Depuis que les Frères musulmans ont
investi le parlement national du Bardo, ils tentent d'introduire de nouvelles
pratiques qui lui étaient inconnues dans la République Tunisienne. Ils
entendent transformer l'hémicycle en tribune religieuse, sinon en mosquée où ils
font montre de leur prétendue religiosité en multipliant de façon ostentatoire
les actes de leur bigoterie feinte !
Tout le monde se souvient du cirque que
faisaient ces marchands du Temple lors de la Constituante, quand Habib Khedher,
neveu de Ghannouchi, chargé d'instiller la chariaa dans la nouvelle
constitution, donnait le la en levant la séance à heures fixes, pour permettre à son groupe parlementaire de sortir faire les prières;
transformant les toilettes du parlement en salles d'ablution et perturbant les
travaux des constituants !
Souvent les séances plénières commencent
par des psalmodies du coran avec un officiant qui donne de la voix dans l'hémicycle
comme s'il était dans une mosquée; et ce, devant des parlementaires
"progressistes" qui semblent gênés par ce folklore inhabituel dans un
tel lieu mais qui n'osent critiquer ces simagrées, de peur d'être
stigmatisés mauvais musulmans par les Frères musulmans.
La fatiha* aussi est devenue un rituel pour chaque
"événement" important en Tunisie. Elle a même été dite à la mort
du Frère musulman Mohamed Morsi, ex-président d'Egypte. Mais paradoxalement, les
"Frères" n'ont pas jugé bon de la dire pour les militaires et autres
policiers tunisiens massacrés et morts par leur faute; puisque devant la mort
aussi, ils pratiquent la règle de deux poids, deux mesures; pour dire la "fatiha" à la carte !
Si jusque-là, les Frères musulmans
intimidaient les "progressistes" qui ne pipaient mots sur la bigoterie soudaine des opportunistes qui cherchent à plaire à Ghannouchi; désormais, depuis l'arrivée des destouriens du PDL, avec à leur tête Abir Moussi, leurs mascarades seront remises en cause et
contestées, comme il se doit.
Abir Moussi n'a jamais été dupe des
Frères musulmans. Tout comme Bourguiba, elle sait qu'ils sont un danger pour la
République et la Nation tunisienne. Elle sait qu’ils sont sans foi ni loi. Elle sait aussi qu'ils sont capables de tout pour prendre le
pouvoir : violence, terrorisme, assassinats font partie de leur "culture politique". Depuis leur retour
d'exil en 2011, elle leur tient la dragée haute; dénonçant constamment leur hypocrisie, l’instrumentalisation de la religion, celle de la "révolution" et de ses "martyrs", leurs abus, leurs crimes; car ils se considèrent les
nouveaux maîtres du pays, au-dessus des lois !
L'occasion va se présenter pour Abir Moussi pour dire stop à la comédie.
Le 14 janvier, date anniversaire de la "révolution", Ghannouchi proposait en séance plénière un hommage aux
martyrs de la révolution sous forme de récitation de la fatiha au moment où le groupe PDL quittait l’hémicycle pour faute de procédure de la part de Ghannouchi. C'en
était trop pour Abir Moussi. Ce que les Frères musulmans ont assimilé à une insulte à leur mémoire des "martyrs de la révolution" !
Non seulement elle conteste l'idée même qu'il y
ait eu une révolution émanant du peuple puisqu'elle a toujours affirmé qu'il
s'agit d'un coup d'Etat ourdi par des puissances étrangères; elle conteste aussi l'incrimination de
Ben Ali dans le massacre de plus de 300 jeunes tunisiens entre le
17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011. Or nous avons appris qu'ils sont morts du fait de mercenaires venus de l'ex-Yougoslavie à la demande de l'émir du Qatar, cheville
ouvrière du fumeux printemps arabe avec l'accord des EU & de l'UE, pour
terroriser la population et la pousser à dégager Ben Ali ! Ce qui explique la constante jubilation
des Frères musulmans pour une "révolution" à laquelle ils n'avaient pas participée mais qu'ils qualifient de "Ors"
(fiançailles), "thaoura moubaraka" (révolution bénie), parcequ'elle a permis à l'émir du Qatar de les installer au pouvoir.
Devant cette nouvelle comédie d'hommage
aux "martyrs" assassinés par les Frères musulmans et leurs complices, c'en était
trop pour Abir Moussi ! Comme disent les tunisiens "Ils assassinent, puis ils
sont les premiers à participer aux funérailles de leur victime"... ce
qu'ils ont fait pour Chokri Belaid !
Elle a préféré s'abstenir de participer à l'instrumentalisation des "martyrs", pour ne pas cautionner les simagrées de Ghannouchi qui ne l'ont jamais impressionnées contrairement à beaucoup de "progressistes" !!
Elle a préféré s'abstenir de participer à l'instrumentalisation des "martyrs", pour ne pas cautionner les simagrées de Ghannouchi qui ne l'ont jamais impressionnées contrairement à beaucoup de "progressistes" !!
Et comme à son accoutumé, ne supportant
pas qu'un opposant lui tienne tête (qui plus est, est une femme), Ghannouchi va lâcher sa milice, ces voyous autoproclamés "gardiens de la révolution", qu'il va laisser entrer au parlement dans une expédition punitive
contre la récalcitrante Abir Moussi. Elle aurait, selon eux, outragé les familles
des martyrs et manqué de respect à leurs enfants morts, par son refus de se
prêter à la mascarade des Frères musulmans en quittant l'hémicycle pendant la fatiha
!
Cet énième incident, sera malheureusement une nouvelle occasion de voir qu'il y a encore des intellectuels et des journalistes pour tomber dans le piège des Frères musulmans; puisqu'ils reprochent à Abir Moussi d'avoir boycotté l'hommage aux "martyrs". Comme s'ils n'ont toujours pas compris la stratégie des marchands du Temple à instrumentaliser les "martyrs" , la "révolution", comme ils instrumentalisent la religion !
Aux progressistes d'être conséquents avec leurs convictions
: pas de place en politique aux partis religieux qui veulent mettre la religion
à toutes les sauces !
Il suffisait d'une minute de silence
pour honorer la mémoire de tous les morts de cette fumeuse révolution qu'ils soient du fait des snipers de l'émir du Qatar ou du
fait de Ghannouchi et de ses Frères musulmans depuis qu'ils se sont accaparé le
pouvoir en Tunisie !
Rachid Barnat