L'OPPOSITION EST LA
SEULE RESPONSABLE DE SON AFFLIGEANT ÉCHEC !
Par Mohamed Bedoui,
Alors que le pays ne cesse
de s’enfoncer, les politicards ne cessent de jouer au clown. Il est affligeant
de constater que la responsabilité de cet état de fait, est surtout à imputer
aux forces démocratiques, modernistes et laïques bien plus qu’à la Troïka qui
se trouve dos au mur et n'attend que le coup de grâce qu'elles refusent de lui
porter pour la dégager du pouvoir voir la faire disparaître du paysage
politique.
FATALES ERREURS DE
L’OPPOSITION.
Pendant des décennies, les forces modernistes qu’elles soient de gauche, du centre ou de droite, ont cumulé les
erreurs par aveuglement ou par manque de jugement sur le fond comme sur la
forme pour s’opposer à la dictature de ZABA.
Les alliances se faisaient et se défaisaient non pour des questions
idéologiques (certains ne comprennent même pas en quoi cela consiste) mais en
fonction de l’égo du chef de clan. Véritable gourou, aveugle qui fonce tête
baissée comme tout bon gourou qui se respecte.
Qu'en est-il de cette opposition dans la période post-révolution.
1°/ Islamistes
démocrates ? Connais pas !
Avant, pendant et juste après la révolution, la grande majorité de
l’opposition a pensé qu’il serait salutaire d’englober les islamistes comme
partenaires pour diriger « démocratiquement » le pays. C’est quasiment la
première erreur fatale.
Un tel aveuglement est sidérant. Quand vont-ils enfin comprendre que cela
est absolument impossible. Ont-ils lu une seule fois les écrits et les slogans
islamistes ? Peuvent-ils citer un pays islamiste respectant ses engagements, la
démocratie, le statut de la femme et les droits de l’homme ?
Comment des hommes de gauches laïcs pouvaient-ils croire un seul instant
qu'un parti islamiste puisse être démocrate et accepter les règles de la
démocratie alors ce qui le fonde c'est justement le coran et la chariâa, tous
deux paroles de dieu, donc au-dessus de toutes autres doctrines !
L’imbécilité était de croire que l’ennemi de leur ennemi est forcément leur
ami ! Erreur qu'ils vérifient de jour en jour et qu'ils paient très cher.
Ils ont chassé la clique de Ben Ali pour s’offrir un monstre sans foi ni
loi.
Et certains, épousant les vœux des Américains et ceux de l’Europe toujours suiviste,
pensent qu’il reste encore une chance pour s’entendre.
Les Egyptiens plus lucides que les tunisiens, ont très vite compris la
leçon et tiré la conclusion.
Car un islamiste ne peut être que dictateur et comploteur ... convaincu de
détenir La Vérité d'Allah lui même !
2°/ Respectons la légalité et la légitimité ? La
bonne blague !
Encore une supercherie soufflée par les Américains. Juste après les
élections, la Troïka a réalisé une véritable contre-révolution puisque ces
dernières ont été organisées uniquement pour écrire une nouvelle constitution !
Maudissons au passage les manifestants d’El Kasbah II infiltrés par Ennahdha et
soutenus par Hamma Hammami qui ont exigé une nouvelle constitution. Comment un athée
a-t-il pu soutenir une revendication dont il se doutait bien qu'elle aboutirait
à islamiser la constitution ? A moins d'être naïf, ce qui est grave pour un
homme politique !
Pourtant le mandat électoral était clair : rédaction d'une constitution et
expédition des affaires courantes !
Jamais le peuple n’a autorisé ces énergumènes de diriger le pays et d'hypothéquer
son avenir en prenant des engagements lourds de conséquences pour les Tunisiens,
alors qu'ils sont provisoires ! Et tous
ce que feront les constituants, n’est ni légal ni légitime puisqu'ils ont
outrepassé leur mandat.
Mais bien sûr, notre opposition toujours magnanime ou naïve, avale toutes
les couleuvres; et se croyant intelligente, proroge une légitimité venant à
expiration et se lance dans des discours de consensus par peur d'Ennahdha qui
montre les dents et veut s'imposer au-delà du mandat du peuple, faisant fi des règles
démocratiques, de ses engagements et du peuple lui même !
Dans sa naïveté et par calcul l'opposition accordera un délais
supplémentaire pour la troïka sans en préciser la durée mais sous conditions du genre "formation de
gouvernement consensuel" "gouvernement de technocrates",
"dissolution des LPR", "neutralité des ministères régaliens :
justice, intérieur et étranger" ... dont se moqueront Ghannouchi et ses
hommes à peine leur "légitimité" reconnue et acceptée par
l'opposition et l'UGTT !
La vérité c'est que l'opposition semble terrorisée à l'idée de fâcher
Ghannouchi qui gesticule et menace de brûler le pays, de le
"somaliser" ... pour lancer des propositions ubuesques : formation
d’un gouvernement de compétence ou de salut public ... à un autiste dont on
sait ce qu'il est advenu à ces deux "associés" : Ettakatol et le CPR
! La belle trouvaille.
Ils se sont mis une poutre dans l’œil et non pas un doigt, d'avoir cru un
seul instant pouvoir gouverner avec Ghannouchi !
3°/ Consensus ? Quel
consensus et de quel droit ?
C’est pratiquement le retour à la case départ. Est-ce possible d’être aussi
myope et aussi suicidaire que de croire que les wahhabites ghannouchiens,
branche des Frères Musulmans vont jouer le jeu et en accepter les règles ? Bien
avant les élections, Ghannouchi n’a cessé de parler de consensus pour diriger
le pays. Nous avons vu ce qu’il veut dire par ce mot : deux strapontins aux
deux partis "démocrates", qu'il a vite vidé de leurs militants et de
leur idéologie (s’ils en avaient une !).
Puis à 3, ces partis dominés par Ennahdha, n’ont pas cessé de bâillonner
toute forme d’opposition.
La justice en voit des vertes et des pas mûres des plaintes déposées par
les uns et les autres. Les prisons aussi.
4°/ Dialoguons,
discutons, lançons commissions sur commissions !
L’échec absolu d'Ennahdha est sans appel. Mais à chaque fois qu’une forte
pression voit le jour, suite à des assassinats ou de tabassages sauvages de
manifestants avec chevrotines, bombes lacrymogènes ou balles réelles
(c’est au choix), il y a toujours, un président provisoire, un chef de
gouvernement, un gourou, un ami pourtant chef d’un parti d’opposition (suivez
mon regard) et même l’UGTT qui proposent d’ouvrir un dialogue « réel, franc,
direct, sans exclusion » afin de sauver le pays d‘un tsunami dévastateur.
Puis, deux ou trois jours après, la mémoire flanche ... et on passe à autre
chose.
Le pays attend toujours les résultats de l’enquête sur les évènements du 9
avril 2012, et l’UGTT plus que sage, attend ceux de l’attaque de son siège le 5
décembre 2012.
Sept mois et demi n’ont pas suffit pour que justice soit faite.
Oui ! Dialoguons ! Dialoguons peut-être bien qu’aux prochaines agressions
ou crises, d’autres commissions viendront enterrer "les dossiers" et
les "enquêtes" promises à grands coup de gueules médiatiques ... et
qui seront très vite enterrés !
En faisant semblant de discuter, Ennahdha et la Troïka rient sous cape :
- Ils revendiquent avec morgue "leur légitimité" qu'une 'opposition
effarouchée leur accorde et leur renouvelle au mépris d'un peuple qui veut qu'on
le respecte en respectant le mandat qu'il a accordé aux constituant le 23
octobre 2011;
- Ils disposent ainsi du facteur temps pour détruire la République et ses
institutions; et mettre à genoux les tunisiens.
5°/ Quelles vraies
solutions pour sauver le pays ?
Il est incroyable de constater que malgré l’échec total de la Troïka,
l’opposition n’arrive pas à gagner la sympathie et l’adhésion d'un peuple
clochardisé.
L’explication est pourtant simple : Elle-même ne croit pas une seconde en
ses chance !
Du Front Populaire à Nidaa Tounès, en passant par tous les partis de
gauche, de droite ou du centre démocratiques, laïcs et modernistes ... hormis
"el Joumhouri" qui n'est que le nouveau cheval de Troie de
Ghannouchi, qui prendrait la place d'un CPR moribond; le constat est le même.
Ils sont en train de … discuter, de dialoguer, de palabrer, de mettre en
place des commissions et des sous-commission et des sous-sous-commissions. Puis
plus RIEN !
Mais que diable ! Il faut pourtant sauver la Tunisie et la Révolution
volées et violées par des vautours venus d'ailleurs !
Pour cela, il n’y a que trois solutions et uniquement trois :
- Arrêter le cirque des commissions chargées de chercher « un consensus
bâtard » et mettre sur pied en une semaine tout au plus une charte à signer par
les partis ayant rompus tout contact avec le Pouvoir.
L’idéal serait une vraie alliance militante entre les alliés de Nidaa en
excluant définitivement le parti "El Joumhouri" qui semble de plus en
plus céder au chant de la sirène Ghannouchi (Néjib Chebbi va apprécier), le
Front Populaire, avec le soutien de la société civile et des syndicats, à leur
tête l’UGTT. Gare aux brebis galeuses et aux faux révolutionnaires.
- Imposer de gré ou de force une solution radicale qui fixe
définitivement la date de la fin des travaux de la Constitution, une véritable
Instance chargée des élections et non pas celle qui va être mise sur pied et
déjà contestée pour trafic de vote, cautionnée par le traître Ben Jaâfar.
Constitution d’un gouvernement neutre.
Et arrêter, juger et mettre en prison les mercenaires de la Ligue de la
protection de Ennahdha, de Wafa et du CPR.
- En cas de refus du pouvoir ou de l’impossibilité de regrouper ceux qui
veulent réellement travailler pour le peuple et non pour leur propres ambitions,
"Tamarud" (rébellion), "Khanagtouna" (vous nous étouffez) et
les "Ligues de Protection de la Patrie et du Citoyens" doivent passer
à l’acte par une désobéissance citoyenne et pacifique, soutenus par l’alliance
des partis ayant signé la charte et l‘UGTT qui n‘a pas cessé de reculer et
toujours au mauvais moment mais qui doit se reprendre pour se prévaloir de son
rôle historique.
Ils sont une réelle et peut-être unique chance de sauver le pays.
Oui la Tunisie est exactement dans le même cas que l’Egypte contrairement à
ce qu’affirme la Troïka ou encore certains faux experts.
Et comme en Egypte, l’armée a été plus qu’héroïque lors de la première
révolution.
Les deux armées ont protégé les deux peuples.
L’unique différence est que Morsi a été élu pour 4 ans. Pas la Troïka, qui
est issue de constituants élus pour un an !
PS : article revu par Rachid Barnat. Pour accéder au texte original, cliquer sur le nom de l'auteur.
PS : article revu par Rachid Barnat. Pour accéder au texte original, cliquer sur le nom de l'auteur.
27 janvier 2014 : Mahmoud Bedoui nous a quitté.
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Son patriotisme, ses coups de colère contre la bêtise et son humour nous manqueront désormais.
Qu'il repose en paix.