Avocat à la Cour de Paris.
Assumeront-ils leur responsabilité pour exiger le respect de
leurs conditions auprès des constituants et plus particulièrement ceux de la
troïka qui forment l’actuel gouvernement ? Ne pas le faire c’est
se dé-crédibiliser auprès des tunisiens et ce serait dramatique.
Car une fois de plus ENNAHDHA sort victorieuse du bras de fer
d’avec une majorité de tunisiens, d’associations civiles et de partis de
l’opposition, par défaut !
A
cause des forces de l'opposition démocratiques
et modernistes qui, occupées par leurs petits calculs politiques de
boutiquiers, ont laissé passer cette occasion de rappel à l’ordre d’un
gouvernement à la dérives et d’une constituante qui n’a pas rempli son
contrat ; entamant encore plus le moral des tunisiens qui n’était déjà pas
brillant !
La tragédie électorale du 23 octobre 2011, avec la dispersion mortelle des partis progressistes,
qui
avait meurtri les cœurs et les esprits, ne semble pas avoir
provoqué l’électrochoc attendu !
L’espoir né du 1er mai 2012 par l’UGTT, s’est évanoui le 23
octobre 2012, pour laisser place aux barbelés, en ce jour d’anniversaire, dans
le silence des rues assiégées par les forces de l’ordre, au relent de gaz
lacrymogène pour disperser la dizaine de militants du front populaire
désespérés, regroupés sur la place Mhemmed Ali, en quête d’inspiration et
d’énergie pour rallumer une révolution asphyxiée, par la faute de chefs qui ne
pense qu’à leur ego !
Et pourtant, le rapport de force réel est du côté des
modernistes, tout au moins équivalent à celui de la troïka, selon certains
sondages, mais aussi selon les déclarations des Nahdhaouis eux-mêmes.
La troïka et leur tête Ennahdha, ont tout fait
pour perdurer leur victoire aux élections du 23 octobre 2011. Tous les hommes
et toutes les femmes de la troïka n’ont cessé de ruser et de trouver les
« astuces » pour jouer les prolongations et repousser leur légitimité
au delà d’un an comme convenu et paraphée par 11 partis le 15 septembre 2011,
dont Ennahdha. Pour cela ils essaieront d’étouffer les voix des opposants,
chercheront à débaucher quelques membres des partis de l’opposition, ne se
gêneront pas pour s’allier les services des anciens du RCD dans un racolage
sans scrupules, ni moralité de la part d’un parti qui se veut le chantre de la
moralité !
Depuis les évènements du 9 avril 2012, les partis démocrates
et les organisations de la société civile ont réalisé qu’ils devaient faire
face, désormais, à une nébuleuse islamiste, dont le visage politique est la NAHDHA , avec des ramifications internes et des
tentacules étrangères.
Un carrefour de méprises, où serpentent les politiciens des
forces démocratiques jusqu’à se mordre la queue pour certains d’entre eux,
« tentés » par Ennahdha, jusqu’à la déconfiture dans la ruée
désordonnée vers la constituante pour se retrouver minoritaires, sous la
coupole du Bardo.
L’espoir est revenu, mais de courte durée, depuis que BCE a
tourné le dos à l’Appel du 20 avril 2012 ! L’enthousiasme de l’Appel de la Patrie de la première heure s’est évaporé
dans des choix partisans.
Le fort de la résistance patriotique s’est transformé, sous
les coups des islamistes, en une grotte de couleuvres et de malfaiteurs.
BCE, d’un sauveur salvateur, se retrouve victime, allant
jusqu’à plaider sa cause auprès des ambassadeurs en Tunisie.
L’illustre
Bourguiba, lui, savait que le leadership sur le front intérieur détermine les
paramètres des alliances et celui du soutien extérieur. Un moment, BCE avait le
pays en main ! Un instant magique de l’histoire, qu’il n’a pas su
saisir ! Il faudra ramer pour retrouver une porte de sortie.
Avec l’UGTT, l’espoir fut fugace ! Un premier mai 2012,
un authentique « printemps tunisien » aurait pu avoir lieu, mais ce
n’était pas inscrit dans une volonté pour redresser le processus de la
révolution !
L’actuelle direction de l’UGTT, se remue, enfin !
La veille de l’anniversaire du 23 octobre, sous l’appel
insistant de ceux qui croient encore qu’elle est la seule force nationale
capable de redresser le cours des choses, elle relance l’initiative du
consensus national autour des objectifs de la révolution, mais, une fois de
plus, sans autorité ni conviction pour assumer ses responsabilités historiques,
alors que l’avenir de la nation est en danger.
Résultat, l’UGTT a offert par sa passivité une porte de
sortie inespérée au gouvernement, et sans contrepartie, discréditant du coup le
prestige et l’autorité de l’organisation, pour se résigner à des revendications
peu populaires quand le peuple a en premier le souci de sauver la nation.
La direction actuelle est mutilée par une mentalité
d’opposition de gauche sociale, de quémandeurs et non de conquérants, réduite à
son rôle politique historique, incapable d’assumer les revendications
salvatrices pour le pays, alors qu’elle était la matrice de la révolution et
comme telle ses revendications sont légitimes ; pour abandonner son rôle
aux apprentis sorciers et à l’amateurisme des politiciens !
Elle est incapable d’intérioriser qu’elle est encore la seule
force légitime capable de sauver le pays.
Décidemment, BCE n’est pas Habib Bourguiba, et Hassine
Abbassi n’est pas Farhat Hached ni Habib Achour du 26 janvier 1978, qui, avec
l’esprit de combativité de F.Hached et la fibre Bourguibiste, aurait pris le
contrôle de la nouvelle Tunisie après le 14 janvier 2011, et tout au moins
imposer le sceau de son visa sur toutes les grandes décisions concernant
l’avenir du pays.
L’actuel secrétaire général de l’UGTT se comporte comme un
observateur de la chose politique nationale, on dirait un surveillant général
et non pas un leader d’une aussi prestigieuse organisation. Dans un moment
historique aussi déterminant pour l’avenir de la Tunisie , il ne prend pas ses responsabilités
selon la tradition des chefs charismatiques de l’organisation. Il rejette la
responsabilité sur la mésentente des partis politiques, alors que justement, le
rôle de l’UGTT, c’est de transcender la logique partisane pour prendre de la hauteur
dans l’intérêt suprême de la nation.
Il n’est pas trop tard, tant qu’il y aura de la bonne
volonté. L’UGTT à le devoir historique de mobiliser ses forces et ses alliances
pour relancer son initiative, sauver son honneur et son autorité.
La trêve dont a bénéficié la Troïka n’a pas abouti. Aucune feuille de
route crédible n’a été fixée.
Si elle ne le fait pas, l’initiative de l’UGTT n’aurait servi
que la contre révolution.
Or dés le 24 octobre, la troïka victorieuse grâce à son coup
de bluff, est redevenue arrogante jusqu’à refuser de respecter les conditions
qui lui ont permis de bénéficier d’une prolongation de sa légitimité au de-là
de la fin de sa légitimité ; puisque Ghannouchi lui-même refusera la
dissolution des comités pour la protection de la révolution, arguant qu’ils
tirent leur légitimité du peuple !
Et ses soldats tour à tour refuseront que les ministres
régaliens soient changés !
En somme un camouflet pour l’UGTT ! Et un statu quo
pour la troïka avec une illégitimité « légitimée » par l’UGTT sans
aucune contre partie, ni aucune garantie !!
Il est temps que l’UGTT se positionne et prenne de la hauteur
avec une posture nationale pour donner des messages clairs sur sa position et
ses priorités, de se réaffirmer face à une troïka devenue plus arrogante que
jamais et dont la faillite n’est plus un secret pour personne !
Qu’elle prenne des mesures sociales telle que suspendre
totalement ou partiellement les revendications sociales pour ceux qui ont un
emploi stable et se concentrer sur le développement des régions les plus
démunies en donnant la priorité aux demandeurs d’emploi, voir organiser la
solidarité de ceux qui ont un minimum avec ceux qui n’ont rien, soutenir
l’organisation patronale contre le gouvernement pour clarifier la situation des
investisseurs nationaux et les libérer du chantage odieux exercé sur eux par
les islamistes au pouvoir.
Sans l’organisation d’une justice transitoire avant les
prochaines élections pour trancher définitivement la question relative aux
anciens du RCD, BCE et ses partisans resteront à la merci des islamistes qui ne
cachent plus leur jeu avec le projet de loi « fait sur mesure » pour
écarter BCE de la course aux élections prochaines. Stratagème du stratège
Ghannouchi qui veut éliminer ainsi un concurrent sérieux !
Cette loi, est un scandale démocratique et la société civile
doit se battre contre une telle dérive et en appeler s'il le faut à l'opinion
internationale. En tant
que juriste je dis que seule la justice peut écarter des personnes de la vie
citoyenne et pas une majorité partiale.
Les islamistes sont capables de tout pour se maintenir au
pouvoir, ils ne respectent pas la parole donnée aux mécréants, comme les colons
ne respectaient pas la parole donnée aux indigènes.
La solution pour BCE serait de renforcer l’initiative de la Centrale Syndicale avec le soutien des forces du centre et de gauche, pour
inscrire la question de la justice transitoire dans la priorité de l’initiative
et demander l’arbitrage de l’UGTT et toutes les autres organisations de la
société civile, notamment l’ordre des avocats, LTDH, l’UTICA.
La solution pour la Tunisie , ne pourra être trouvée, principalement,
que dans un cadre Tuniso- tunisien ! Bourguiba a fait de l’alliance avec
l’UGTT une stratégie, dans les moments les plus difficiles de son combat avant
et après l’indépendance, il avait le réflexe de « la place Mhemmed
Ali » (siège de l’UGTT).
Enfin, la Tunisie ne représente pas un enjeu
économique et financier important pour mobiliser une puissance étrangère au
point de prendre le risque de se mouiller pour NIDA TOUNES.
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