Si le nouveau roi Ibn Saoud abat ses cartes en se rapprochant du Qatar, de la Turquie et de leurs protégés les Frères musulmans, cela donnera plus de lisibilité à l'AXE DU MAL qui diffuse tel un poison le wahhabisme dans le monde dit "arabo-musulman" mais aussi en Occident !
On verra alors comment l'Occident, EU & UE en tête, va réagir. Car jusque-là il s'est voulu "l'AXE DU BIEN", jouant d'une façon ambiguë sur la rivalité du Qatar avec les Ibn Saoud !!
R.B
Par David Hearst*
Mise à mort de l'araignée saoudienne
Avec l'accession du roi Salman au trône de l'Arabie saoudite, un possible rapprochement de Riyad avec Ankara et Doha est très probable, ainsi qu'avec les Frères musulmans.
Salman le nouveau roi d'Arabie
Salman le nouveau roi d'Arabie
La révolution de palais s'est achevée. En émettant, dans la nuit de jeudi dernier, un décret à la portée considérable : le nouveau monarque saoudien Salman a fini l'opération de dé-tricotage en règle de l'héritage de feu son demi-frère Abdallah et mis le royaume sur la voie d'un réalignement régional significatif.
Un possible rapprochement avec la Turquie et le Qatar, un retour de l'Arabie saoudite à son rôle traditionnel de médiateur entre Fatah et Hamas et un changement «qualitatif» du soutien de Riyad au régime militaire égyptien, tout cela est désormais sur la table.
Balayer ainsi les toiles d'araignée implique logiquement qu'un traitement spécial sera réservé à l'araignée elle-même. Le prince Bandar Ben Sultan a été dépouillé de sa position de chef du Conseil national de la Sécurité, la dernière fonction qui lui restait. Cette décision, selon toute vraisemblance, signifie la fin de la partie pour le prince Bandar – et toute la région moyen-orientale ne pourrait qu'en être plus stable.
Les deux fils du Roi Abdallah – le prince Michaal Ben Abdallah, qui est gouverneur de la Mecque, et le prince Turki, qui a présidé à la destinée de la capitale Riyad – ont été eux aussi remerciés. Le prince Mutaïb est le seul fils d'Abdallah qui a gardé une place au pouvoir, à la tête de la Garde nationale. Indéniablement, les membres de la famille régnante ne se sacquent pas...
«Cher peuple. Vous méritez encore plus»
Cheikh Saad Al-Chethri, le dignitaire religieux conservateur qui s'est distingué notamment par sa défense ardente de la ségrégation entre les sexes à l'université, a été nommé conseiller personnel de Salman. Un équilibre a, cependant, été trouvé à cette désignation, avec la nomination d'un nouveau ministre de l'Information, Adel Al-Toraifi, un jeune libéral qui a été à la tête de la chaîne d'information saoudienne ''Al-Arabiya''.
Les deux hommes qui désormais feront la pluie et le beau temps dans le pays sont Mohamed Ben Nayef, le prince héritier adjoint, et Mohamed, le fils de Salman, qui porte à lui tout seul 3 casquettes: le ministère de la Défense, le secrétariat général de la Cour royale et la présidence du récemment créé Conseil des Affaires économiques et de développement. Un autre fils de Salman, Abdelaziz, est ministre adjoint du Pétrole.
Le Roi Salman a entamé son règne avec une tentative pour gagner l'affection de son peuple, imitant en cela la main tendue par le Roi Abdallah durant les premiers mois du Printemps arabe. Tous les employés de l'Etat auront droit à une prime exceptionnelle équivalant à 2 mois de salaire. Tous les retraités de la fonction publique recevront une pension bonus de 2 mois. Deux mensualités supplémentaires seront versées aux étudiants boursiers et à ceux d'entre eux bénéficiant de l'assistance sociale. Au total, la note de toutes ces générosités exceptionnelles se monte à 30 milliards de dollars US.
«Cher peuple. Vous méritez bien plus que cela et, quoique je puisse faire, je ne serai jamais en mesure de vous offrir tout ce que vous méritez véritablement», a écrit le nouveau monarque sur son compte Twitter, quelques semaines au lendemain de l'annonce faite à Riyad que le gouvernement saoudien se trouve dans l'obligation d'opérer des coupes dans les dépenses publiques. Le message de Salman a été retweeté plus de 250.000 fois.
Depuis son accession au trône, le Roi Salman n'a cessé d'avoir une bonne presse. Tous les opposants à feu Roi Abdallah ne tarissent pas d'éloges à l'égard de son successeur. Les observateurs avertis des affaires saoudiennes aiment à rappeler que, vers la fin de son règne, le défunt roi était devenu excessivement dogmatique. Pour eux, l'arrivée au pouvoir de Salman marque un retour indéniable à l'approche modérée qui a marqué l'ère de Fahd Ben Abdelaziz.
Le nouveau monarque saoudien assure qu'il sera garant de la continuité, mais les 7 premiers jours de son accession au trône donnent un ton tout à fait différent. Et ce changement est certainement plus remarquable sur la scène internationale. Dans un monde où les relations personnelles jouent un rôle décisif, il serait important de rappeler qui sont les amis de Salman et Ibn Nayef.
L'heure du règlement de comptes des ennemis est venue
Le Roi Salman est demeuré proche au Cheikh Tamim Ben Hamad, l'émir du Qatar. Par conséquent, la menace brandie, l'an dernier, par l'Arabie saoudite d'assiéger son petit voisin ou d'appeler à son exclusion du Conseil de coopération du Golfe semble aujourd'hui un lointain mauvais souvenir. Egalement, quelques sources saoudiennes m'ont rapporté qu'Ibn Nayef est proche des hauts responsables turcs.
Le désaccord entre la Turquie et l'Arabie saoudite, au lendemain des révolutions arabes de 2011, lui aurait déplu, non pas seulement parce que les deux puissances régionales ont besoin l'une de l'autre pour éviter que l'influence de l'Iran ne se répande en Irak, au Yémen, au Liban et en Syrie, mais aussi personnellement. Il est à parier, dans ce cas également, que le nouveau souverain saoudien s'attellera sérieusement à la réparation de ce différend.
L'heure est aussi venue pour régler les comptes des ennemis personnels d'Ibn Nayef. Le ministre de l'Intérieur n'a pas encore oublié cette conversation de 2 heures que le prince héritier d'Abou Dhabi, Mohamed Ben Zayed, a eue avec Richard Hass, il y a une douzaine d'années. Lors de cet entretien, parlant d'Ibn Nayef-le père, qui à l'époque était le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince émirati avait fait la remarque que la théorie de Darwin selon laquelle l'Homme descend du singe était tout à fait correcte...
Ibn Nayef-le fils a bien d'autres comptes à régler avec les autorités d'Abou Dhabi. La Erem News qui, à l'image des autres sources d'information émiraties, est contrôlée par la Cour, s'est interrogée sur la nomination d'Ibn Nayef comme prince héritier adjoint. Déclarant que Salman n'a pas pris la peine de consulter le Conseil de l'Allégeance, le porte-parole des Emirats arabes unis a noté que «le mécanisme utilisé pour le choix de Mohamed Ibn Nayef parmi le nombre important de petits-fils très en vue a suscité l'intérêt des observateurs».
Il ne pouvait s'agir d'une remarque fortuite. Youssef Al-Husseini, présentateur de télévision égyptien, s'est aussi essayé à ce jeu dès que la maladie de feu Abdallah n'était plus un secret pour personne. Selon "Arab Secrets'', cela faisait partie d'une campagne orchestrée par l'évincé Khaled Al-Twaijri pour garder des chances intactes au Prince Meteb d'être prince héritier adjoint. Le site web a révélé que le script du présentateur télé lui a été dicté par la cour royale saoudienne via le bureau du chef de cabinet de Sissi, Abbes Kamel, l'homme qui, dit-on, a secrètement demandé que le satiriste Bassem Youssef soit privé d'antenne.
Les Twaijri, Bandar et Ibn Zayed ont donc fait leur temps. Le roi est mort avant qu'un sérieux défi n'ait pu barrer la route à Salman. A présent, deux d'entre ces personnes, au moins, sont assurément des hommes du passé. Nous suivrons avec beaucoup d'intérêt ce qu'il va advenir du troisième.
La chaîne alimentaire des intrigues de palais liant le Caire à Riyad cédera très probablement sous peu.
Options limitées d'Al-Sissi
Les changements qui ont eu lieu dans la cour royale saoudienne ont eu des effets instantanés. Ibn Zayed n'a pas assisté aux funérailles d'Abdallah. Le président égyptien Abdelfattah Al-Sissi, lui aussi, était absent – à un moment crucial où l'Egypte a un grand besoin d'injection de fonds saoudiens, à un moment où le pays est plus instable que jamais et où le mécontentement généralisé est très loin de connaître une fin. Ainsi, les options d'Al-Sissi paraissent de plus en plus limitées...
Pour l'armée égyptienne, le moment est mal choisi de perdre son bailleur de fonds saoudien. Cette éventualité est désormais plus que possible. Même si Ibn Nayef ne décide pas de couper les fonds, la générosité saoudienne se fera très certainement au compte-goutte.
La décision de déclarer les Frères musulmans organisation terroriste en Egypte serait très probablement appelée à être révisée. Salman a personnellement reçu Cheikh Rached Ghannouchi, lors des funérailles du roi saoudien défunt. Le président d'Ennahdha a été le plus haut dirigeant islamiste ainsi reçu en Arabie saoudite. L'éviction de Souleimane Ab Al-Khail, adversaire juré des Frères, du ministère des Habous et des Affaires islamiques, peut elle aussi indiquer que les choses sont sur le point de changer.
Même si cela n'a pas lieu dans l'immédiat, il y a plus d'une raison de croire que le tremblement de terre qui a secoué cette semaine l'Arabie saoudite sera accueilli avec beaucoup de satisfaction par les chancelleries qui n'ont pas toléré la décision prise par le Premier ministre britannique David Cameron de lancer une enquête sur les activités des Frères musulmans en Grande Bretagne – une mesure prise sous les pressions de l'Arabie saoudite et les Emirats.
Jusqu'à l'accession de Salman au trône saoudien, cette enquête britannique, pilotée par Sir John Jenkins, a été cause d'un sérieux embarras politique. Il semble que les résultats de cette investigation ne seront pas publiés de sitôt car ils mènent à la «mauvaise» conclusion, à savoir la non-implication des Frères musulmans dans les opérations terroristes en Egypte. Tout porte à croire également que les nouveaux décideurs saoudiens se féliciteraient que cette enquête aboutisse à pareille conclusion.
Texte traduit de l'anglais par Marwan Chahla
* David Hearst est rédacteur-en-chef du site web ''Middle East Eye''. Il a été, auparavant, rédacteur principal au ''Gardian'' en charge du service international de ce quotidien britannique.
Source: ''The Huffington Post''.
Israël et L’Arabie Saoudite : Une Alliance Forgée Dans Le Sang Palestinien
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