mardi 10 mars 2015

Mohamed Talbi, l'éveilleur d'esprit

UN INTELLECTUEL QUI DISPARAIT, C'EST COMME UNE BIBLIOTHEQUE QUI BRÛLE !

Si les imams autoproclamés, les prédicateurs de tous poils, les charlatans de la religion et autres tartufes se sont multipliés, au point de tenir en otage les musulmans par leurs fatouas (lois religieuses) aussi stupides que saugrenues ... c'est la faute à ces derniers qui par paresse ont admis qu'ils lisent pour eux le coran et acceptent qu'ils leur dictent ce qu'ils doivent faire ou ne pas faire; et leur apprennent à distinguer entre le "haram" et le "halal" !
Or la première sourate invite le croyant à lire : " Lis ! Lis au nom de ton dieu ... "
Et dans plusieurs passage le Coran invite à la réflexion personnelle !
Le Pr Talbi revendique sa propre lecture du coran et refuse que quiconque lui donne son interprétation ! Il recommande aux musulmans d'en faire autant !
Il est coraniste comme le furent les premiers musulmans du vivant du prophète quand ils étaient unis par le coran ! Il rejette la chariâa faite par les hommes, d'autant que durant le 1er siècle de l'Islam les musulmans n'avaient pas de chariâa !
Il n'est ni sunnite, ni chiîte ! La scission des musulmans en chiîtes et en sunnites, n'est intervenue qu'après la mort du prophète; scission qui s'est aggravée par la multiplication des obédiences qui n'ont fait que diviser encore plus les musulmans ... depuis qu'ils se sont laissés déposséder de leur Coran par des autoproclamés "chefs religieux", pour suivre les différents imams .... c'est à dire les différentes interprétations du coran !
Il n'y a que par le coranisme, que les musulmans pourront à nouveau s'unifier !!
R.B
Mohamed Elarbi Nsiri


Mohamed Talbi, l'historien et le libre penseur

Le nom de Mohamed Talbi est évocateur à plus d'un titre. Combien de candidats à l'agrégation ne l'ont-ils pas rencontré dans leur bibliographie? Combien de séminaristes ne se sont-ils pas délectés des "bons mots" du Professeur Talbi ? Combien d'historiens ne l'ont-ils pas plus ou moins sentimentalement identifié aux "Cahiers de Tunisie" qu'il marqua de sa longue direction?

Quant aux spécialistes de l'histoire de l'Islam des premiers siècles, ils ne peuvent avoir manqué de recourir à son livre sur l'émirat aghlabide qui demeure un ouvrage de référence essentiel. Non seulement le Professeur Talbi est loin d'être un inconnu, mais encore il a retenu déjà l'attention du monde savant.

Quelques-unes de ses publications ont fait l'objet d'éditions diverses et la célébration de son soixante dixième anniversaire par l'université de la Manouba au début des années 90 a été l'occasion de présenter divers aspects de la vie et de l'activité de Mohamed Talbi; l'éditeur des Hawâdith wa-l-Bidâ d'Al Turtûchî, l'historien de l'époque aglabide, le philologue et l'islamologue.

À tous ceux qui l'ont connu, qui ont été ses étudiants, il a toujours laissé un grand souvenir. Talbi fait partie du nombre très restreint de ces professeurs qui ont été des maîtres aimés et admirés et dont l'influence survit à la cessation de leur activité professionnelle.

À lire sa production intellectuelle, on en comprend les raisons: une personnalité riche, de plus originale, dont les curiosités se disposaient sur une gamme fort étendue et dont l'unité n'était pas moins très profonde. Durant toute sa vie professionnelle, Talbi a été un universitaire exemplaire: un professeur qui a assumé toutes les tâches possibles.

Ce premier doyen de l'université des sciences humaines et sociales de Tunis est aussi un savant dans sa discipline. En marge de ses travaux d'érudition qui aboutissent à des ouvrages scientifiques, internationalement reconnus, Talbi réfléchi à ce que pourrait être, au 21ème siècle, une culture qui s'inspirait de l'Islam primitif - c'est pourquoi il écrivit son "Plaidoyer sur un Islam moderne", publié en 1998.

L'intérêt de cet ancien président de l'Académie Tunisienne "Beït Al-Hikma" ne dissocie pas de l'étude des cultures celle des civilisations. S'il a consacré une part de son œuvre d'historien à Ibn Khaldoun, c'est assurément à cause du génie de ce Tuniso-Maghrébin et à cause de la grandeur de son oeuvre, mais sans doute aussi parce que celui-ci a vécu la crise de la civilisation arabo-musulmane de son temps.

Talbi retrouve ainsi la grande interrogation qui a hanté tant de grands esprits sur les causes de déclin de la civilisation arabe. C'est vraisemblablement cet intérêt pour la civilisation de l'Islam des premiers temps qui est à l'origine d'un trait qui le singularise parmi les historiens, ses contemporains: un goût prononcé pour une réflexion sur le métier de l'historien qui a nourri ses études d'histoire ifrîqiyenne et de civilisation musulmane médiévale.

Le professeur Talbi a manifesté à plus d'une reprise sa volonté de faire une histoire rigoureusement scientifique du fait religieux, de favoriser une lecture solide des événements fondateurs de l'Islam, d'où son souci d'avoir recours plus ou moins directement aux sciences auxiliaires de l'histoire, particulièrement celles auxquelles il s'est lui-même initié: la codicologie, l'islamologie et surtout la philologie.

La tâche lui paraît d'autant plus urgente qu'il a lui-même éprouvé les lacunes des manuels d'histoire à la disposition des Tunisiens dans ses différentes publications. Tous ceux qui ont travaillé avec le maître, qui ont bénéficié de son enseignement ou participé à ses séminaires de recherches, savent que cet homme est un éveilleur d'esprit. Il a le don des intuitions fécondes, celles qui obligent à bousculer des idées préconçues et à progresser plus librement dans la compréhension de l'histoire.

Chez Mohamed Talbi, et peut-être à la suite de profonds débats personnels, une lecture vectorielle des sources fondatrices de la tradition est possible. Sûrement, cette méthode n'exclut pas les autres lectures, événementielles, politiques ou économiques, mais elle a son originalité. Elle oblige à prendre recul, en cherchant à comprendre non pas des catégories préfabriquées, mais de l'intérieur même de l'univers social ou philosophique que l'on étudie.

Sa lecture vectorielle des sources exclut les représentations faciles, en forme manichéenne, parce que l'histoire est une permixtio, c'est-à-dire un mélange inextricable de bon grain et d'ivraie, où l'on doit s'interdire de faire tri de façon prématurée.

Une telle méthodologie, contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, n'est plus du tout flottante ou éloignée du réel, car elle accepte le caractère dramatique de toute réalité historique et elle permet de comprendre sans accuser à priori et elle peut obliger aussi à choisir ce qui empêche l'engrenage de la haine et de la violence pour exiger la recherche de la vérité et de la justice dans toute sa relativité.

                                                            ****
Le CV (résumé par de Maître Yoda) de Mohamed Talbi : Penseur Libre en Islam . 
Né en 1921 à Tunis,
Doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Tunis (1966-1970)
Directeur (1969-1989) puis président d’honneur (1989- ) des Cahiers de Tunisie ;
Membre de l'Académie royale d'histoire (1970) Madrid- Espagne ;
Directeur du département d’histoire au Centre d'études et de recherches économiques et sociales (1973-1977) ;
Membre associé d'Islamochristiana (1975 )
Membre associé du comité de direction de l’Encyclopédie de l’Islam (1978 )
Membre fondateur de I 'Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts (1982-?) ;
Président du Comité culturel national (1983-1987) ;
Membre de I 'Académie universelle des cultures (1994) ;
Membre du bureau du The Maghreb Review (Londres) ;
Membre du comité d’honneur de Conscience et liberté, Berne - Suisse
Officier de l’Ordre de la République (Tunisie) en 1965 ;
Commandeur de l'Ordre du Mérite civil d'Espagne en 1969 ;
Officier de l’Ordre de l’Indépendance (Tunisie) en 1975 ;
Officier du Mérite culturel (Tunisie) en 1983 ;
Chevalier de la Légion d'honneur (France) en 1983 puis officier en 1984
Premio letterario internazionale del Mediterraneo (Italie) en 1979 ;
Prix Léopold Lucas (de) (Allemagne) en 1985 ;
Prix national des lettres et des arts (Tunisie) en 1987 ;
Prix Hiroshima pour la paix et la culture (Suède) en 1994 ;
Prix Giovanni Agnelli (Italie) en 1997.
Bibliographie :
PRINCIPALES ŒUVRES DE MOHAMED TALBI :
- Al Mukhassass d’ Ibn Sïda : Etudes et Index, Tunis 1956
- Al-Turtûshî, al Hawâdith wa-l-Bida’, Ed critique, Tunis 1959
- Histoire de la Tunisie (en collaboration)- Le Moyen Age, Tunis 1965
- L’Emirat Aghlabide, Hist.politique, Paris 1966, (trad. arabe Beyrouth 1985).
- Biographies Aghlabides, extraites des Madârik du Cadi ‘Iyâdh, Tunis’ 1968′
- Islam et Dialogues (ouvr. coll.), Tunis 1972, (plusieurs trad en arabe, angl., esp.)’
- Manhajiyyat lbn Khaldûn al-Tâ’rîkhiyya, Beyrouth I98I .
- Etude d’Hist. Ifrîqiyenne et de Civilisation musulmane médiévale, Univ. Tunis 1982.
- Dialog mit Afrika (en coll. avec L. Senghor), Tübingen 1987′
- Réflexions sur le Coran (en coll. avec M. Bucaille), Seghers, Paris 1989′
- Études sur la Tolérance (ouvr. coll.), Académie Bayt-al-Hikma, Tunis 1995′
- Un respect têtu (avec Olivier Clément), éd. Nouvelle Cité, Paris, 1995 (ISBN 2-85313-188-2)
- Ummat al-Wasat, Cérès, Tunis 1996.
- Plaidoyer pour un Islam moderne, Cérès (Tunis), Desclée de Brouwer (Paris), 1998.
- Al-Islâm : Hurriyatun wa Hiwâr, Dâr al-Nahâr’ Beyrouth 1999′
- Universalité du Coran, Actes Sud, France 2002.
- Iyaal Allah,Cérès
- Histoire de la Tunisie (ouvr. coll.) t II, le Moyen Âge, STD 1965, réed. Sud éd. 2005.
- Ibn Khaldùn et I’Histoire, STD 1965, nvelle ed. Cartaginoiseries, 2006′
- li-yatma’inna qalbî, Cérès 2008′ Trad. En français Afin que mon cœur soit rassuré, Nirvana 2010
- L’Islam n’est pas voile, il est culte, Cartaginoiseries 2009
- Gaza, à compte d’auteur 2010
- Goulag et Démocratie, A compte d’auteur- Censuré en 2007, paru en 2011
- Ma religion, c’est la liberté, Nirvana 2011
- A Benoît XVI, A compte d’auteur- Tunis 2011
- Histoire du Christ, A compte d’auteur – Tunis2011

.. . et des centaines d'autres articles et conférences.


2 commentaires:

  1. Tunisie : la première laïcité musulmane ?

    http://www.jeuneafrique.com/Articles/Dossier/ARTJAJA2648p035.xml0/tunisie-lection-musulman-islamtunisie-la-premi-re-laecit-musulmane.html

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  2. UNE FEMINISTE FAIT SA LECTURE DU CORAN ...

    Pr Naila Silini, une féministe dont la thèse pour l'agrégation lui avait valu les foudres du pouvoir et de ses collègues universitaires !
    Un travail de recherche qui dura de 1990 à 1997 !

    Elle a relevé dans le coran toute la misogynie de l'islam ...
    Démontrant par là, que cette religion est faite par et pour les hommes !

    Son patron de thèse, le Pr Mohamed Talbi, avait mis en garde les autorités de l'époque (Ben Ali) pour ne pas éditer sa thèse, estimant qu'elle constitue un danger pour la société !

    Ses collègues universitaires lui conseillaient de rentrer chez elle et s'occuper de ses enfants et de sa maison !!

    Mais elle a tenu bon et bravé tous ces misogynes, pour devenir la première femme agrégée, enseignante dans l'université tunisienne !

    Elle n'a pu éditer sa thèse qu'en 2014 !

    Chapeau bas à cette militante pour les droits des femmes !

    https://www.facebook.com/watch/live/?ref=watch_permalink&v=461901818746402

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