Même si son livre ne l'honore pas, l'ex confirme ce que les français ont découvert à leur dépens : que François Hollande n'a rien d'un socialiste.
R.B
R.B
« Madame, l’on ne vous dit point merci pour ce moment »
Paris, le 3 septembre
Sans aller par quatre chemins, souffrez que je vous mande que vous m'avez déçue. Jusques alors, j'avais cru à l'élévation de votre âme. Me serais je donc fourvoyée ?
Votre livre, accueilli comme brûlot, n'est qu'une somme d'aigreurs, de rancoeurs, de malheurs, de confidences d'une femme répudiée par un roitelet de bazar dont on savait depuis quelque temps qu'il n'était qu'un mufle.
Vous avez été trompée, Madame, alors que vous étiez Madame d'Alors: par le Ciel, de qui donc pensiez-vous partager la couche? D'un Apollon, d'un roi soleil, d'un Adonis, de George Clooney, d'un chevalier de vitrail, d'un authentique roi de France? Foin de tout cela! L'heure était-elle donc venue de faire savoir le peu d'estime que vous aviez de lui?
Mais, Madame, ses sujets, au bord de la sédition, partagent votre amertume et vos douloureux regrets. Eux aussi ont été trompés, et de quelle manière!
Vous dépeignez le Flou sous les atours d'un goujat, d'un mufle, d'un menteur, d'un égoïste au coeur de pierre. Au fil du temps, il nous est apparu ainsi, nous qui avons été abusés par sa silhouette soufflée tel un flacon d'eau de Saint-Galmier, par son regard gaudant, son port gentillet de pingouin à lunettes.
Vous avez vécu, Madame, un pitoyable vaudeville, une lamentable comédie bouffe, une sitcom complètement ratée, un House of cards pour nuls. Devrait-on pour autant vous plaindre? Jusques alors, j'éprouvais, Madame, une certaine commisération à votre égard. Vous avez été répudiée de la manière la plus grossière qui soit par un moujik. Il vous a chassée comme il a pris l'habitude de congédier ses ministres, sans mettre de gants.
Mais à présent, je m'interroge: que souhaitiez-vous ourdir en publiant ce livre? Causer la ruine d'un amant volage, provoquer sa déchéance, son abdication? Ajouter votre orage à la pluie de ses malheurs?
Madame, souffrez encore que je vous mande que vous avez fait fausse route, si tel était votre dessein: il s'entend très bien à causer sa propre ruine: c'est là son seul talent, à rendre jaloux Groucho Marx, Gaston Lagaffe et Mr Bean.
Vos secrets d'alcôve ne hantent point les esprits: nos commensaux se désespèrent de voir revenir des temps prospères: ils se moquent bien de savoir si le roi fait des vents dans son sommeil.
La seule phrase de votre brûlot qui vaille est proprement inouïe: l'on apprend ainsi que le Flou qui, selon ses propres mots, n'aimait pas les riches, n'a pas manqué respecter sa doxa. Il a encore changé d'avis. A présent, il ne souffre plus les pauvres, qu'il a multiplié comme des petits pains: ceux sont eux qui l'indisposent. Au point de leur coller l'injurieux sobriquet de "sans dents": il se parait que ce terrible trait l'a fait rire lui-même. Il y a donc fort à parier que cette épouvantable saillie lui collera à la peau pour l'éternité. Et l'on imagine sans peine qu'elle sera source intarissable de polémiques.
Ce livre sera-t-il la première pierre de votre grand retour? C'est peu probable, permettez-moi de vous le mander sans fard.
Au Château, Madame, l'on ne vous aimait guère: vous aviez l'art de vous immiscer dans les affaires du roi et ainsi de le fourrer dans d'inextricables guêpiers. L'on ne vous a point pleurée, Madame. Courtisans et ministres ont, un temps, souhaité que le calme et l'ordre revinssent. En vain. La pagaille perdure au Château et si les gens de Sûreté avaient eu l'heur de faire leur besogne, votre livre n'aurait jamais vu le jour: que fait donc Monsieur de Cazeneuve?
Madame, vous avez sans doute aucun cédé aux sirènes les plus mal intentionnées qui vous soufflé l'idée d'écrire ce livre baigné de fiel. Vous avez eu tort. Car vous êtes désormais perdue: qui donc saura vous accorder sa confiance sans craindre qu'un jour vous ne déballiez d'autres petits secrets?
Non sans prudence, vous vous êtes cependant gardée de révéler certains grands secrets qui furent portés à votre oreille. Vous vous êtes bornée aux bruissements d'alcôve, aux scènes de ménage, aux vacheries et autres indélicatesses. Voici donc pourquoi, les grands éditeurs de la place, un temps alléchés, ont tourné casaque.
Certes, vous êtes pour l'heure nimbée d'une petite gloire de Niquée: mais elle sera bien éphémère, comme prélude à un exil, une relégation qui risquent fort d'être définitifs.
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