bonne parceque tout le monde s'y met ? D'autant que nous savons bien en quoi consiste
la démocratie selon Ghannouchi : il est démocrate qu'avec ceux qui sont de son
avis ! Ne l'avions-nous pas vu à l'œuvre décider de tout, bon gré malgré ses
alliés de la troïka ... réduit à un rôle de beni oui-oui !!
Au
contraire il faudra donner satisfaction un peu ou beaucoup à tous, un peu ici
et là; et tout cela ne fera pas une politique énergique, dynamique et forte
comme celle qui est absolument nécessaire pour redresser le pays et réparer les
dommages considérables causés par le pouvoir actuel.
Récemment Taieb Baccouche,
représentant de Nida Tounes répondait avec des tours et des détours sur une
alliance avec Ennahdha. C'est inacceptable. Les Tunisiens en grande majorité ne
veulent plus d'une attitude hypocrite à la Marzouki et à la Ben Jaâffar ! Ils
veulent une déclaration nette selon laquelle Nida Tounes ne veut, en aucun cas
de la société que veut Ennahdha et ne s'unira jamais à ce parti, quitte à
rester dans l'opposition. Est-ce trop demander ?
En
réalité si l'on creuse un peu cette volonté de "travailler" avec les
islamistes, vient de l'idée que s'ils sont à l'extérieur ils seront violents.
Doit-on se plier à cette violence ? Doit-on composer sous la menace ? La
réponse doit être : NON.
En second
lieu l’opposition a-t-elle perdu de vue que ce qui est l’un des critères
fondamental de la démocratie et, sans doute le plus important, c’est
l’alternance. Il faut qu’un pouvoir qui a démérité puisse être remplacé par un
autre pouvoir qui mènera une autre politique.
Alors
cessons de nous gargariser de ce mot de consensus qui ne signifie rien de
sérieux contrairement à ce que certains essayent de nous vendre ! Mais qui sous
tend plutôt la terreur qu'Ennahdha inspire à tous les démocrates pour se croire
obligés de les associer au pouvoir coûte que coûte en dépit du bon sens ... de
peur que les nahdhaouis ne reprennent de plus belle le terrorisme s'ils
n'étaient pas au pouvoir !
Cessons
donc de louer la résistance des islamistes à ZABA pour légitimer leur maintien
au pouvoir dans des formations bancales politiquement vouées à l'échec si ce
n'est à une nouvelle dictature.
Rachid
Barnat
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