samedi 30 novembre 2013

MIMI CAZENDRES NOUS A QUITTÉS

Un accident bête comme le sont souvent les accidents de voiture : Mimi ne portait pas de ceinture de sécurité quand sa sœur Jeannine éblouie par le soleil, n'a pas vu la faucheuse des bas-côtés, qu'elle a heurtée de plein fouet.
Une grande dame et une belle personnalité, que cette Mimi qui s'est choisie, comme elle dit, un nom qui fasse jeune; n'aimant pas son vrai nom Germaine. Et jeune d'esprit, elle l'est restée jusqu'au bout.
Au Barberousse, dans le fort espagnol d'Hammamet,
juillet 2007

Fille du commandant Pierre Cazendres, un grand combattant, Mimi a hérité de lui le goût du combat. Passionnée de montagne, à 20 ans elle a fait une chute d'une hauteur considérable lors d'une randonnée qui s'est soldée par de nombreuses fractures dont la plus grave, celle de sa jambe, avec une grande plaie ouverte. Transportée dans de mauvaises conditions du lieu de sa chute jusqu'en ville, elle est restée avec sa jambe cassée et sa plaie béante, 48 h avant qu'elle ne soit opérée à Bordeaux, par un chirurgien qui hésitait entre réparation et amputation de la jambe ! Finalement la jambe fut conservée. C'est depuis qu'elle a commencé à boiter.

Sont-ce ses souffrances qu'elle a appris à dominer et à maîtriser qui ont fortifié son caractère et sa personnalité ? 
Toujours est-il, qu'elle a appris à ne pas geindre ni se plaindre; et malgré ses souffrances, elle a montré un grand appétit pour la vie : elle adorait la bonne chair, elle adorait la montagne et pratiquait la randonnée et le ski, elle adorait voyager, elle adorait faire la fête, elle adorait danser ... 

Lors de son premier voyage en Tunisie où elle était notre invitée à Jinéne, j'ai pensé la ménager en prévoyant un repos à la maison après son long voyage depuis Pau. Elle nous a étonnés en demandant de partir de suite, à peine arrivée à l'appartement ... se jeter à l'eau ! Elle faisait des pirouettes dans l'eau comme une gamine ... elle qui avait déjà 80 ans !
Lors de la visite du fort espagnol d'Hammamet, j'ai proposé de lui tenir compagnie sur la plage pendant que Jaques, Janine et Jean Pierre visitaient le fort, pour lui éviter les marches irrégulières qui mènent au chemin de ronde. Gentiment mais fermement elle m'avait dit ; " Rachid vous irez seul à la plage, moi de veux visiter le fort !". C'était une sorte de politesse vis à vis de moi mais surtout vis à vis du groupe qu'elle ne voulait pas gêner avec son handicap. Une grande leçon de vie !
Bref, elle est restée (ou devenue) curieuse de la vie et de tout ... 
Ce qu'elle a conservé avec l'âge jusqu'à sa mort; puisqu'une semaine avant son fatal accident, elle me demandait ce qu'était la soupe Faubonne !!

Une école de vie à elle seule. Elle avait l'art de cultiver les amitiés avec spontanéité et avec beaucoup de naturel, du moins c'est l'impression qu'elle donnait.

Elle et sa sœur Jeannine sa cadette de 10 ans, furent les premières amies paloises de Jean Pierre qui venait d'arriver d'Algérie. Elles l'ont spontanément adopté; et depuis il a gardé pour elles une grande amitié et beaucoup d'affection, comme elles ont gardé pour lui une grande estime et une grande amitié. 

D'ailleurs elle ne manquait pas d'amis et les gens spontanément l'aimaient et l'appréciaient.
Elle a pu ainsi se faire des amis, de simples acquéreurs de la maison de son frère Louis à Gan. Ce sont des Hollandais qui ont acheté cette maison. Depuis, Léon et Heleen sont devenus des amis proches et affectueux avec Mimi.
Il faut croire, qu'elle a le don de l'amitié ! 

Elle était cordon bleu et maîtrisait bien la cuisine traditionnelle qu'elle tenait de sa mère. 

Toujours élégante, sans faute de goût; et pour cela Jacques, lui même un homme élégant, y veillait !

Elle avait une mémoire époustouflante : elle récitait des bribes de poèmes appris à l'école primaire et s'énervait si elle en oubliait une strophe !

Elle avait l'art de la conversation, s'intéresser aux autres sans s'appesantir, ce qui se perd de nos jours !

Elle est restée coquette jusqu'au bout, puisqu'elle a demandé à Jacques qu'elle ne souhaitait pas "être exposée" au funérarium ! Volonté que Jacques a respectée en nous prévenant qu'elle refuse être vue morte.

Mon seul regret, est de l'avoir connue un peu tard. 
Le souvenir que je garderai d'elle, est celui de son élégance physique et morale.

Reposez en paix chère Mimi.

Rachid Barnat


*****

3.6.2020 : Jeannine vient de rejoindre sa soeur Mimi et leur ami Jacques.

Deux amies d'enfance : Jeannine & Jacqueline Pedebidou 

Depuis le départ de Mimi, Jeannine s'est retrouvée seule et perdue sans sa soeur. Il faut dire que Mimi de 10 ans son aînée, était pour elle à la fois la grande soeur et la maman, depuis la mort de leur mère; leur frère Louis vivant à Wallis-et-Futuna où il remplissait à la fois la fonction de juge mais aussi celle de représentant de la République Française sur cette île paradisiaque, étant lui même décédé quelques années avant Mimi..

Le destin de Jeannine était lié à celui de sa soeur Mimi. 


Quand Mme Cazendres, avait demandé à Mimi alors 
âgée de 10 ans, ce qu'elle aimerait que le père Noel lui apporte, elle avait dit naïvement : " Une soeur !". Et son vœux fut exhaussé; puisque le 18 décembre 1933, Jeannine est arrivée en cadeau pour sa soeur. Ce qui obligeait Mimi envers sa soeur mais aussi l'agaçait. Car elle ne manquait pas de rappeler à sa soeur quand celle-ci l'énervait : " Qu'est ce qui m'a pris de demander au père Noel un tel cadeau !", disait-elle affectueusement parlant d'elle à leurs convives, qu'elle prenait à témoin.  

A la naissance, Janine avait une intolérance au lait. Elle avait une allergie au lactose qui lui faisait tout vomir. La solution d'alors pour qu'elle ne meure pas, était de lui donner du vin coupé d'eau; rapportaient les deux sœurs pour expliquer que Janine soit portée sur les vins !


Car Jeannine effectivement aime boire et Mimi devait en permanence la surveiller pour restreindre et contrôler sa consommation d’apéritifs et de vin à table.


Or depuis le départ de Mimi dont Jeannine se disait responsable de sa mort, suivie très vite par celui de Jacques leur ami aux deux, Jeannine s'est retrouvée toute seule et culpabilisait au point de noyer son chagrin dans l'alcool; puisqu'elle n'avait plus sa soeur pour la contrôler. Ce qui sera la cause de son placement en EHPAD, suite à des chutes dans son appartement mais aussi dans la rue, n'ayant plus de parents à Pau, les quelques cousins qui lui restaient, vivant à Toulouse et à Montpellier.


La mort de Mimi avait bouleversé tous les repères de Jeannine. Il faut dire que Mimi avait une forte personnalité et un caractère trempé. Jeannine était dans l'ombre de sa soeur car l’aînée décidait de tout pour les deux : leurs sorties; leurs vacances; leur vie sociale; leur travail, les deux travaillant dans le secrétariat de la faculté de droit, Jeanine effectuant le sien sous la houlette de sa soeur ... ce dont s’accommodait Jeannine. Quand elles recevaient chez elles, les deux sœurs se complétaient bien en cuisine : Mimi en cordon bleue s'occupait des plats à mitonner et Jeannine préparait les desserts. Et c'était chaque fois un régal. 


Cela fait plus d'un an et demi que Jeannine est dans la maison de retraite. Nous lui rendions visite de temps en temps; et même nous prenions parfois un repas avec elle, servi dans une salle à manger pour "visiteurs". Sevrée d'alcool, elle a retrouvé une meilleure mine. 


Mais ce nouveau mode de vie la privait de tout : elle qui adorait voyager, sortir au restaurant, marcher, nager ... plus rien de tout cela. Et pour la "déprimer" un peu plus, ses voisins de chambre étaient tous dans un état de "maladie" avancée, quasi végétatif pour certains. 


Bref, on sentait que ces petits vieux étaient en salle d'attente ... de la mort ! 


Le plus terrible est que, bien qu'atteinte de la maladie d'Alzheimer, elle nous suppliait de dire à Mimi de venir la chercher. Elle veut rentrer à la maison et s'étonne que Mimi tarde à revenir, nous répète-t-elle à chacune de nos visites.


Lors de son séjour en EHPAD, elle a fait une mauvaise chute qui lui a fracturé le col du fémur. Elle s'en était remise. Et tout dernièrement, elle a refait une nouvelle mauvaise chute qui lui a provoqué cette fois-ci une double fracture : celle du bras et celle de la rotule. 


A cause du confinement imposé par la CoVid-19, nous prenions des nouvelles de Jeannine par téléphone auprès du directeur de la maison de retraite mais aussi auprès de Sophie, la soeur de sa filleule Béatrice, qui travaille en cette HEPAD ! 

On sentait qu'elle était sur la fin.

Et la fin nous a été annoncée ce matin.

Jeannine rejoint enfin sa soeur Mimi.

Reposez en paix, Jeannine.


Rachid Barnat 

eannine CAZENDRES

4 commentaires:

  1. EN SOUVENIR DE NOTRE CHÈRE MIMI,

    Avec l'assentiment de Jacques, ton fidèle compagnon depuis 60 ans, et de Jeanine, ta soeur et alter ego depuis toujours, nous voulons te rendre cet hommage qui n'est pas le dernier mais un de plus parmi ceux , très nombreux, que nous te devons.

    Nous c'est Jean-Pierre, Xavier et moi-même, Jean-Marie.

    Pour la première fois, nous nous sommes rencontrés Villa Lauwrence au début de l'année 1963, au sein de l'Institut d'Études Juridiques Poplawski, berceau de la future faculté de Droit et Sciences Eco, dont tu as assuré le secrétariat général de façon ininterrompue durant toute ta vie professionnelle.

    Jean-Pierre, tout juste arrivé en France en septembre 1962, venant de son Algérie natale, a trouvé en toi et ta soeur Jeanine les qualités humaines et un visage beau et bienveillant de la France dont il avait tant besoin.

    Xavier et moi, beaucoup plus chanceux dans notre vie personnelle et familiale, pouvons nous targuer d'avoir immédiatement trouvé en toi le plus dont nous avions besoin pour pouvoir mener à terme notre cursus universitaire et par la suite notre vie professionnelle.

    Nous sommes devenus les gardiens et gestionnaires de la Bibliothèque, allant jusqu'à exercer occasionnellement des fonctions administratives sous ta direction toujours bienveillante et à la fois pleine de qualités humaines.

    L'amitié sincère et véritable est très vite venue se greffer sur cet univers professionnel au point que nous avons également partagé des moments de vacances et de plaisir inoubliables.

    Ta compétence et ton désir du travail accompli t'a conduit à reprendre des études universitaires pour pouvoir mieux gérer l'Institut d'Administration des Entreprises nouvellement créé.

    Pour autant, il fallait également que le corps suive l'esprit.
    Tu as toujours été passionnée de montagne, de ski, allant jusqu'à devenir la secrétaire et la première supportrice du P.I.C (Pau Institut Club) dont les premiers représentants étaient des rugbymen.

    Ce sport, bien ancré en Béarn, était également pour toi l'occasion d'honorer et de te retrouver autour d'une bonne table.

    Tous les étudiants et toutes les étudiantes, témoins successifs de ces moments de convivialité ne t'oublieront jamais, lorsque, notamment, tu décidais de pousser la chansonnette, béarnaise bien sûr.

    C'est dans ce contexte que tu nous a aussi permis d'assumer au sein de l'université des fonctions d'enseignement après que nous ayons obtenu nos diplômes grâce, notamment à l'aide économique, que nos premiers emplois, obtenus grâce à toi, nous a apporté.

    Comment aurions-nous pu te laisser partir sans dire à quel point ton amitié et ton affection ont été pour nous un immense cadeau.

    Bien plus, nous pouvons nous honorer d'avoir été tes enfants, tes petits comme tu aimais le rappeler chaque fois que nous nous retrouvions qu'il s'agisse de moments de joie, de mélancolie ou de tristesse.
    Ta vie n'a pas été exempte de drames mais globalement et majoritairement, nous pensons qu'elle a été heureuse.

    Tu as su l'agrémenter par une passion de ton Béarn, de tes Pyrénées, des voyages, de la mer.

    La culture a également occupé ton esprit. Tu connaissais de nombreux poèmes dont tu aimais décliner les rimes.

    Tu as également accédé à une connaissance aiguisée de l'opéra avec l'aide et l'active et toujours affectueuse participation de Jacques.

    En bref, tu aimais la vie, tu savais faire partager cet amour.
    Nous sommes fiers de pouvoir aujourd'hui nous honorer d'avoir fait partie de ta famille.

    Ainsi, en ce moment si cruel pour tes proches, nous pensons à cette phrase prononcée par Jean-Louis Trintignant lors des obsèques de sa fille Marie :

    " Ne pleurez pas ; réjouissez-vous de l'avoir connue ".

    ADISHATZ MIMI et bon repos dans ta bonne ville Gan qui peut s'enorgueillir de compter parmi ses enfants la famille CAZENDRES.

    RépondreSupprimer
  2. Les obsèques de MIMI,

    http://www.dansnoscoeurs.fr/mimi-cazendres/860834

    RépondreSupprimer
  3. Merci beaucoup Rachid, pour cette très jolie hommage! Heleen

    RépondreSupprimer
  4. Déjeuner chez Colette femme de Vincent, à Bayonne, tous deux grands amis de Mimi

    Vincent Ducourau : adieu à un homme de l’Art

    https://www.sudouest.fr/2012/10/09/vincent-ducourau-adieu-a-un-homme-de-l-art-844674-642.php

    RépondreSupprimer