lundi 1 octobre 2012

Pour les Tunisiennes, désormais c'est "soit le voile, soit le viol"

Moez Ben Salem
Les martyres tunisiens tombés lors des évènements de janvier 2012 qui ont permis de chasser le tyran Ben Ali se retourneraient certainement dans leur tombe s’ils pouvaient savoir que 18 mois après la révolution dite « de la dignité », une femme volée par deux policiers se retrouverait au banc des accusés, poursuivie en justice pour « outrage à la pudeur ». 

Dire que l’affaire de la femme tunisienne violée par des policiers et se retrouvant au banc des accusés a fait l’effet d’une bombe, relève de l’euphémisme. En effet, depuis une semaine, les médias du monde entier ne font que relayer cette sombre histoire qui paraît relever du surréalisme et qui ne fait malheureusement que ternir l’image de ce beau pays qu'est la Tunisie.

L’affaire est d’une gravité telle qu’elle est rapportée par des journaux australiens et néo-zélandais, dans des pays situés à 20 000 kilomètres de la Tunisie ! Qui oserait lire ou entendre sans ressentir du dégoût qu’une femme victime d’un viol collectif de la part de policiers se retrouve poursuivie en justice pour outrage à la pudeur ? Même les barbouzes du temps de l’Inquisition en pâliraient d’effroi !

Pour résumer les faits : le soir du 2 septembre 2012, une jeune femme de 27 ans se trouvait à bord de sa voiture en compagnie de son fiancé lorsque 3 agents de police les ont abordés, les obligeant par la force à quitter la voiture. Deux des policiers ont obligé la jeune fille à monter à bord de leur voiture, alors que le troisième a menotté le fiancé et s'est dirigé avec lui vers un distributeur de billets pour l'obliger à retirer la somme de 300 dinars (150 euros) et la lui remettre. Pendant ce temps, les deux premiers policiers ont violé la jeune fille, à tour de rôle et à trois reprises.

Plus tard, lorsque les deux fiancés ont porté plainte au poste de police, les agents en service ont tenté de les persuader de retirer leur plainte.

Pire, lorsque l'affaire a été ébruitée suite à la déclaration télévisée d'une célèbre avocate, le porte-parole du ministère de l'intérieur a tenté de justifier le viol en prétendant que le couple a été retrouvé dans "une position portant atteinte à la morale", propos qui ont choqué l'opinion publique tunisienne.

Mais les choses n'allaient pas s'arrêter à ce niveau. En effet, le juge d'instruction chargé de l'affaire a tenté de faire pression sur la fille afin de l'obliger à retirer sa plainte. Devant sa détermination, il n'a pas trouvé mieux que de traduire le couple en justice au motif "outrage public à la pudeur". Ainsi donc, la jeune femme passe du statut de victime à celui de coupable !

Mais la société civile tunisienne, outrée par cette décision de justice ubuesque, allait se mobiliser et soutenir par tous les moyens le jeune couple et c'est ainsi que l'affaire allait prendre une dimension internationale.

Devant l'implication du ministère de l'intérieur et du juge d'instruction dans cette affaire sordide, il devient difficile de croire qu'il s'agit d'un acte crapuleux isolé. En effet, il est tout à fait légitime de penser qu'elle s'inscrit dans le cadre d'une machination ourdie par des milieux islamistes dans le but d'intimider les femmes tunisiennes et les obliger à adopter un style de vie et un mode vestimentaire bien déterminés.

Il n’est de secret pour personne que les partis islamistes en général vouent une haine à la femme qu’ils cherchent à rabaisser, à humilier, à vilipender. Ils font de la misogynie leur fonds de commerce.

Le parti Ennahdha, au pouvoir en Tunisie depuis les élections du 23 octobre 2012, a cherché à imposer la Charâa dans la future constitution tunisienne, ce qui aurait supposé, entre autres, l’abrogation du Code du Statut personnel établi depuis 1959 et qui assure l'égalité des droits aux femmes et aux hommes, avec en ligne de mire, le rétablissement de la polygamie en Tunisie. Mais ce projet a rencontré une forte opposition tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale, obligeant le Président d’Ennahdha à y renoncer et à maintenir les mêmes termes dans l’article 1 de la constitution tunisienne, en cours d'élaboration.

Mais les islamistes ne s’avouent pas vaincus. Par une des entourloupettes dont ils ont le secret, ils tentent d’imposer dans la future constitution, un article qui ferait de la femme un simple complément de l’homme. Encore une fois, la Société Civile se mobilise contre ce projet, à travers notamment l’impressionnant rassemblement de dizaines de milliers de femmes et d’hommes à l’occasion de la journée de la femme, le 13 août 2012.

Cependant, les islamistes se montrent coriaces et cherchent à imposer leurs idées en faisant appel à la violence et à l’intimidation. Ainsi, de nombreuses femmes furent harcelées et même violentées tant par les agents de police que par les milices d’Ennahdha, et ce, dans le but de les obliger à adopter un mode vestimentaire particulier. Ces actes de harcèlement ont été fortement médiatisés lorsqu’ils ont concerné des personnes connues, notamment une actrice et un top-model. Mais à chaque fois, le porte-parole du Ministère de l’Intérieur s’est empressé de démentir les faits et de transformer les victimes en affabulatrices.

Sur un autre plan, sur les réseaux sociaux et notamment certaines pages Facebook, des militants pro-islamistes lancent des appels au viol des femmes non voilées, et ce, sans être inquiétés outre mesure.

Ainsi, par ces multiples actes d'intimidation, demeurés impunis et même couverts, il a été créé un terrain propice pour que trois policiers se permettent de commettre l'irréparable. C'est le geste de trop qui oblige toute la société civile tunisienne à se mobiliser, car si les choses continuent ainsi, un véritable climat de psychose risquerait de s'installer en Tunisie. Sachant que ces jours-ci, peu de femmes osent s'aventurer le soir dans la rue et les parents ne laissent plus leurs filles sortir seules.




1 commentaire:

  1. Le laxisme de Ghannouchi et de son gouvernement a permis l'incendie de l'ambassade des EU, et a crée toutes les conditions pour que des fonctionnaires violent une jeune tunisienne ! De ce fait ils ont perdu toute légitimité !

    Ceux qui tentent de disculper Ghannouchi font semblant de ne pas comprendre les intentions politiques derrière toutes ces manifestations de violence envers les femmes : d'abord par ses "enfants" salafistes" qu'il utilise tels des barbouzes et maintenant par la police qui a enrôlé les milices de son parti... pour imposer aux tunisiens le modèle social et sociétal wahhabite de ses amis saoudiens et qatari, dont le port du hijab, de la burqa .... constitue le premier signe visible de la transformation de la société tunisienne en une société saoudienne bis autrement dit soutiennent ce nouveau type de colonialisme : "le colonialisme religieux" !

    Mais mal lui a pris à Ghannouchi : l'incendie de l'ambassade américaine et le viol de cette tunisienne, ne lui seront jamais pardonné par les tunisiens et je l’espère par les européens et les américains, parce qu'il a franchi le rubicon et a montré son vrai visage !

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