Après la polémique suscitée par des constituants illégitimes, qui veulent faire les intéressants, en se faisant les "champions" de la cause palestinienne par pur populisme, reprochant au ministre du tourisme son "laxisme" d'avoir laisser entrer en Tunisie des juifs de nationalité israélienne lors de leur croisière, il était bon que Amel Karboul rappelle les traditions d'hospitalité tunisienne !
Et, au passage, elle donne une leçon magistrale aux islamistes obscurantistes en citant opportunément des versets du Coran.
Pas étonnant que cette femme cultivée soit la bête noire d’islamistes imbéciles et de leurs amis abrutis d'un CPR moribond !
R.B
R.B
Ministre du Tourisme de la République Tunisienne
Mr le grand Rabbin de
Tunis,
Mr le Président de
l'Association de la Ghriba
Messieurs les ministres
Excellences,
Chers amis,
Mesdames et Messieurs.
Pourquoi le pèlerinage ?
Beaucoup d’entre nous y
cherchent l'inspiration.
Ils y voient de nouveaux
horizons, les perspectives d’un changement. Ils cherchent la voie dans la
foi.
Certains y trouvent matière à
méditation. Ceux-là mêmes qui s'interrogent profondément sur le sens de la vie, veulent purifier leurs
cœurs et cherchent la sérénité après le doute et la confusion.
Certains ne savent même pas
pourquoi ils vont en pèlerinage, mais suivent leurs intuitions et inspirations.
Certains veulent mettre en
pratique les rituels religieux qu'ils ont reçus en héritage.
Ils, elles, sont riches et
pauvres, instruits et non instruits,…Ils sont cuisiniers, chauffeurs, médecins,
PDG, ministres, écrivains,
enseignants, soldats, …et il y’en a même, qui accompagnent une autre personne
le temps d’un pèlerinage.
Il y en a qui marchent,
méditent, observent et sont en quête d’une harmonie avec la nature.
D’autres sont curieux de se
découvrir et découvrir l’autre.
Ils ont besoin d’échapper à
leur routine.
Ce sont des aventuriers
spirituels cherchant tout simplement leur chemin. Dans la paix de l’esprit,
ils cherchent l’apaisement
Qui êtes vous? Peut être ces
tous et un réunis
Mais au juste qu’est ce qu’un
pèlerinage ?
Est-ce la communion entre un
espace physique et un autre spirituel ?
Aujourd’hui, c’est Djerba et la
fête du Lag Ba'omer pour des citoyens du monde de confession juive
Dans le monde musulman/ c’est
le Hadj après la grande fête (El Aïd el Kébir)
Dans le livre saint des
musulmans, le Coran, la sourate El Hajj évoque le pèlerinage dans les versets
22, 67 et 78 :
« À chaque communauté, nous avons institué un ensemble de rites qu’elle doit observer. Qu’ils
cessent donc de discuter avec toi l’ordre reçu ! Implore plutôt ton Seigneur, car tu es assurément
dans le droit chemin. » [67]
« C’est Lui qui vous a élus,
sans vous imposer aucune gêne dans votre religion, qui est la religion de
votre père Abraham. »
[78]
Les rites peuvent être
religieux : comme le hadj à la Mecque, le pèlerinage de la Ghriba, ou celui
de Lourdes.
Chacun de nous célèbre aussi
ses petits pèlerinages personnels.
Mon amie Lesley m’a racontée,
que chaque fois qu’elle va à New York, elle fait un pèlerinage - Le sien - Au MOMA pour admirer une
peinture de De Kooning (Pirate: Untitled II) qui l’inspire et lui donne envie de danser - à la
grande consternation des agents du musée-. Le tableau n'étant pas toujours en exposition, elle
quitte le musée, profondément déçue, lorsqu’il n’y figure pas. Et rapidement écrit encore et
encore une lettre au MOMA, la même, les priant de le sortir des caves et de le réexposer. Parfois, ils
le font.
Avant-hier soir, j’ai rencontré
à l’hôtel, un couple juif qui m’a révélé qu’après plusieurs années d’absence, plus émus que
jamais, ils sont rentrés, cette année en Tunisie, pour célébrer le
pèlerinage de la Ghriba. J’ai eu le
sentiment que c’est un double pèlerinage : un à la Ghriba et un autre
pour renouer avec leurs racines
tunisiennes.
Je visite le cimetière familial
à chaque fois que je suis ici à Djerba. Je me recueille sur la tombe de mon grand-père, je le salue et
lui dis : cher grand-père, je te remercie du plus profond de mon cœur pour cet endroit magnifique que
tu nous as légué, ce lieu de paix et de sérénité.
Un pèlerinage est fort
probablement ce qui rattache une personne à un endroit, qui raconte
l’histoire de nos origines, qui nous
éclaire sur notre identité…Il peut être même, l’expression de notre
identité.
Alors la prochaine question qui
m’interpelle est :
Quelle identité tendons-nous à
exprimer tous ensemble ici aujourd’hui ?
Notre histoire commune ne
répond à toutes les interrogations, mais je peux nous donner des pistes de réflexions.
Il était une fois ... La
Convivencia
La Convivencia. (Ou la
coexistence) est le terme utilisé pour décrire la période de l'histoire
de l'Espagne comprise entre 711 et
1492 (coïncidant avec la Reconquista). C’était quand les Musulmans, Chrétiens et Juifs vivaient
dans une paix relative, où le vivre ensemble avait pour essence la
tolérance religieuse et le respect, une
époque où les cultures ne s’entrechoquaient pas mais coexistaient.
La Convivencia a été considérée
comme l'âge d'or d’Al Andalous - et de la civilisation islamique. Il ne fait aucun doute que lors du
règne musulman dans le Sud de l’Espagne, et jusqu'à l’arrivée d’Isabella en 1492 qui a expulsé d'abord
tous les Juifs et puis/ 30 ans plus tard/ tous les musulmans, de grandes réalisations ont vu le
jour.
Médecine, astrologie,
astronomie, mathématiques, philosophie, sciences, chimie, architecture et
arts ont permis des avancées
considérables dans l’histoire de l’humanité.
Et c’est grâce à ce brassage
culturel, intellectuel et spirituel entre peuples de différentes
confessions que la prospérité de
l’Andalousie d’antan, fût.
Le Zohar - un des ouvrages
majeurs de la Kabbale – fût diffusé au 12ème siècle en Espagne. Il en est de même des œuvres des grands
mystiques religieux et philosophes comme Salomon ibn Gabirol (Suleiman ibn Jabirul) au 11ème
siècle.
Et bien sûr, n’oublions pas le
grand savant et médecin Maïmonide (Musa bin-Maymûn, alias Moïse ben Maimon, alias le
Rambam).
Dans le Coran, la Sourate 2,
(La Vache), Verset 62 incarne cette convivencia religieuse:
“ Ceux qui croient (dans le
Coran) et ceux qui observent (les Écritures) des Juifs, des Chrétiens et
des
Sabéens, et ceux qui croient en
Dieu, et au Jour Dernier, et ceux qui agissent avec droiture, ils
recevront leur récompense de
leur Seigneur, ils n’auront rien à craindre, ils ne seront pas affligés.
»
[62]
Où en sommes-nous ? Nous
Tunisiens/ des siècles plus tard ?
Nous Tunisiens du 21ème siècle
avons résisté à bien de changements, et d’invasions depuis plus de 3000 ans. Aujourd’hui, nous
espérons, que la Tunisie qui s’est révoltée il y a plus de trois ans,
celle que nous sommes en train de
réédifier, renaisse libre, novatrice et juste.
Apaisée, notre patrie a
retrouvé la voie.
Beaucoup parlent du miracle
tunisien !
Aujourd’hui, la Tunisie qui
unit en son sein toutes les religions, qui tolère toutes les idéologies, souhaite vivre une nouvelle
Convivencia. La Convivencia du vingt-et-unième siècle.
J'ai foi en la capacité de la
Tunisie d’avoir son âge d’or/ pas seulement elle/ mais toute la région.
Elle ne sera pas une exception,
elle montrera la voie.
J'ai foi en cela, et je m’y
engage. Je le fais précisément pour ne jamais renoncer, me résigner,
baisser les bras et me retirer en
silence. Parce que nous projetons notre désespoir autour de nous lorsque nous perdons la foi. Quand à
moi, je refuse de perdre la foi.
Comme la plupart d'entre nous,
que nous soyons musulmans, juifs ou chrétiens, ce qui nous pousse à avancer est que malgré nos
doutes, et même grâce à nos doutes, nous rejetons le nihilisme du désespoir. Nous revendiquons la
foi en l'avenir et en chacun de nous.
Appelez cela de la naïveté si
vous le voulez. Dites que c'est impossible et idéaliste si vous le
pensez.
Mais une chose est sûre :
Reconnaissez que c'est humain.
La Tunisie a besoin de vous, de
nous tous pour réaliser le rêve d’une Convivencia du 21ème siècle.
La Tunisie a résisté aux
invasions, aux guerres, à la division. Sa capacité de pardon et de
tolérance l’ont protégé de la haine et du
rejet de l’autre. Notre pays est le votre, vous Tunisiens qui êtes partis pour y revenir un peu plus
souvent, un peu plus longtemps, peut être pour tout le temps.
La Tunisie d’antan est également
celle d’aujourd’hui, ses valeurs sont les mêmes, celles de la tolérance et de l’amour
d’autrui.
Pour finir je voudrais vous
dédier ce poème, de Muhammad Shirin Maghribi, soufi persan du 14ème siècle :
Cet ami spirituel frappa à ma
porte la nuit dernière.
« Qui est là?" :
Demandai-je.
Il répondit: «Ouvre la porte.
C'est toi! "
"Comment peux-tu être
moi?" : Demandai-je.
Il répondit, «Nous sommes un,
Mais le voile de la dualité nous a caché la vérité.
" Nous et moi, lui et toi, nous sommes tous devenus le voile, Et combien cela t’a voilé à toi même !
" Nous et moi, lui et toi, nous sommes tous devenus le voile, Et combien cela t’a voilé à toi même !
Si tu souhaites savoir comment
nous et lui et toi ne formons qu’un, alors passe au-delà de ce «je», de ce «nous», et de ce «
toi».
Je souhaite à nous tous de
passer au-delà de ce «moi», de ce «nous», et de ce «toi».
Je vous remercie de votre
attention.
Mme. Amel Karboul
Ministre du Tourisme de la
République Tunisienne
Rappel : l'Article 6 de la constitution du 26 janvier 2014 :
L'État est le gardien de la religion.
Il garantit :
- la liberté de conscience et de croyance,
- le libre exercice des cultes et
- la neutralité des mosquées et des lieux de culte de toute instrumentalisation partisane.
L'Etat s'engage à diffuser les valeurs de la modération et la tolérance
et à la protection du sacré et l'interdiction de toute atteinte à celui-ci.
Il s'engage également à l'interdiction et la lutte contre les appels au
takfir* et l'incitation à la violence et à la haine.
* Takfir : Juger autrui d'apostasie et le condamner en tant qu'apostat à la peine de mort ... selon la chariaa que les islamistes, dont les Frères musulmans nahdhaouis, avaient tenté en vain d'imposer aux tunisiens.
Rappel : l'Article 6 de la constitution du 26 janvier 2014 :
L'État est le gardien de la religion.
Il garantit :
- la liberté de conscience et de croyance,
- le libre exercice des cultes et
- la neutralité des mosquées et des lieux de culte de toute instrumentalisation partisane.
L'Etat s'engage à diffuser les valeurs de la modération et la tolérance
et à la protection du sacré et l'interdiction de toute atteinte à celui-ci.
Il s'engage également à l'interdiction et la lutte contre les appels au
takfir* et l'incitation à la violence et à la haine.
* Takfir : Juger autrui d'apostasie et le condamner en tant qu'apostat à la peine de mort ... selon la chariaa que les islamistes, dont les Frères musulmans nahdhaouis, avaient tenté en vain d'imposer aux tunisiens.
Amel KARBOUL DÉRANGE !
RépondreSupprimerParcequ'elle bouscule les réactionnaires ...
mais aussi les pseudo progressistes modernistes
qui diraient à la tunisienne : "Sois libre, mais tais-toi " !
Comme quoi il y a d'autres révolutions à faire ... dont celle des mentalités du tunisien !
http://www.leaders.com.tn/article/le-syndrome-karboul?id=14020