Lundi 15 aout 2011
POUR QUI ROULE ALJAZEERA, la chaîne TV Qatari ?
Ou le parti pris de cette chaîne pour Ghannouchi !
Article publié dans : Kapitalis et Ifriqya Magazine
Durant le mois de Ramadan, Aljazeera chaîne e
télévision Qatari, passe une série de documentaires sur la "hij'ra"
(migration) du prophète Mohammed de la Mecque à Médine. Cette
émission conçue comme un documentaire « scientifique » faisant appel
à des archéologues, des chercheurs, donne la parole aussi à des oulémas pour
corroborer les découvertes des chercheurs avec ce que la tradition orale a
rapporté à propos de cette migration qui marquera le début du calendrier
musulman « l’hégire ».
Parmi les intervenants, elle fait la part belle
à un certain Ghannouchi ! On peut se demander à quel titre ? En tant
qu'historien ou en tant qu’homme politique en lice pour des élections dans son
pays après la révolution du jasmin ? Il n’est à ce que je ne sache ni
historien ni archéologue pour venir commenter les découvertes de chercheur
dans un documentaire qui se veut "scientifique" et sérieux.
Dans tout le monde arabe, cette chaîne n'a rien trouvé de mieux et de plus compétant qu'un simple instituteur, elle qui nous a habitués à faire appel aux personnalités les plus éminentes et compétentes dans leur domaine ?
D’ailleurs depuis le retour de Ghannouchi de son exil londonien, la chaîne lui accorde une place de choix à chaque fois qu’elle veut traiter de la « révolution tunisienne ». Certains même l’accusent de devenir le porte-drapeau de l’islamisme !
Voici ce qu’en dit le journaliste Tawfik Ben
Brik : « Certains lui reprochent son discours religieux et un parti
pris islamiste. Lors des derniers évènements, la chaîne a organisé une
véritable manœuvre de parachutage, qui a laissé plus d’un téléspectateur
pantois. On y voyait passer tout au long des émissions et des journaux
télévisés des militants islamistes ou d’obédience islamiste. Dans l’émission Sans
frontières, la part du lion a été réservée à Rached Ghannouchi, le leader islamiste du
mouvement Ennahdha.
« Cette émission a été spécialement confectionnée pour
habiller le retour tant attendu du Cheikh sur le devant de la scène. Les autres
intervenants, Sihem Ben Sedrine (journaliste et militante des droits de
l’homme) ou Abdelbari Atwan, font figure de garniture. Une mise en valeur de la
pièce maîtresse », dit Jalel Zoghlani, l'unique avocat du barreau, interdit d’exercer par
Ben Ali. »
Est-ce çà la neutralité de ce média ?
Ou n'est-ce pas tout simplement la preuve que la chaîne est le portevoix de son maître l’émir du Qatar qui veut installer son poulain pour s'assurer la mainmise sur la Tunisie ?!
D'ailleurs depuis le début des révoltes dans le monde dit "arabo-musulman", le parti pris des journalistes d'Aljazeera d'enfoncer les dictateurs "républicains" et de ménager les dictateurs "monarchiques", est flagrant ! "Quelques voix s’inquiètent déjà du fait que la chaîne ait couvert à minima les émeutes au Bahreïn, la monarchie voisine. Son tout-puissant mécène, le cheikh Al-Thani, redouterait-il une propagation de la révolution dans le golfe Persique, le paradis de la pétro-finance ?"
Autrement, comment se fait-il que les journalistes d'Aljazeera nous inondent du moindre détail et des tenants et des aboutissants à propos de chaque événement dans les "républiques" en révolte, alors qu'ils distillent l'information sur Bahreïn dont ils ne nous ont jamais détaillé l'intervention militaire de l'Arabie Saoudite sur son territoire ! Curieux, non ?
Voilà une chaîne pour laquelle le Qatar n’existe pas. C’est l’omerta totale sur ce pays dont le prince la finance. Cet Emirat comme d’autres pays de la région sont «intouchables» vu les informations qu’elle en donne au compte-goutte, alors qu’elle développe jusqu’à l’écœurement les informations concernant les républiques dite arabo musulmanes. Curieux, non ?
Voici ce qu'en dit Farid Al-Assaad de REUTER: « A
mesure que le "printemps arabe" se rapproche du Golfe, Al-Jazeera se
fait de plus en plus prudente. La Syrie a été évoquée, mais beaucoup
moins que le reste de la région. »; preuve que la chaîne pratique la règle
des deux poids, deux mesures !
Alors que pour le Bahrein pourtant tout proche, l'effet magique d'Al Jazeera, accélérateur du processus révolutionnaire, se serait dissipé aux frontières de l'île, au grand dam de l'opposition bahreïnie qui se déclare trahie par la chaîne.
Sous couvert de neutralité et derrière une façade "occidentalisée" de ses présentateurs inspirant la confiance, le professionnalisme et donc la neutralité; en réalité ce n’est que pour donner le change car cette chaîne fait du prosélytisme islamiste, notamment au niveau des vêtements de ses présentatrices. Cinq d’entre elles viennent de démissionner parce qu’on leur demandait de s’habiller de manière plus "convenable".
Voilà une chaîne qui se veut neutre, qui prétend
respecter une déontologie, mais qui accorde une émission d’une heure à Youssouf al-Qardawi, théologien sunnite
intitulée et guide spirituel des Frères musulmans, on ne peut plus clairement
prosélyte, "la sharia et la vie" !
Comme si la pub faite par Aljazeera à Ghannouchi en le
faisant participer à leur documentaire ne suffisait pas, elle l'a choisi aussi
dans l'extrait qu'elle passe en boucle pour faire la pub à son émission. De
même qu'elle fait appel à lui par téléphone pour intervenir dans d'autres
débats de toutes sortes. Quand on connait l'impact de l'image et du son, on
comprend mieux les intentions d'Aljazeera et de son financeur l’émir du Qatar !
Ce média n'est qu'un outil de propagande qui veut influer sur le cours des événements dans les pays en question, en imposant la vision géopolitique de l’émir Al Thani en concurrence avec l'hégémonie des Ibn Saoud sur tous ces pays en mal de démocratie !
Ce média outrepasse son rôle de média d’information, car en réalité il agit politiquement dans un sens : celui de son patron ! Ce qui est intolérable, parce qu’il perturbe gravement le véritable jeu démocratique en Tunisie.
Si l’on ajoute que par ailleurs la chaîne Hannibal,
a cru devoir confier une émission régulière pendant tout le mois de Ramadan à Abdel
Fattah Mourou, bras droit de Ghannouchi, on ne peut que constater que le
mécanisme électoral en Tunisie n’est pas sain, et que sur ce terrain ni la
haute commission, ni le gouvernement n’ont agi. C’est regrettable.
Rachid
Barnat
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