Les jeunes veulent un islam light

Par Kastelli Chérif

A QUAND DE NOUVEAUX EXÉGÈTES POUR ADAPTER L'ISLAM A NOTRE EPOQUE ?

On doit s’attendre que notre révolution qui a donné le droit d'expression à tous, qu'elle permette aussi l'émergence de nouveaux exégètes comme ce fut le cas de l’école de Bassora (Elmo'tazila) ou pendant la renaissance en Andalousie avec le célèbre Ibn Roched (Averroès); pour adapter la religion à notre  époque.

Les jeunes veulent un Islam light avec des exégètes éclairés, de pensées libres en se référant au texte selon le contexte et qui n’obéissent pas aux stéréotypes du salef-essalah.

Les objectifs de la révélation coranique (Esbab Enouzoul) vise une organisation sociale et culturelle des populations tribales d’antan basée sur le principe de ne point faire de préjudice ni à autrui ni à soi-même (Lè Dhararon walè Dhirar). L’islam a combattu les abus tout en annonçant l’avènement d’une société post barbare qui met fin à certaines pratiques, en introduisant de nouvelles valeurs tel que l’hygiène, le respect d’autrui, le pardon, la tolérance, l’amour de son prochain, l’assistance au nécessiteux, la décision collégiale des affaires, etc

Ces nouveaux exégètes doivent se prononcer en rassurant les jeunes sur les questions en suspens. Comme :

1 - Le Système bancaire

Le fonctionnement du système bancaire. Quelles sont les limites du système comme outil de développement dans un cadre organisé et qu'en est-il de l’usure (erriba) qui est une économie souterraine ? 

" Wal amrou beinakom choura ".

2 - Le mariage mixte

Le mariage mixte de nos filles avec les gens du livre sera-t-il permis ? Un problème qui se pose avec une grande acuité au sein de la communauté maghrébine en Europe. Sachant que le verset coranique s’adresse au deux sexes. « verset 221 de la Sourate El Baqra [221] " n'épousez pas les femmes associatrices tant qu'elles n'auront pas la foi, et certes, une esclave croyante vaut mieux qu'une associatrice même si elle vous enchante. Et n’épousez pas d’homme associateurs tant qu'ils n'auront pas la foi, et certes, un esclave croyant vaut mieux qu'un associateur même s'il vous enchante ". On voie bien que le texte coranique s’adresse aux homme et aux femmes sans aucune distinction, il est donc permis pour une femme musulmane d’épouser un chrétien puisqu’il est croyant et il fait parti des gens du livre.

3 - Les cinq prières

Les cinq prières, si une ne sera pas observée est-ce une obligation de la refaire sachant que le verset évoque que "Essalet kiteb maoukouton" ? Sachant l’obligation est claire pour la prière du Vendredi dans la sourate du Vendredi verset[9] " Ô vous qui avez cru ! Quand on appelle à la Salât du jour du Vendredi, accourez à l’invocation d’Allah et laissez tout négoce. Cela est bien meilleur pour vous, si vous saviez! "

4 - Le vin entre l’interdiction et la modération ?

Le vin entre l’interdiction et la modération ? Quel verset coranique interdit le vin ?

Quant au vin il a été cité trois fois dans Coran :

- Primo dans la Sourate An-Nisâ’ (Les Femmes) verset [43] " Ne vous approchez pas de la prière pendant que vous êtes ivre afin que vous seriez conscient de ce que vous implorer. Aussi lorsque vous venez de faire un acte conjugal et entre temps vous vous n’êtes pas lavé ". Il est bien claire que c’est un texte qui vient organiser la prière (Salât) et il n’interdit en aucun cas le vin ; le verset 43 est un texte organisationnel du rituel de la Salât

- Secundo : Dans la Sourate Al- Baqara (La Vache) verset [219] " On vous interroge sur le vin et les jeux de hasard ". Dis : " il ya des méfaits et des bienfaits et leurs méfaits surplombent leurs bienfaits " .On voit bien ici l’approche moraliste du Coran pour une utilisation modéré du vin et des jeux, comme Dieu le confirme dans la Sourate Al-A’Râf’ verset [31] " Ô enfants d’ Adam, dans chaque lieu de Salât portez votre parure (vos beaux habits). Et mangez et buvez; et ne commettez pas d’excès, car Il (Allah) n’aime pas ceux qui commettent des excès ". 

Il s’avère aussi que les bienfaits consistent à ce que le vin provient d’une culture mettant en valeur des terres pauvres, grâce à une culture industrielle. Le vin ainsi produit bien que surtaxé, ne suscite pas de contestations de la part des consommateurs; et en même temps cette taxe aide à combler le déficit du budget de l’état

- Tertio : Dans la Sourate Al-Mâ’ida (Le festin) versets 90&91  [90] " Ô les croyants! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches de divination ne sont qu’un acte malsain du Diable. Ecartez-vous-en, afin que vous réussissiez [91] Le Diable veut, à travers le vin et le jeu de hasard, créer entre vous la haine et le dédain, et vous détourner d’invoquer Allah et d’observer la Salât. Allez-vous donc y mettre fin (à cette question)? "

Avant la révélation des versets 90&91 de la sourate "Le Festin", Omar Ibn Al-KHatab n’a pas arrêté de supplier le Prophète Mahomet en priant pour que Allah nous donne une réponse rassurante à propos du vin (Bêyèn lana fi el-khamra bayènèn chêfiène). Après la révélation de ces versets, Omar a répondu " On a terminé, on a terminé ". 

On voit bien que la réponse de Dieu est venue suite à l’insistance des Sahaba, compagnons du Prophète; puisque Dieu énumère les impactes négatifs du vin. En même temps Allah dit au verset [87] de la même Sourate. " Ô les croyants : ne déclarez pas illicites les bonnes choses qu’ Allah vous a rendues licites. Et ne transgressez pas. Allah, (en vérité,) n’aime pas les transgresseurs ".

Dans un Hadith du Prophète lors de la préparation d’une visite de courtoisie pour le Yémen où Abou Moussa et Mouâdh furent élus comme messagers, ceux-ci ont dit au Prophète « les gens du Yémen ont des boissons à base de céréale. Peut-on en boire ? » Alors le Prophète a dit « Buvez mais ne vous vous soûlez pas » (voir Bidayet el moujthed wa nihayet el moqtaced d’el Qortoubi fi bab kiteb el a-tîma wa el a-chriba)

Donc l’islam à interdit l’utilisation abusive du vin pour prévenir de la dépendance à l’alcool considérée comme un fléau dévastateur responsable de l’instabilité des foyers .... et de nos jours, des accidents de la route.

5 - La laïcité

Ces exégètes doivent rassurer les jeunes en ayant le courage de dire que la laïcité respecte toutes les religions. Sachant que l’Islam ne peut se propager en Occident que dans un environnement laïc et les musulmans doivent forcement adhérer aux valeurs universelles en matière de droit de l’homme et du respect de l’autre. 

Dans notre cas, la Tunisie doit inventer sa propre laïcité compte tenu de notre héritage Arabo-Musulman . Le respect de la culture d'un peuple est sans équivoque, cette culture fait l’unanimité. C’est cette unanimité qui est la règle démocratique. Donc une laïcité adaptée dans le respect des confessions et de l’égalité des individus.

6 - Le voile

Toute femme vertueuse et qui ne porte pas le voile va-t-elle brûler en enfer ? Les versets du Hijeb qui s’adressent à la famille du Prophète sont-ils juste un protocole vestimentaire de l’époque?.

7 - Egalité des sexes

En matière d’égalité de sexe pourquoi Dieu dans le verset d’Elkilala n’a pas fait de distinction en matière d’héritage entre le sexe masculin et le sexe féminin ?. Peut-on alors considérer que le principe de la côte part double pour le sexe masculin est un plafond qu’on ne doit pas dépasser pour garantir un minimum à la femme et ceux qui acceptent l’égalité entre les deux sexes seront considérés comme pieux parmi les fidèles les plus proche d’Allah ayant le statut de saint ? . Sourate des Femmes (El Kilala) (An-Nisâ’) 12 " Quand un homme ou une femme meurt sans laisser d’ascendants ou de descendants, à la survivance d’un demi-frère ou d’une demi sœur d’une même mère, chacun de ces derniers aura droit à un sixième ; mais s’ils sont plus nombreux, ils se répartiront le tiers de l’héritage."

Ce verset est repris dans le "Code du Statut du Personnel", le CSP ou "Majelet el ahwel echakhsia" Art 144 ( Si une femme décède, laissant comme cohéritiers un mari, une mère ou une grand-mère, des frères utérins, un ou plusieurs frères germains, les frères utérins et les frères germains se partageront, entre eux, ce qui restera après le prélèvement de la part du mari, de celle de la mère ou de la grand-mère, à parts égales sans distinction entre les hommes et les femmes et entre le frère germain et le frère utérin, s'il y a avec les frères germains des frères consanguins, ces derniers n'hériteront pas.)

8 - En matière d’ijtihed,

Je veux que nos exégètes méditent la mesure prise par le législateur tunisien à propos de legs obligatoire (El-wassia el wajiba - art 191 CSP) qui a mis fin à une injustice qui a durait 14 siècles ! Une injustice responsable des ségrégations, en créant deux classes sociales au sein d’une même famille.

PS : Ne pas confondre Islam et Islamisme !