QUAND LES AMÉRICAINS VEULENT RÉGENTER LE MONDE DIT "ARABO MUSULMAN", des théoriciens leur donnent le cadre pour l'action politique !
Et quand les théoriciens sont des juifs déçus du siècle des Lumières, pour avoir enfanté de la Shoah; ceux-ci prônent le repli sur l'identité religieuse et théorisent sur la compatibilité du Judaïsme et de l'Islam avec la démocratie !!! D'où leur soutien aux sionistes et aux Frères musulmans; seuls aptes selon leur théorie, à remettre les peuples sur la voie du progrès, de la modernité et de la démocratie.
Ce que les hommes politiques (Reagan, Bush ... et Obama) tentent de mettre en oeuvre.
Heureusement que la société civile veille et que les peuples rejettent ces obscurantistes islamistes et leurs ignobles théoriciens ... américains !
Et quand les théoriciens sont des juifs déçus du siècle des Lumières, pour avoir enfanté de la Shoah; ceux-ci prônent le repli sur l'identité religieuse et théorisent sur la compatibilité du Judaïsme et de l'Islam avec la démocratie !!! D'où leur soutien aux sionistes et aux Frères musulmans; seuls aptes selon leur théorie, à remettre les peuples sur la voie du progrès, de la modernité et de la démocratie.
Ce que les hommes politiques (Reagan, Bush ... et Obama) tentent de mettre en oeuvre.
Heureusement que la société civile veille et que les peuples rejettent ces obscurantistes islamistes et leurs ignobles théoriciens ... américains !
Un débat
dense a animé Tunis ces derniers jours autour de la figure de Noah Feldman. Sa présence au sein du siège de
l’ANC a été dénoncée en pleine séance de discussion sur l’un des articles de la
constitution. Certains y ont vu la preuve de la connivence des islamistes avec
le milieu sioniste-américain. D’autres ont été confortés par cette preuve dans
le délire qui saisit ceux qui voient des complots partout. Ainsi ont été
invoquées ses origines juive et américaine et son implication, non seulement
théorique mais aussi pratique, dans la rédaction des constitutions afghane et
irakienne sous veille et protection proconsulaire américaine. Aussi a-t-on
inféré qu’il est le conseiller sinon l’inspirateur de nos islamistes pour la
rédaction de la constitution en cours d’élaboration, d’autant plus qu’il
fréquente personnellement Rachid Ghannouchi, perçu par lui comme l’exemple de
l’islamiste démocrate.
Pour esquisser les contours de
la personne et de la pensée de Noah Feldman, je m’éloigne d’abord de la «
complotite », ce symptôme de la maladie nationaliste et antisémite dont je me
sens immunisé. Et je m’approche de ce qu’il a écrit et de ce qu’il a entrepris
car nous avons affaire à un « académique » qui agit au sein de sa cité et de
par le monde. Outre ses activités professorales et de chercheur, il assure
aussi la fonction de conseiller du prince. Juriste, formé à la School of Law de
Yale University, il a enseigné d’abord à NYU avant de rejoindre Harvard. Il a
donc fréquenté trois des universités les plus prestigieuses d’Amérique où se
forme l’élite universelle qui gère la mondialisation libérale et financière.
Très jeune, à peine trentenaire, il a intégré l’influent Concil on Foreign
Relations. Et il a joué, en effet, un rôle majeur dans l’encadrement théorique
des constitutions afghane et irakienne pendant que les deux pays se trouvaient
sous protectorat américain.
C’est probablement sa
spécialité centrée sur le rapport entre religion et droit qui l’a conduit à
s’orienter vers l’Islam. Dans son approche de cet espace, il a été le disciple
de John Esposito, islamologue, enseignant à Georgetown University, qui a
été l’initiateur de l’orientation pro-islamiste que devrait prendre le
département d’Etat et la Maison Blanche. L’Amérique a le devoir de
retirer son soutien aux « autocraties séculières » dans le monde arabe pour le
donner aux islamistes, particulièrement à la mouvance internationale des Frères
Musulmans.
Et cette tendance de la défense
académique occidentale de l’islamisme sera internationale. Ses représentants
français, bien connus chez nous, se déploient sur trois classes d’âge : citons
- parmi les sexagénaires,
François Burgat (qui a codirigé avec John Esposito un ouvrage qui rassemble des
experts s’inscrivant dans leur ligne idéologique ; nous avons été réunis, lui
et moi, en un duo qui s’est livré à un âpre débat contradictoire dans un des
amphithéâtres à l’université de Santiago au Chili) ;
- parmi les
quadragénaires, Vincent Geisser (immergé dans le milieu islamiste international
qui vit en France et dont l’élément tunisien est central ; il lui arrive de
publier sur leur site oumma.com ; malgré tout ce qui nous
sépare, je lui ai apporté mon soutien lorsqu’il a subi une attaque féroce qui
cherchait à l’éjecter du CNRS pour avoir confondu investigation scientifique et
engagement politique en faveur de l’idéologie islamiste ; même si telle
accusation peut être fondée, j’ai fait partie de ceux qui ont placé la liberté
du chercheur au-dessus de tout autre critère ) ;
- parmi les
trentenaires, Stéphane Lacroix (que j’ai rencontré ou croisé à Paris, au Caire,
à Tunis ; à Stanford University en avril 2009, il me laissa entendre combien
mes thèses critiques qui démontent l’intégrisme sont dépassées et comment je
vais connaître le naufrage dans le futur immédiat annonciateur d’un islamisme
ascendant renforcé par le soutien américain dont l’explicitation agissante
serait imminente).
Mais revenons à Noah Feldman.
Le 13 novembre 2003, il publie un article dans le New York Time où il réagit
positivement au discours qu’avait prononcé une semaine avant le président G.W.
Bush en lequel il annonce l’adaptation de la politique américaine au tropisme
islamiste. L’Amérique reconnaît soixante ans d’erreurs. La nouvelle politique
prône le soutien à une démocratie islamique et le rejet des dictatures
séculières. Ainsi, dans cet article, l’alternative a été limitée entre ces deux
lignes : le sécularisme arabe et des pays d’islam est assimilé à la dictature
et la démocratie à l’islamisme. Tel est le premier défaut qui sera érigé en
dogme dans cette vision académique qui trouvera son application
politique.
La troisième voie que trace le
combat pour le sécularisme (qui a commencé au XIXe sur les terres d’islam) se
trouve selon cette approche définitivement obstruée. Nous verrons à travers
quelle construction théorique telle disqualification sera justifiée dans le
grand oeuvre de Noah Feldman. Or constatons tout de suite que la résistance des
sociétés civiles pendant ces trois dernières années à la déferlante
islamiste et en Tunisie et en Egypte s’est délibérément inscrite dans cette
longue histoire séculière qui a été textuellement soutenue en langue arabe par
les écrits de Tahtawi, de Khayr Eddine, du shaykh Muhammad ‘Abduh, de Jamâl
ed-Dîn Afghânî, de Qâsim Amîn, du shaykh ‘Abderrâziq, de Tâhir Haddâd, d’Aboul
Qâcim Chebbi, de Taha Hussayn et de tant d’autres.
Cet immense corpus est tout
simplement déconsidéré par ces experts. Pas seulement en langue arabe mais
aussi dans les autres langues d’islam où il a été profus comme en langues
turque, persane, ourdou, sans oublier ce que des musulmans ont écrit dans le même
sens en utilisant les langues européennes qu’ils maîtrisent, notamment
l’anglais et le français.
Mais revenons à l’article de
Noah Feldman où l’auteur nous dit combien il a été réconforté par cet
infléchissement politique qu’il appelait de ses vœux, lui qui n’a cessé
d’estimer que l’avenir est à des régimes tournés vers l’islam et non séculiers.
Et il s’auto-congratule en donnant en exemple la constitution afghane qui vient
d’être votée et dont il est l’inspirateur. Il est éclairant de vous rapporter
ce qu’il en dit dans cet article car, nous le verrons, son intenable est du
même acabit que l’intenable qu’entretient le texte « miné » (selon l’expression
d’Ali Mezghani) de la constitution qui continue
d’être discutée à Tunis.
Selon Noah Feldman, la
constitution afghane « intègre les valeurs islamiques tout en garantissant les
libertés fondamentales ». Ainsi se trouve réalisée la compatibilité de l’islam
avec la démocratie et les droits de l’homme. Cette constitution énonce une «
république islamique » dont « la religion officielle est l’islam » ; elle
appelle à la création d’une cour suprême veillant à « la compatibilité des lois
avec les valeurs islamiques » ; il y est aussi écrit que « l’école a pour
vocation d’écarter les traditions contraires à l’islam ». Dans le même temps,
insiste Noah Feldman, cette constitution est démocratique puisqu’elle garantit
les droits des citoyens et s’engage à respecter les droits assurés par les
traités internationaux dont l’Afghanistan est signataire. Notamment la
convention concernant l’élimination de toute forme de discrimination à
l’encontre des femmes.
Cherchez à voir comment le
législateur va démêler cet imbroglio où chaque chose et son contraire logent
sous le même toit. Comment, dans le contexte afghan, vont être jugées par la
cour suprême les lois qui invoqueraient la liberté de conscience, l’égalité
juridique des femmes (incluant la succession, le passage de la répudiation au
divorce), la polygamie, l’égalité pour l’étranger à la croyance, l’abolition de
la peine de mort ? Ces dispositions seront-elles jugées compatibles avec des
valeurs islamiques, qui, en situation afghane, restent anthropologiquement
arrimées à la réalité tribale et à la perpétuation du patriarcat ? Faire
semblant de l’ignorer, ou envisager la chose in abstracto, c’est témoigner soit
d’une désarmante naïveté, soit d’un surprenant cynisme tant il s’exhibe à nu
sans chercher à avancer masqué.
Et c’est probablement cet
esprit qui entretient délibérément la confusion qui anime les constituants
islamistes tunisiens. Car le texte qui nous est proposé est truffé non pas
d’ambivalence, mais de cohabitation des contraires qui ne peuvent que
constituer des irrésolus. Prenons l’exemple de l’article 6 universellement loué
en raison de cette première islamique qui fait de la liberté de conscience une
disposition constitutionnelle. Or cette disposition se trouve annulée par la
phrase qui la précède : « l’Etat est le gardien de la religion » : l’expression
en arabe ne porte pas l’ombre d’un doute : hâris ad-Dîn signifie en toute
conscience arabophone « gardien de l’islam » car ad-Dîn (« religion » au
singulier) n’est autre que l’islam, lequel, selon le dogme islamique, est la
religion par excellence. Ainsi appliquons cet enchaînement au cas précis de
Mejri, l’un des deux athées de Mahdia qui croupit dans les geôles islamistes,
et ce, pour sept ans et demi : au nom de la liberté de conscience, il doit être
libéré ; mais si l’Etat est le gardien de l’islam, son incarcération (sinon son
exécution) s’avère en cohérence avec l’esprit du prétendu droit divin qui a été
forgé par des humains dogmatiques d’un autre âge qui ont encore des adeptes, ô
combien, dans le siècle.
D’évidence, vous aurez remarqué
que l’article 38 de la constitution dont débattent nos constituants dégage la
même odeur que la disposition de la constitution afghane qui demande à
l’école de chasser toute référence contraire à l’islam : cette disposition,
exprimée dans la constitution afghane, sur le mode négatif, appelant la purge
des manuels, se retrouve dans la constitution tunisienne en cours d’élaboration
sur un mode affirmatif puisque l'article 38 stipule que l’enseignement doit
s’inspirer des valeurs arabo-islamiques et les promouvoir à travers le
processus linguistique de l’arabisation. Au-delà de son inscription dans le
sillage de la polémique identitaire qui trouble la sérénité du texte, cette
disposition partage la même source d’inspiration que celle qui a été à
l’origine de la constitution afghane. Là se repère un des effets émanant de
l’influence de Noah Feldman sur les constituants islamistes tunisiens. C’est le
même trait d’esprit qui se retrouve, certes adapté au contexte tunisien qui,
anthropologiquement n’a rien à voir avec la réalité afghane. Et c’est
probablement cette même ligne d’influence qui se croise avec le souci qu’aurait
Rached Ghannouchi en personne pour que la constitution tunisienne comporte la
disposition qui appelle à la création d’une instance suprême qui aurait pour
tâche de juger de la compatibilité des lois avec les valeurs de l’islam.
Ce même Rached Ghannouchi
envisage une œuvre à long terme destinée à transformer la conscience tunisienne
par une éducation islamique formatée destinée à engendrer une nouvelle
génération prête à interpréter l’article premier de notre constitution dans le
sens de l’islam religion de l’Etat alors que tel article (qui reprend à la
lettre la formulation de 1959 sortie de la main même de Bourguiba) dit que
l’islam est la religion du pays, non de l’Etat. Mais le langage le plus clair
comporte assez d’ambiguïté pour que le glissement interprétatif opère et qu’on
passe du descriptif (l’islam est la religion de la Tunisie) au prescriptif
(l’islam est la religion de l’Etat tunisien). Ce qui nous rapprocherait de
quelques empans de la lettre de la constitution afghane inspirée par Noah
Feldman, conseiller de Ghannouchi et consort.
Noah Feldman finit son article par
un appel à soutenir la constitution afghane (son œuvre !) qui crée une «
démocratie inscrite dans la foi » car « les régimes autocratiques séculiers ne
doivent plus être soutenus aux dépens des démocraties islamiques. Il ne faut
imposer la sécularisation ni en Afghanistan ni en Irak… » Mais qu’en est-il de
cette sécularisation lorsqu’elle émane d’un long processus historique et
qu’elle constitue un acquis de la nation et du peuple comme en Egypte et
surtout en Tunisie ? Les islamistes se sont d’ailleurs rendus compte pendant
ces trois dernières années que dans ces deux contextes, ils ne passaient pas
dans du beurre ; chaque fois qu’ils ont voulu passer en force, ils ont
découvert que l’obstacle était d’acier.
Et en quoi la pensée de Noah
Feldman les aide-t-elle à se penser dans la positivité de l’histoire même si à
l’épreuve du pouvoir, ils n’ont rencontré que des déboires ? Si l’article que
nous avons évoqué plus haut date de novembre 2003, son grand œuvre (The Fall
and Rise of Islamic State, « La Chute et la Restauration de l’Etat islamique »)
est paru précisément le 11 avril 2008 à Princeton University Press. Dans
cet ouvrage, il propose aux islamistes une lecture historique qui fait d’eux
les hommes de l’heure.
Le livre dessine un parcours en
trois étapes.
1 - A l’instar de la religion
juive, l’islam est une religion de la Loi. Elle est fondée sur la justice et
traite le croyant en sujet juridique. L’islam classique a même connu l’Etat de
droit (rule of law). Le monarque ne disposait pas de la décision juridique.
C’est le corps des oulémas qui est le gardien de la loi. Ce corps constitue la
médiation entre la société et le pouvoir exécutif, lequel s’avère tempéré par
le fait que celui qui l’incarne n’est pas maître de la machine qui fabrique les
lois et les applique. Tel est l’exposé fort schématisé de la première
thèse. Pour ne pas perturber la construction de son objet, Noah Feldman
n’insiste pas sur l’aspect théorique de cette analyse constamment démentie au
cours de l’histoire par la pratique despotique de haute antiquité (comme elle a
été décrite dans la tragédie des Perses d’Eschyle), laquelle s’est perpétrée et
a même crû et prospéré à l’horizon de l’islam, non pas pour des raisons
dogmatiques ou religieuses, mais simplement dans une continuité qui a donné
très tôt au Califat les attributs du mulk, cette séculaire royauté
dont la structure a été héritée des peuples conquis.
2 - L’Etat de droit, toujours
selon Noah Feldman, a disparu en islam lors de la dernière séquence de l’Empire
Ottoman, au XIXe siècle dans le sillage du train de réformes des Tanzimet.
Selon notre auteur, les musulmans ont procédé à une analyse erronée lorsqu’ils
ont voulu attraper leur retard historique en cherchant à imiter les Occidentaux
dans un processus qui a confondu la modernisation à l’occidentalisation. Ainsi
ont-ils décidé d’abattre le corps des oulémas, de s’écarter de la loi divine
pour adopter la loi positive mais sans lui donner le temps de l’assimilation et
de l’enracinement. C’est ainsi que la constitution de 1876 n’a vécu qu’un an.
D’un revers de main, le sultan Abdulhamid la suspend et dirige l’empire dans
l’arbitraire de l’autocrate. Ainsi prend fin l’Etat de droit classique qui sera
remplacé par l’autocratie séculière à laquelle ne résistera que l’Arabie
Saoudite car tous les autres Etats musulmans adopteront cette structure pour
mener leur modernité/occidentalisation forcée. Il en sera ainsi pour l’ensemble
des Etats post-coloniaux. Certes, l’auteur dit son admiration pour le
libéralisme fondé sur le droit moderne qui a émergé en Egypte dans la mouvance
du Parti Wafd pendant l’entre-deux-guerres. Il reconnaît que
parmi ses leaders et partisans nombreux étaient les juristes qui maîtrisaient
la common law. Mais ce fut un échec sur lequel prospérera
l’autocratie séculière, qui perpétuera un Etat de non-droit avec un exécutif
qui n’est pas contenu par des contre-pouvoirs.
3 - Le retour à l’Etat de droit
se fera par la restauration de l’Etat islamique et son développement selon une
nouvelle version (« the rise of the new islamic state ») qui ne revivifiera pas
le corps des oulémas dont nous n’avons plus besoin. L’invocation de la sharî’a dans
ce contexte ne doit pas nous faire peur. Il ne s’agit pas du retour à sa lettre
mais dans son esprit tels qu’il se manifeste à travers ses maqâçîd (ses
visées heuristiques). Ainsi cessera l’Etat de non-droit et émergera de nouveau
l’Etat de droit qui saura s’ouvrir aux dispositions démocratiques et
représentatives qui nous sont chères. C’est ainsi qu’en s’inspirant de l’esprit
de la sharî’a, le sujet juridique « constitutionnalise ».
Tel est
l’objet construit par Noah Feldman qui estime que ce sont les Frères Musulmans
qui sont à même de mener cette opération qui refonde et réoriente l’Etat
islamique comme Etat de droit. Ce sont eux qui vont moderniser cet Etat et le
renouveler. Et les Occidentaux doivent en finir avec la phobie que suscite en
eux la sharî’a. Sa mention par les Frères Musulmans n’est destinée qu’à
acclimater l’Etat de droit (que tout Occidental défend) aux moyens locaux, à la
tradition propre. Donc, ce sont eux qui seront nos alliés, non pas les
autocrates séculiers.
Vous constatez dès lors que le
soutien américain aux islamistes est mûrement réfléchi. Il est argumenté par le
recours à un objet bricolé en puisant dans l’histoire et en interprétant sur
mesure sa matière. La modernisation de l’islam n’est pas perçue comme
ayant été contrariée par la rémanence du despotisme qui a été une constante
tout le long de l’histoire islamique. En déclarant l’Etat islamique Etat de
droit s’étant perpétué jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, en situant la fin de
cet Etat de droit avec le processus des réformes initié au XIXe siècle,
le tour de passe-passe est joué. Et le beau rôle est donné aux islamistes en
tant que restaurateurs de la chose perdue qui sera par eux renouvelée et adaptée
aux valeurs du siècle.
Il est heureux que les sociétés
civiles aient réussi à infliger un démenti à cette construction qui aboutit à
une fiction. Ces sociétés civiles sont le produit de ruptures historiques qui
ont transformé nos communautés, qui les ont fait muté par la substitution du
droit positif à la shari’a. Et c’est cette substitution qui est la condition
préalable à l’avènement de l’Etat de droit. Toutefois, la rémanence despotique
a empêché l’avènement de l’Etat de droit au sens plein du terme. C’est ce que
développe le juriste Ali Mezghani dans son essai L’Etat inachevé
(Gallimard, 2011). Et les événements révolutionnaires que nous sommes en train
de vivre accélèrent le mouvement en cette allée vers l’Etat de droit, lequel,
faut-il le rappeler, même là où il s’exerce à plein régime, reste toujours
marqué d’insuffisance, reste toujours à venir.
Cependant, il nous faut revenir
au cas de Noah Feldman qui estime par exemple que le prédicateur hystérique
Qaradhâwî est un parangon de démocratie, ce Feldman qui, non seulement pense
pour les islamistes mais aussi milite en faveur de l’émergence du nouvel Etat
islamique avec la bénédiction de l’Emirat de Qatar, laquelle finance les
séminaires, colloques, rencontres et études co-organisés par le Saban
Center for Middle East Policy et la Brookings Institution.
Nous situons le juif orthodoxe
Noah Feldman dans la descendance du philosophe Leo Strauss. Juif allemand
réfugié en Amérique pour cause de nazisme, il a officié à Chicago et deviendra
le maître à penser du mouvement néo-conservateur qui s’est bruyamment manifesté
autour de G. W. Bush pendant les guerres d’Afghanistan et d’Irak. Aussi
n’est-il pas surprenant que le premier écrit de Noah Feldman que nous avons
commenté ici ait été publié dans le contexte bushien post nine eleven.
Leo Strauss est le philosophe qui fustige les Lumières. Il voit en ce mouvement
de pensée une illusion qui a conduit les juifs à la catastrophe. Y ayant cru,
ils se sont considérés intégrés ; ils ont baissé la garde, ne se sont plus
perçus comme sujets visés et menacés au point d’avoir été surpris par la Shoah
devant laquelle ils se sont trouvés démunis et sans défense.
Pour éviter
de nouveau le péril, il convient de revenir à sa tradition, de la revivifier,
de voir en un Maïmonide, non pas une trace qu’on peut revisiter pour fertiliser
une condition nouvelle, mais la référence cardinale par laquelle la tradition
se perpétue, gage de survie de la communauté. Cette approche conservatrice va
jusqu’à fustiger le grand libérateur de l’esprit qu’est Baruch Spinoza traité
par lui de « mauvais juif ». D’ailleurs, cette expression a suscité en moi le
désir de créer le cercle des mauvais : peut-être est-ce la solidarité entre les
mauvais juifs, les mauvais musulmans, les mauvais chrétiens, d’autres mauvais
encore, qui saura limiter la malignité du mal qui corrompt le monde avec les humains
qui l’habitent.
Voilà un article qui met bien en évidence le fondement de la politique "arabe", des américains.
RépondreSupprimerLes informations et les analyses que nous donne Abdelwahab Meddeb, sont absolument essentielles pour comprendre ce qui se passe et montrer aux Tunisiens et aux autres qu'il y a dans cette thèse un évident mépris pour eux.
Car on ne leur donne que le choix entre la dictature laïque et la régression d'un régime religieux totalitaire; comme s'ils n'avaient droit, eux aussi, à une démocratie réelle et apaisée.
Heureusement que les tunisiens et surtout la société civile résistent à tous ces prédateurs que sont les frères musulmans nahdhaouis, les pétromonarques et les américains qui soutiennent Ghannouchi !
Il s'agit pour les tunisiens de lutter à nouveau contre un colonialisme d'un genre nouveau : le colonialisme politico religieux des pétromonarques soutenus par un Obama plus que décevant; puisqu'il poursuit des thèses sionistes obsolètes élaborées par un déçu du siècle des Lumières mais admises par Reagan et Bush !
http://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.fr/2013/08/a-quoi-joue-loccident-dans-le-printemps_26.html
QUEL LIEN Y-A-T-IL ENTRE LES CONSERVATEURS AMÉRICAINS ET LES FRÈRES MUSULMANS ? :
RépondreSupprimerUne doctrine commune qui instrumentalise la religion pour gérer la Cité !
- Chez les premiers, évangélistes, c'est la mise en oeuvre du protestantisme, qui n'est que le catholicisme réformé;
- Chez les seconds, c'est la mise en oeuvre d'une doctrine salafiste version wahhabite, autrement dit, obscurantiste !
Pour s'en approcher, il faut aux musulmans faire leur autocritique et réformer leur religion en la débarrassant des scories millénaires d'interprétations et de commentaires ... sacralisés par les salafistes !
En somme, ils doivent faire ce que Luther et Calvin, les réformistes de l'église catholique, avaient fait : revenir au texte fondateur !
- L'évangile pour les premiers,
- Le Coran pour les seconds* !
D'où l'erreur (consciente ou inconsciente) de la part des premiers à soutenir les seconds, dont l'obscurantisme nuit aux peuples qui aspirent aux libertés et à la démocratie dont jouissent les premiers !!
* Ce que fait le Pr Mohamed Talbi dans le cadre de son association des coranistes !
Mohamed Hafayedh :
RépondreSupprimerLa croisade sioniste de Leo Strauss et son disciple Noah Fedman se prolonge actuellement en Europe et fait rage entre les philosophes dans les universités de Genève, Bruxelles ou Lyon et plus particulièrement en France prenant une forme « islamophobe », dans le sens néoconservateur, c’est-à-dire contre l’esprit des lumières dont l’origine se trouve dans la pensée de l’islam éclairé et tolérant de l’Andalousie de Averroès et ses disciples juifs comme Maïmonide et Baruch Spiniza qui font aujourd’hui l’objet d’une attaque d’une violence rare qui vient de la mouvance Hassidite initiée par Baal Chem Tov et dont Strauss comme Fedman sont issus.
En France la guerre est menée par le Professeur de l’histoire médiévale de L’université de Lyon Sylvain Gouguenheim contre un mouvement mené par des noms très prestigieux comme le philosophe suisse Alain Délibéra, les français Philippe Büttgen ou Irène Rosier-Catach qui appellent l’Europe en crise d’identité à reconnaître ses origines civilisationnelles et philosophiques, qu’elle est historiquement « la fille de l’Islam (civilisation arabo-islamique) », de la renaissance philosophique par une lecture aristotélicienne du texte coranique (Version Mohamed TALBI en Tunisie) par les grands Avempas( IBN BEJA) et Averroès ( IBN ROCHD) dont les disciples direct sont DANTE, LA BOETIE… et j’en passe la liste est longue, ce qui aidera les européens à comprendre pourquoi ils sont aujourd’hui dans l’ impasse d’une civilisation « inachevée ».
Du coup les professeurs théoriciens néoconservateurs-sionistes (conseillers de Georges BUSH), d’une pierre deux coups, ils visent :
1 - idéologiquement : Enfermer l’islam dans une enclave wahhabite, en le vidant de tout l’apport rationaliste de l’Afrique du Nord (Ibn Toumart l’inspirateur de Ibn Rochd) et de l’Andalousie de Avempas et Averroès qui sont à l’origine de la pensée de la renaissance de l’Europe (au 12 ème siècle l’université de PORT ROYAL à Paris était divisée entre Averroïstes et anti-averroïstes) et de la pensée juive anti-hassidite, pensée averroïste également.
2 - stratégiquement, ces petits professeurs, des charlatans philosophes mercenaires qui se cachent comme des voleurs dans les jupons ou les niqab des "Harzettes Nahdhaouittes" (constituants en foulard) de L'ANC, servent les intérêts américains et israéliens en transformant le moyen orient et l’Afrique du nord en une multitudes de Califats wahhabites qui s'entretuent, devenant faciles à dominer pour exploiter leurs richesses, dans un moyen orient ou le soleil de la démocratie ne se lève que pour se coucher sur le pays d’Israël.
LE 21é SIECLE SERA RELIGIEUX OU NE SERA PAS ...
RépondreSupprimerProphétie souvent attribuée à André Malraux.
Le fait est que fondamentalisme mène le monde !
https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/les-fondamentalismes-des-dieux-242913?fbclid=IwAR2jwKfl8YpI3fCPbFTgX4q3c10ZkPdfuYZiejhzz28tVcs2rO2lMHYbq0Q